Hier, les "experts" (!) Vincent Geisser et Haoues Seniguer étaient, comme à l'accoutumé depuis des années, les invités des Frères "Musulmans de France". Une façon de cautionner cette mouvance islamiste tentaculaire. En janvier, ils l'ont banalisée dans les colonnes du @leJDD: ⤵️
"Les Frères musulmans, «une stratégie de groupe de pression»
INTERVIEW - Le JDD s’est entretenu avec deux chercheurs du CNRS, Vincent Geisser et Haoues Seniguer*, qui ont abordé, à travers leurs travaux, la problématique de cette confrérie islamiste, fondée en 1928 en Égypte,...
...et incarnée par l’association Musulmans de France dans l’Hexagone. Ils décrivent notamment la forte volonté d’intégration des Frères musulmans, adeptes d’un Islam conservateur, au sein de la société française.
Stéphane Sellami
07/01/2023, Mis à jour le 26/01/2023
Quel regard portez-vous sur l’organisation des Frères Musulmans en France ?
V. Geisser : Nous constatons une tendance à la francisation. On est plutôt dans une logique de nationalisation, tout en conservant une filiation politico-religieuse avec le mouvement d‘origine égyptien.
Il y a des liens à l’échelle internationale, dans des forums, des rassemblements des relations interpersonnelles entre les différentes organisations mais plus d’allégeance à un siège des Frères musulmans qui serait en Égypte où ils sont réprimés.
Nous sommes plus dans une appartenance à un même horizon, une même tendance, un même courant. Avec des relations soutenues mais pas forcément de dépendance hiérarchique. Cela s’apparente à une sorte de « Komintern » des Frères musulmans en fait.
Haoues Seniguer : Il s’agit d’acteurs qui s’inscrivent dans l’héritage de Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères musulmans, mais qui sont dans une démarche légaliste, qui respectent la loi tout en ayant une vision conservatrice de la famille, des mœurs, etc.
Je les qualifie d’ailleurs de néo-Frères musulmans.
Quelles particularités observez-vous dans cette mouvance ?
H.S : Les islamistes aujourd’hui n’ont pas d’appétence pour la laïcité mais dans leur comportement, ils la respectent.
Ils s’adaptent plus en comportement qu’en pensée, c’est toute l’ambivalence de ces acteurs. Ils vous expliquent qu’ils étaient, au départ, hostiles à la laïcité dans les années 80-90. Pour eux, la laïcité était incompatible avec l’Islam .
Ils en sont revenus par pragmatisme mais aussi par bénéfice car la laïcité, c’est aussi la liberté de conscience, religieuse, la liberté d’organisation. Ce qu’ils enseignent, c’est une vision évidemment conservatrice de l’Islam,...
l’idée qu’un musulman pour qu’il soit totalement accompli, il faut qu’il suive scrupuleusement les rites de l’Islam. Le deuxième élément, c’est l’engagement social. Pour un islamiste ou un néo-frère musulman, l’engagement collectif est important.
Il ne s’agit pas de pratiquer sa religion dans son coin, il faut s’engager dans des associations, par exemple.
V.G : La reconnaissance par les autorités et l’intégration à la société est leur obsession. Dans un intégrationnisme forcené mais sur une base conservatrice...
Je les qualifie, dans une formule humoristique, d’intégristes intégrationnistes. Sur la question des femmes, par exemple, l’idée est qu’il vaut mieux qu’elles soient intégrées professionnellement plutôt qu’elles restent à la porte...
Ils sont ancrés dans des enjeux nationaux, français, européens. Leur regard est tourné vers Paris, Londres, Berlin plus que vers Tunis ou Rabat. Ils sont très fortement dans l’idée que tout doit être fait dans la légalité du droit français.
Il y a parfois des amalgames faits sur des questions liées au terrorisme. Qu’en est-il ?
V.G : Ils ont participé à beaucoup de campagnes contre le terrorisme . On parle aussi souvent de la taqiya (Ndlr : l’art de la dissimulation). Elle a des limites quand même...
Elle aurait produit finalement de bons petits soldats de la République. Ceux qui sont devenus militaires ou policiers, par exemple. Mais eux, ils se dissimulent tellement peu que c’est plutôt l’obsession du public, au contraire !
H.S : La taqiya est une pratique courante dans des milieux chiites, donc pas forcément pratiquée dans les milieux sunnites (Ndlr : les Frères musulmans sont d’obédience sunnite). Et la stratégie de dissimulation, il faut l’objectiver :
on se retrouve face à un problème d’ordre intellectuel et social. Si quelqu’un vous dit qu’il est favorable à la laïcité, on va dire qu’il fait de la dissimulation et s’il ne dit rien, c’est aussi qu’il fait de la dissimulation. Donc, pour moi, scientifiquement,...
ça ne tient pas la route. La seule manière de l’objectiver, si dissimulation il y a, c’est d’être capable de prendre la main dans le sac un individu qui vous explique publiquement qu’en fait la République, c’est formidable et qui, en catimini, dans certains cercles vous dit :
il faut abattre la République. L’objectivation vient de discours contradictoires ou d’ambivalences caractérisées entre le discours et le comportement.
Comment sont-ils représentés aujourd’hui ?
H.S : La structure officielle, c’est la fédération des Musulmans de France,...
héritière de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Je prends comme point de référence, le haut du spectre, c’est cette fédération qui fédère le plus grand nombre d’associations. C’est la tête de pont des néo-frères musulmans en France.
V.G : À l’origine, dans les années 80, ce sont des étudiants BAC+4 ou +5, qui se sont réfugiés en France, afin d’échapper à la répression des régimes maghrébins. Ils ont reconverti leur capital politico-religieux dans l’Islam de France.
Quelle est leur démarche ?
V.G : Les néo-frères musulmans ne sont pas du tout dans l’idée que la société française est mauvaise et corrompue. Mais bien qu’il faut y vivre et en être au centre. Si on devait définir leur démarche, ils ont une stratégie de groupe de pression...
C’est du lobbying. Ils disent : «On veut compter dans la République». Donc, il faut organiser cette communauté musulmane. Il faut créer un pôle musulman mais dans la République et avec des modèles fantasmés de groupes de pression musulmans comme ils en existent aux États-Unis...
ou en Grande-Bretagne. Ils veulent aussi former des bons citoyens musulmans. Bien sûr que c’est critiquable. On peut ne pas être d’accord. Qu’est-ce que ça veut dire un bon citoyen musulman ? Il y a aussi cette volonté de collaborer avec les représentants politiques,...
Celui qui en a été le plus proche en matière de collaboration politique, c’est Nicolas Sarkozy qui avait fait de l’UOIF, un partenaire. Il considérait, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, qu’ils étaient des néo-conservateurs fondamentalistes mais qu’ils étaient aussi...
utiles pour lutter contre les extrémistes. C’était une forme de clientélisme au niveau de l’État assumé par Sarkozy. C’était un pragmatique qui s’appuyait beaucoup sur les rapports de sécurité. Il en a tiré la conclusion que les Frères musulmans...
pouvaient l’aider dans la chasse aux salafistes.
Comment s’implantent-ils ?
V.G : Leur implantation repose sur trois éléments : les associations, les lieux de culte et les établissements scolaires. La création d’école sous contrat s’apparente à une démarche petite bourgeoise,
néo-conservatrice et une des motivations qui en ressort est : on ne veut pas que nos enfants aillent dans les écoles de racailles. Il y a une moralisation des bonnes mœurs d’une certaine manière. On retrouve là un côté très conservateur.
Beaucoup avaient des enfants dans des écoles catholiques. Oui, il y a une dimension « moralo-religieuse », mais pas comme dans certains courants salafistes où l’on dit : la société française est mauvaise. Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin considère que...
toute création d’école musulmane pose problème et donc, il ne fait plus forcément le distinguo entre les différents mouvements. Il le fait intellectuellement parlant mais plus politiquement...
Pour lui, il vaut mieux freiner ce processus d’école musulmane dans le contexte de lutte contre le séparatisme. Nous sommes aussi dans un contexte post-attentat 2015. Et la question des écoles musulmanes est considérée comme non-prioritaire...
Gérald Darmanin le dit clairement et ne veut pas s’embarrasser de ce dossier.
Quels sont leur rapport avec l’État ?
H.S : Les Frères musulmans sont en état de siège aujourd’hui. Ils savent qu’ils sont scrutés à la loupe et qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur.
Moi, j’ai rencontré des acteurs qui ont peur d’être visés par l’État.
V.G : Actuellement, ils sont en crise car ils avaient fait du dialogue avec les représentants de l’État, leur ligne principale et aujourd’hui, ils ont un problème de dialogue avec l’État.
Ceux qui les connaissent le mieux, ce sont les policiers du Renseignement territorial. Avec Hollande, ça allait un tout petit peu mieux qu’aujourd’hui. Mais l’âge d’or pour eux, c’est Nicolas Sarkozy." Fin de l'interview.
Minimiser pour mieux banaliser. Relativiser pour mieux normaliser. Décidément, dans la lutte contre l'hydre des Frères musulmans, la France et la recherche scientifique souffrent de la dhimmitude d'une partie de "l'élite" universitaire. Le #frérisme remercie Vincent et Haoues...
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De quoi les mille et un voile de l'islamiste Fatima Zibouh @fzibouh sont-ils le nom ? La militante frériste a été choisie par les autorités belges pour co-porter la candidature #Brussels2030 comme capitale européenne de la culture. Décryptage en vidéo... Alerte datant de 2010 !⤵️
2⃣ Le 13 novembre 2010, l’association "La Pensée et les Hommes" a organisé à l’ULB un colloque intitulé "Une majorité musulmane à Bruxelles en 2030, comment nous préparer à mieux "vivre ensemble ?", en se basant sur des statistiques et des projections crédibles...
3⃣ Dans cette vidéo, l'intellectuel musulman belgo-kurde, Chemsi Cheref-Khan, explique le contexte de ce colloque et la légitimité de la question posée, pour les autochtones que pour les immergés. Un constat : l'islam de la 1ère génération est plus discret de celui des suivantes.
#Houellebecq : Selon mes sources, Maulana Chems Eddine Hafiz @chemshafiz "recteur" de la "mosquée" algérienne à Paris, songerait à porter plainte à titre posthume contre Ibn Khaldoun (1332-1406) pour avoir tenu des propos anti-Arabes dans ses Prolégomènes. Quelques extraits...
1⃣«Il faut combattre le discours des Frères musulmans dans notre pays». Ainsi parla Manuel Valls le 9 février 2015 sur @Europe1, un mois après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Mesdames et Messieurs, attachez vos ceintures, s’il vous plaît, pour lire la suite !
2⃣ «Combattre le discours des Frères musulmans» ? Vraiment ? Un document, daté du 12 février 2015, du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, dirigé à l'époque par @MarisolTouraine, met très à mal ce vœu et révèle les contradictions de l'Etat...
3⃣Il s'agit de l'instruction n°DGOS/RH4/2015/42, relative aux modalités de recrutement des aumôniers du culte musulman dans les hôpitaux, examinée le 16/01/2015 par le SGMCAS (Secrétariat général des ministères chargés des affaires sociales) et validée par le CNP le 23/01/2015...
1⃣Le calendrier du Commissariat des Armées, qui a été dénoncé, à juste titre, dévoile plus qu'il en voile. Au-delà du #Hijab affiché à l'horizon de janvier 2024, il invite à s'intéresser à l'agenda des islamistes au sein des Armées françaises. Ci-après un thread interrogatif :
2⃣ D'abord, il n'est pas inutile de rappeler que les islamistes, en particulier les Frères musulmans, ont toujours œuvré pour infiltrer, sur un temps long, les armées des états où ils préparaient la prise du pouvoir et le #Tamkine. C'est vrai pour le Soudan, l'Egypte, la Syrie...
3⃣ La France n'étant pas un pays musulman, "pas encore" dirait-on, les islamistes n'en font pas une exception. Depuis au moins les années 2000, ils travaillent cette institution profitant des faiblesses et naïvetés de certains, des complaisances et compromissions d'autres...
1⃣ Oui, cher Monsieur l'eurodéputé, François Xavier Bellamy, la #FEMYSO est le bras des Frères musulmans en Europe qui œuvrent pour l'islamisation des jeunes et des espaces de transmission des savoirs, depuis l'école jusqu'à l'université. Voici ci-après un court décryptage :
2⃣Dans un document de prospection en arabe, édité par une société gérée par des Frères musulmans en France, destiné aux riches donateurs des pays du Golfe, on présenta la FOIE (Fédération des Organisations Islamiques en Europe) comment ayant été créée officiellement le 1/12/1989.
3⃣ Dans ce document de 140 pages, on présenta l'organigramme de la FOIE composé de : Assemblée générale, Conseil consultatif, Bureau exécutif, 11 départements et 6 institutions centrales. Le #FEMYSO (Forum of European Muslim Youth and Student Organisations) y figure...
1⃣Le visage ferme. Le ton menaçant. L'index pointé vers le ciel. Amar Lasfar avoue en arabe, mais pas en français (!) le fondement dogmatique islamiste qui sous-tend et justifie son soutien à son frère musulman #HassanIquioussen. Le mot est lâché : "al-Walã’a Wal’Barã’a" ! Quoi ?
2⃣Ce crédo frérosalafiste que l'on traduit par "allégeance et désaveu", "loyauté et déloyauté", est le liant qui agglomère la sphère islamiste et jihadiste contre toute personne, toute société, considérée comme "non-musulmane". Un crédo criminel. Lire ici: cdradical.hypotheses.org/289
3⃣Le théologien marocain Ahmed Abbadi confie à @LePoint qu’il y a #radicalisation lorsque, par exemple, "un individu, ou un groupe d'individus, commence à évoquer des concepts tels que la "loyauté et la déloyauté", (Al Walã'a Wal'Barã'a)". Lire ici ⤵️: lepoint.fr/afrique/contre…