Thread by @CabriolesDouze

Bonsoir à tous·tes,
Le temps est venu pour nous
de vous dire aurevoir

Nous l'avions annoncé il y a un peu + d'un mois suite a la publication par une revue, pour laquelle nous avions autrefois de l'estime, d'un énième article eugéniste développant la même réthorique antivax et pro-covid que ce qui a cours à l'extrême-droite.

https://twitter.com/CabriolesDouze/status/1576623789827186688

Et cela venait après un été particulièrement chargé sur le sujet où Médiapart avait consacré une série de 4 articles à valoriser les éléments de langage qui soutiennent la désinformation gouvernementale à propos de la pandémie de Covid-19.

https://twitter.com/CabriolesDouze/status/1556929092909518850

Les articles de @Mediapart sont toujours en ligne. Il s'agit pourtant clairement de désinformation. Ce qui leur a été signalé par des spécialistes des domaines concernés. Et qui dans le situation pandémique actuelle a des conséquences meutrières. C'est incompréhensible, et grave

Toute la presse et les revues de gauche n'ont pas sombrées au point de publier hebdomadairement des articles de collectif antivax et réactionnaire comme le Groupe Grothendieck, mais rare sont celles qui ne flirt pas avec le covidonégationnisme.

Et plus rare encore sont celles qui ne recouvrent pas la pandémie en cours, les dizaines de morts et les milliers d'infections quotidiennes, les centaines de milliers d'immunodéprimé·es mis·es en danger de mort partout, les millions de Covid long, d'un épais voile de silence.

Nous avons créé ce compte il y a un peu plus d'un an pour alerter de la présence d'un stand de librairie néonazie sur le marché de la ville de Saint-Affrique, découvert lors d'une manifestation anti-pass et toujours présent aujourd'hui.

https://twitter.com/CabriolesDouze/status/1433019831985520640

Car depuis que nous avons commencé à nous intêresser aux rapports de forces politiques qui structurent la pandémie, une chose nous a particulièrement inquiété·es et mobilisé·es depuis notre première enquête sur Réinfocovid...
cabrioles.substack.com/p/louis-fouche…

La négation/minimisation du Covid, de par la hiérarchisation de la valeur des vies qu'elle implique s'inscrit dans un positionnement éthico-politique profondément réactionnaire.

Les ex-camarades fans du manifeste conspiraciste avec qui il y a encore quelques années nous empêchions chaque apparition du FN dan le coin ne voient plus le problème à ce qu'un groupe de soraliens s'installent par ici.

"les révoltes sont désormais impures, nous dit-on, il n'y a plus ni droite ni gauche, c'est désormais les vivants contre le technosanitaire."
Nous ne sommes pas un cas isolé, loin de là. De nombreu·ses camarades nous ont témoigné de situations similaires dans leur région.

De ce désarmement de plus en plus criant face aux menées fascisantes.
La désorientation du camps des luttes face au Covid, puis son déni hégémonique, a produit une intense porosité avec les thématiques réactionnaires, notamment transphobes, antiféministes, et antisémites.

Ce que nous avons essayé de montrer ici, entre autre chose, c'est que la production de ce déni n'a que peu à voir avec les soi-disant "complotistes", ou avec les militant·es de base, mais a été produit et diffusé par la classe intellectuelle.

Aperçu ici :

https://twitter.com/CabriolesDouze/status/1589692520313016320

Parler du "complotisme" est confortable pour tous, pour les fascistes qui se posent en contestataires, les libéraux qui jouent aux rationnels et cachent leur rôle dans la fascisation, et même pour les camarades égaré·es qui s'en servent pr minimiser leur alliances réactionnaires.

Mais en ce qui concerne la négation de la pandémie à gauche, le fait de naturaliser que le Covid devienne la 3eme cause de mortalité en France, que les handi·es peuvent bien crever et que 2 millions de personnes souffrent de séquelles invalidantes, il ne s'agit pas de complotisme

Il s'agit d'un phénomène socio-politique d'ampleur qui a été intensément porté et légitimé par les organes intellectuels de gauche/autonomes. Organes qui sont tenus par des gens qui ne font pas partie des catégories de la pop° les + en danger face au Covid.

Et qui semble-il s'inquiètent + d'avoir accès aux services de convivialités/culturels accessibles à certain·es en régime capitalistes que de la santé des travailleur·euses les plus à risques, et de celle des étudiant·es/enfants réinfecté·es continuement avec un virus mal connu.

Nous l'avons dit et répété, il n'y a pas que chez les macronistes que les digues ont sautées. Tout corps plongé dans l'eau se mouille, et nul ne peut prétendre être indemne de l'ascencion continue de la boue fascisante.

À n'en point douter le Covid est un catalyseur de l'internationale fasciste. Par le biais du déni pandémique, des masses considérables de gens anciennement apolitique ou de gauche basculent gentiment vers l'extrême-droite. Il faut cesser de regarder ailleurs de toute urgence.

Quand nous avons commencé ce compte nous ne pensions pas parler spécifiquement du Covid. Mais nos prises de parole sur le sujet ont sucité des réactions positives de la part de nombreuse personnes qui se sont retrouvées exclues de fait de leur asso/syndicat/collectif...

...Parcequ'elles refusaient le déni, refusaient de se mettre en danger, de mettre en danger leurs proches, leurs camarades ou la caissière du supermarché, refusaient la hiérachie des vies, refusaient le déni des connaissances scientifiques.

Ce que nous venons de vivre est un immense crachat à la gueule de toutes les luttes populaires syndicales, antiracistes, féministes, homosexuelles et handicapées pour la santé. Beaucoup d'entre-nous sont en colère, une colère sourde et profonde.

Et beaucoup d'entre nous éprouvent également une profonde tristesse, d'avoir vu des proches mourir, leur morts ridiculisées. D'avoir perdu des ami·es qui se sont mis·es à chanter le "vivre avec". Et il y a le dégout. Le dégout pour tous ceux qui ont moqué les peurs légitimes.

Toutes ces émotions nous seront précieuses, gardons les près de nous.

En tout cas nous espérons avoir hystérisé le débat autant que nos forces nous le permettaient. Il le faut. Il faut briser le silence, visibiliser toutes les complaisances avec l'eugénisme pandémique.

Il nous faut tracer des lignes. C'est une urgence vitale. Que ce soit pour protéger la possibilité d'un antifascisme minimal, et encore plus pour ce qui est aujourd'hui plus que jamais nécessaire : élaborer et bâtir des perspectives et des forces révolutionnaires.

Maintenant, il nous faut parler de ce qu'il s'est passé ici pour nous. En arrivant ici, avec un bagages très technocritiques, nous étions tout à fait sceptiques. On croyait tous ces journalistes qui peignaient "les rézosociaux" comme le régne de l'embrouille et du narcissisme.

Si c'est surement une part importante de la masse, ce n'est clairement pas ce que nous avons rencontré ici. Malgré notre positionnement en faveur de la vaccination nous avons eu peu de trolls, surement du fait qu'il était difficile de nous attribuer des complicités macronistes.

Nous ce que nous avons rencontrés ici c'est de l'empathie, des personnes qui ont une intelligence du coeur, qui croisent les points de vue, alternant les études scientifiques et les récits personnels. Des gens qui ont envie de réfléchir ensemble, et de se rencontrer 'en vrai'.

Ici nous avons rencontré des gens qui ont envie de ne mettre personne de côté. Et cela est infiniment précieux. Cela nous a permis de briser notre isolement, d'élargir notre point de vue, et de savoir que nous n'étions pas simplement en train d'halluciner.

D'autres que nous voyaient aussi ça : l'ensemble de la gauche justifie le handicap et la mort de masse.
Quand Blast et Mediapart diffuse la même ligne que Cnews et SudRadio sur le Covid, bordel heureusement que vous êtiez là.

Et celleux qui trouve ça un peu trop culpabilisant : ON S'EN FOUT. Vous nous faites les mêmes coups de droitard à chaque fois, que ce soit sur le sexisme ou le racisme, c'est jamais de la bonne manière. La bonne manière c'est celle qui ne vous dérange pas.

Alors voilà ici nous avons ri, nous avons pleuré, nous nous sommes attaché·es et nous avons appris un paquet de trucs. Bref comme dans une conversation épistolaire un peu soutenue avec quelques options en plus. Et des messages qui fusent dans tous les sens :D

Mais voilà, nous devons arrêter. Il y a plein de raisons. Des changements d'emploi du temps depuis la rentrée. L'aspect chronophage. Mais aussi cela use, être confronté constamment à l'eugénisme pandémique de journaux, revues, groupes que nous avons estimé, use.

Et aussi, nous sommes 2. Nous aimons danser sur de la pop, faire des karaoké à base de Niagara, préparer des repas pour des maxi-banquets. Et nous aimons bien lire et boire du café aussi. À part les 2 derniers trucs les autres sont devenus bcp moins simple ces 2 dernières années.

Et cela, en plus des amitiés brisées, nous affecte fortement, qu'on le veuille ou non. Il faut qu'on prenne un peu soin de nous nous aussi.

Nous sommes 2 donc à faire tourner toute cette petite baraque de Cabrioles. Les traductions, les threads, le blog. Et depuis un an nous avons mis toute notre énergie là dedans, nous ne pouvions pas faire autrement. Mais nous sommes un peu fatigué·es.

Et nous avons aussi acquis une certaine centralité sur ces questions d'#AutodéfenseSanitaire. Ce qui en même temps nous touche très fortement et en même temps est un peu trop lourd à porter pour nos épaules. Nous avons besoin de relais.

Nous avons besoins que tout le monde foute le max de bordel dans son asso, sa section syndicale, son journal, son collectif, son squat, et aussi ici sur twitter. Que la politique de base ce soit zéro déni, zéro bullshit eugéniste. Et pas demain, maintenant.

Que tout le jours on voit des prises de positions comme celles de l'@UnionCoLib , du @stjv_fr , de la @cntso_fr , ou de @SUD_education !

Pour autant si on a besoin de repos l'arrêt du compte twitter ne signifie en rien l'arrêt de Cabrioles. L'idée est plutot de libérer du temps pour d'autres projets, écrire des textes de fonds, bouger pour vous rencontrer, démarcher des revues... Mille trucs quoi.

On ne sait pas si on va réussir à maintenir les dossiers mensuels, nous allons essayer mais on va peut-être avoir besoin de passer un peu au fil de l'eau pendant un temps.

Mais si une chose est certaine, c'est qu'on arrête pas la bagarre, et que nous avons bien l'intention de continuer à emmerder le monde.

Bon,
c'est le moment là,
Nous vous calons un petit poème pour faire intello,
ensuite un gif rigolo,
et après bah on se casse

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Il est temps que l’on sache
Il est temps que la pierre consente à fleurir
qu’aux aguets battent un cœur
Il est temps qu'il soit temps

Il est temps

Paul Celan · Corona

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Bye les ami·es,
oubliez pas : foutre le bordel
et tenir la ligne

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La lutte tue
Mais elle rend forte,
Renforce la flamme
Des âmes qui pleurent,
Des coeurs qui s'arment.

Charlotte Puiseux · De chair et de fer