#Iranprotests
Au 7eme jour des manifestations qui embrasent les villes petites et grandes à travers le pays. Une révolte qui a son slogan : « Femmes, Vie, Liberté », et sa « porte vers la liberté » : le Kurdistan 1/21
1. Les vidéos d'une foule de plus en plus nombreuse défiant les forces de sécurité (feux, contre-attaques, voitures détruites) circulent plus que les vidéos de répression & arrestations. 2/21
(👇vendredi soir, Tehran)
La situation est explosive au Kurdistan. La ville kurdophone d'Oshnavieh (40 mille hab.) et surtout celle de Marivan au Kurdistan seraient tombée aux mains de la population ! 3/21
(👇vendredi soir, Oshnavieh)
Le retour du président Raisi qui a quitté le sommet de l'ONU à NY ce soir laisse craindre l’ouverture des vannes de la répression…En novembre 2019, la répression des manifestations avait fait plus de 1,500 morts en quelques jours. 5/21
2. Internet est coupé depuis mercredi. Anonymous a riposté #OpIran (en indiquant les VPN/Tor disponibles mais surtout) en hackant les sites gouvernementaux ! Banque centrale, Fars News, Ministères, etc.
A suivre : le jouissif @YourAnonSpider 6/21
La mise en service de Starlink en Iran vient d’être annoncée (le gouvernements US a modifié les sanctions pour le permettre…ça y est, on peut crier au coup de la CIA ;) 7/21
3. Est-ce « un mouvement de femmes » ?
C'est très visiblement un mouvement de toute la population : hommes et femmes, petites et grandes villes. Les hommes ne sont pas les "alliés" des femmes qui demandent leurs droits (on n'en est plus là) 8/21
Tou.te.s manifestent contre le pouvoir, en retournant son symbole théocratique le plus immédiat. 9/21
4. Toutefois plusieurs militantes féministes ont été arrêtées : la réalisatrice Mina Mahmadi, la journaliste Niloofar Hamedi, l'activiste pro-choix Fatemeh Sepehri en vidéo ci-dessous (et oui ! ;) 10/21
Les manifestantes sans voile, la foule brûlant des voiles : les images mettent l'accent sur la fin de la peur. Les iraniens savent que la technique de gouvernement principale de la RI est "le rideau de la peur". La question des mouvements sociaux depuis près de 30 ans : 11/21
le "rideau de la peur" va-t-il / est-il tombé ? Intéressant à cet égard : les slogans de ces derniers jours. "Je tuerai qui a tué ma sœur", "N'ayez pas peur, nous sommes tous ensembles", "Balles, bombes, pétards, les mollahs doivent dégager", et "Mort au dictateur". 12/21
Ce dernier slogan, présent très timidement puis marginalement depuis 2009, est désormais scandé en rythme, par une foule en majorité trop jeune pour avoir été dans la rue en 2009. La génération Z est ahurissante de courage. « Envoyez-en qq’uns en Russie », plaisante-t-on… 13/21
La demande n'est pas "plus de libertés", mais un changement de pouvoir. Le voile obligatoire, en tant que fondement non négociable du gouvernement théocratique, est un symptôme (certes très opprimant au quotidien) non un objectif. Pourquoi est-il si important ? 15/21
Car c'est la manifestation d'un "apartheid de genre" (discriminations et inégalités sociales, politiques et juridique) qui touche quand même la moitié de la population, et se superpose aux inégalités sociales et discriminations ethniques toujours plus marquées. 16/21
Le puissant mouvement "Un million de signatures" (2006) pour changer la constitution iranienne (et qui les a récoltés, avant d'être violemment réprimé) a formé une génération d'opposantes féministes qui sont encore un réseau actif de la société civile dans et hors d'Iran. 17/21
Faut-il le souligner ? La pensée "réformiste", incontestablement hégémonique dans les mouvements sociaux jusqu'à peu, est désormais reléguée (avec la véhémence des trahis) aux oubliettes . L'échec politique des réformistes a signé leur discrédit idéologique cinglant. 18/21
Questions : comment l'issue de cette situation insurrectionnelle peut-elle être influencée par deux éléments : 1) La guerre de succession d'un guide suprême (Khamenei) en bout de course 2) L'affaiblissement patatras de l'allié russe ? 19/21
Je me souviens parmi les livres samizdat d’un ouvrage d'analyse géopolitique (marxiste) de décembre 1978 qui avait comme sous-titre : "Pourquoi une révolution est actuellement impossible au Moyen-Orient?" Trois mois plus tard, la révolution iranienne triomphait… 20/21
Ne nous amusons donc pas à prédire, pour ensuite venir expliquer pourquoi ce qu'on avait tenu pour 'impossible' était à bien y réfléchir immanquable.
A mon sens : « Un mouvement de femmes » ? Non. Une « révolution féministe » ?...à suivre ! #Iranprotests 21/21
En tant qu'anthropologue politique travaillant sur les violences de masse je suis contre le fait de produire, diffuser, relayer des témoignages de l'horreur en format reportage de 2 min. qui racontent par exemple que "les corps étaient dévorés par les chiens" à Boucha 1/5
Une réalité indicible est formatée, raccourcie et envoyée dans notre gueule. Ce formatage viole la dignité de ceux qui ont vécu les faits. Il transforme ceux qui regardent en spectateurs : habitués par dose à toujours plus d'horreur et au sentiment d'impuissance. 2/5
Sous couvert de secouer et de pousser à l'action, il normalise une passivité dépressive et produit les conditions de l'indifférence. En Palestine, Yémen, Syrie, le type d'émotions créés par ces 2 min. d'horreur télévisés n'ont jamais poussé à l’action. 3/5