Hier avait lieu la première audition de @sandrousseau, accusée par la FNC de "dénigrement" et "préjudice moral", en prévision du procès qui aura lieu en 2023.
Le 22 février 2022, après la mort de Mélodie, abattue par une chasseuse mineure dans le Cantal, elle avait déclaré :
"Je pense qu’il faut arrêter la chasse, ce n’est pas un loisir que d’aller tuer des animaux le week-end avec des fusils. […] Par ailleurs, le reste de la semaine, on peut aussi le braquer contre sa femme puisqu’on a vu qu’un féminicide sur 4 est lié à des armes de chasse."
La FNC a porté plainte, réclamant "98 879,40 euros de dommages et intérêts", dénonçant l’utilisation de chiffres "particulièrement farfelus [qui] ne semblent ressortir d’aucune étude scientifique connue".
On le sait déjà : rien n’angoisse plus les chasseurs que la vérité, et quand celle-ci finit par apparaître, rien de plus simple qu’un petit procès pour venir tout remettre en question. Après tout, ils ont de l’influence, les moyens financiers, et pas grand-chose à perdre.
Ils savent que la vérité ne fait pas toujours le poids, surtout si elle est énoncée par une femme et que personne ne trouve vraiment d’intérêt à l’entendre. Des hommes riches et puissants qui portent plainte contre des femmes pour sauver leur réputation, ça ne vous dit rien ?
Les chiffres rappelés par Sandrine Rousseau n’ont malheureusement rien de farfelu. Ils sont tirés du décompte tenu par l’association @feminicidesfr, qui mêle statistiques officielles et informations issues de la presse.
Dans un article de novembre 2021, @Reporterre affirme qu'"un fusil de chasse a été utilisé dans au moins 27,54 % des 102 féminicides de 2020, et 25,44 % des 106 meurtres de 2021, soit 1 féminicide sur 4 provoqué à l’aide d’une arme de chasse".
Dans ce même article, Reporterre cite les travaux professeur Jean-Louis Terra qui explique que "le risque de meurtre d’une femme est cinq fois plus élevé dans un foyer pourvu d’une arme à feu".
C’est vrai, il y a plein de manières de tuer sa femme, son ex-femme, sa compagne ou sa maîtresse mais c’est quand même beaucoup plus pratique si on a une arme sous la main.
Mais quel rapport entre la chasse et l’usage d’armes de chasse hors actions de chasse ? Allez, on vous aide :
- être possesseur d’un permis de chasser est le moyen le plus simple de se procurer une arme légalement, aujourd’hui, en France.
- avec un permis de chasser, on ne va pas acheter une arme de poing, mais… une arme de chasse.
- (attention, spoiler) les détenteurs de permis de chasser sont… des chasseurs.
Contrairement aux armes issues du trafic, qui sont par définition, hors du contrôle de l’État, les armes de chasse pourraient être davantage contrôlées, et ne pas être laissées entre les mains d’individus violents et/ou psychologiquement fragiles.
Mais contrôler ces armes et traquer systématiquement les comportements problématiques, ce serait sous-entendre que les possesseurs d’armes de chasse peuvent éventuellement être violents, et prendre le risque de blesser les chasseurs.
On comprend que le gouvernement ait des priorités. Après tout, si la chasse est une activité traditionnelle, les armes de chasse, elles aussi, sont socialement acceptables, jusqu’à rendre parfaitement anodins les suicides, homicides et féminicides par armes de chasse.
La chasse participe de la violence de notre société, hors actions de chasse aussi. Cette violence n’est pas imputable qu’à des individus : elle est le fruit d’un système qui protège les chasseurs et banalise la détention d’armes de chasse, aux dépens de la sécurité publique.
Thread - Samedi 19 février, aux alentours de 15 h, une jeune femme a été tuée par une chasseuse de 17 ans alors qu’elle faisait une randonnée avec un ami sur la commune de Cassaniouze, dans le Cantal.
Elle s’appelait Mélodie Cauffet et elle avait 25 ans. Elle était passionnée de nature et randonnait souvent dans les environs.
Ce drame survient un peu plus d'un an après que notre ami Morgan ait été confondu avec un sanglier et abattu d'une balle dans le thorax, alors qu’il coupait du bois dans son jardin à 75 km de là. Il avait, lui aussi, 25 ans. Il était, lui aussi, Aveyronnais.
Nos institutions laissent les victimes de la chasse en immense détresse, SANS AIDE NI ASSISTANCE. C'est une honte. Il faut que le gouvernement prennent enfin ses responsabilités.
Nous demandons aux élus locaux, aux sénateurs, aux députés, aux ministres, à Monsieur le Président de la République, @EmmanuelMacron, de prendre ENFIN leurs responsabilités.
Les ruraux ne veulent plus mourir à cause du loisir d'une minorité.
*17 ans. Une chasseuse mineure donc, qui vient probablement de passer son permis. Mais sinon, à part ça, le permis de chasse est très exigeant. Mais bien sûr.
Lors de notre audition au @Senat, le sénateur @Senateur_Salmon nous a demandé quels étaient nos rapports avec les chasseurs locaux. Si vous aussi vous vous posez la question, on vous raconte un peu comment ça se passe pour nous dans ce thread.
En décembre 2021, nous avons publié un témoignage dénonçant la présence de chasseurs postés juste devant la maison de notre ami Morgan, à peine plus d’un an après sa mort. Son petit frère se trouvait à ce moment-là dans cette maison, sa maison, avec son chien.
Nous avons décidé de corriger ce post à la suite d’une plainte déposée contre nous. Nous avons pris cette décision pour nous protéger et protéger l'auteur du témoignage d'éventuelles représailles et parce que nous avons subi des pressions et des menaces le concernant.
En 2017, déjà, un homme de 52 ans avait reçu 14 plombs dans le corps, dont un dans la tête (trop dangereux pour être enlevé) alors qu’il jardinait dans sa serre.
Un dimanche à 15 h 45 « Je m’occupais de mes plants de melon quand j’ai reçu deux coups de fusils . J’étais tout seul. Je leur ai montré mon bras en sang en leur disant qu’ils m’avaient tiré dessus. Je leur ai demandé de l’aide mais ils sont partis »
"Samedi 11 décembre 2021, aux alentours de 15h15, en m'approchant en voiture de la propriété de Rowan Keane en direction de Calvignac, j'ai aperçu trois chasseurs postés dans les champs de l'autre côté de la route, en face de la propriété de Rowan.
Aucun panneau n'indiquait une chasse en cours. Ils se tenaient à environ 10 mètres de la route, fusils non cassés, et faisaient face à sa propriété. Ils étaient toujours là quand je suis repartie, 15 min plus tard. Rowan et son chien étaient à la maison à ce moment-là.
Comme les trois chasseurs étaient tournés vers la propriété de Rowan, je dois supposer qu'ils s'attendaient à ce que toute action arrive de cette direction. Cette situation est une répétition des circonstances qui ont entraîné la mort de Morgan.