[#BETTERCALLSAUL] 1 - Avec un peu de retard, je viens d'achever cette série à laquelle justice n'a pas été pleinement rendue au cours des six saisons de sa diffusion sur @AMCPlus. La raison tient probablement à ce qu'elle fut regardée comme une version dérivée de #BreakingBad. 
2 - Or, réduire l'ascension et la chute de Jimmy McGill/SaulGoodman à une simple extension de l'ascension et de la chute de Walter White/Heisenberg revient à ignorer à quel point #BetterCallSaul offrit une qualité d'écriture et d'interprétation digne de sa devancière.
3 - Si les chemins de Saul Goodman et Walter White finissent par se croiser, jamais #BetterCallSaul ne s'est réduite à une oeuvre dépendante ou à un faire-valoir de #BreakingBad. Dès le début, les manigances de Jimmy McGill portent un récit autonome, riche, complexe et original.
4 - Walter White est l'héritier de la tradition des anti-héros, piégés au milieu de leur vie, qui par lassitude ou frustration jouent leur existence sur un coup de dés car ils n'ont plus rien à perdre. On retrouve de tels personnages chez Bill Pronzini. martin-delbert.fr/livre/97829142…
5 - Saul Goodman appartient, lui, à une autre tradition. Celle des arnaqueurs (les con artists) dont le cinéma et la littérature américaine regorgent. Ces individus aussi méprisables que fascinants sont indissociables de la constitution des Etats-Unis. en.wikipedia.org/wiki/The_Grift…
6 - Goodman est une figure de la dépression, une tentative d'adaptation aux incertitudes grandissantes de la vie. Son destin est moins de "vivre" que de "survivre", moins de découvrir qu'il était sans se l'avouer que d'employer son talent à apparaître comme quelqu'un d'autre.
7 - Walter White est une métamorphose, une épiphanie, pourrait-on dire. Saul Goodman est une persistance, une incapacité à échapper à soi-même. Ils sont aussi différents et opposés que les pôles d'un aimant. C'est ce qui est magistralement exposé dans le dernier épisode (S6E13).
8 - Se demander qui est le plus intelligents des deux, le plus apte à échapper à son destin, est à peu près aussi vain que de savoir si un slip kangourou est préférable à un costume de mauvais goût. quora.com/Who-is-smarter…
9 - Il y a assez de place dans ce monde pour l'un et pour l'autre. Chacun peut y jouer son rôle et c'est ce qui rend #BetterCallSaul aussi intéressant et aussi remarquable que #BreakingBad. C'est la démonstration faite par Vince Gilligan et Peter Gould.
10 - Le tandem est certainement l'un des plus talentueux qu'ait connu la production sérielle américaine au cours de la décennie écoulée. Enchaîner deux fictions d'une telle qualité est une rareté qui mérite d'être signalée.
11 - Le cousinage entre les deux séries est assumé mais il est surtout maîtrisé afin que l'une n'émerge pas au-dessus de l'autre. Distinctes, elle sont en même temps complémentaires comme White et Goodman le sont l'un pour l'autre.
12 - Le choix libre et entier est laissé au spectateur de décider duquel des deux personnages, de laquelle des deux histoires, il se sent le plus proche. Car pour le reste, elles sont traversées par les mêmes figures secondaires, la même violence et le même désespoir.
13 - Une autre grande réussite de #BetterCallSaul est d'avoir imposé une voix féminine indispensable - et souvent même plus puissante que celle du héros principal - celle de Kim Wexler. Rhea Seehorn mérite sans doute une petite distinction pour cette performance.
14 - Rétrospectivement, ce rôle essentiel - il est assez clair que Jimmy ne devient Saul que grâce à la présence et l'influence de Kim - rend encore plus injustes les critiques adressées à Skyler White (Anna Gunn) dans #BreakingBad. cbsnews.com/news/emmy-winn…
15 - Peinte comme une mégère caractérielle et insupportable, Skyler joue pourtant un rôle aussi déterminant dans la transformation de Walter White que Kim dans l'évolution de Jimmy. Peut-être que le temps a changé les regards car le parallèle entre les deux femmes est évident.
16 - Enfin et pour finir ce fil, un petit mot sur la structure du récit qui tisse avec un art consommé les lignes chronologiques entre elles sans que jamais on ne se sente perdu. L'architecture narrative est toujours mise au service exclusif de l'intrigue.
17 - Reste une question en suspens, après cinq saisons de #BreakingBad et six saisons de #BetterCallSaul que peut faire Vince Gilligan associé à son compère Peter Gould ? Continuer au risque de s'épuiser ? Ou passer à autre chose au risque de se perdre ? screenrant.com/next-breaking-…
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