1/106
Aujourd'hui, un long thread à propos des hépatites pédiatriques d'étiologie inconnue (HPEI), et de l'étude écossaise parue récemment, et largement reprise depuis (toujours par les mêmes profils/comptes rassuristes/"hygiénistes")...
medrxiv.org/content/10.110…
2/106
Il est probable qu'ils se soient en fait limités à la lecture de BBC News, plutôt que de l'étude elle-même, car ils la citent comme étant "l'identification de la cause" de ces HPEI, alors que les auteurs eux-mêmes ne revendiquent pas cela 😅
bbc.com/news/health-61…
3/106
En bref, avant de rentrer dans les détails, cette étude s'apparente à une très petite étude cas-témoins (9 cas de HPEI seulement 😅), avec l'hypothèse que ces HPEI résulteraient d'une interaction entre les virus AAV-2 et HAdV ou HHV-6B notamment...
4/106
Il y a beaucoup de points à développer, je vais essayer de dérouler cela de façon logique en repartant de la structure de l'étude puis en allant plus en détail sur les hypothèses/données qu'elle contient...
5/106
On commence avec le design d'étude cas-témoins.
Laissons de côté l'effectif extrêmement petit (9 cas), et intéressons-nous aux "témoins" (ou contrôles) inclus dans l'étude.
Sont-ils informatifs au vu de l'hypothèse évoquée par les auteurs ???
6/106
Tout d'abord, on compte 9 cas d'HPEI avec 9/9 plasmas et 4/4 biopsies hépatiques positifs pour AAV2 ; tandis que 0/13 plasmas de donneurs "sains" sont positifs pour AAV2.
Vous allez me dire, "il n'y a pas photo !"...
7/106
Mais qu'est-ce que AAV2 ?
Est-ce attendu de le détecter uniquement chez les patients souffrant d'une inflammation hépatique et pas chez les sujets sains ?
8/106
Tout d'abord AAV2 est un virus à ADN présent chez un grand nombre d'individu.
Il s'intègre dans le génome de nos cellules (dans le chromosome 19), où il reste sous forme quiescente ("lysogénique") tant qu'il ne reçoit aucun signal activateur...
medecinesciences.org/en/articles/me…
9/106
C'est un virus non-pathogène, longtemps utilisé comme vecteur viral pour les thérapies géniques (nature.com/articles/nm1358), puis laissé de côté car trop d'individus possèdent déjà des anticorps neutralisants contre AAV2, ce qui ↘️↘️ l'efficacité de la thérapie génique
10/106
Il est souvent décrit comme un "Dependovirus" nécessitant un virus "helper" pour se répliquer (comme un adénovirus, ou un herpesvirus, ou un papillomavirus)...
11/106
Mais en fait, il peut se répliquer seul, sous l'effet de signaux cellulaires tels que l'inflammation (ce qui survient par exemple dans le foie en cas d'hépatite) !
A) ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/P…
B) assets.publishing.service.gov.uk/government/upl…
12/106
Il y a donc déjà au moins 2 biais dans le 1er groupe de contrôle dans l'étude écossaise !
Le 1er biais, est qu'il est tout à fait normal de ne pas avoir de PCR AAV2+ chez les sujets sains puisqu'il n'y a pas de signal inducteur de réactivation d'AAV2 ! 🤷‍♂️...
13/106
Au contraire, chez les 9 cas de HPEI, on retrouve une intense inflammation et cytolyse hépatique (définition d'une hépatite), ce qui crée un environnement de stress cellulaire à l'origine d'une réactivation des AAV2 quiescents dans les cellules...
14/106
Cela n'en fait nullement la cause de ces HPEI, surtout quand on se rappelle que ce virus est présent chez un très grand nombre d'individus, et persiste toute la vie après l'infection :
A) cell.com/molecular-ther…
B) ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/P…
15/106
Mais il y a un autre biais, cette fois lié à son potentiel virus "helper", car les cas de HPEI et contrôles, n'ont pas été inclus dans l'étude à la même période, avec des circulations virales très différentes, et donc des probabilités de co-infections très différentes !
16/106
On continue sur les "contrôles" utilisés dans l'étude.
Face aux 9 cas de HPEI avec 9/9 plasmas et 4/4 biopsies hépatiques positifs pour AAV2, on le retrouve chez 0/12 enfants infectés par HAdV (adénovirus), mais sans atteinte hépatique !...
17/106
On a là, un défaut+++ de l'étude !
Il n'y a aucune donnée de métagénomique sur le foie de ces 12 contrôles (inclus à posteriori), et donc aucun moyen de savoir s'ils sont :
HAdV+ / AAV2 nég dans leur foie
ou
HAdV+ / AAV2+ dans leur foie mais sans réactivation !!!
18/106
C'est pourtant crucial pour l'interprétation de l'étude car si ces 12 enfants HAdV+ étaient aussi porteur de AAV2 dans leur foie, mais sans que cela n'enclenche de réactivation de AAV2, alors on aurait là une preuve qu'il y a un autre "protagoniste" manquant 🤷‍♂️
19/106
Enfin à propos des contrôles, on trouve aussi 33 enfants présentés comme "admis pour une autre cause d'hépatite"... Mais quand on creuse leur définition, il n'y a aucune donnée clinique orientant vers une hépatite.
On ne trouve que :
↗️ des transaminases
Pathologie fébrile
20/106
Je rappelle que la ↗️ des transaminases (communément appelées ASAT / ALAT) n'est pas du tout spécifique d'une atteinte hépatique !
sciencedirect.com/science/articl…
21/106
Ainsi, ces 33 contrôles à transaminases élevées, ne contiennent pas forcément des cas d'hépatite, d'autant plus que les enfants peuvent avoir d'autres causes (non inflammatoires) de ↗️ des transaminases hépatiques (maladies métaboliques, malformations...)
22/106
Difficile de savoir si ce sont donc des contrôles qui reflètent une situation d'inflammation/cytolyse hépatique comparable à celle qu'on observer dans les HPEI.
Donc difficile de comparer les circonstances de NON-réactivation de AAV2 !...
23/106
Là non plus, pas de données de métagénomiques permettant de savoir si leur foie était ou non infecté par de l'AAV2 quiescent.
Pas non plus de données sur l'ampleur de leur ↗️ de transaminases, alors que chez les 9 cas de HPEI, elles étaient >10x la normale !
24/106
L'hypothèse des auteurs est donc peu robuste quand ils pensent "peu probable" que AAV2 soit un simple marqueur d'atteinte hépatique !
Il ne l'est peut-être pas pour les atteintes NON-INFLAMMATOIRES (cf. plus haut), le détail des 33 contrôles aurait été important !
25/106
Après ces réserves sur le design de l'étude, on passe à son contenu.
L’article débute par un bref rappel épidémio sur la vague d’HPEI survenue en Ecosse/UK...
26/106
A ce propos, vous avez pu voir passer récemment des articles/tweets suggérant que ces HPEI étaient un non-sujet car elles n’ont pas du tout changé l’incidence des hépatites chez les enfants, et que ce n’était qu’un artéfact de surveillance épidémio…
27/106
C’est totalement faux car, malgré des critères diagnostiques restrictifs, ces HPEI ont conduit le UK à recenser en ~4 mois, autant d’hépatites pédiatriques chez les <5 ans qu’ils en recensent habituellement en ~1 année !
assets.publishing.service.gov.uk/government/upl…
28/106
C’est d’ailleurs aussi l’occasion de mettre en regard l’ampleur de ces HPEI recensées, et l’effectif utilisé pour l'étude écossaise :
04/07/2022 : 36 cas d’HPEI 🏴󠁧󠁢󠁳󠁣󠁴󠁿, 186 🇬🇧, 1010 🌍
L’effectif de l'étude est de 9 cas (dont 9 plasmas et 4 biopsies hépatiques)
29/106
Évidemment, une telle étude avec un si petit effectif, ne peut pas être représentative du phénomène étudié !
Encore moins être une preuve d’identification de sa cause !
Les auteurs l’indiquent bien comme tel, mais les médias et rassuristes l'ont déjà surinterprétée !🤡
30/106
On passe ensuite à leurs constatations.
Tout d’abord, on note la détection de 9/9 sérums et 4/4 biopsies hépatiques positifs pour AAV-2 (cf. figure 2)
31/106
Est-ce significatif de voir 4 foies et 9 sérums de HPEI positif pour l’ADN et/ou ARN d’AAV2, mais 0 chez les sujets « contrôles » ?

Il faut se demander 2 choses :
A) Quel % ces 9 cas AAV2+ représentent parmi les HPEI ?
B) Quel % de population est infectée par AAV2 ?
32/106
Pour savoir quel % ces 9 cas AAV-2+ représentent parmi les cas d’HPEI, on peut se référer aux données du UKHSA 🇬🇧, issues d'une cohorte un peu plus grande (16 patients) avec analyses métagénomiques révélant la présence de AAV2 :
assets.publishing.service.gov.uk/government/upl…
33/106
Il s'agissait de 19 échantillons issus de 11 cas anglais + 5 cas écossais ;
soit respectivement 5,9% et 2,7% des cas de HPEI recensées au UK 🇬🇧 😅!
Pour la représentativité, c'est toujours "pas glop"...
34/106
Sur ces 5,9% des cas anglais :
3/4 AAV2+ sur foie
6/10 AAV2+ sur sang

Sur les 2,7% des cas écossais :
5/5 AAV2+ sur sang

Reste une interrogation : est-ce que ces 5,9% et 2,7% de cas analysés sont représentatifs de l’ensemble des cas de HPEI ???
35/106
Pour la 2nde question (% de pop infectée par AAV-2), selon le recours aux PCR ou sérologies anti-AAV2, le % de population porteuse de ce virus « quiescent » varie entre 30 et 100% !
A) cell.com/molecular-ther…
B) ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/P…
36/106
Donc, ce qu’on observe dans l'étude 🏴󠁧󠁢󠁳󠁣󠁴󠁿, n'est pas une ↗️ des infections par AAV2 chez les cas de HPEI, mais une potentielle RÉACTIVATION ↗️ d'AAV2 (l'ARN, signe de réplication active, n'est pas toujours détecté), chez un tout petit « subset » parmi les cas de HPEI ! 🤷‍♂️
37/106
On passe alors à l’autre virus qui revient souvent dans les commentaires et qui est évoqué aussi dans l’étude écossaise = les Adénovirus humains (HAdV).
Si on reprend la figure 2, on remarque une discordance intéressante...
38/106
Alors que l’ADN viral est détecté dans ¾ des échantillons hépatiques, il n’est détecté que très faiblement dans 3/9 des échantillons de sérum, et 1 seul avec détection d’ARN (indiquant une réplication active)...
39/106
D’ailleurs, on peut voir dans la figure 2, que hormis des Ct de AAV-2 significativement ↘️ (= charge virale ↗️) chez les cas de HPEI,
ni HAdV, ni HHV-6B ne semblent ressortir chez les cas de HPEI ! 🤷‍♂️
40/106
Et encore une fois, tout ce que cela montre, c’est que AAV-2 a été réactivé dans ce « subset » de 9 patients… qui ne représentent que 25% des cas écossais, ou 4,8% des cas UK !...
41/106
Il faut alors revenir aux rapports du UKHSA 🇬🇧 et des analyses immunohistochimiques réalisées sur les biopsies hépatiques, pour voir où se trouvait le HAdV détecté !
assets.publishing.service.gov.uk/government/upl…
42/106
Dans tous les échantillons positifs, le HAdV ne se trouvaient que dans la LUMIÈRE (« lumen ») des vaisseaux sanguins hépatiques !!!
Et JAMAIS dans les hépatocytes !!!
HAdV n'était donc pas dans le foie, mais dans le sang qui a contaminé la biopsie hépatique ! 🤷‍♂️
43/106
Il s’agissait donc uniquement d’un marquage non-spécifique lié à au sang contenu dans l’échantillon !
Et justement, que voit-on dans l’étude écossaise ou dans les rapports du UKHSA 🇬🇧, CDC 🇺🇸… ???
44/106
Les échantillons sanguins positifs pour HAdV l’étaient sur SANG TOTAL, mais étaient soit faiblement positifs, soit négatifs sur sérum/plasma !
assets.publishing.service.gov.uk/government/upl…
45/106
Vous pensez que c’est un détail insignifiant ?
Bien au contraire !
Non seulement HAdV détecté sur échantillons hépatiques ne vient pas du foie mais du sang ;
il n’est donc pas en interaction avec AAV-2 dans les hépatocytes, et ne peut donc pas être le « virus-helper » !...
46/106
Mais en plus cela signifie que HAdV détecté n'est pas lié à une infection en cours, mais simplement une détection artéfactuelle de HAdV « lysogéniques » (quiescents) dans les lymphocytes, depuis une infection ancienne (même plusieurs années avant)...
48/106
C’est pour ça qu’on le détecte uniquement sur SANG TOTAL (sérum + cellules), mais pas sur sérum/plasma seul ! 😅
HAdV n'était pas "dans le sang" mais simplement quiescent dans les leucocytes (comme une cicatrice d'une infection ancienne) !...
49/106
Ça peut paraître risible ou insignifiant aux yeux du profane, mais pour un biologiste, quand je lis les commentaires des rassuristes sur cette étude, je constate avec effroi combien ils sont ignorants sur un sujet qu’ils sont pourtant censés connaître !
50/106
Tout ceci rappelle également que la réalisation et L’INTERPRÉTATION des résultats d’analyses, c’est un métier, qui implique de connaître non-seulement les limites intrinsèques de ces analyses (par connaissance de leurs modes de réalisation pratique)...
51/106
Mais aussi leurs limites d’interprétation, justement au vu du reste de la littérature scientifique qui permet de comprendre quelles informations on peut, ou on ne peut pas tirer des résultats d'analyses !

Ça porte même un nom = biologiste médical 🤷‍♂️
52/106
Toujours dans le ridicule d’interprétation, les auteurs évoquent alors la fameuse « dette immunitaire » supposée avoir été induite par les confinements et mesures sanitaires anti-COVID, avec à la clé un supposé affaiblissement du système immunitaire des enfants…
53/106
C’est non seulement faux car les circulations virales saisonnières n’ont pas été interrompues en 2020 et 2021 comme ils le prétendent (cf. thread 🇬🇧 un peu plus loin) ; mais c’est en plus un concept qui est récusé par les faits...
54/106
Si la cause de ces HPEI était les confinements et mesures sanitaires, alors ces HPEI devraient être les plus fréquentes dans les pays ayant usés des mesures les plus strictes et sur le temps le plus long (= anciens pays du zeroCOVID notamment)...
55/106
Or ces HPEI sont sur-représentées+++ dans les pays occidentaux ayant suivi des stratégies de « vivre avec », d’infection de masse à la recherche d’immunité collective, et avec les confinements soit absents, soit les plus courts du monde. 🤷‍♂️
who.int/emergencies/di…
56/106
De plus, le concept même de « dette immunitaire » n’existe pas dans la littérature scientifique.
Tout simplement parce qu’il est fallacieux.
Il suffit de se rappeler d’un fait tout bête : qui contracte toutes les viroses respiratoires annuelles chaque année ??? Personne 🤷‍♂️
57/106
La part de population infectée par chaque vague annuelle est de l’ordre de 10-20% grand maximum pour les viroses les plus répandues.
Exemple de la grippe : selon le CDC chaque année, 3 à 11% de la pop développe une infection symptomatique de grippe
cdc.gov/flu/about/keyf…
58/106
Même en considérant que 50% des infections sont asymptomatiques, on atteindrait seulement 6 à 22% max de population infectée chaque année !
Appliquons alors une estimation simpliste pour comprendre l'absurdité de la "dette immunitaire"...
59/106
Même en considérant de façon très simpliste que les infectés sont différents chaque année, il faudrait entre 4,5 et 17 ans pour que chaque personne soit infectée au moins 1 fois ! 😅 ...
60/106
En pratique, c’est encore bien plus que ça puisque la population se renouvelle constamment, et les réinfections surviennent prioritairement chez les individus qui s’exposent le plus (donc préférentiellement chez des personnes déjà infectées les années précédentes)...
61/106
D’ailleurs on peut illustrer l'absence de "dette immunitaire" avec notre épidémie grippale 2021/2022, censée être "boostée" par l'absence supposée d'exposition suite aux confinements/masques depuis 2020…
62/106
Bilan : une des épidémies grippales les plus limitées et peu virulentes depuis longtemps, malgré un vaccin mal adapté au virus H3N2 en circulation cette année 🤷‍♂️
medscape.com/viewarticle/96…
63/106
Alors que nous avons abandonné toutes les mesures sanitaires, l'incidence des infections par Influenza a été < ou = à avant 2020, sur une durée limitée de 9 semaines, avec un pic tardif en avril 2022 🤷‍♂️
santepubliquefrance.fr/content/downlo…
64/106
L'impact clinique a été également ↘️ par rapport aux années précédentes !
C'était même perceptible en médecine de ville, ou dans les consultations pour "syndromes grippaux" (< ou = aux années antérieures)...
65/106
Mais surtout en milieu hospitalier et sur la mortalité, nettement ↘️↘️ malgré une vaccination inadaptée cette année, et malgré une circulation virale comparable à avant 2020 ! 🤷‍♂️
Aucune "dette immunitaire" perceptible, même chez les <5 ans !!!
66/106
Parler de "dette immunitaire" est donc au mieux, la preuve qu’on est "fâché" avec la virologie, l’épidémiologie, et l’immunologie. C’est fâcheux 😅...
67/106
Croire que parce qu’on a évité telle ou telle virose pendant 1 année, nous rendrait immunodéprimé ou vulnérable à cette virose ensuite, est une absurdité sans nom !...
68/106
La grande majorité des individus ne contractent pas toutes ces viroses chaque année (sur ce point la COVID va d’ailleurs être très différente des autres viroses puisqu’on part sur un rythme de plusieurs covid par an chez un grand % de la population !!!)...
69/106
Mais revenons maintenant à l'étude 🏴󠁧󠁢󠁳󠁣󠁴󠁿 et à HAdV et AAV-2.
Tout d’abord, avec le biais signalé par les auteurs : le recrutement des cas/contrôles a eu lieu sur 2 périodes différentes.
Cas et contrôles n'ont donc pas été exposés à la même prévalence virale !
70/106
Un autre argument qui revient souvent est que ces virus n’auraient pas circulé en 2020/2021, puis auraient "explosé" en 2022.
Pour prétendre cela, on vous montre ces courbes :
assets.publishing.service.gov.uk/government/upl…
71/106
On oublie alors de rappeler qu’il s’agit du NOMBRE ABSOLU d’infections recensées, et ceci dépend donc du niveau de dépistage !
Plus on cherche, plus la courbe ↗️.
Sous l’effet de la covid, de ces HPEI, et de l’essor des PCR syndromiques, le testing a ↗️↗️↗️
72/106
Quand on regarde cette fois les TAUX DE POSITIVITÉ, on constate qu’il n’y a aucune "explosion" de la circulation de HAdV, même chez les <5 ans !
assets.publishing.service.gov.uk/government/upl…
73/106
Au moment du "pic" de cas détectés (en nombre absolu, entre janvier et mars 2022), on n’a simplement eu un pic de tests (⚪️) mais un taux de positivité qui est resté même plus bas que les pics atteints habituellement (🔵)
74/106
Ces données sont également confirmées par d’autres sources UK 🇬🇧, qui confirment l’absence de pic inhabituel d’infections par HAdV qui aurait coïncidé avec la vague de HPEI.
Cf. ce thread ⬇️⬇️⬇️
75/106
Pour la dernière partie du thread, je vais évoquer les derniers arguments avancés par les rassuristes pour se raccrocher désespérément à cette étude en espérant qu’elle effacerait tous les autres rapports internationaux qui pointent vers SARS-CoV-2...
76/106
Dans l’étude écossaise, la séroprévalence contre SARS-CoV-2 est de 67 %. Cela correspond à l’estimation haute de la séroprévalence chez les enfants écossais à la même période :
77/106
Les rassuristes nous disent : "c’est la même prévalence que dans le reste de la population donc ça ne peut pas être ça !" 👀🤔
C'est une erreur sur l'imputabilité d'une exposition fréquente versus évènement rare (il faut aussi prendre en compte les facteurs de l'hôte 😉)
78/106
C'est aussi un biais mental assez étrange car si on appliquait le même raisonnement à HAdV et AAV-2, ils seraient des causes encore moins probables car leur prévalence parmi les cas est < à celle de SARS-CoV-2, voire même < à la prévalence en population générale !
79/106
En effet, sur une bien plus grande cohorte colligée à l’échelon européen par l’ECDC, la prévalence de HAdV est à 52,7% quand celle de SARS-CoV-2 est à 63,9% !
Si on trouve ce 63,9% négligeable, alors le 52,7% l’est d’autant plus ! 🤷‍♂️
cdn.ecdc.europa.eu/novhep-surveil…
80/106
Idem pour AAV-2, dont la prévalence varie de 60 à 100% sur le « subset » de 9 patients qui représentent 5,9% des cas 🏴󠁧󠁢󠁳󠁣󠁴󠁿, et 2,7% des cas 🇬🇧.
En pop générale, sa prévalence est estimée à 30-60%, voire >96% - 100% dans plusieurs études ! 🤷‍♂️
(cf. tweet n°14)
81/106
Ils oublient également une autre donnée critique pour l’interprétation des sérologies anti-SARS-CoV-2 !
Chez les <5 ans, la séroconversion survient chez <40% des infectés !
A) nature.com/articles/d4158…
B) nature.com/articles/s4159…
C) jamanetwork.com/journals/jaman…
82/106
Donc si on trouve 67% de séropositifs chez les cas de HPEI (majoritairement des enfants de <5 ans), cela veut dire qu’il y a bien plus que 67% d’infectés par SARS-CoV-2 parmi eux !
83/106
Si on avait raisonné ainsi pour les PIMS/MIS-C, on ne les aurait jamais décrits 😅
Pour rappel, les PIMS/MIS-C sont caractérisés par une atteinte systémique auto-immune (incluant le foie) chez des enfants ayant contracté la COVID environ 5 à 6 semaines auparavant...
84/106
C'est le temps nécessaire à l’initiation du processus auto-immun post-infection, et c'est pour cela qu'on a une discordance entre la fréquence des RT-PCR+ (au moment du PIMS) ~13 à 69% ;
et des sérologies+ pour 75 à 100% des cas !
ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/P…
85/106
Ceci est comparable avec ce qu’on observe dans ces cas de HPEI, avec des RT-PCR+ pour ~13% des cas, et des sérologies positives pour 64 à 90% des cas (cf. Israël 🇮🇱)
A) assets.publishing.service.gov.uk/government/upl…
B) thelancet.com/journals/langa…
86/106
A propos d’Israël 🇮🇱, si on considère l’étude 🏴󠁧󠁢󠁳󠁣󠁴󠁿 comme représentative à partir de seulement 9 patients, alors l’étude israélienne est une étude de grande échelle puisqu’elle inclut 12 patients (33% de plus et 100% de leurs cas recensés) ! 😅
87/106
Dans les données 🇮🇱, la séroprévalence SARS-CoV-2 atteint 90%, sans autre dénominateur commun dans les cas de HPEI !
Et une étude complémentaire sur 5 cas, pointe vers SARS-CoV-2 et parle de "covid long hépatique"
A) webmd.com/hepatitis/news…
B)
88/106
Enfin, on oublie également que la vague de HPEI est survenue en "écho", ~3 mois après la vague BA.1 chez les enfants en début 2022 !
A) mrc-bsu.cam.ac.uk/now-casting/re…
B) assets.publishing.service.gov.uk/government/upl…
89/106
Cet argument est récusé par les rassuristes.
Pourtant ils utilisent le même argument pour HAdV et AAV-2, sauf que dans ce cas-là, des vagues d’infections tout à fait similaires les années précédentes n’avaient JAMAIS induit une vague de HPEI ! 🤷‍♂️
90/106
Je vous renvoie au thread UK 🇬🇧 montrant une circulation de HAdV similaire à celle des années précédentes.
JAMAIS de telles vagues d'HPEI n'ont eu lieu alors que HAdV pouvait tout à fait réactiver AAV-2 à cette époque ! 🤷‍♂️
91/106
C’est d’ailleurs pour cela que l’hypothèse des auteurs ne tient pas car ils évoquent la co-infection AAV-2/HAdV, alors que :
A) Il n’y a pas d’interaction hépatique entre ces 2 virus (cf. tweet n°42 et suivants)...
92/106
B) La circulation de HAdV est habituelle et n’a jamais provoqué de telles réactivations pathologiques de AAV-2 (non pathogène et largement répandu dans la pop).
Il y a donc un autre protagoniste.
Le plus probable, avec caractère inédit et dysimmunité est SARS-CoV-2
93/106
Pour SARS-CoV-2, l’argument tient au moins sur la notion de vague inédite !
En effet, avant BA.1, JAMAIS les enfants n’avaient été aussi massivement infectés, et sur un temps aussi court, par un virus respiratoire émergent (= nouveau) ! 🤷‍♂️
94/106
On note d’ailleurs que les HPEI sont surtout observées chez les enfants de <5 ans presque exclusivement chez des NON-vaccinés contre SARS-CoV-2.
C'est aussi un argument montrant qu’une protection immunitaire contre SARS-CoV-2 est "associée" à une moindre incidence des HPEI
95/106
Les auteurs évoquent aussi une sur-représentation de l’allèle HLA-DRB1*04:01 qui pourrait ↗️ la susceptibilité des enfants à HAdV et AAV-2...
Mais et l'allèle et ces virus étaient présents depuis toujours sans provoquer une telle vague de HPEI !? 🤷‍♂️
96/106
C’est ironique de voir cet allèle cité par les rassuristes qui voient là une exclusion de SARS-CoV-2 comme cause potentielle de ces HPEI...

Cet allèle a été déjà impliqué+++ dans les PIMS/MIS-C induits par SARS-CoV-2 ! 😅
97/106
Par ailleurs, on trouve un autre allèle déjà suspecté dans ces HPEI = allèle HLA-A*11:01, qui permet la présentation d’un épitope de SARS-CoV-2 (ORF1abA1061S) à l’origine d’une réponse auto-immune des lymphocytes T dirigée contre le foie !
98/106
L’occurrence de l'allèle est ~0,00161%, ce qui est même cohérent avec le ratio entre les dizaines de millions d’enfants infectés par BA.1 dans le monde, et le millier de cas d’hépatites recensées (probablement plus en réalité, comme toujours).
biorxiv.org/content/10.110…
99/106
Là encore, un bien étrange biais mental où l’on retient comme un "fancy mechanism" futé, l’exemple de l’allèle HLA cité dans l’étude 🏴󠁧󠁢󠁳󠁣󠁴󠁿, mais on oublie qu’il est largement décrit dans les manifestations auto-immunes post-COVID chez les enfants ! 🤷‍♂️
100/106
Et on oublie l’identification d’un autre allèle, associé à l'induction d'une réponse auto-immune spécifiquement dirigée contre le foie après infection par SARS-CoV-2 !
On voudrait une illustration du déni, on ne trouverait pas mieux pour un manuel de psychologie ! 🤷‍♂️
101/106
Pour conclure, je rappellerai qu’on « s’excite » sur le caractère "mystérieux" de ces HPEI, or elles sont simplement survenues dans les semaines suivant la vague d’infection BA.1 la plus massive jamais observée chez les enfants...
102/106
Avec un virus déjà bien décrit pour induire des hépatites auto-immunes chez les enfants.
C’est notamment décrit depuis mi-2021 en Inde, après la vague Delta, où un nouveau syndrome clinique a été décrit et intitulé "CAH-C" pour "COVID-Associated-Hepatits in Children" 🤷‍♂️
103/106
C'est à différencier des PIMS/MIS-C qui peuvent s'accompagner d'une hépatite auto-immune :
A) journals.lww.com/pidj/fulltext/…
B) medrxiv.org/content/10.110…
C) search.bvsalud.org/global-literat…
D) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35149651/
104/106
Il suffira donc d’encore un peu de patience pour en avoir la confirmation, au printemps 2023 !
A ce moment, on ne pourra plus incriminer les confinement (>2 ans sans aucune mesure de freinage)...
105/106
A ce moment, on sera juste après la prochaine vague massive de COVID chez les enfants qui va débuter à la rentrée 2022 et atteindre des niveaux historiques en fin d’année 2022...
106/106
Si on voit à nouveau des cas de HPEI, encore une fois chez les plus jeunes (et notamment pas vaccinés contre SARS-CoV-2), on aura la preuve définitive que toutes les hypothèses sur la "dette immunitaire" et virus saisonniers étaient fausses.
@threadreaderapp unroll please
15 bis / 106
En complément, je vous invite à lire ce thread qui démontre que le graphique utilisé par les auteurs de l'étude est faux !
Quand on utilise la prévalence réelle des infections par SARS-CoV-2 (ONS 🇬🇧), le "paysage" est tout à fait différent !
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En complément, je vous invite à lire ce thread qui démontre que le graphique utilisé par les auteurs de l'étude est faux !
Quand on utilise la prévalence réelle des infections par SARS-CoV-2 (ONS 🇬🇧), le "paysage" est tout à fait différent !

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More from @C_A_Gustave

Jul 24
1/21
Petite mise à jour des comparaisons entre circulation virale "observée" et circulation virale réelle, à partir des données anglaises.
2 jeux de données à disposition :
A) "observées" = OWID UK 🇬🇧 : ourworldindata.org/local-covid-uk
B) réelles = ONS 🇬🇧 : ons.gov.uk/peoplepopulati…
2/21
Rappel, surtout avec un "thermomètre" épidémio désormais cassé :
A) OWID 🔵 = circulation virale "perçue" via les tests de dépistage/diag
B) ONS 🟠 = enquête épidémio en pop générale = indépendant de l'adhésion au testing = circulation virale réelle
coronavirus.data.gov.uk/metrics/name
3/21
Ce point est important car il rappelle que les tests de dépistage/diagnostic ne sont pas destinés à faire de l'épidémio ! Ils sont par définition lacunaires...
D'où la nécessité du "pillar 4" 🟠 pour des données fiables et représentatives !!!
Toujours pas fait en France 🇫🇷
Read 22 tweets
Jul 21
1/36
Ça fait tellement longtemps qu'on l'attend, que je l'avais presque oublié 😅.
Et pourtant, c'est un traitement prometteur contre les COVID graves, dont les essais cliniques devraient se terminer cet été !
Il s'agit de l'EXO-CD24, développé par l'Université de Tel-Aviv 🇮🇱...
2/36
Voici du nouveau à son propos, et donc l'occasion de rappeler ce que c'est, ses atouts, et ce qu'on peut en espérer !
(🙏+++ @ato955 pour ce lien)
3/36
Tout d'abord, qu'est-ce que le CD24 et pourquoi est-il testé contre les COVID graves ?

Le CD24 est une "mucine" ou protéine d'adhésion cellulaire, exprimée à la surface de nombreuses cellules...
(sources images :
A) researchgate.net/publication/33…
B) link.springer.com/article/10.100…)
Read 36 tweets
Jul 21
1/29
Le dernier avis du Conseil Scientifique 🇫🇷 est dense... Mais aussi porteur de quelques incohérences et messages horripilants !
Je ne sais pas si j'aurai le courage/temps de faire un thread pour chaque "haut-le-cœur" que j'ai eu à sa lecture, mais en voici déjà un 1er...
2/29
Thème = virulence intrinsèque d'Omicron ! (mon "dada" 😅😂)
Et plus particulièrement l'incohérence qui transparaît dans l'évocation de la vague sévère à Hong-Kong début 2022 ; juste après avoir pourtant évoqué la "relative bénignité d'Omicron"
solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_d…
3/29
Après avoir qualifié Omicron de "relativement bénin", le Conseil Scientifique 🇫🇷 évoque le cas de Hong-Kong et son contexte : peu ou pas d'immunité par infection ; faible couverture vaccinale ; mortalité massive...
Mais il y a quelques "curiosités" dans leur propos...
Read 29 tweets
Jul 20
@grivemer Via la vaccination, la réponse immunitaire neutralisante est plus intense donc plus durable. Elle est aussi "modulable" par l'administration de rappels quand on le veut. Et contrairement à l'immunité par infection, sans risque de transmission, ni morbi-mortalité...
@grivemer Le problème de l'échappement immunitaire fait qu'en plus de la ↘️ quantitative d'anticorps, qui intervient physiologiquement à distance de l'immunisation, la protection ↘️ plus vite à cause de la perte progressive des cibles de nos anticorps...
@grivemer Notre "chance", c'est que la pathogènie de la COVID concerne les tissus profonds, or dans les tissus profonds, la ↘️ des concentrations d'anticorps est ~2x plus lente que dans les muqueuses ORL. Donc on conserve plus longtemps la protection contre les formes sévères...
Read 6 tweets
Jul 20
1/18
Dernièrement, beaucoup de médecins français se "félicitent" d'avoir enfin "cassé le thermomètre épidémiologique" (~arrêt des tests) ; et se vantent de lutter désormais contre le "dernier totem" à faire tomber = les covid longues...
2/18
A propos du "thermomètre cassé", outre la perte d'outils cruciaux pour permettre à la population d'évaluer son risque (puisqu'on veut "responsabiliser les individus"), je leur rappellerai simplement l'appel de l'OMS à destination de l'Europe :
3/18
La même OMS - sans doute des "covido dingo" hein !? 🤡 - rappelle le danger des réinfections et leur risque cumulatif, et insiste sur la problématique des covid longues ; n'en déplaise aux médecins français, ce n'est pas du "psychosomatique"
Read 22 tweets
Jul 20
@Valou1050 C'est un sujet important++ car l'identification de tels anticorps va aider à concevoir :
A) des anticorps monoclonaux potentiellement plus efficaces contre les nouveaux variants
B) développer des vaccins moins impactés par l'échappement immunitaire du virus...
Reste à évaluer/quantifier l'effet protecteur que ces anticorps confèrent. Comme ils ciblent le peptide de fusion, ils ne peuvent intervenir que lorsque le virus a déjà adhéré aux cellules et est sur le point d'entrer.
Il ne faut donc pas crier victoire trop vite...
Dans les vaccins actuels, l'ARNm a été modifié pour conduire à une protéine Spike figée en conformation pré-fusion, afin que les anticorps neutralisants reconnaissent Spike AVANT que le virus n'adhère aux cellules.
Là ce sera différent, est-ce que ça suffira à protéger ?...
Read 6 tweets

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