Au tribunal de Paris pour suivre le procès de Jacques Grimault, star des sciences occultes et conférencier complotiste de 67 ans. Il est jugé pour des soupçons de cyberharcèlement contre Faustine B., 34 ans, chercheuse en égyptologie et détractrice des travaux du premier
Grimault, connu pour son film "La Révélation des Pyramides" #LRDP (2012) qui prétend démontrer que les pyramides de Gizeh auraient été bâties par une civilisation technologiquement avancée. Cette pseudo-archéologie est critiquée par une génération de chercheurs, dont Faustine B.
Fin 2019, cette doctorante a critiqué cette «désinformation» dans une conférence filmée à la suite de laquelle Grimault
aurait posté, entre mars et novembre 2021, 97 messages et 18 vidéos obscènes voire infâmes dans lesquels il attaque personnellement la chercheuse
Jacques Grimault s'est avancé à la barre avec sa doudoune bleue.
La présidente lit les faits reprochés : « Grimault poste régulièrement des textes insultants où elle se fait traiter notamment de «lubrique», «gourgandine », «frustrée», et qu’il publie des vidéos faites à partir des siennes, en les détournant, afin de la ridiculiser »
Si vous voulez en savoir plus sur Jacques Grimault, son idéologie et ses dérives, lisez mon enquête à son sujet dans @MarianneleMag, en libre accès (décembre 2020) bit.ly/3K9ZOfb
« Vous avez donc écrit un livre qui s’appelle "La Révélation des Pyramides"... Le tribunal a eu l’honneur d’en recevoir une copie », grince une assesseuse, qui rappelle que ce livre (devenu un film complotiste culte) est à l’origine du « différend » entre lui et Faustine B.
Interrogé à de multiples reprises, Jacques Grimault se cramponne à sa ligne de défense : « Je n’ai rien à voir avec cette histoire », répète-t-il en boucle. Lunaire, il accuse des « trolls », qui seraient téléguidés par la plaignante, d'avoir usurpé son identité...
Le propos est extrêmement confus, mais on comprend que, selon lui, ce serait donc Faustine B. et ses amis qui seraient eux-mêmes à l'origine du harcèlement contre elle. Audacieux
Il dit quelque chose sur un ingénieur en Suède, l’inversion accusatoire ou le flaming… « C’est totalement hors sujet Monsieur Grimault », répond l'assesseuse en levant les yeux au ciel
Auditionné par des policiers, sur procès-verbal du août 2021, il reconnaît pourtant : « Je n’ai fait que lui rendre la monnaie de sa pièce. »
L’avocat de la partie civile cite aussi vidéo dans laquelle on voit Grimault dire qu’elle fait partie d’une « bande d’abrutis », que c’est « une zozo », une « catastrophe ». «Vous dites que si vous la rencontrez, vos procédés seront rapides et contondants !», ajoute Me Bensimhon
« Voilà, ça s’appelle de la dialectique. Ce n’est pas une agression », réagit Jacques Grimault
Jacques Grimault assure aussi qu’il se filme sur « font vert » et que n'importe qui peut donc faire apparaître n’importe quoi derrière lui. Pareil pour la voix : « On peut mettre de la voix sur le visage de quelqu’un »
« C’est fait à mon nom mais ce n’est pas moi. Je n’ai pas pour habitude d’insulter qui que ce soit », répète Jacques Grimault
Faustine B., à la barre, raconte l’impact psychologique de ce harcèlement : « J’ai arrêté ma thèse. « J’ai été en arrêt maladie parce que je pouvais pas aller au travail. J’ai arrêté totalement d’étudier l’égyptologie », dit-elle la voix qui flanche
Demandée la dernière fois, une expertise psychiatrique de Grimault a été rendue 13 février dernier. Elle lui diagnostique une « psychose délirante chronique de type paranoïaque », une « idée délirante de persécution » une « hypertrophie du moi », etc.
Jacques Grimault souffre selon cette expertise d'une "altération du discernement" au moment des faits.
Cela pourrait avoir un impact sur sa sanction pénale s'il y en a une (la diminuer)
« Je ne vous demande pas de contester ce rapport car vous n’êtes pas médecin », lance la juge.
« J’ai quelques années de médecine excusez moi ! », réplique le prévenu du tac au tac, provoquant des rires dans la salle
Il refuse d'entrée tout suivi psychiatrique, par manque de temps selon lui
Me Bensimhon plaide.
« Faustine B. attendait cette audience avec beaucoup de crainte. La thèse de base de M. Grimault c’est que les pyramide sont été inventée par les extraterrestres.
Absolument pas ! c’est un mensonge !», l’interrompt Grimault qui se fait aussitôt recadrer
« C'est ça Monsieur Grimault, un homme incapable d’entendre la moindre critique sur son travail, fut-elle fondée... », lance Me Bensimhon, qui affirme que tous les mesages contre Faustine B. « correspondent exactement à sa logorrhée habituelle »
« La nature des propos et des comportements de M. Grimault ont nécessairement eu pour conséquence à la fois de la dénigrer de manière systématique et de manière humiliante, au-delà de ce que la liberté de critique permet », tranche la procureure de la République
« Quand on l’entend, on a l’impression qu’un complot a été diligenté contre lui et que c’est lui la victime et pas Faustine B. », poursuit la magistrate, qui requiert une peine de 10 mois de prison assortie du sursis probatoire avec une obligation de soins
Dommage, Jacques Grimault ne trouve aucune aide en la personne de son avocat, Me Paul Coudert, qui part dans tous les sens et enfonce même son propre client
Il reconnaît par exemple un « tout petit harcèlement » de la part de Grimault ou qu’il n’y a « pas suffisamment » d’insultes de la part de son client pour constituer un délit. Il en appelle à la « sagesse » du tribunal avant de demander sa relaxe
Dernier mot de Grimault : « La véritable victime c’est moi-même, mes proches, mon association, mon travail et ça dure depuis 20 ans. » Fin du procès. Jugement le 19 avril. Compte-rendu à lire sur le site de Marianne tout à l'heure.
[COMPTE-RENDU] "La vraie victime, c'est moi" : le conférencier complotiste et gourou des pyramides Jacques Grimault était jugé ce mercredi pour cyberharcèlement contre une jeune chercheuse qui critiquait ses théories. Chronique d’un procès stratosphérique marianne.net/societe/police…
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Pourquoi la tuerie perpétrée par William M. contre la diaspora kurde rue d'Enghien ne s’apparente pas, à ce stade, à un « attentat » pour la justice antiterroriste
Hier 23 décembre, William M., ex-cheminot de 69 ans, a ouvert le feu dans cette artère passante du Xe arrondissement de Paris en ciblant sciemment les Kurdes. Au cours de son périple meurtrier, il abat deux hommes et une femme et blesse 3 autres personnes avant d’être maîtrisé
Lors de son arrestation, il revendique ses intentions xénophobes et son hostilité envers les Kurdes. Il a des antécédents de passage à l’acte violent contre des immigrés
Procès de la milice d'ultradroite #OAS, deuxième jour 2. Logan Nisin, principal prévenu, est arrivé dans le box. Ses cinq complices sont sur les bancs. L'audience débute au Tribunal de Paris.
Vous pouvez retrouver mon récit de l'audience d'hier 21 septembre ci-dessous. Logan Nisin a raconté son parcours à l'extrême droite radicale, la fondation de l'#OAS et ses projets de ratonnades, mais aussi son passé, dit-il, d'enfant harcelé à l'école bit.ly/3CCHkgm
Logan Nisin est moins ambigu qu'hier. Face au président, il reconnaît "la visée terroriste" de sa milice #OAS :
"Initialement, nous l’avons créée dans le but de faire une organisation à visée terroriste. Mais ce n'était que dans sa phase initiale." #ProcèsOAS
J’abandonne qques jours le procès des attentats du #13Novembre2015 pour couvrir une affaire de terrorisme d’ultradroite au tribunal de Paris. Le principal prévenu est Logan Nisin, un militant nationaliste de 25 ans
En 2016, Logan Nisin a fondé une milice, OAS, qu'il prédestinait, selon des documents et ses auditions, à faire des ratonnades, à mener des actions violentes contre de multiples cibles, pouvant être Mélenchon, Castaner, un restaurant indien... bit.ly/3hUACdL
Logan Nisin est arrivé dans le box des prévenus. Peigné, il porte des lunettes et une chemise bleue très claire. Il a l'air assez faible. Il est en détention provisoire depuis 4 ans et deux mois, pour l'essentiel à l'isolement à la prison des Baumettes, à Marseille.