Thread by @paulcng

A Genève pour couvrir le premier procès de Tariq Ramadan. Jugé pendant trois jours pour « viol » et « contrainte sexuelle », le prédicateur suisse, 60 ans aujourd’hui, est accusé d’avoir violé avec violence Brigitte, dans une chambre d’hôtel de la ville, en octobre 2008

Tariq Ramadan est arrivé au Palais de Justice flanqué de ses avocats, tête baissée et sans dire un mot

Tariq Ramadan est assis à l'avant de la salle, devant ses avocats, mine concentrée. Deux rangs derrière, la plaignante, Brigitte (un prénom d'emprunt), cheveux blonds bouclés, lunettes à montures à écailles, est séparée du prévenu par un paravent, ils ne peuvent pas se voir

L’audience commence avec une diatribe de Guerric Canonica, l’un des avocats de l’islamologue, contre la justice française, qui demande à « écarter la procédure française » qui a été partiellement versée à la procédure suisse

Ramadan est visé par quatre autres plaintes en France, faisant l'objet d'une instruction séparée. Pour Me Canonina, le dossier transmis à la Suisse a été « tronqué, amputé, falsifié », de sorte qu'il serait uniquement « à charge ». « Tariq Ramadan est pris en otage », estime-t-il

Pour le procureur Adrian Holloway, « le modus operandi [dans les viols reprochés à Tariq Ramadan] est à peu près identique pour la plupart des victimes, donc il est intéressant d’avoir les témoignages des autres victimes »

Selon lui, « les preuves ont été sollicitées dans le respect des règles internationales », il n'y a pas de raisons de les écarter

Dieudonné M'Bala M'bala, à qui la plaignante se serait confié sur les faits du 28 octobre 2008, est cité comme témoin demain matin #TariqRamadan

La salle du tribunal correctionnel de Genève est bondée : une quarantaine de journalistes (surtout suisses et français), une dizaine d'avocats et un public venu en nombre

Les débats portent sur le versement ou non d'une lettre anonyme aux débats. Son auteur assure que Brigitte aurait confié – à lui et à Dieudonné – qu’elle aurait eu une relation consentie avec #TariqRamadan. Elle a été écartée, mais la défense réclame qu'elle soit reversée

« Il est intolérable qu’un tribunal donne du crédit à une lettre anonyme, qu’on sort de sa manche au dernier moment », s'oppose Me Robert Assaël, un des avocats de Brigitte #TariqRamadan

Pour Me Assaël, ce courrier, qui relate un rapport sexuel entre #TariqRamadan et Brigitte, est au demeurant assez « piquant », sachant que dans cette affaire « le prévenu conteste toute relation sexuelle »

Après s’être retiré 30 minutes pour délibérer, le tribunal accepte la réintégration du courrier anonyme et la citation de Dieudonné comme témoin #TariqRamadan

L'audition de #TariqRamadan débute.

#TariqRamadan s'exprime d'une voix faible, assis sur le banc des prévenus. « Je suis à la retraite anticipée pour raisons de santé. Je reçois une rente de l’université d’Oxford de 1400 livres sterling par mois. Je n’ai plus les moyens intellectuels de produire à l’écrit. »

Toutes rentrées d’argent confondues, #TariqRamadan estime ses revenus à 3000 francs suisses (3000 euros) par mois. «Et ça pose souci pour vivre ?», l'interroge le juge. «Ben je fais avec.» Il a de l’argent de côté (environ 800 000 euros de patrimoine) «et des soutiens ponctuels»

#TariqRamadan dénonce l’ « affront » que représenterait pour lui les déclarations de la défense selon lesquelles il aurait voulu « jouer la montre » pour obtenir la prescription dans ce dossier (qui tombe en octobre 2023)

« Si quelqu'un a demandé à ce qu’elle [la procédure] se réalise vite c’est moi. Parce que ça fait quatre ans que j’attends que justice soit faite. Quand on a la sclérose en plaque, il n’y a rien de pire que le stress, la pression et la prison » #TariqRamadan

#TariqRamadan se dit très diminué et en dépression. « Je suis là parce que je vais me battre », clame l'islamologue en dénonçant « les mensonges et la manipulation » de la plaignante

« Enfant de ce pays », #TariqRamadan se présente comme offusqué de sa comparution : « S’il y a une chose que je n’aurais jamais imaginé dans mon pays, c’est de me retrouver devant un tribunal. Je n’ai jamais été condamné nulle part sur la Terre »

Il voudrait être jugé « loin de tout brouhaha médiatique », taclant au passage « certains journalistes [qui] ont joué un rôle sale » dans ce dossier à ses yeux #TariqRamadan

#TariqRamadan refuse d’être présenté comme « le tartuffe religieux qui dit des choses et qui en vit d’autres »

Une allusion aux agressions sexuelles violentes mises au jour par cette affaire mais aussi sa sexualité « rugueuse » revendiquée par la suite, qui semble en totale opposition avec certaines des valeurs islamiques qu’il prônait à travers le monde #TariqRamadan

« Je n’ai jamais été un moraliste » ni un « parangon de vertu » assure #TariqRamadan qui reconnaît avoir « déçu des gens ». « J’ai toujours dit qu’on avait tous nos contradictions et que j’avais les miennes », plaide le prédicateur

« Je vais passer ma vie à défendre mon innocence et faire que la vérité soit sue et connue. Je n’ai jamais violenté personne, je n’ai jamais agi contre personne dans ce sens là, ça n’existe pas, ça ne fait pas partie de ma vie », balaye #TariqRamadan

« Je continuerai toute ma vie à être du côté de toutes les victimes d’injustice et à défendre tous les innocents qui sont injustement accusés », continue #TariqRamadan

#TariqRamadan répond maintenant sur le fond, se défendant d'être un prédateur sexuel. «C’est elle [Brigitte] qui me surveille sur les réseaux sociaux. Elle me dit : j’ai vu sur ton blog que tu passais à Genève. Si j’avais une tentation prédatrice, c’est moi qui lui aurait écrit!»

«Je ne suis pas le prédateur», évacue #TariqRamadan, qui charge celle qui l'accuse de viol : «Je suis la victime de harcèlement d’une personne qui m’écrit 40 messages avant de me voir, qui me dit qu’elle aime l’endroit, qu’elle est séduite par le côté sexy... »

#TariqRamadan, tout à coup moins éteint, s'attèle à remettre en cause les déclarations de la plaignante. Celle où elle affirme que, le soir des faits, le réceptionniste de l’hôtel serait venu apporter à l'islamologue, dans le lobby, une planche et un fer à repasser

« Bonne âme me voyant, elle aurait voulu m’accompagner pour les porter à ma chambre. Or le réceptionniste a été entendu : il dit qu'en 18 ans d’activité, jamais il n’a apporté une planche et un fer à repasser dans le lobby » #TariqRamadan

«Pourquoi ment-elle ?», répète plusieurs fois #TariqRamadan au cours de son audition

« La version qui justifierait sa montée dans ma chambre est contredite par le témoignage du responsable de l’hôtel », estime #TariqRamadan

Il y a un monde entre le #TariqRamadan du début de l’audience, qui se présentait comme diminué, affaibli et souffrant, et celui qui décortique maintenant pièce par pièce le dossier d’instruction, combatif et précis dans ses arguments

Il pointe du doigt « le côté très entreprenante de la plaignante », par « sa tenue » ou « son entrée dans la salle de bain » lorsqu’elle arrive dans sa chambre. Dans sa version, ils se seraient quittés dans le lobby, et elle serait montée ensuite #TariqRamadan

Interrogé sur ses pratiques sexuelles, #TariqRamadan nie tout usage de la violence : « Il peut y avoir un jeu de complicité de dominant-dominé, ça n’a rien à voir avec une violence. Ce n’est pas frapper, insulter de façon irrespectueuse. L’homme qui agit ainsi est un sauvage. »

Dans le récit de Brigitte, #TariqRamadan aurait soudainement changé de visage à son arrivé dans la chambre, devenant un monstre, elle décrit « une baston » avec « du sang partout ».

« C’est du copié-collé ! », dénonce #TariqRamadan qui renvoie aux accusations antérieures des plaignantes en France, qui ont décrit des pratiques violentes et humiliantes

Il dit ne pas s'y reconnaître. Selon #TariqRamadan, les pratiques sexuelles hors normes ne seraient pas de son côté : «La première plaignante a eu des pratiques sado-masochistes avec 50 autres hommes. L’autre plaignante a des pratiques scatologiques...»

Revenant à Brigitte, il tonne, énervé :« Si on est violé, on ne prend pas contact avec Caroline Fourest ou avec un paparazzi d’extrême droite qui dit que personne en France n’est intéressé par les parties de jambes en l’air d’un intégriste » #TariqRamadan

Interruption d'audience jusqu'à 14h15

« Vous avez évoqué une conspiration, un "copié-collé", en raison des griefs similaires des victimes côté suisse et français. Quel est selon vous le mobile de cette conspiration ?» demande Me François Zimeray, un des avocats de la plaignante #TariqRamadan

#TariqRamadan s'insurge : « Je n’ai parlé ni de complot ni de conspiration, j’ai utilisé le mot "traquenard" »

« La plaignante suisse est en contact avec la 2e plaignante française, et avec la première », accuse #TariqRamadan. « Les plaignantes ont des relations entre elles et rendent leurs accusations concordantes. »

« Vous me dites donc Monsieur Ramadan, à moins que je ne me trompe, que ma cliente serait mue par des motivations idéologiques et ferait partie de ce traquenard ? », le relance l'avocat.

#TariqRamadan répond par un possible désir de « vengeance » d’une femme « éconduite » qui chercherait à rallier ses « ennemis » idéologiques

« Pourquoi avez-vous menti aux enquêteurs français sur vos relations avec Christelle [une des plaignantes françaises] ? », lui demande Me Zimeray #TariqRamadan avait nié, au départ, tout rapport sexuel avec elle

#TariqRamadan monte dans les tours : « Ne mettez pas les mensonges sur le même plan. L’un est la protection de sa vie privée et l’autre est la destruction de la vie d’un homme ! » Son micro grésille : « Ce que je vis et ce que vit ma famille depuis 5 ans, c’est une torture ! »

« Je n’ai pas violé votre cliente, ni personne sur la surface de la Terre », s’énerve #TariqRamadan. Brigitte, selon lui, « dessert la cause de toutes les femmes violentées sur Terre en mentant sur son viol qui n’a jamais eu lieu »