En 1942, George Orwell dénonce avec force arguments les appels à la paix qui émaillent le débat public, en GB et dans ses colonies. "Si vous minez l'effort de guerre d'un côté, vous aidez automatiquement celui de l'autre côté". 1/
Pour Orwell l'anti-impérialiste, l'idée de pouvoir "survoler" la guerre tout oubliant que son confort n'est garanti que par des marins britanniques risquant leurs vies pour approvisionner l'île; cette idée n'est qu'une illusion bourgeoise entretenue par argent et sécurité. 2/
Le confort du pacifisme n'est d'ailleurs pas permis dans les régimes autoritaires et ennemis de l'époque, en Allemagne, Italie ou Japon. 3/
Il serait trop facile d'établir des parallèles entre la seconde guerre mondiale et la guerre la plus déstabilisatrice (en Ukraine) depuis la fin de celle-ci. Le danger n'est pas aussi proche pour l'Europe occidentale qu'il l'était pour la GB entre 1940 et 1944. 4/
Mais pour ceux qui ont compris que le Kremlin nous a bel et bien identifié comme ennemi civilisationnel depuis des années et que les combats en Ukraine ne sont que le front d'une lutte qui nous affecte tous, certains arguments d'Orwell percolent. 5/
Par exemple sa dénonciation de l'idée selon laquelle "s'allonger sur le dos" pourrait "vaincre l'armée allemand. Sans doute le résultat d'une "ignorancede comment les choses se passent réellement", résume-t-il. 6/
Orwell est plus intéressé (inquiet?) par le processus qui pousse des gens manifestant leur "horreur de la violence" vers une "tendance marquée à être fascinés par la victoire et le succès du nazisme". 7/
Orwell prend l'exemple d'un de ses détracteurs, Comfort, qui considère qu'un artiste dans les territoires occupés "doit protester contre les fléaux qu'il perçoit", mais que ceci serait plus efficace s'il "accepte temporairement le status quo". 8/
Orwell pointe du doigt ceux qu'on qualifierait aujourd'hui d'idiots utiles ou de Putinophiles non-assumés, qui s'abritent derrière des formules commençant par "je suis tout aussi anti-fasciste que vous, mais..." 9/
Résultat: la "propagande pacifiste est aussi malhonnête et intellectuellement répugnante que la propagande pro-guerre". 10/
Un dernier argument dont les manifestations contemporaines m'interpellent plus: "la nature du fascisme, en particulier sa politique pré-guerre, est occultée. Toute projection sur ce que serait le monde si l'Axe venait à le dominer est écartée". 11/
Une perception des enjeux géopolitiques avec des oeillères que l'on retrouve dans le contexte de l'agression russe, mais aussi de récentes mains tendues à la Chine...
Orwell plus que pertinent, sur ce sujet comme sur tant d'autres. 12//
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La relance des assauts sur Bakhmout traduit l’acharnement à “libérer” une ville que les Russes ont au préalable rayé de la carte. Dans ce cortège d'horreurs, l’annihilation de Bakhmout est particulièrement douloureuse: c’était l’une des villes les plus particulières du Donbass1/
D’abord par son ancienneté: sa fondation est établie à 1571, une présence unique dans la région. Izium aurait été crée en 1681. New York est née dans la première partie du XIXe. Donetsk remonte à 1869. 2/
Son nom, vraisemblablement d’influence turque, est un témoin de la terre d’échanges qu’étaient les “Dikhie Polie”, les champs sauvages, entre Ottomans, Tatars, cosaques, Polonais, Russes. C’est une relique du Donbass pré-russe/soviétique. 3/
Je retrouve ce discours fleuve du capitaine Charles de Gaulle en 1919.
En militant pour une nécessaire alliance franco-polonaise, ce discours, visionnaire sur plus d’un point, explique en partie la politique actuelle de Varsovie vis-à-vis de l’Ukraine. 1/ 🧵
De Gaulle a prononcé ce discours - fleuve - devant les officiers de la mission militaire française de soutien à la Pologne toute nouvellement ré-indépendante. Il y a effectué deux séjours rapprochés en tant qu’officier conférencier, entre avril 1919 et janvier 1921. 2/
On connaît en général ce discours pour cette citation prophétique, dont la première partie s’applique aussi bien à 1919-22 qu’à l’ère poutinienne. La seconde anticipe le pacte germano-soviétique de 1939. 3/
Ce 28 mars, l’Assemblée nationale devrait examiner une résolution condamnant l'Holodomor comme génocide.
Les décisions politiques s'enchaînent, récemment la Belgique et l'Islande.
Quid du Kazakhstan, dans lequel les Kazakhs étaient devenus une minorité suite à la famine?🧵1/
D'abord un (rapide) retour sur le cas ukrainien. L'Holodomor (environ 4 millions de morts) sont reconnus comme génocide par 27 pays (Vatican compris) + le Parlement européen.
La France pourrait donc devenir le 28e pays - malgré les obstructions historiques RN-Nupes 2/
Le caractère intentionnel de la famine est bien établi. Par là même, le dénominatif de “crime contre l’humanité” semble être un dénominateur commun. Mais le débat académique perdure quant au qualificatif de génocide. 3/
Une pétition ukr demande le changement de nom de la “Russie” en “Moscovie”.
Polémique,l’initiative ne doit pas faire oublier le tour de passe-passe derrière le nom “Russie”, et la revendication moscovite de l’héritage de la Rous de Kyiv, bancale dès la soumission de Novgorod 1/
Le choix du nom “Russie”, officialisé le 22 octobre 1721 par le Pierre Ier, est l’aboutissement des changements opérés par Ivan III et son petit-fils Ivan IV (Le Terrible). 2/
Suivant la chute de Constantinople en 1453, le grand prince de Moscou Ivan III épousa Sophia Palaiologina, une des dernières princesses byzantines. Ivan revendiqua alors le titre de tsar, adopta l’aigle à deux têtes byzantin et développa l’idée de Moscou comme la “IIIe Rome”. 3/
Passer du temps en Ukraine donne un véritable boost au moral. La vie continue ici, bars et restaurants ouvrent, opéra et théâtre affichent leurs programmes.
Mais on ne peut s'installer dans une fausse normalité. Rien n'est anodin ici. Et les nouvelles n'étaient pas bonnes. 1/
Les sacrifices, ce sont d’abord et avant tout les Ukrainiens qui les réalisent. Les souffrances, ce sont eux qui les endurent. S'ils croient en la victoire, en une Ukr moderne, européanisée, ouverte sur le monde et prospère, alors l'avenir est radieux et les efforts justifiés 2/
Cela dit, la période de mon séjour n’a pas été la plus enthousiasmante. L’hiver a été long, gris, froid. Comme il se doit, me direz vous, mais cela joue sur le moral. 3/
L’Eglise orthodoxe russe en Ukraine (aussi appelée Eglise ukrainienne du patriarcat de Moscou) doit vaquer l’ensemble des locaux de la Laure des Grottes (Pechersk Lavra) à Kiev d’ici le 29 mars. Développement majeur. Mais quid des deux autres Lavra? 1/
L’Eglise russe en Ukraine contrôle les 3 principales Lavra (monastères et centres de pèlerinage) du pays. A l’est, la Lavra de Sviatohirsk. Au centre, à Kiev, la Pecherska Lavra. A l’ouest, la Lavra de Potchaïv. 2/
La Lavra de Kiev est revenue à l’Eglise russe en 1688, après l’acte de 1686 transférant la juridiction de la métropole de Kyiv de Constantinople à Moscou. Un acte dénoncé en 2018 par Constantinople, qui a ramené la métropole dans son giron. 3/