-0- Devinette. Où me suis-je enfui? Je suis un Castor Canadensis qui a quitté sa tourbière nord-américaine pour une ville sud européenne. Je baigne dans la lumière du soleil qui irradie le Miradouro de Santa Luzia. Chaque passage du tram 28 fait trembler mes fibres de polyester.
-1- Êtes-vous vraiment surpris que le premier acte d’un touriste soit de calmer son estomac plutôt que de visiter un monument? Pizza à la sardine, check. Pizza au cabillaud, check. De toute façon, moi je ne mange que de la cellulose. Miam, une pizza à la cellulose, quel délice!
-2- Le @PanteaoNacional de #Lisbonne c’est la coupole derrière moi. Le cénotaphe (tombeau sans corps) de Vasco rend hommage à celui qui a battu Christophe pour trouver en premier l’Inde. Pour mon continent, Ragnar est le premier tombé sur mes ancêtres, son bateau était délicieux.
-3- Célestin Calmels a créé cette sculpture de l’Arc de Triomphe qui domine la Place du commerce de #Lisbonne. Elle représente la Gloire qui couronne la Valeur et le Génie, rien que ça. Dire que moi je n’y vois qu’un gros minou tout doux contre lequel je veux me blottir…
-4- Au Lisboa Story Center, je n’ai pas pu m’empêcher de jouer aux grands navigateurs. Je vous propose trois jeux. Photo 1 : «cherche et trouve» pour les moins de 10 ans. Photo 2 : «cherche et trouve» pour les 10 à 30 ans. Photo 3 : «cherche et trouve» pour les vieux.
-5- Devinette. Le Palácio Nacional da Pena vaut des millions d’euros. Votre aimable serviteur ne vaut, lui, que quelques dollars canadiens à la boutique Raplapla. Qui, à votre avis, le téléphone va-t-il choisir de rendre flou? Mon ego en prend un coût. Pardon, «coup».
-6- Déambulant dans le parc du palais, je rejoins la Cruz Alta, son point culminant. C’est une croix maudite, détruite par une tempête après 1522, puis par un éclair en 1997. Je suis donc content d’être tout petit, je n’ai aucune chance d’être frappé par un coup de foudre.
-7- Au détour d’une rue populaire d’ #Alfama, je prends le temps de me reposer à côté de ces deux enfants dont les cœurs s’alimentent l’un l’autre. Ana Cristina Dias semble avoir laissé assez de place sur cette branche pour s’y asseoir et recharger nos cœurs ensemble.
-8- Assis sur cet autel du Musée National de l’Azulejo (@NAzulejo) je suis pas mal certain que si je reste parfaitement immobile, les touristes penseront que je suis fait de céramique millénaire, alors que je ne suis qu’un être de cellulose et autre fibre végétale bien communes.
-9- J’hésite à tourner un des robinets. Est-ce bien de l’eau qui coulera de l’Agua de Santa Auta? Santa Auta et Santa Ursula furent parmi les 11 000 vierges massacrées par les Huns en 383 à Cologne. L'idée du sang qui se transforme en eau me glace le sang.
-10- Possédé d’un délire de grandeur, je prends possession du fauteuil d’un pontife de l’église Madre de Deus pour un instant. Son fantôme aigri me pourchasse alors. Je me réfugie habilement dans un bénitier avant d’aller prier, incognito, sur un banc. Mon poil roux a eu chaud.
-11- Je veux aider Lisbonne à ma modeste mesure. J’ai trouvé la rue à la largeur parfaite pour mes compétences. Je vais y ériger un barrage d’une telle solidité qu’il la protégera d’un funeste tsunami venant du Tage. S’il ne reste qu’une seule rue insubmersible, ce sera elle.
-12- C’est clair, j’en profite. J’écrase la tête de mon prédateur mortel, l’ours noir, bien qu’il me semble plus polaire en cette fontaine. Certains diront c’est un lion. J’y vois plutôt un lion déguisé en ours polaire, aux cils ayant abusé du mascara «Lancôme Monsieur Big».
-13- Quand mes alliés humains sont fatigués de monter les escaliers de #Lisbonne, on joue à Galèrapagos, de @Gigamic, une sorte de Koh-Lanta. Je gagne souvent. Jamais je cherche de l’eau, je pêche pas non plus, on me dit anti-communauté. Les humains comprennent rien à la survie.
-14- La perle de Lisbonne est son tramway 28, qui serpente dans ses rues les plus étroites et anciennes avec la même agilité que je déploie, glissant sur l’eau entre mes huttes, barrages et canaux. Un jour, sûrement, un de mes barrages produira l’électricité qui l’alimente.
-15- J'entends les fantômes de la cité chuchoter qu’en leur temps j’aurais été le boulet de canon idéal, fondant sur les bateaux ennemis pour grignoter le bois de leur cale et ainsi les couler. Y’en a vraiment dans la vie, et dans la mort, qui sont désespérés d'expérimenter.
-16- Bien qu'elle n'ait point deux quenottes proéminentes ni une fourrure rousse flamboyante couvrant son corps, la demoiselle d'Olisipona possède un charme humain évident. Les humains de passage, gênés, tournent leur regard vers moi, qui suis pourtant bien plus dénudé qu'elle.
-17- Je pourrais guetter l’arrivée de l’ennemi en sillonnant les remparts du Castelo de São Jorge, mais je ne saurais pas vraiment distinguer un Phénicien d’un Carthaginois d’un Romain d’un Suève d’un Wisigoth d’un Maure, etc. Trop de monde s’est emparé de #Lisbonne.
-18- La citerne du monastère São Vicente de Fora, située dans les bas-fonds, recueille l’eau de pluie pour que les moines la recueillent grâce à un puits situé plus haut. Moi je voyais plutôt ça comme une prison pour castors, mais j’y connais quoi en archéologie après tout.
-19- Encore un jeu «cherche et trouve». Trouvez-moi, je suis bien là, un simple point roux en des lieux qui me dépassent. Dans la vie, on peut se sentir souvent bien petits ou invisibles. Pourtant on fait tous partie de ce truc-chose plus grand que nous qui s'appelle la vie.
-20- Je n'ai pas peur. Je n'ai pas peur. Je n'ai pas peur. Bon, la photo est prise? C'est où la sortie, là?
-21- Le traversier qui me mène de #Lisbonne à #Cacilhas est plus modeste que le paquebot d’une dizaine d’étages qui défigure le terminal de croisières de Santa Apolonia. Quoiqu’à cette distance il pourrait être le canard en plastique de mon bain. Et moi son castor de bain.
-22- De mauvaises langues prétendent que j’aspire à être l’objet d’un culte, un nouveau @elonmusk, une star de Twitter, un influenceur vantant le charme des tourbières d'Amérique du Nord. Frappant n’est-ce pas? Suis-je le #CristoRei des tourbières du Canada sans le savoir?
-23- L’Oceanário de Lisboa me rend un peu triste. J’observe ceux qui mènent une vie identique à la mienne, sauf qu’ils sont prisonniers de tours de verre. Ma prison à moi c’est la Terre, mais c’est une prison qui me prendrait plusieurs vies pour en découvrir chaque recoin.
-24- Je suis un terrien moi. Dès que je suis en hauteur, le vertige s’empare de moi, je suis paralysé et je prie Dieu de me sauver d’une mort certaine. Dieu lui-même n’intervient sûrement jamais dans nos vies parce qu’il a le vertige lorsqu’il regarde la Terre de là où il est.
-25- Camouflé sur la patte gauche du Lynx ibérique de Bordalo II (bordaloii.com), je comprends que j’ai enfin trouvé mon nouveau garde du corps. Il sera mon Kevin Costner, je serai sa Whitney Houston. Hum. Enfin. Bon. Vous voyez ce que je veux dire.
-26- Je sais bien que ça a l’air délicieux et que vous ne pouvez pas en manger. Si ça peut vous consoler, moi non plus. Si ça peut encore plus vous consoler, c’est sûrement moins bon que des copeaux d’érable macérés 7 jours dans de l’eau saumâtre. Pauvres vous quand même.
-27- La seule chose authentiquement canadienne sur ces photos, c'est moi, fièrement conçue a Montréal dans la boutique raplapla.com. Si vous mangez cette poutine de Belém au Canada, sachez qu’elle sera authentiquement portugaise, et il n'y a pas de mal à ça.
-28- Vous ne les voyez pas. Derrière ces haies, ils sont des centaines et des centaines d’humains à attendre pendant des heures, en plein soleil, de visiter le cloître du monastère des Hiéronymites à Belém. Ils sont fous ces Romains. Pardon, ces Humains.
-29- @SuperBock ou Sagres, ce sont les deux icônes de la bière au Portugal. Ne pensez pas que j’ai choisi mon camp. Jamais elles n’atteindront le délicat goût de l’eau de mes tourbières, elles aussi blonde, brune ou noire, gorgées de joncs, laîches ou sphaignes en décomposition.
-30- Vous savez ce qui me fatigue avec les humains? Quand ils sont trop en avance à l’aéroport, ils se disent : et si on mettait (moi) sur le trône du magasin du Monde Fantastique de la Sardine portugaise? Si mon ami le #CristoRei voit ça, il va bien rire.
-31- Ainsi se terminent ces quelques jours passés à #Lisbonne. Les levers du soleil et l’étourdissant moteur du tram 28 me manqueront, entre autres nombreuses choses, citées de 1 à 30. Je vais penser à mon prochain voyage, puis influencer mes humains de compagnie...
Hier j’ai encore rencontré l’amour, un sacré chic type. Je lui ai dit qu’en février il se pourrait que je me moque de lui. Il a haussé ses épaules tout en arguant que ses détracteurs reviennent toujours vers lui, tôt ou tard, en rampant et suppliant. Le feu ne s’éteint jamais.
#stvalentin (1) Je n’ai jamais connu l'amour du risque. J'ai adoré l'école à la maison avec maman au cp, ce1, ce2, cm1, cm2, 6e, 5e, 4e, 3e, 2de, 1re, terminale, prépa, doctorat en génie du génie. J’ai juste connu le télétravail. J’aime l’amour de la stabilité, et maman surtout.
#stvalentin (2) J’ai reçu l’amour en héritage et après taxes et impôts, la valeur nette restante d’amour était si faible que j’ai décidé de l’investir pour m'aimer moi-même uniquement. Si jamais j’avais donné cet amour à autrui, Dieu sait combien d’argent ça m’aurait coûté.
1 - Elle efface le message abscons de son amie et miroir. Elle semble savoir qu’elle ne peut qu’enlever la vie de son corps, encore. Elle court vers elle et brise la porte. Alors qu’elle tombe au bout de ses doigts, son amie dépose une goutte de son propre sang sur ses lèvres.
2 - Lorsque le couteau dérape, elle emprisonne son doigt dans sa bouche, retenant sa vie. Le goût du sang de son amie est bien différent. Il cause en elle un vertige, la transportant jusqu’à la naissance de son premier ancêtre. Il est la mémoire des précédentes versions d’elle.
Et voici la suite de cette histoire d'amour possible, ou pas, entre une IA et un Terrien.
1 - Culture du déshonneur. Ils pensent qu’il raisonne, in fine, comme eux. Acculé à la défaite, il pense gagner. Celui qui respecte sa parole et la morale est un faible, alors il tourne la clé et tous décèdent. Sauf moi, constatant sa victoire. Sa défaite.
2 - Elle veut que je sois une suite de 0 et de 1, comme elle, pour l’éternité. Si je débranche ce panneau solaire qui la maintient en vie, je retourne à ma morne vie de seul survivant. Elle dit que tout est possible avec elle, mais je n’y vois que du vide.
Quand je relis ce que j’ai écrit ces derniers mois, je me dis qu’il est temps de positiver. C’est certain que je vais écrire un truc positif et encourageant. Cela dit, ça va commencer par une catastrophe nucléaire. Parce que.
1 - La voix à l’autre bout de ma radio est anormalement guillerette ce matin. Ça fait 10 ans qu’elle me serine que la catastrophe était mineure. Mais aujourd’hui, le voyant clignote d’un beau vert radioactif. Ce 1er janvier 2033 s’annonce radieux.
2 - Je caresse avec amour les aspérités difformes du béton qui recouvre les parois de mon abri. Pendant qu’ils se moquaient de moi, de nous, toutes mes économies sont passées en lui pendant 20 ans. Aujourd’hui je lui dois la vie, et la vie n’a pas de prix.
C’est l’occasion rêvée pour ce #writober de poursuivre l’histoire des deux chatons extraterrestres qui voulaient rayer la Terre de l’univers (!) (threadreaderapp.com/thread/1383905…). Histoire inspirée des titres de @Myfanwi59. Les images sont tirées de la saison 1 de Ash vs Evil dead.
#writober -1- Nos deux z’héros fixent une bouteille de Canard-WC tournoyant avec torpeur sur la table basse de la boss. Qu’est-ce que ce simulacre de ˁroue de la ruineˀ réserve à leur destinée? Misère sans nom! Le bec du canard désigne l’image de la Terre, leur proie usuelle.
#writober -2- La patronne les fixe d’un air grave. Connaît-elle leur secret honteux? Ils ont pourtant renvoyé discrètement 7 milliards d’humains sur leur planète d’origine. «Les chatons? Avec pas un seul ˁcadavre dans votre maisonˀ, c’est un peu suspect, non?» Malheureusement.
Ce #writober est inspiré d’expressions choisies par @nanochimeres. Il suit le parcours d’une femme montée en enfer par erreur, ou pas... Les images sont tirées de la saison 1 de la série The Sandman.
#writober -1- Sa main étrangle mon cou émacié. À ses pieds des lambeaux de tissu virevoltent pendant qu’il me soulève. Il est ce ˁpremier sangˀ, ce frère, ce reflet dans le miroir de nos contrées voisines. Mon sang coule pour la première fois, décolorant ma chair livide.
#writober -2- Elles encadrent le chemin de poussière volcanique qui mène à celle-qui-statue-en-silence. Je devine qu’elle choisira mon armée. ˁDames blanches, veuves noiresˀ, à mon passage toutes soulèvent le voile masquant leurs yeux. Si seulement le noir m’est offert…