Depuis des années, j'assiste comme journaliste à l'effondrement de l'hôpital public. Aujourd'hui je constate directement ce que cela signifie concrètement, comme souffrances - pas uniquement pour les soignants - mais pour les patients et leurs proches.
Demain, cela fera 2 semaines que mon conjoint est hospitalisé au @CIHChuga suite à un grave accident de parapente. Heureusement ses jours ne sont pas en danger, et il pourra remarcher.
Mais il a subi de très nombreuses fractures dont il n'a pas encore pu être totalement opéré faute d'effectifs au bloc. Chaque matin, les infirmières le préparent pour partir au bloc pour qu'au final on lui dise que non, ce ne sera pas pour aujourd'hui.
Après 12 jours en réa, où les moyens et les effectifs semblaient encore corrects, il a été transféré en orthopédie où les infirmières/aides soignantes sont tellement en sous-effectif qu'elles ne peuvent pas s'occuper correctement des patients.
Il ne peut se servir que de son bras droit, est extrêmement dépendant pour tout. Sa mère et moi devons nous improviser infirmières, le manipuler (doucement) pour le soulager des douleurs de l'immobilité, au risque de faire des conneries. Il n'a pas de matelas anti-escarres.
Le personnel est pourtant d'un dévouement extraordinaire, et ne cesse de courir partout. Mais à la dureté du trauma de l'accident, de la douleur des blessures et de la perspective d'une longue rééducation, s'ajoute la détresse de se sentir abandonné.
Il a même tenté de demander un transfert pour être opéré à Lyon, manifestement @CHUdeLyon ne répond même pas. On le laisse là, avec un coude et une cheville fracturées, sans aucune perspective d'opération ni de transfert vers ses proches.
Psychologiquement, je ne sais pas combien de temps il va tenir. Pour nous, les allers-retours à Grenoble et les journées à jouer les infirmières commencent à peser aussi, et surtout ce sentiment d'impuissance face à la douleur d'une personne qu'on aime.
Il s'en remettra un jour, mais je pense à toutes ces personnes pour lesquelles la destruction de l'hôpital public peut avoir des conséquences encore plus graves, voire irréversibles. Je me demande à quel stade de barbarie notre société est arrivée pour accepter cela.
Le fixateur qui a été posé dans sa jambe droite en attente d'une nouvelle opération n'a pas été désinfecté depuis deux jours malgré les risques de septicémie... et les "détails " comme celui-ci sont nombreux
Ah non il me dit même plus d'une semaine... tout va bien...
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