Je viens de revoir Under The Silver Lake de David Robert Mitchell et vraiment, je trouve ce film prodigieux sur ce qu'il dit de notre société, du complotisme, du sectarisme, du voyeurisme et de la tristesse des jeunes générations. ⤵️
Une séquence me marque particulièrement : celle de Sam et son pote qui lancent un drone-caméra. Une version plus moderne et intrusive que les jumelles employées par Sam depuis le début du film. Tandis que son ami explique la paranoïa moderne par excellente : être suivi/espionné⤵️
On y voit une jeune femme s'installer face caméra par une fenêtre et se déshabiller devant le drone. En réalité, ce n'est pas ce déshabillage qui déstabilise mais le fait qu'elle se mette à pleurer devant nous, spectateur-voyeur. ⤵️
Cette séquence marque à mon sens l'ultime viol de l'intimité à l'heure de l'internet. Non pas de voir cette femme nue ou en sous-vêtements mais de la voir pleurer et capter des émotions que l'on cache pour la sphère privée, que l'on cache au reste du monde. ⤵️
Under The Silver Lake montre également la tristesse insondable et sourde d'une génération élevée dans un monde de l'information absolue, où tout a été découvert ou presque. Impossible de soulever une pierre et de découvrir un trésor comme par le passé. ⤵️
Cette assertion anodine du même ami-au-drone de Sam, le héros, permet d'un coup d'un seul de comprendre le complotisme, les légendes urbaines, les creepypastas et autres mythes modernes nés de l'internet et de la pop-culture. Comme des monstres de la Hammer conjugués au futur. ⤵️
Si le complotisme marche si fort aujourd'hui, c'est qu'une partie des gens a besoin de donner un goût unique au monde qui l'entoure. De s'étonner, de découvrir et de comprendre quelque chose que la planète ne sait pas. D'être capable de surprendre le monstre du placard. ⤵️
Cela rend l'individu unique à nouveau et offre un goût mystérieux et moins monotone à la vie. Et surtout, cela donne un enjeu, un combat et une peur qui tient éveillé. Comme celle de la femme-chouette du film, qui entre et tue les naïfs en silence. ⤵️
Derrière les monstres, on trouve aussi les codes, les messages cachés, le langage lui-même. Tout ce qui concourt à donnée l'impression de ne pas être comme les autres, de savoir qu'il y a quelque chose quelque part, comme un croyant attendant la révélation biblique. ⤵️
Et c'est ainsi que le film en arrive à la secte, produit de gourous qui semble intemporel/universel. Mais à l'époque moderne, les nouveaux prophètes viennent du showbiz, de la tech, de la musique, des séries. Et, au final, c'est parfaitement logique. ⤵️
La religion est dépassée par le culte de la personnalité made in Hollywood, par le meme devenu légende urbaine, par le complotisme devenu mode de pensée magique. Under The Silver Lake est puissant parce qu'il comprend que tout est lié mais que la vérité finale est décevante. ⤵️
Bref, le film de David Robert Mitchell est un petit chef d'oeuvre sur notre époque en plus d'être un délice de mise en scène et d'horreur à l'orée du regard.
Et n'oubliez pas : « Beware of the Dog Killer »
Ne vaccinez pas vos enfants contre la méningite.
Parce que la méningite, franchement, ce n'est pas si grave.
Il est temps de le dire et de l'expliquer. ⤵️
Nous sommes en garde aux urgences pédiatriques, la veille, un enfant de 14 mois est admis en soins continus.
Diagnostic : Méningite à méningocoque.
Il a eu le protocole habituel : ponction lombaire, biologie, antibiotiques IV...
Une rigolade déjà.
Il est 21h le lendemain de son admission.
Ma collègue qui se charge des étages est appelée en urgence : l'enfant convulse.
Après 2 lignes d'anti-épileptiques, la convulsion s'arrête.
Ma collègue demande une imagerie cérébrale en urgence.
Et là...
Et si on causait grippe et enfant en cette belle saison hivernale ?
[THREAD pour les parents 🎁] ⤵️
Alors, d'abord sachez que la grippe est un virus saisonnier.
Ce qui donne deux éléments importants :
- C'est un virus, donc l'antibiotique ne sert à rien.
- C'est saisonnier donc c'est pas toute l'année mais en fin d'automne-hiver
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Il existe plusieurs souches de ce virus et, notamment, la souche A et la souche B qui se divisent eux-mêmes en sous-types différents.
Car, l'un des grands principes chiants de ce virus, c'est qu'il mute plus facilement qu'une Tortue Ninja.
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« Tu as attrapé un coup de froid » ou le froid nous fait tomber malade ! 🤧
Et confrontons ensemble le bon sens et la démarche scientifique ⤵️
Pour commencer, remettons les choses dans leur contexte pour comprendre d'où vient ce mythe.
Au fil du temps, on a constaté qu'il existait une période de l'année où l'on était plus susceptible de tomber malade que d'autres.
En l'occurrence : l'hiver !
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De ce fait, et par ce qu'on appelle le « bon sens », on s'est dit que la chose qui semblait la plus évidente était la suivante :
- Il fait plus froid en hiver
- On est plus malades en hiver
- Donc le froid cause la maladie
Un sophisme, qui, vous le devinez, n'est pas bon.
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Le journal Le Parisien publiait un article sur les vaccins en France pas plus tard que jeudi dernier.
Son titre, sans équivoque : « Un échec collectif assez stupéfiant »
Aujourd'hui, je vous cause de ce courant antivax en France et pourquoi il est si fort.
D'abord, il faut comprendre une chose, le mode même d'administration des vaccins, dans l'imaginaire collectif, fait peur.
La piqûre, c'est une aiguille qu'on met dans votre corps (muscle ou derme) et c'est donc invasif.
Pour le commun, c'est effrayant.
Ensuite, comme on le voit sur la photo, le vaccin, ça concerne surtout l'enfant pour prévenir les maladies infantiles et avoir une immunisation efficace au cours de la vie future.
Sauf que l'enfant, quand on y touche, les français, ils aiment pas ça, ils ont peur.
Ah, la rentrée.
Le retour des polémiques autour de l'éducation sexuelle à l'école et, encore, et encore, et encore, et… encore, ce même argument sur l'éducation sexuelle relève de l'éducation parentale.
Alors, Antoine, mon grand, on va causer une dernière fois ⤵️
Pour ceux qui savent pas, je suis urgentiste pédiatrique, depuis plus de 5 ans maintenant.
Toutes les semaines -- TOUTES LES SEMAINES -- je suis confronté à des cas de maltraitance et/ou d'abus sexuels chez l'enfant.
Et je vais vous expliquer un truc.
Un seul, mais important.
Voici Mathéo, 10 ans, baladé de foyer en foyer et de famille d'accueil en famille d'accueil.
Mathéo fait de graves crises de colères, il se met en danger, régulièrement.
Outre les violences physiques, Mathéo a été violé par son cousin pendant plusieurs années.
L'affaire Mazan ne me choque pas.
Alors certes, oui, à une telle échelle, avec une telle monstruosité dans le modus operandi, oui, c'est hallucinant.
Mais à force d'être aux urgences pédiatriques, ce genre de barbarie ne crée plus la surprise en fait.
Un exemple...
Y'a environ 1 mois, dans une garde, un gamin de 10 ans est amené par sa famille d'accueil.
Le gamin a fait une crise de colère et tout cassé avant de se mettre un couteau sous la gorge parce qu'il voulait mourir.
Le but, repartir en foyer.
Ce môme me raconte, il a fait 8 foyers et 3 familles d'accueil depuis ses 4 ans.
Alors, forcément, il n'a plus aucune stabilité et aucune confiance. Rien.
Alors je commence à lui demander le pourquoi de son placement et de ses accès de colère.