Les monuments aux morts ne sont pas tous des monuments communaux, ni mêmes paroissiaux. Certains visent à honorer les morts de certaines unités. C’est le cas de la plaque installée au Palais Saint-Georges à #Rennes, en l’honneur des 3 régiments d’infanterie mobilisés ici en 1914.
Il s'agit du 41e RI, le régiment d’active, du 241e RI, son régiment de réserve, du 410e RI, créé en 1915 à Coëtquidan (@SaintCyrCoet), enfin du 75e RIT, le régiment territorial qui leur est associé.
La plaque, installée en 1928, est une œuvre d’Henri Nicot, un sculpteur réputé originaire de #Rennes, à qui l’on doit plusieurs monuments aux morts dans la région.
Ainsi à #Cancale, #SaintMalo, Pleurtuit, mais aussi à Camors dans le Morbihan, Guéméné-Penfao en Loire-Atlantique. On lui doit aussi la plaque aux morts bretons de la Grande Guerre dans la cour d’honneur des Invalides, à Paris.
Si le monument aux morts de la caserne Saint-Georges fait l’unanimité, il n’en va pas de même d’un autre monument, celui installé au pied du square du Contour de la Motte à #Rennes, dédié lui aux combattants du 41e RI morts durant la Seconde Guerre mondiale.
Il s’agit d’une initiative de la très active Amicale des anciens du 41e RI, qui propose d’installer là un monument qui serait l’œuvre d’un ancien sous-officier du régiment, Pierre Thézé.
Pierre Thézé est un artiste réputé : ancien élève des Beaux-Arts à Rennes, premier grand prix de Rome de sculpture, il est directeur de l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers au début des années 1950. @eesabrennes
Le projet est approuvé par le conseil municipal @VilledeRennes en juin 1950, validé par le ministère de l’Intérieur en mars 1951. On insiste sur le fait que «la ville a, de tout temps, manifesté la plus grande affection à notre vieux régiment d’infanterie ».
Début juillet 1951 cependant, à quelques semaines de l’inauguration, un conseiller municipal écrit au maire de Rennes pour lui demander soumettre à une prochaine réunion du conseil sa « proposition tendant à décider de la démolition du monument en cours de construction » !
Selon lui, « le monument est un défi au bon goût et à l’Art, et il me parait nécessaire pour l’esthétique de la ville, de ne pas le laisser subsister »...
La presse locale s’empare du sujet. Les articles se multiplient, pour ou contre l’œuvre de Thézé… qui est finalement inaugurée en octobre 1951.
L'affaire illustre surtout combien les questions de mémoire sont complexes, et ne peuvent se limiter à l'injonction un peu rapide et trop facile du "devoir de mémoire"...
De tout cela, il sera question notamment les 9 et 10 novembre à #Vannes, dans le cadre de journées d'études coorganisées par @EATempora , le CReC Saint-Cyr de @SaintCyrCoet, et @UnivCathoOuest.
Pour en savoir plus : monuments1418.bretagne@gmail.com
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Notons, tout d’abord, que ces monuments aux morts de la guerre franco-prussienne sont peu nombreux : alors que ceux de la #GrandeGuerre se trouvent dans plus de 80 % des communes bretonnes dès 1924, ceux de 1870-1871 se comptent sur les doigts de la main dans chaque département.
Dans les @cotesdarmor22 par exemple, seul existe celui de @VilledeStBrieuc👇. Et celui-ci est très tardif: il n’est inauguré qu’en 1892, plus de 20 ans après la fin de la guerre.
L’histoire, en tant que discipline scientifique, a besoin de sources pour se construire : documents papiers, sources orales ou iconographiques, "archives du sol" des archéologues @EATempora, @R1Le_Gall, @mbourlet
La particularité de l’histoire militaire, c’est qu’elle gagne à être pensée aussi avec… les pieds de celui ou celle qui la construit. @AlpinsHist
Certes, certains me diront qu’elle n’est pas la seule forme d’histoire concernée. J’en conviens : ayant débuté par l’histoire rurale, je mesure combien l’appréhension – physique, « charnelle » - des paysages facilite la compréhension de certains phénomènes…
Non pas la manière dont, de façon très attendue, la guerre inspire la fiction, mais comment les diverses formes de fiction influent sur la manière dont on fait (ou prépare) la guerre.