Si la responsabilité de l’employeur qui panique devant la foule vengeresse de Twitter est indéniable, elle ne doit pas éclipser celle des titres de presse qui ont publié des articles à charge et non vérifiés ayant mené à ce naufrage journalistique #LigueDuLol
Or ici la condamnation de Libé en tant qu'employeur ne doit en aucun cas éclipser l'autre responsabilité de Libé, en tant que titre de presse qui a gravement manqué aux fondamentaux de l'éthique journalistique en publiant un article non recoupé / vérifié qui déclenchera l'affaire
C'est un papier publié par Libé un vendredi soir, à charge, sans laisser aux mis en cause un délai suffisant pour exposer leur version des faits, et très affirmatif, sans précautions d'usage qui lancera la machine infernale de l'information circulaire
Dans la soirée / nuit du vendredi au samedi, le Twitter accro à l'indignation reprend le papier, en mode "si Libé l'a écrit, c'est forcément vrai" : la situation devient alors incontrôlable, toute opinion nuancée (mettant en avant la nécessité de vérifier) devient inaudible
Les autres titres, accro aux réseaux sociaux, se disent alors qu'ils ne peuvent louper cette actualité. Il faut absolument produire des papiers sur ce sujet, et au plus vite. Tant pis pour le respect des fondamentaux, car si Libé a publié, c'est qu'ils ont forcément vérifié.
Une liste de noms (le Twitter justicier de canapé aime bien faire des listes) circule. Des titres la reprennent sans nullement se poser la question (i) de la véracité des éléments qui y figurent (ii) des conséquences de la publication à plus large échelle
Pour les mise en cause, la situation devient hors de contrôle. La pression de la foule vengeresse qui les interpelle sur les réseaux sociaux (sans oublier quelques crétins qui se sont mis en tête d'aller sommer leurs mères / soeurs de s'expliquer) les poussent à s'expliquer
Et les explications, forcément maladroites compte-tenu de la pression subie en pleine nuit / petit matin, ne vont rien arranger, car les biais de confirmation vont tourner à plein régime : "regardez, leurs excuses apportent la preuve de leurs méfaits".
Si bien que les politiques rentrent dans l'arène, sommés de s'exprimer sur les mesures qu'ils comptent prendre afin que tout cela ne se reproduise plus. Une membre du gouvernement en vient même à évoquer un énième rallongement de la durée de prescription
Du coup, comme les politiques se mettent à avoir des opinions très arrêtées sur ce sujet (sans prendre la peine de vérifier concrètement ce qu'il en est, car à quoi bon, si c'est dans la presse, c'est forcément fiable), les employeurs (ok, pas tous) paniquent et livrent des têtes
Tout cela sur la base d'une surinterprétation des réseaux sociaux chauffés à blanc par une information circulaire qui à aucun moment ne se posera la question d'un traitement un peu plus équilibré de l'affaire, la cause étant entendue.
Il est un peu commode pour la presse de tout mettre sur le compte des employeurs / foule vengeresse des réseaux sociaux. Cela permet d'occulter sa responsabilité, immense, car à l'origine de l'emballement médiatique découlant de manquements aux fondamentaux de la profession
Manquements sur lesquels quelques uns tenteront de revenir, au prix de commentaires peu amènes et, pour certaines (poke @avriogata qui a pris cher juste pour avoir rappelé que cela ne devait nullement dispenser de s'affranchir des fondamentaux) nextinpact.com/article/30064/…
Le traitement médiatique de la #LigueDuLol a été un naufrage journalistique. C’est devenu un tabou. Car +3 ans après, il est toujours difficile de mener en 🇫🇷un réel travail sur ce sujet (les manquements de la presse) sans que l'irrationnel ne finisse par reprendre le dessus
Toute tentative d’élever le débat se voit dézinguée, au prétexte (fumeux) que cela reviendrait à invisibiliser les victimes (à aucun moment on dit pourtant qu'il n'y a pas de victimes, c'est avant tout un sujet d'imputabilité des faits), à réécrire l’histoire, à réhabiliter
En attendant, plus de 3 ans après ce naufrage journalistique (dont hélas peu de titres n'en ont retenu les leçons, vous voulez qu'on parle du squat de la maison dans l'Essonne ?), les conséquences pour les mis en cause et leur entourage sont toujours aussi réelles.
Des mères et soeurs (marrant, tellement + facile d'harceler des femmes que des hommes) qui se font littéralement cracher dessus. Des enfants qui se placent instinctivement devant la fenêtre quand ils voient leur mère flancher.
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La formidable méconnaissance de l'écosystème numérique (le numérique, ce n'est pas que des licornes et des start-ups, c'est aussi et surtout de l'industrie lourde) par les décideurs publics fait le jeu des acteurs non 🇪🇺, qui captent ainsi près de 99% de la commande publique
On n'arrive toujours pas en 🇫🇷à se défaire de cette délétère culture du champion national, qui fait que des projets stratégiques ne peuvent être portés que par des mastodontes fort peu agiles et qui ne vivent que de rentes de situation. CGE. Alsthom. Alcatel et autres Cassos.
On se rappellera cette sortie de responsables FT à l'été 2000 quand on lui faisait remarquer que ses CT feraient de très bons DC : jeunes gens, n'y pensez même pas, l'hébergement de serveurs, c'est un truc de beatniks, jamais les télécoms ne s'abaisseront à cela. Des visionnaires
C'est peut-être un détail pour vous
Mais pour d'autres, ça veut dire beaucoup.
Plus de 10 ans de discussions homériques en Cicrest où les opérateurs, pourtant prêts, ont assisté effarés aux guéguerres interministérielles sur #SMSCB
SMS-CB, c'est quoi au juste ?
C'est un système, normalisé (les specs datent de… 1999), d'alerte des populations reposant sur l'exploitation d'une fonctionnalité des réseaux mobiles : déposer *instantanément* un SMS sur *tous* les mobiles d'une zone donnée etsi.org/deliver/etsi_t…
A la base, petite histoire sur le SMS, qui comme beaucoup d'innovations a été inventé pour un tout autre but que celui qu'on connait maintenant. Le SMS, c'était au départ un moyen de "pousser" les configurations aux éléments de réseaux mobiles, puis aux terminaux.
Ce n'est pas la première fois que le juge administratif rappelle aux pouvoirs publics que des idées radicales ne justifient pas pour autant qu'il soit porté atteinte, en dehors de toute décision de justice, à l'exercice de plusieurs libertés. …gy-pontoise.tribunal-administratif.fr/A-savoir/Commu…
Or ces mêmes pouvoirs publics, sur la base de décisions de fermeture / dissolution administratives exigent ensuite des différents acteurs Internet, en dehors de toute décision de justice, la suspension du référencement / comptes Réseaux Sociaux.
Et décision du Conseil d'Etat suspendant la dissolution ici
(on l'on rappelle que des publications mêmes radicales sur les réseaux sociaux ne peuvent être regardées à elles-seules comme de nature à justifier des mesures de dissolution / suspension comptes) conseil-etat.fr/actualites/le-…
L'enfers est pavé de bonnes intentions : un projet de la Commission ambitionne d'imposer aux intermédiaires techniques (hébergeurs & fournisseurs) de scanner ce qui relevait jusqu'à présent de la correspondance privée pour lutter contre l'exploitation sexuelle des mineurs ⬇️
Sur un sujet aux implications techniques majeures (car en corollaire une demande d'affaiblissement du chiffrement), la moindre des choses serait d'avoir un débat éclairé au niveau parlementaire. A date le secret des correspondances est constitutionnellement garanti ⬇️
Et c'est loin d'être anodin, car figure toi Twitter que l'interdiction pour l'opérateur de messagerie (à l'époque postale, mais étendu par la suite au télégraphe, puis téléphone, télex, minitel, Internet…) de connaitre du contenu de ce qu'il achemine date de la Révolution.
Reprenons. En 1996, le dernier ministre des télécoms (François Fillon) effectue une erreur majeure, celle de déclasser un bien commun (le génie civil des telecoms), financé pour 1/5 par les collectivités, pour l'attribuer gratuitement à une société de droit privé.
26 ans après, après en avoir tiré près de 15 Mds € de rentes de cet héritage constitué par des tiers au moyen de prérogatives de puissance publique, financé en partie par les collectivités locales, l'héritier cherche à se défaire de ce bien commun lesechos.fr/tech-medias/hi…
Cet élément est un fait non contesté par Orange (en même temps, écrire le contraire dans le cadre d'un appel public à l'épargne pouvait vous mener en correctionnelle), qu'il l'a même écrit noir sur blanc dans son DDR de 1997 dans le cadre de la privatisation
Mais quel est cet hébergeur Roubaisien cité dans courdecassation.fr/decision/6257b… ?
(rappelant au passage que les autorités judiciaires 🇧🇪 &🇳🇱 semblent plus respectueuses du droit international, en s'abstenant de solliciter directement pour préférer la coopération internationale)
A ce jour, cette coopération internationale est en effet nécessaire lorsqu'il s'agit d'obtenir des données détenues par des sociétés établies en dehors du ressort des enquêteurs, alors même que la Cour de Cassation a rappelé ceci
En pratique l'instrument juridique de cette coopération judiciaire entre différents états souverains est la Convention de Budapest qui traite du recueil de la preuve électronique et qui, malgré son titre, n'est pas cantonnée à la seule cybercriminalité rm.coe.int/168008156d