"Réduire le coût du travail", comment cette obsession française a intensifié et dégradé le travail en France.
Ma contribution à notre série #QueSaitOnDuTravail? du LIEPP sciencespo.fr/liepp/fr/conte…
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Depuis plus de trente ans, le travail en France n’est pas conçu comme un atout sur lequel les entreprises et les services publics pourraient s’appuyer pour améliorer leurs produits ou leurs services, mais comme un coût qu’il faut réduire par tous les moyens.
La baisse du coût du travail est devenue la pierre angulaire des politiques économiques françaises, pour réduire le chômage comme pour accroître la compétitivité des entreprises.
En 2021, le montant total des exonérations de cotisations atteint 73,8 Milliards d’Euros urlz.fr/lW4j
Ces politiques tirent l’économie vers le bas. Elles subventionnent des secteurs d’activité incapable de construire une compétitivité hors coût, fondée sur la qualité des produits et services.
Elles maintiennent de nombreux emplois de piètre qualité et créent des trappes à bas salaires persee.fr/doc/estat_0336…
De leur côté la plupart des entreprises françaises ont d’ailleurs construit leurs propres stratégies de compétitivité sur la réduction du coût du travail.
Il s’agit de faire baisser le coût de production des mêmes produits, de milieu de gamme, plutôt que de miser sur la qualité et l’innovation.
Quatre stratégies principales : les délocalisations, la sous-traitance, l’éviction des salariés les plus âgés, l’intensification du travail des salariés restants, fondée sur un management vertical par le chiffre.
Les grands groupes français ont préféré faire « le choix des délocalisations plutôt que de la montée en gamme », réduisant ainsi le nombre d’emplois industriels en France strategie.gouv.fr/sites/strategi…
Sous-traitance: les entreprises françaises se concentrent sur leur « cœur de métier » et cherchent à externaliser des services qu’elles rémunéraient autrefois en interne. Il s’agit d’obtenir les mêmes services mais au plus bas prix possible, avec plus de flexibilité.
Pour réduire les coûts, les entreprises se débarrassent des salariés âgés, considérés comme trop coûteux. Le taux d’emploi des salariés âgés en France reste particulièrement bas (56% des 55-64 sont en emplois en France, contre 71% en Allemagne ou 77% en Suède).
Pour rester compétitives dans une économie globalisée, les entreprises ont choisi de ne garder que les salariés qu’elles considèrent comme les plus productifs, et de leur demander de travailler toujours plus intensément.
Cette intensification du travail passe par des modes de management verticaux qui imposent des objectifs toujours plus élevés aux salariés sciencespo.fr/liepp/fr/conte…
Dans les services publics comme dans les entreprises privées, les travailleurs les moins qualifiés subissent toujours plus ce management vertical par les chiffres. strategie.gouv.fr/sites/strategi…
Cette stratégie d’hyperproductivité explique en grande partie pourquoi ceux qui travaillent ne souhaitent pas le faire plus longtemps,
tandis que ceux qui n’ont pas accès à l’emploi ne comprennent pas qu’on demande de travailler plus longtemps alors qu’ils n’ont même pas la possibilité de travailler.
D’autres stratégies sont pourtant possibles, celles qui considèrent le travail comme un atout pour les entreprises et pour le pays. puf.com/content/Les_fe…
2/12 Le retrait est en train de devenir la solution la moins coûteuse. L’obstination alimente la protestation, le retrait la stopperait. Le pire est la radicalisation et la violence
Cette réforme touche, plus que les autres, et sans compensation, les classes moyennes peu qualifiées. Or ces catégories qui ont le sentiment d’être les grands perdants des mutations économiques constituent le premier réservoir de vote pour les partis populistes de droite radicale
Cette réforme impose de travailler plus longtemps aux personnes qui supportent de - en - la dégradation des conditions de travail. Or les mauvaises relations de travail sont au cœur du ressentiment social qui nourrit le vote pour les partis populistes de droite radicale.