Thread by @AleshOfficiel

Jour 4: GUERRE DE 6 JOURS A KISANGANI [THREAD]

JE resterai marqué à vie par ces événements... POUR LA MÉMOIRE COLLECTIVE (22 ans sans Justice). Afin que le monde n’oublie pas. Nous sommes le JEUDI 08 Juin 2000 à Kisangani, au Nord-Est de la RDC. 🩸🇨🇩
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Les coups de feux restent toujours aussi intenses que dangereux... les Ougandais ont ramené des chars de combat sur la 7ème avenue (je rappelle que notre maison est située sur la 6ème avenue au Quartier Plateau Boyoma)...
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ils ont également ramené 1e batterie anti-aérienne qu'ils ont placée au rond-point Comboni (7è Av. Plateau Boyoma). On entend de nouveaux sons d'armes jamais entendus... ça devient de + en + infernal mais nous n’avons malheureusement aucun moyen de sortir pour nous enfuir.
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Quitter la maison quand ça tirait était carrément du suicide... même les oiseaux ne chantent plus. Mais un autre challenge est face à nous et il nous faut à tout prix prendre une décision suicidaire...
4/t

il n'y avait plus une seule goutte d'eau dans la maison, il n'y avait plus de bouffe... du fait du manque d’eau, les toilettes étaient devenues crades, risquant ainsi de nous provoquer de maladies….

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…C'était soit se cloîtrer de peur dans la maison et crever de faim et de soif, soit tenter de sortir pour trouver à boire et risquer sa vie. Pour la nourriture, on avait trouvé une solution alternative…
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Mon père était agronome et nous avions des sacs de paddy dans la maison (initialement, semences pour ses plantations)... il ordonna ma soeur Rachel d’en piler quelques kilos afin d'en tirer quelques gobelets de riz.
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Mais avec la menace de la soif et la saleté des installations sanitaires, la famille avait pris une décision très difficile: TOUS LES GARÇONS, Papa inclus, DEVAIENT ALLER PUISER DE L’EAU…
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NOUS avions décidé de nous rendre sur la 4ème AVENUE (il y avait des étangs chez le feu «Vieux Deschauds»). C'était tous les hommes de la maison exceptés mon frère Gloire âgé de 11 ans à l’époque…
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… et mon grand frère Guy (qui lui, avait déjà été touché par une balle et des éclats de roquettes durant la guerre de 3 jours... oui, la guerre de 6 jours n'est pas la seule guerre qu'on ait vécue. De ma vie j'ai survécu à 4 GUERRES.
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Donc au final, il n'y avait que 3 hommes de la maison qui étaient allés puiser de l'eau: Mon Feu père, Mon Feu Frère Patrick et Moi. La 4ème avenue n'était qu'à 2 avenues de chez nous mais l'impression était qu'il fallait parcourir 100km pour y arriver.
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En nous voyant sortir, certains de nos voisins nous avaient rejoint... nous avions formé un groupe suicide d'hommes partis à la recherche d'eau pour sauver leurs familles.
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En sortant, en plein milieu de notre avenue (Devant la parcelle de la Famille Odia), il y avait un obus non explosé que je n'avais malheureusement pas vu. J'avançais vers cet obus avec mes 2 arrosoirs en main, avec la plus grosse peur au ventre d'attraper une balle perdue.
13/t

Soudain j'entendis tt lmonde crier «Alain noon! Regarde sous t pieds, toko kufaaa!», jsq'à présent jn'ai jamais compris cmt j'avais fait 2 pas d suite avc la jambe gauche sans kla droite (qui s'apprêtait à piétiner l'obus cad un UXO en langage de déminage), ne touche le sol
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Enfin commença le long périple vers la «source» ou plutôt l'étang de la 4ème avenue pour trouver de l'eau. Potable ou pas, là n'était plus la question. L'essentiel était de trouver soit de quoi boire, soit de quoi manger...
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J'ai vu des gens manger de la pelouse par manque de choix ou d'autres boire l'eau sale des caniveaux.
Arrivés à la source, une grosse bagarre éclata entre les familles puisque tout le monde voulait puiser de l'eau en premier...
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Quand nous avions tous fini de remplir nos récipients (puisqu’on ne pouvait quitter les lieux qu’en groupe), un militaire (visiblement du camp Rwandais) a commencé à s’amuser en tirant de façon rafalée dans les étangs du « Vieux Deschaud » pour nous faire peur...
17/t

…c’était la débandade ! Toutes les dizaines de personnes sur les lieux avions couru dans la petite maison de Vieux Deschauds pour nous abriter... il n’avait pas le choix, on n’avait pas besoin de sa permission pour entrer.
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A peu près 3h de temps après, nous avions quand même tous réussi à regagner nos domiciles sous l'énorme joie de nos familles. La toilette pouvait être nettoyée, nous pouvions nous décharger de nos besoins physiologiques et ns pouvions préparer le peu de riz que nous avions.
19/t

L' après midi, mon père qui était un grand fumeur, ne pouvait plus se retenir... il alluma sa cigarette... cigarette qui nous attira des ennuis. En effet un militaire Rwandais senti l'odeur de la cigarette allumée... quelques minutes après... toc toc toc...
20/t

le militaire frappait à la grille fermée! OMG! Ma mère faillit s'évanouir... puisque ces genres de scènes précédaient souvent des massacres de masse... Personne n'a répondu... Toc Toc Toc.... silence de mort...
21/t

je crois que le militaire avait compris que nous avions peur mais il insista... Toc toc toc «Mzee, Mzee! Unipe moto! Nataka vuta!» (aîné, aîné, donne moi du feu, j'ai envie de fumer). Papa sorti pour lui allumer son splif de chanvre...
22/t

le gars refit la scène ++ fois cet aprem là jsq'à ce que papa se sente obligé de lui faire cadeau de son briquet à contre-coeur.
Qd on a connu la laideur de la cruauté humaine, Entretenir la mémoire, combattre l'oubli pr kles mm erreurs ne se reproduisent est une obligation.
23/t

J’écris cette histoire pour qu’un jour personne n’ose l’écrire à notre place. Un projet de livre, de spectacle musical et de bande dessinée est en cours (oui, il ne faut pas que nos enfants ignorent notre histoire).
24/t

Si un jour je ne vis plus, je confie la paternité de ces textes à mes frères Guy et Gloire, à ma fille Imara, et à ma Femme. À demain pour le récit détaillé du Jour 5 de la fameuse guerre de 6 jours 🙏🏽.
#JoubliePas #Kisangani6Jours #RwandaIsKilling

25/25 FIN.