L'objet de la critique serait ici le collectif ZEM et ses soutiens. Le critère par rapport auquel cet objet est évalué, c'est le harcèlement.
Et le gros de la vidéo concerne la justification de cette critique : une étude empirique est menée dont les résultats semblent plutôt suggérer qu'il y aurait eu harcèlement.
Cette critique n'a pas été bien reçue (euphémisme). Il y a bcp de points de désaccord autour de l'étude empirique, donc autour de la justification de la critique, mais je pense que c'est au niveau du critère d'évaluation utilisée qu'il devrait y avoir plus de désaccord, ..
..ou en tout cas un désaccord plus fondamental.
La notion de harcèlement ne va pas de soi : ce qui fait qu'un comportement relève de harcèlement n'est pas consensuel.
Une des seules choses consensuelles – et c'est ce qui rend les accusations de harcèlement aussi "explosives" – c'est que c'est quelque chose de mal, qu'il ne faut pas faire. Personne ne veut être quelqu'un qui harcèle.
Du coup, si on s'aventure à accuser quelqu'un de harcèlement, il vaut mieux être très au clair sur ce qu'on entend par là, sur les indices empiriques qui viendraient confirmer ou infirmer l'accusation (il faut "opérationnaliser" le concept de harcèlement), ..
..et sur pourquoi on pense que ce n'est pas bien. Et si tout ça n'est pas partagé aussi par les personnes qu'on critique, on peut effectivement s'attendre à un fin de non-recevoir.
Je pense que c'est en partie ce qui s'est passé dans cette affaire. La vidéo part d'une définition juridique du harcèlement : "la répétition de propos ou de comportements ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de vie de la personne" (01:30).
Cette définition, même si elle est juridique, est inacceptable pour bcp de gens. Elle semble d'abord très – trop – large : étant donné les différentes polémiques ces derniers temps entre ZEM et zéts mainstream,..
.. il est probable que la plupart des gens qui ont pris part à ces polémiques aient fait du harcèlement selon cette définition.
Si on suppose que harceler, c'est mal (et cela semble accepté par tout le monde dans cette polémique), alors cette définition est encore plus douteuse:.
.. il est évident que des choses qui relèveraient de harcèlement ne seraient pas forcément mal.
Si un article de recherche est critiqué à répétition en raison d'erreurs flagrantes, les personnes qui critiquent ne se comportent pas de manière problématique,..
..et ce même si ça nuit aux conditions de vie des auteur-es de l'article.
Je mentionnais dans mon autre thread que parfois, on se rend compte que les critères qu'on utilise pour critiquer ne sont pas si pertinents que ça.
Je pense que ça s'applique bien à cette polémique.
Je serais surpris que les gens en zététique mainstream acceptent vraiment la notion de harcèlement présentée dans la vidéo, avec toutes ses implications contre-intuitives.
Quoi qu'il en soit, tout ça souligne l'importance du travail de clarification de nos standards d'évaluation quand on critique.
Si ces derniers sont trop vagues ou opaques, il est probable que le débat qui suive dégénère, malheureusement :(
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Le graal de la critique 🏆, quand on veut faire changer d'avis notre interlocuteur-rice, est la critique "interne", qui se base seulement sur des prémisses (des "points de départ") que l’interlocuteur-rice est prêt.e à accepter : ... 2/
..elle est donc interne à son système de croyances, et montre l’existence d’une tension ou d’une contradiction en son sein. 3/
Peut-on montrer que les gens sont "biaisés" ?
C'est ce qu'essaie de faire cet article de recherche (en open access !) en en étudiant nos croyances spécistes #antispécisme#sentience
Petit thread pour en savoir plus 🧵 sciencedirect.com/science/articl…
Quelles sont les capacités cognitives (mais aussi émotionnelles, sociales, etc.) des animaux non-humains ?
Question difficile, mais dans tous les cas c'est important d'être ouvert-e aux recherches scientifiques récentes pour mieux y répondre. 2/
Et si les gens avaient systématiquement des réticences à prendre en compte ces recherches quand elles montrent que les animaux ont des capacités insoupçonnées ?
C'est exactement ce que suggèrent les résultats de cet article. 3/
Débattre, c’est souvent critiquer les idées de l’adversaire. Mais il y a de bonnes et mauvaises manières de critiquer !
Voilà 4 choses à se rappeler pour faire une bonne critique. 1/
La critique n’est pas toujours appropriée au contexte dans lequel on se trouve. Critiquer une personne qui vient de mourir peut être jugé indécent, ... 3/