Thread by @willimarx

Mercredi, à 13h50, à Paris, j'ai eu un accident vasculaire cérébral (AVC) : paralysie du côté droit, difficulté d'élocution. J'ai aussitôt reconnu les symptômes, on a appelé le SAMU, et là tout s'est passé très vite :

les secours sont arrivés, à 15h j'étais admis en urgence à l'unité de neurologie vasculaire de l'hôpital Sainte-Anne, on m'administre le traitement (thrombolyse), et une heure plus tard je retrouvais toutes mes facultés.

Je suis sorti hier vendredi de l'hôpital, sans aucune séquelle, avec l'impression d'être un ressuscité, Lazare revenu d'entre les morts, un amour sans borne de la vie,

et surtout un immense sentiment de gratitude envers la médecine, l'hôpital et toutes ces soignantes et soignants dont j'ai pu à chaque instant mesurer le dévouement, l'attention, la gentillesse, et grâce auxquels j'ai pu sortir indemne d'un accident de santé gravissime.

Lorsque j'ai pris congé de mes infirmières hier, j'aurais voulu les embrasser une à une en leur offrant mes pleurs de joie. Je me suis contenté d'une boîte de chocolats. Mais je voudrais profiter de l'audience que me donnent les réseaux sociaux

pour leur exprimer publiquement, à elles, à eux, aux médecins, aux infirmières, aux brancardiers, aux pompiers, un trop faible témoignage de ma reconnaissance et de mon soutien. Je leur dois désormais la vie.

Reconnaissance également à la science, à toute l'organisation qui a permis un tel miracle et à la France, dont le système de soins et de secours reste, malgré les difficultés que l'on sait, d'une efficacité exemplaire. Voilà.

Ah si, j'oubliais : ces miracles s'accomplissent quotidiennement. Mais pour cela il convient de traiter les symptômes immédiatement. Si jamais vous constatez chez vous-même ou vos proches l'apparition brutale d'un ou plusieurs de ces signes,

paralysie d'une partie du corps, trouble de la parole, perte de vision, trouble de l'équilibre, n'attendez pas : appelez en urgence le SAMU (15) ou les pompiers (18). Quand un AVC est traité dans les trois ou quatre heures, une guérison complète est quasiment assurée.

On ne répétera jamais assez ces consignes. Puisse mon expérience servir à sauver quelques existences.

Cela peut arriver à n’importe qui, à tout âge, même en parfaite santé.

Après, il est vrai que deux détails m'ont troublé. J'ai attendu une vingtaine de minutes allongé dans le camion des pompiers, le temps qu'un hôpital veuille bien accepter de me recevoir. J'étais dans le secteur de la Pitié Salpêtrière, tout proche de l'hôpital,

mais la Pitié n'avait plus de place pour moi, et c'est pourquoi j'ai atterri à Sainte-Anne, beaucoup plus loin. Pendant cette attente pour moi interminable, j'étais saisi d'angoisse à l'idée que peut-être on arriverait trop tard, et que je garderais des séquelles irréversibles.

Mais tout s'est bien passé : comme on m'avait pris en charge très tôt après l'accident, on pouvait prendre un peu de retard, et Paris n'est finalement pas si grand quand on circule sirènes hurlantes.

Autre détail : à Sainte-Anne, j'étais seul dans ma chambre, comme tous les patients du service. Il avait beau y avoir un second lit, nul ne pouvait y être admis, faute de personnel.

Je n'ai certes pas une vision globale de la prise en charge des AVC sur Paris ou ailleurs en France, mais j'ai néanmoins l'impression que même à Paris on est en flux tendu.

Pour peu qu'il y ait un jour plus de cas d'AVC, par hasard ou à cause d'un événement particulier (Jeux olympiques, par exemple), la situation pourrait bien se révéler préoccupante. Une vigilance s'impose, pour le moins.