Un petit thread sur le système de retraites et son équilibre. Comme l’a fait remarquer Sophie Bouverin (un collectif sous pseudo) dans Commentaire, le quasi équilibre apparent vient du fait que l’Etat sert de facto de caisse de défaisance (bad bank) pour les autres régimes 1/
Il n’y a pas réellement de caisse de retraite pour les fonctionnaires de l’Etat : l’Etat paie les salaires d’un côté et les pensions de l’autre. Les employés paient une cotisation, mais celle employeur est fictive : c’est le ratio du besoin de financement sur les traitements 2/
Si l’Etat licenciait du jour au lendemain la moitié des fonctionnaires FPE, il devrait doubler la cotisation retraite employeur sur les fonctionnaires FPE restants 3/
Si la cotisation employeur est de presque 75% dans la FPE contre 30% dans la FPT/FPH dont le mode de calcul des pensions est le même, ce n’est pas vraiment une question de « salaire différé » 4/
C’est d’abord un effet démographique de la décentralisation et des privatisations, notamment des PTT, car l’Etat continue de payer les pensions des fonctionnaires déjà retraités, sans percevoir de cotisations sur leurs successeurs 5/
Dans les autres régimes, ce genre de transfert s’accompagne de soultes ou de subventions. Par ex, le transfert des nouveaux agents de la Poste de l’Ircantec à l’Agirc-Arrco s’accompagnera d’une subvention compensatoire 6/
Quand France Télécom a été privatisée, il y a eu une soulte importante versée à l’Etat, mais elle ne visait qu’à compenser la différence de cotisation des fonctionnaires en activité à l’époque. Pas la perte de cotisations à très LT pour l’Etat faute de cotisants 7/
De facto, ces vagues de décentralisation et de privatisation ont donc fourni de nouveaux cotisants à la Cnracl, la CNAV et l’Agirc-Arrco, avec de nouveaux assurés beaucoup plus tard, donc des économies substantielles pendant longtemps 8/
Au total, le Service des Retraites de l’Etat « subventionne » ces autres régimes en prenant en charge plusieurs centaines de milliers d’assurés sans leur demander de subvention d’équilibre. Sans ce gros cadeau, ces régimes auraient un fort déficit 9/
Et donc, pour ceux qui s’étonnent des cotisations employeur délirantes sur les enseignants : ce n’est pas tant du salaire différé qu’un gros cadeau fait aux retraités des PTT et des services déconcentrés devenus décentralisés, et aux autres régimes de retraite 10/10
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