Thread by @HugoBreant

📣 Il n'y aura pas de 7e campagne de recrutement pour moi en 2023 ! 🔷
Quelques explications (dans ce long thread) d'une bifurcation personnelle qui, au-delà de mon cas personnel, pourrait être "un peu" révélatrice de l'état pour le moins délabré de l'#ESR !
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Après 6 campagnes qui se sont toutes soldées par un échec, malgré 4 classements MCF en sections 04 et 19 sur 4 auditions (dont trois 2e place enchaînées depuis 2020), 3 auditions CNRS, 2 auditions Ined et 1 audition IRD...

Après le chômage (@pole_emploi, sponsor n°1 de l'#ESR), 1 poste d'AED en lycée pro, puis 3 beaux postdocs (@univrouen, @ENS_ULM, @InedFr), la #LPPR a créé 1 date de péremption aux postdocs : thèse + 3 ans, c'est fini, circulez !
J'ai donc décidé qu'il fallait arrêter les frais !

Comme l'a salutairement écrit @JavierLopezAlos, la condition de chercheur-e sans poste est 1 provisoire qui s'éternise, vs englobe et finit par vs définir. Elle devient déraisonnable, fait perdre son sens à la science, au travail et à tte la vie autour
👉 journals.openedition.org/traces/12470

Si l'on vise un poste pérenne, l'après-thèse devient 1 roue infernale : vs multipliez ttes les activités possibles, vs quémandez le moindre financement, vs candidatez à tt et tt le temps, sans jamais de reconnaissance. Et tjrs, les portes restent fermées et vs vivez avec l'échec.

Comment mieux dire cette quête d'un poste ? : "Notre objectif survit comme l’expression abstraite d’un désir mais il ns manque un horizon [...] sans lui, une anxiété naît de la relecture des différentes étapes de notre parcours, devenues, en tant que lieux de passage, inutiles"

Alors "il ne reste + que la certitude de continuer à marcher et l’inévitable présence de la fatigue". Et cette culpabilité qui vs ronge : je ne fais pas assez, je fais mal, je ne mérite pas. Mythes entretenus par les retours des CoS qui trouvent tjrs 1 nvelle raison à l'échec

Il n'y a pourtant qu'1 seule raison valable : l'#ESR est en flammes, tant #Pecresse, #Fioraso et #Vidal ont démantelé ce service public ! 🔥
Nous voyons des syndromes d'imposture là où il n'y a qu'absence structurelle de postes !
C'est l'#ESR qui a renoncé à nous, pas l'inverse !

Cette année, après trop de sacrifices, j'ai décidé de ne plus "poursuivre cette ombre" et de ne plus "persister dans l'illusion" (dixit J. Lopez Alos).
Aujourd'hui, je prends la peine de l'expliquer longuement et publiquement, pour 2 raisons :

1. D'abord, pour essayer de faire prendre conscience à certain-es #titulaires que le leitmotiv "Accroche toi, ça va bien finir par payer" est révolu !
Il devient un paravent qui cache la misère et incite des docteur-es #précaires à accepter tt et n'importe quoi, en vain.

2. Ensuite, parce que j'ai moi-même été trop lgtps tétanisé par la peur de devenir l'un de ces "fantômes" qui quittent l'#ESR sans bruit. Fantômes + que brillamment décrits par un camarade doctorant il y a quelques années 👇
histoiresalunettes.wordpress.com/2018/01/22/a-n…

Mais cette crainte se nourrit justement du silence et de la honte qui grandit à l'idée d'être celui ou celle qui va abandonner et n'aura pas été à la hauteur.
Cela doit changer ! Désormais, il faut parler, dire qu'autre chose est possible, qu'il n'y a pas de honte à avoir !

Les mots de fin de ce texte de 2018 résonnent encore en moi : "Et ces fantômes il va falloir s’y faire, parce qu’ils sont le plus grand nombre, qu’ils vont nous hanter, et que nous serons des leurs. Il faudra leur rendre hommage pour nous guérir aussi."

A la fin de mon rapport de soutenance, il était écrit : "il s'agit d'1 travail de 1er plan, novateur, d'1 densité et d'1 finesse théoriques et empiriques tt à fait exceptionnelles, le tt dans 1 langue fluide et limpide, qui st la marque d'1 vrai professionnel de la recherche"...

En y repensant il y a qq mois, j'ai décidé de ne pas oublier ces mots, de faire en sorte de continuer à être "un vrai professionnel de la recherche", ac ou sans l'#ESR. J'ai alors commencé à faire le deuil d'1 poste d'enseignant-chercheur à l'Univ. et à candidater hors académie

C'est bien de "deuil" dont il s'agit, parce que les centaines d'étudiant-es que j'ai pu suivre depuis 12 ans savent à quel point j'ai aimé enseigner et les accompagner.
Mais à quel prix peut s'exercer cette passion aujourd'hui ? Jusqu'où faut-il s'oublier et se faire souffrir ?!

Il y a qq semaines, ces expériences m'ont permis cette fois d'obtenir + qu'une 2nde place (mes excuses à la #TeamPoulidor !), et d'être recruté comme sociologue au sein du Ministère de la Justice et de la Direction de la Protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ)
#NouvelleBio 👀

Après 7 ans de joies, de sueur et de larmes, c'est l'esprit mêlé de sentiments contradictoires que j'ai donc progressivement construit ce choix : quitter l'Univ. et sa #Galaxie
Nul n'étant irremplaçable, je suis déjà remplacé.
Nul n'étant indispensable, l'#ESR s'en remettra vite.

Mais cette 7e campagne (avortée) aura donc été celle qui me permet d'être pleinement sociologue, plus que perpétuel candidat...
J'en suis + que soulagé, j'en suis enchanté !
Et c'est depuis cette position que je vais maintenant continuer à faire de la #recherche !

Cela a été dur constamment : de se maintenir dans le jeu académique, comme d'oser faire un pas de côté hors de l'#ESR. Alors pour conclure, je n'aurais plus que 2 choses à dire à mes camarades de précarité :
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1⃣ A celles et ceux qui continuent la quête, je suis de tout cœur avec vous. Ne doutez jamais de vous, car vous méritez 1 000 fois que le Ministère ouvre enfin des centaines de putains de postes pour en finir avec le sous-encadrement des #étudiants !
(coucou @sretailleau 👋)

2⃣ Et à celles et ceux qui doutent, qui ont peur de quitter ce navire en flammes : foncez !
La porte de sortie ne mène pas forcément si loin de nos passions. Et notre santé, notre épanouissement personnel et surtt nos merveilleuses recherches méritent d'être mieux traitées ! ✊