Thread by @clemnaturel

🧵 « Contre Lordon »

Le philosophe Benoît Bohy-Bunel publie une critique de la proposition politique néoléniniste de Lordon & Friot, qu’il dépeint comme populiste, autoritaire, nationaliste et travailliste.

Recensions de l’ouvrage

@Zonesubversives
zones-subversives.com/2022/03/freder…

@lepoinginfo
lepoing.net/frederic-lordo…

@litteralutte
litteralutte.com/contre-lordon/…

Le blog de Benoit Bohy-Bunel
benoitbohybunel.over-blog.com

Critique de « vivre sans » de Lordon par Benoît Bohy-Bunel
rusca.numerev.com/articles/revue…

Benoît Bohy-Bunel est théoricien de la wertkritik (critique de la valeur), membre du collectif @agitations__ et proche de l’@UnionCoLib.

Pour une introduction à la wertkritik voir par exemple : serpent-libertaire.over-blog.com/2014/12/qu-est…

📻 Sur « Symptômes contemporains du capitalisme spectaculaire »
sortirducapitalisme.fr/emissions/287-…

📻 Sur « Approche matérialiste de la Critique de la raison pure »
sortirducapitalisme.fr/emissions/335-…

🗞 Sur le capitalisme totalitaire benoitbohybunel.over-blog.com/2017/10/pourqu…

📻Sur le handicap
zinzine.domainepublic.net/?ref=7312

En bref, Benoît Bohy-Bunel dénonce une critique tronquée du capitalisme de la part de Lordon qui, loin de nous amener vers une sortie du capitalisme ou son annihilation, prônerait un aménagement systémique ; un altercapitalisme.

Selon l’auteur, à suivre la voie de Lordon & Co, ce ne sont pas les sentiers de l’émancipation que nous parcourrons mais ceux d’une marche vers l’autoritarisme le plus périlleux menant à un régime nationaliste et travailliste.

Lordon ménagerait un espace de rencontre entre un interventionnisme d'État keynésien type LFI et son pseudo-socialisme léniniste et spinoziste qui soulèverait les « masses », pour finalement les orienter vers le productivisme. Bref il proposerait un capitalisme d’Etat remanié.

https://twitter.com/clemnaturel/status/1544744480162676737

Il est vrai que la société proposée par Lordon perpétue la division du travail et sa planification centralisée, et donc la nécessité de la mise au travail des individus, qui implique une forme de coercition et d’autoritarisme nécessaire, malgré le salaire à vie.

Ainsi surgit une question caricaturale mais réelle : qui va vider les poubelles ? Autrement dit, au delà de l’abolition de la propriété privée qui annule le clivage prolétaire/bourgeois, comment sortir du clivage entre une élite privilégiée d’un côté et les forçats de l’autre ?

Comment éviter de retomber dans le communisme autoritaire du XXeme siècle dont les maoïstes, trotskystes, (néo)léninistes… perpétuent la tradition, et comment laisser place au véritable communisme, le communisme libertaire, et par extension à la démocratie réelle ?

Comment imaginer une remise en cause effective de la division internationale du travail, dans la mesure où la France demeure une puissance économique majeure, qui entretient aujourd'hui encore des tutelles néocoloniales, et un impérialisme d'exclusion ?

Les hommages de Lordon aux libertaires et ses louanges aux autonomistes sont ils une réelle évolution conceptuelle de sa pensée ou bien une manière d’essayer d’embrigader des anarchistes dans un projet politique communiste-autoritaire ?

https://twitter.com/clemnaturel/status/1588856256122744832

Comme le souligne Benoît Bohy-Bubel, la rhétorique lordonienne se situe bien loin de toute revendication internationaliste et reste empêtrée dans un cadre exclusivement franco-français.

Lordon et Friot devraient encore affiner leur proposition politique en intégrant réellement les principes libertaires aux conditions du système et en imaginant une macro-structure économique et politique libertaire.

Lutte Ouvrière avance lentement en ce sens.

https://twitter.com/clemnaturel/status/1581034182918053888

La proposition communiste-libertaire se base sur la création de nouvelles institutions politiques contre l’État (les Assemblées populaires à l’échelle communale) garantissant la démocratie directe, et sur la fédération en réseau de ces communes libres.

https://twitter.com/clemnaturel/status/1576468000768950278

Si un certain degré de délégation de pouvoir est inévitable, l’important est d’encastrer la représentation dans des formes de démocratie directe afin que l’intégrité de la personne élue ne soit plus une vaine déclaration de foi mais une réalité pratique comme au Chiapas/au Rojava

https://twitter.com/clemnaturel/status/1592498053600391168

Face à la corruption endémique, rien de mieux qu’un renouvellement radical des pratiques politiques par la résurgence des assemblées citoyennes locales, la transparence démocratique et le mandat impératif et révocable comme antidotes au cynisme, à l’abstentionnisme et à l’apathie

Dans la lignée des #GJ, les citoyen•nes pourraient commencer par se réapproprier leurs institutions politiques en rédigeant collectivement une Constitution communale pour définir les principes, valeurs, pouvoirs, responsabilités et institutions de leurs communautés territoriales

Si le nationalisme est une plaie, et si l’internationalisme est un idéal désirable, il peut être plus pragmatique d’envisager à ce stade une fédération continentale qui pourrait se structurer autour d’une Europe communiste-libertaire plutôt que capitaliste-néolibérale.

La France (le ‘peuple français’) est la communauté politique de référence depuis la Révolution, et la Grande Guerre, mais l’Europe est aussi devenue une communauté politique significative, notamment pour les générations post-Schengen, et ouvre des perspectives post-nationalistes.

La municipalité passerait du statut de simple appareil administratif de l’État à l’échelle locale à celui d’une communauté politique fondée sur l’autogouvernement, fédérée avec les autres communes libres en un réseau qui s’étendrait de proche en proche à toute l’Europe.

Reste que Lordon a raison sur le fait que le capitalisme est une macro-structure et qu’il faut une autre marco-structure pour le neutraliser, une irruption du peuple au devant de la scène et un cadre pour réaliser son action révolutionnaire. Mais ce cadre ne peut pas être l’État.

La Commune de Paris est une révolution au sens où elle portait pour la première fois un programme d’abolition de l’Etat pour instaurer une « République universelle », qui peut former un cadre communiste anarcho-compatible cnt-ait.info/2021/05/15/int…

La Commune de Paris dessinait un dépassement de la monarchie constitutionnelle et de la République oligarchique par l’incarnation concrète de l’idéal républicain qui vise l’instauration d’une souveraineté populaire et du pouvoir citoyen dans toutes les sphères de la société.

https://twitter.com/clemnaturel/status/1590061986062434305

La Commune est la République contre l’État. Une République démocratique, sociale et internationaliste qui n’implique pas le rejet expéditif de la nation mais qui s’appuie sur elle pour opérer la dialectique démocratique entre le local et global, et progressivement la dépasser.