4 Septembre 1870.
La foule s’empare de l’Hôtel de Ville.
Les représentants du peuple, réunis en Comité, proclament la République française et la Commune de Lyon, tandis que Bakounine tente de leur insuffler une portée révolutionnaire…
À #Paris, deux jours après la capture de Napoléon III à Sedan le 2 septembre, l'empereur est déchu par les députés républicains au palais Bourbon sous la pression de la foule. Gambetta proclame la (IIIe) République à l’Hotel de Ville. Un gouvernement provisoire est mis en place.
La guerre entre monarques devient une guerre entre la France républicaine & révolutionnaire et le militarisme prussien. L’AIT et les blanquistes qui militent pour une République sociale et démocratique forment les fractions révolutionnaires les plus sérieuses.
À #Lyon (320.000 hab), à l’annonce de la défaite de Sedan, des milliers de personnes descendues de la Croix-Rousse, Vaise et la Guillotière prennent l’Hôtel de Ville et font prisonnier le préfet du pouvoir impérial. À 9h, une demie journée avant Paris, la République est proclamée
A l’appel du CSP, 10.000 lyonnais rejoignent la garde nationale, créée en 1789 pour construire une société de liberté, d’égalité et de fraternité.
En 1870, cette Armée de réserve est une milice populaire où les officiers sont élus et souvent actifs dans les syndicats ou l’AIT.
Pour celles et ceux qui s’y enrôlent, comme Louise Michel, la garde nationale était un lieu de sociabilité et de politisation.
Les bataillons populaires de la garde nationale, autonomisés et fédérés, deviendront le bras armé de la Commune de Paris 6 mois plus tard.
Le Comité de Salut Public (CSP) lyonnais est composé de 78 membres, des petits bourgeois et une minorité d’ouvriers, issus de mouvances allant du centre-droit à la gauche révolutionnaire : républicains modérés et radicaux, libre-penseurs, membres de la 1ère Internationale (AIT)…
Trois commissions, finances, guerre et intérêts publics sont mises en place.
Louis Andrieux, avocat issu de la haute bourgeoisie protestante, républicain opportuniste, proche de Gambetta, membre du CSP lyonnais, écrit : fr.m.wikisource.org/wiki/La_Commun…
Les gardes nationaux des quartiers populaires prennent les forts Lamothe et de la Vitriolerie où ils récupèrent des fusils. Un Comité de Sûreté Générale (CSG) s’empare de l’Hôtel de police sous la direction du blanquiste Timon qui arrête une centaine de réactionnaires.
Après le CSP, une autre Commune autonome se met en place à la Guillotière, avec à sa tête le Comité Révolutionnaire (CR) coordonné par le Dr Crestin, qui arbore, comme le CSP, un drapeau rouge sur la mairie du IIIème ardt. Il y a donc 2 Communes le 4 Septembre à Lyon.
Du 5 au 15 septembre, le CSP décide la séparation de l’Église et de l’État, la création de chantiers nationaux pour remédier au chômage, la restitution des objets déposés au Mont-de-Piété, l’impôt sur les valeurs mobilières et immobilières, l’élection des commissaires de police…
La presse bourgeoise accable les « inconnus » portés au pouvoir tandis que le Gouvernement provisoire basé à Paris nomme Challemel-Lacour, ami de Gambetta, préfet du Rhône. Il joue des désaccords au sein du CSP pour modérer les velléités anti-capitalistes et anti-autoritaires.
Le 15 septembre, le CSP accepte de s’autodissoudre et cède la place à un conseil municipal élu de 52 personnes, nettement moins révolutionnaire et prolétarien, dirigé par Jacques-Louis Hénon, un républicain modéré.
Le même jour, Mikhaïl Bakounine arrive à Lyon.
Au sein de l’AIT, Bakounine incarne un courant communaliste hostile à la République bourgeoise et à la démocratie parlementaire. Il fascine autant qu’il effraye les lyonnais de l’AIT par sa volonté de déchaîner l’instinct révolutionnaire et insurrectionnel des masses populaires.
Le 17 septembre, le Comité du Salut de la France (CSF) est créé lors d’une réunion publique réunissant des milliers de personnes à la Rotonde des Brotteaux pour ré-enclencher la Révolution face à un conseil municipal et un gouvernement central soumis aux intérêts bourgeois.
Le CSF est composé de délégués de différents quartiers et de militants de l’AIT qui préparent une « Révolution intégrale » visant l’abolition du Capital et de l’État. Ils coordonnent en ce sens les groupes révolutionnaires, les associations ouvrières et les milices citoyennes.
Bakounine, qui prône la révolution armée, insiste sur la nécessité d’armer les manifestants. En vain. Les lyonnais pensent pouvoir l’emporter par la seule force du nombre. Cette insurrection pacifique est prévue pour le 28 septembre.
Le 26 septembre, devant plus de 6000 personnes, le CSF propose de proclamer la Commune révolutionnaire de Lyon et de remplacer le gouvernement central établi à Paris par une Fédération révolutionnaire des Communes. On appelle aussi à la peine de mort contre les riches fugitifs.
Le manifeste du CSF, placardé partout en ville le 27, propose l’abolition de l’État (Art. I), la réquisition des fortunes des bourgeois (Art. III) et la démocratie directe (Art. V et suivants) par la mise en place de Comités révolutionnaires dans toutes les communes de France.
Le 28 septembre, des milliers de manifestants affluent Place des Terreaux et prennent l’Hôtel de Ville. Depuis le balcon, E. Saignes lit le manifeste du CSF devant une foule prête à la Révolution. Challemel-Lacour est arrêté. Cluseret est nommé coordinateur des forces armées.
Tandis que le Comité prépare des ordonnances pour faire emprisonner des bourgeois, Cluseret convoque la Garde nationale, mais sans armes. Bakounine attribuera l’échec de la Commune de Lyon à cette « trahison » et à la lâcheté et l’incompétence de Cluseret.
Après de vives échanges entre révolutionnaires et républicains —incluant une rixe entre Hénon et Bakounine qui en tombera dans la fontaine— la confusion s’installe, la foule se disperse et le ralliement de la Garde nationale des quartiers bourgeois à Hénon met fin à la Révolution
Il y aura d’autres tentatives de Commune révolutionnaire à Saint-Étienne, Marseille et ailleurs. La dernière tentative de rétablir la Commune à Lyon en avril 1871 a été noyée dans le sang, comme la Commune de Paris, dont la chute, en mai 1871, clôture ce cycle révolutionnaire.
#Bakounine dénonce très tôt les républicains comme des entraves au développement du mouvement populaire, et sa participation à la Commune de Lyon lui permet d’approfondir ses réflexions sur le processus révolutionnaire et le socialisme anti-autoritaire qui doit lui succéder.
Selon Bakounine :
« La France ne peut plus être sauvée par les moyens réguliers de la civilisation de l’Etat. Elle ne peut échapper à la déchéance que par un effort suprême, par un immense mouvement convulsif de toute la nation, par le soulèvement armé du peuple français.
Que doivent faire les autorités révolutionnaires ? —et tâchons qu’il y en ait aussi peu que possible— pour étendre et organiser la révolution ? Elles ne doivent pas l’imposer mais la provoquer dans les masses, susciter leur organisation autonome de bas en haut.
Maintenant il ne s’agit plus de se recruter. Nous avons réussi à former un mouvement, petit par rapport au nombre de personnes qui y adhèrent, immense par rapport à ces masses populaires dont il représente mieux que tout autre les besoins.
Maintenant nous devons nous embarquer tous ensemble sur l’océan révolutionnaire et propager nos principes, non plus par la parole, mais par des faits. Lorsque les grèves se communiquent de proche en proche, c’est qu’elles sont bien près de devenir une grève générale.
Nous n’en sommes pas encore là, sans doute, mais tout nous y conduit. Seulement il faut que le peuple soit prêt, qu’il ne se laisse plus escamoter par les parleurs et les rêveurs, comme en 1848 (IIe République) et pour cela il faut qu’il soit organisé fortement et sérieusement.
Les Communes révolutionnaires ne considéreront leur tâche comme achevée que quand elles auront assuré le triomphe de la Révolution par l’application des principes libertaires, égalitaires, solidaires et démocratiques qu’elles professent. »
Lors d’un discours prononcé en juin, le prix Nobel de physique 2022, John Clauser, a affirmé qu’« il n’y a pas de crise climatique ». Depuis, son discours est repris en boucle par l’extrême droite.
🧵 Quelques éléments de contexte
John Clauser a même affirmé que « l'augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère profitera au monde. » co2coalition.org/media/quantum-…
John Clauser est un scientifique corrompu (et un facho) payé pour faire la propagande du capitalisme fossile : il siège au conseil d'administration de la CO2 Coalition, un think tank d’extrême droite grassement financé par les milliardaires Koch et Mercer. co2coalition.org/publications/n…
🧵 Les Pays du Nord se barricadent en restreignant l’accès au droit d’asile.
Le #RoyaumeUni a mis en place son premier bateau prison et le Parlement a voté une nouvelle loi immigration contraire au droit international.
Les britanniques appellent ça un « floatel » (hôtel qui flotte).
Ce bateau prison est arrivé mardi dans le port de la presqu’île de Portland (Manche). Il s’appelle Bibby Stockholm, et a déjà été utilisé par les Pays-Bas en 2005 pour loger des exilé.e.s.
Il est affrété par l’entreprise Bibby Line, une compagnie maritime qui a fait fortune au 19ème siècle grâce aux colonies et à l'esclavage. corporatewatch.org/floating-priso…
L’ouvrage aborde la question du colonialisme dans le contexte de l’accession à l’indépendance de plusieurs pays d’Afrique et de l’embourbement de la France en Algérie.
1,7 millions de personnes (sur une population de 3,5 millions) n’ont plus accès à l’eau potable depuis deux mois.
Les uruguayen.nes dénoncent les politiques néolibérales du gouvernement et le secteur privé qui s’accapare l’eau.
En raison du dérèglement climatique, le pays souffre de la pire sécheresse depuis 74 ans.
Faute de pluies, la principale source d’eau douce du sud du pays, la rivière Santa Lucía, est pratiquement à sec.
L'eau de Montevideo provient du réservoir de Paso Severino d’une capacité de 67 millions de m3. Il fournit les 550.000 m3 d’eau que consomment chaque jour les habitants de la capitale.
Depuis deux mois, ce réservoir oscille entre 1 et 10% de sa capacité.
Le 8 juin dernier, les ministres de l’Interieur de l’UE ont conclu un accord sur une réforme du système d'asile.
La ministre allemande Nancy Faeser (SPD, soc-dem) a vanté « une nouvelle politique d’immigration basée sur la solidarité et pour la protection des droits de l’homme »
Les États membres ont trouvé un compromis sur deux propositions de règlements :
1. Un nouveau cadre commun pour la gestion de l’asile en remplacement de l'actuel règlement de Dublin.
2. Un nouveau règlement sur les procédures d'asile.
🧵 La République du peuple contre la République bourgeoise
« Au but sublime de la Révolution l’on a substitué cette devise atroce, le bonheur du petit nombre fondé sur la misère du peuple. »
Gracchus Babeuf, 1796
Gracchus Babeuf est un gars du peuple né en 1760 en Picardie d’une mère ouvrière du textile et d’un père petit fonctionnaire des douanes. Il ne va pas à l’école mais apprend à lire et à écrire en autodidacte. Dès l’adolescence, il lit les Lumières et écrit des textes politiques.
Inspiré par Rousseau et les utopistes comme Thomas More et l’abbé de Mably qui imaginaient une société débarrassée de la propriété privée où règne l’égalité, il est sensible au sort intolérable des pauvres, prône le féminisme et imagine une société égalitaire.