Fin d'un jardin : l'histoire du jardin Cavaillé-Coll, Paris 10ème (fil à dérouler)

Aménagé de part et d'autre de l'escalier qui mène à l'église Saint-Vincent de Paul, le jardin Saint-Vincent de Paul se compose de quatre petites esplanades et de deux allées en courbe qui furent, au cours du XX° siècle, bordées de massifs, de parterres et d'arbres d'ornement (1)

Sans qu'il fût alors question de "végétalisation" (sic) l'aménagement du jardin (probablement années 60) produisit un petit espace vert dense et sophistiqué, aux multiples points de vue végétaux souvent photographiés (2)

Au point de vue fonctionnel, nous avons quatre petits espaces verts ou squares (deux de chaque côté de l'escalier) et deux grandes allées montant en courbe vers l'église, surplombant les squares et elles-mêmes bordées de massifs et de parterres (3)

Au cours du temps, errances diverses et crise des drogues dures (on est à deux pas de la Gare du Nord) amènent la destruction des massifs, l'insalubrité, la consommation de drogue sur le site. Le jardin est infréquentable et doit être fermé (4)

Un projet est engagé par la mairie du X° pour reconquérir le jardin public, avec l'idée de le rendre aux familles. Le jardin est renommé "square Aristide Cavaillé-Coll", nom du facteur de l'orgue de l'église SVP (5)

Dans l'esprit d'occupation positive de l'espace public cher à nos édiles, chacun des quatre petits espaces verts se voit aménagé : deux aires de jeux pour les enfants, une aire de sport pour les adultes. Le 4° espace est confié à Emmaüs Solidarités pour jardinage solidaire (6)

Parallèlement à ce travail, des poubelles voyantes sont installées (même style qu'au parc Monceau, bonjour @Plumedaliocha) ainsi qu'un distributeur de savon (7)

En 2019 ou 2020, tous les massifs de l'allée située du côté de la rue Bossuet sont arrachés. Au bout de plusieurs mois, ils sont replantés dans le style "savane et copeaux de bois" qu'affectionnent nos édiles pour les néo-jardins (8)

L'allée qui surplombe la rue Fénelon conserve pendant ce temps les massifs et la végétation hérités des années 60, cependant allégés (pour éviter les mésusages ?) tandis que quelques arbres sont manquants (9)

La photo ci-dessous, prise en 2022, montre la dissymétrie de l'aménagement du square Cavaillé-Coll à cette période, et la richesse de la végétation issue des années 60, du côté gauche (10)

Le jardin confié à Emmaüs est généralement en triste état au cours de cette même période, et le plus souvent fermé (11)

Et aujourd'hui ? Eh bien ... 😖Alertée sur la dissymétrie de style et de végétation du jardin, la mairie du X° a fait le choix de raser l'allée Fénelon, celle qui conservait les massifs denses années 60, et un peu de l'esprit du jardin initial aux points de vue variés (12)

Nous avons donc aujourd'hui une deuxième allée à ras, plantée dans le style savane et copeaux qu'on aime. Nous signalons que beaucoup d'oiseaux vivaient côté Fénelon. Où sont-ils allés ? Faudra pas dire qu'on protège les moineaux après ça (13)

Seule petite évolution positive : l'espace Emmaüs a été replanté. Avec des trucs qui poussent tout seuls, lierre, genêt, encore une dissymétrie. Et il est ouvert au public. On voit aussi sur cette photo que les cerisiers d'ornement du jardin inital ont été conservés (14).

Il faudrait ajouter des détails, les cabanes à poubelles qui manquent les points de vue, les aires de jeu enserrées dans le bitume, l'an II de la néo-savane côté Bossuet, tout ce qui fait que ce n'est plus un jardin (15)

Pour l'instant, je regrette l'arrachage irréversible des massifs des années 60, et la perte d'une œuvre et d'une écriture originales. #saccageparis #saccageparis10

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