Regardez cette archive fabuleuse de la résistance des iraniennes le #8mars 1979 en Iran. 👇
Les premières minutes nous donnent une clé essentielle pour comprendre le gazage des élèves & étudiantes iraniennes aujourd'hui (1000+ hospitalisées) 🧵 1
Un journaliste parle des "hommes zélés" qui frappent et poignardent les manifestantes. Ce ne sont pas des fanatiques quelconques qui agissent de leur propre chef. C'est le "hezbollah" : des milices en civil contrôlées par les mosquées, et liées au sepah & au bassidj./2
Ces milices ont pris le contrôle de l'espace public par la terreur, point crucial pour la conquête institutionnelle du pouvoir par Khomeini après la révolution. Mais elles étaient présentées comme 1) n'ayant aucun rapport & lien avec l'Etat /3
2) étant non-organisées/spontanées = l'incarnation de cette souveraineté populaire qui a fait la révolution de 79. Cette fiction est un nerf vital du pouvoir iranien. /4
Le hezbollah, dans son invisibilité substancielle, organise la terreur et en même temps assoit le récit d'une "République" islamique qui 1) agit légalement/proprement (fonctionne normalement), 2) applique les politiques islamistes que veulent "les gens". /5
On est à l'articulation de la propagande et de la terreur (pour reprendre les notions de Arendt).
C'est le hezbollah qui en attaquant les femmes à l'acide, au couteau, les a soumis à la loi sur le voile obligatoire, d'abord désobéie. Ces milices sont feminicidaires par nature. /6
C'est la branche extra-légale et secrète d'un pouvoir qui s'est institué & a gouverné en articulant 3 dimensions : légal/para-légal/extra-légal.
Ces dimensions s'articulent comme des rubans de moebus : le dehors passe dedans. /7
Extra-légal : des inconnus gazent des lycéennes à travers le pays. On ne sait rien d'eux sauf qu'ils jouissent sacrément de ressources, d'impunité et d'organisation. /8
Para-légal : les réseaux de surveillance du bassidj lourdement présents dans l'institution scolaire contrôlent & empêchent toute organisation/action de protestation et autodéfense. Des forces de l'ordre en civil répriment les parents en colère. /9
Légal : Khamenei demande une enquête pour faire la lumière sur ces crimes...qui (ah bah ça tombe bien) organisent une politique de terreur et de punition en réponse au mouvement Femme Vie Liberté. /10
Mais comment se fait-ce qu'il n'y ait aucune enquête sur ces milices depuis 1979 ? 1. Parce que les faits sont difficiles à établir. Le dispositif est construit sur la dimension secrète de ces réseaux : "c'est pas nous, c'est les gens (qu'on représente légitimement)" 🤷♂️😇🥸😎 /11
2. Parce que mon analyse s'appuie sur les théories du totalitarisme : elles offrent les outils pour comprendre ces mécanismes de pouvoir. Or il était académiquement interdit de penser que la République islamique fut totalitaire (imprécision ! exagération ! biais militant !) /12
La pensée éclairée prévalant depuis les 1990s à consisté à explorer les ambiguïtés de l'Iran ("loin des clichés") en exerçant certes son indépendance critique, mais à l'intérieur des fictions du pouvoir iranien. Hors de question de voir le "twist" du ruban de moebus. /13
3. Pourquoi les chercheur.e.s, auteur.e.s, artistes, journalistes ont non seulement reconduit de bonne foi mais aussi parfois été les gardiens farouches de ce statut-quo ?
This is another story... ;) /14
NB : Ce n'est pas le savoir critique qui attaque le pouvoir en en exposant les fictions et mécanismes (comme naïvement je le crus longtemps). C'est la déligitimation radicale de ce pouvoir dans la rue en Iran qui a opéré un renversement, rendant audible ce genre d'analyse. /FIN
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1. #MahsaAmini : une foule sur 4 km se rend sur la tombe de celle qui fut la première victime de cette révolte menée par les femmes, à l'occasion des 40 jours de sa mort (date centrale dans le rituel de deuil).
Aujourd'hui à Saqez au Kurdistan iranien. #مهسا_امینی
2. La marche a une signification singulière dans l'histoire de la résistance au Kurdistan. Pour lutter pacifiquement contre la guerre civile déclenchée par la République islamique naissante en 1979, une marche avait été organisée de Sanandaj à Marivan, femmes en tête.
3. En septembre 1979, les femmes, les syndicats et groupes de gauche avaient eu un rôle essentiel dans ce mouvement de résistance civile. Amir Hassanpour, historien et prof. à l'Université de Toronto, était une mémoire vivante de cette lutte.
1. Après 12 jours de manifestations en Iran plane une tension à double visage.
Les insurgés sont isolés du reste du monde faute d’accès à Internet. Mais les manifestations continuent, moins nombreuses et plus violentes. 🧵 #MahsaAmini#مهسا_امینی
2. Depuis mardi, le blackout d’Internet s’est intensifié : il n’est pas total mais suffisant pour couper le pays du reste du monde. Peu d’images, longs délais sans informations…inquiétude et suspension. Les maîtres de l’angoisse ont repris la main sur le scénario. #مهسا_امینی
3. On parle de 74 morts dont 6 de moins de 18 ans, mais sous les tirs des forces de police (anti-émeute et en civils) : les gardiens de la révolution ne sont pas (encore ?) entrés en scène…on sait que la répression eut basculer à tout moment. #مهسا_امینی
Au dixième jour de l'insurrection propulsée par la mort de #Mahsa_Amini, cette nuit a été la plus intense en manifestations à travers l'Iran : l'embrasement continue, voire monte d'un cran... Petit🧵 #مهسا_امینی
Teheran vers 1h00 👇
1. Les feux sont allumés pour 🔥contrer l'effet des gaz lacrymogènes, technique principale de répression utilisée en doses massives (comme ici devant l'ambassade quoi ;) 🔥 signaler les lieux de rassemblements pour des manifestants sans accès à Internet
2. 🔥 et aussi parce que c'est plus pratique et convivial pour brûler les voiles...
#Iranprotests
Au 7eme jour des manifestations qui embrasent les villes petites et grandes à travers le pays. Une révolte qui a son slogan : « Femmes, Vie, Liberté », et sa « porte vers la liberté » : le Kurdistan 1/21
1. Les vidéos d'une foule de plus en plus nombreuse défiant les forces de sécurité (feux, contre-attaques, voitures détruites) circulent plus que les vidéos de répression & arrestations. 2/21
(👇vendredi soir, Tehran)
La situation est explosive au Kurdistan. La ville kurdophone d'Oshnavieh (40 mille hab.) et surtout celle de Marivan au Kurdistan seraient tombée aux mains de la population ! 3/21
(👇vendredi soir, Oshnavieh)
En tant qu'anthropologue politique travaillant sur les violences de masse je suis contre le fait de produire, diffuser, relayer des témoignages de l'horreur en format reportage de 2 min. qui racontent par exemple que "les corps étaient dévorés par les chiens" à Boucha 1/5
Une réalité indicible est formatée, raccourcie et envoyée dans notre gueule. Ce formatage viole la dignité de ceux qui ont vécu les faits. Il transforme ceux qui regardent en spectateurs : habitués par dose à toujours plus d'horreur et au sentiment d'impuissance. 2/5
Sous couvert de secouer et de pousser à l'action, il normalise une passivité dépressive et produit les conditions de l'indifférence. En Palestine, Yémen, Syrie, le type d'émotions créés par ces 2 min. d'horreur télévisés n'ont jamais poussé à l’action. 3/5