Au matin du 7 janvier 2015, je suivais un cours d’algèbre. Une camarade de promo m’a montré son téléphone. J’ai appris, ce jour-là, qui était Charlie. 🧵⤵️
Ils étaient pour moi, jusque là, un journal tenu par une équipe de gauchistes parisiens. Un papier que personne ne lisait. Enfin, jusque là.
Ce jour-là, à cette heure, j’ai compris, j’ai senti. Je tremblais sur ma chaise. À quelques centaines de kilomètres, on venait d’abattre des gens, pour des dessins, sur du papier.
Dès le lendemain, en sortant de cours, je me suis rendu avec cette camarade, sur une place, dans le centre-ville de Grenoble.
Nous avons disposé des bougies, du papier, des crayons, des fleurs. Nous sommes restés là, réunis, des heures, dans le froid, sous la pluie, en silence.
Je suis revenu le jour suivant, le jour d’après, avec ma camarade, avec des inconnus, et tous les soirs, des heures durant, ratant le dîner, jusqu’au dimanche 11 janvier.
Je sentais que je devais être là, sans jamais pouvoir expliquer pourquoi.
J’ai placardé sur le miroir de l’ascenseur de notre immeuble HLM une affiche appelant à ce grand rassemblement.
Quelqu’un, un jour, l’a arrachée. Mes voisins ont réagi, et j’ai adoré.
Et j’espère que les meilleurs auront reconnu cette phrase de Thierry Roland quand l’équipe de France a gagné la Coupe du Monde en 98. lequipe.fr/Football/Artic…