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Jun 3, 2023 66 tweets 25 min read Read on X
Je REpost ici mon thread #NoMoreTCA , complet, dans l’ordre et sans coupures.
J’espère qu’il continuera à circuler après le #2juin.
Coeur sur Twitter qui n’a été que bienveillance et partage face à cette confidence.
🧡⬇️
En cette journée mondiale des #TCA je vais vs parler de mon histoire avec l’hyperphagie boulimique et je vous invite à partager vos expériences. #NoMoreTCA #2juin

Ce n’est qu’une expérience, la mienne. Ce n’est pas un exemple à suivre ni une dde de recommandations. 1/
⬇️⬇️⬇️
2. J’ai vécu tte ma vie dans la honte de ce mal.

Il n’y a que le mot honte qui résume cette histoire: honte de soi et de ses actes, honte de ne pas pvr se contrôler, honte devant les parents, les amis etc

Un honte à cause de la certitude de ne pas être comprise et entendue.
3. Les crises d’hyperphagie boulimique,c’est comme la boulimie, descendre le frigo en moins d’1h, comme si l’estomac était un puit sans fond incapable de se remplir, pleurer en mangeant, se haïr, souffrir et même pas parvenir à se faire vomir. Tt garder,grossir,encore et encore.
4. Je ss pas qnd ça a commencé, j’ai tjrs stocké de la nourriture en prévision des crises…

Je volais de l’argent à mes parents, je volais de la nourriture à la cantine. Je me cachais pour manger.

Je savais que les crises allaient arriver et comme un hamster j’anticipais.
5. Je n’ai jms vécu sans crises d’hyperphagie mais j’en avais jms parlé à personne à la maison. Pcq c’était pas possible.Tu veux pas manger tu manges pas.Tu vx manger tu manges une salade.C’est simple.

Tu px pas vouloir maigrir et manger comme 10,sois cohérente avec toi même.
6. Personne jamais ne m’a vue faire une crise. On apprend à se cacher, à mentir, à se débrouiller.
7. 1fois,l’école a📞ma mère pr lui dire que j’avais mis des miettes partout au CDI. Je devais avoir 7ans. Ma mère m’a dit que je lui faisais honte d’ê la grosse de la classe qui bouffe à la bibliothèque.
A partir de la,le fossé au sujet de l’alimentation est devenu irrattrapable.
8. J’ai fait des crises sur le palier des escaliers,au cinéma,dans une salle de classe vide, dans la salle de bain etc

J’avais essayé d’en parler aux nutritionnistes et psy que je consultais,on me répondait gestion du stress et rééquilibrage alimentaire.
9. Tu te fais vomir ? Non ! T’as pas de TCA, il faut manger moins et mieux.
10. J’ai tjrs été grosse. J’étais tjrs au régime. Ma mère faisait tt pour me faire maigrir. J’avais faim 24h/24. J’ai testé tsles régimes depuis mon plus jeune âge.
11. Ma petite sœur était très maigre et très sportive, elle avalait des quantités de nourriture incroyables et restait fine. Moi je pouvais faire tous les efforts du monde, les crises arrivaient et détruisaient tous mes efforts.
12.J’avais honte de manger. Manger en présence de ma famille était une horreur.
Chq contenu de mon assiette était scruté et commenté: ah c’est bien tu manges des légumes … crois tu vraiment que tu as besoin d’un morceau de pain ? Pq tu prendrais pas une assiette plus petite ?Etc
13. Chaque prise de repas était un réconfort et une souffrance. Ce ressenti contradictoire est une torture quand il se répète quotidiennement 3 fois par jour.

Je me haïssais à chaque fois que je mangeais. C’était un besoin et un mal.

Mon adolescence a été un enfer.
14. Puis j’ai quitté la maison et je suis partie étudier à Paris, et la tt s’est démultiplié.

Je haïssais ma L1, je détestais mes études, je me détestais et je détestais ma vie et mes crises sont devenues quotidiennes parfois multiples.

D’août à décembre j’ai pris 35 kilos.
15. Quand je suis rentrée pour Noël ma mère a pleuré sans pouvoir se retenir en me voyant à l’aéroport. Je vous raconte pas l’ambiance. Je mourrais de faim 24h/24 et je passais mon temps à me cacher pour manger.
16. Vivre ça en étant jeune c’est d’avoir des remarques de type : qui voudrait de toi comme ça ? Tu pourrais être si belle si tu maigrissais !

C’est la plus belle période de ta vie, il faut profiter, pourquoi tu privilégies la nourriture au reste etc.
17. Puis j’ai dépassé les 140 kg.

Je n’ai aucun souvenir de cette période. Des mois de ma vie donc je n’ai absolument rien gardér. C’était une souffrance telle que je crois que mon cerveau a préféré effacer. J’ai 4 photos faites par des tiers sur une période de 2 ans et demi.
18. La crise c’est psychologiquement un tel enfer.

Une fois qu’elle est la c’est fini. J’en garde rarement un souvenir une fois qu’elle est passée. J’étais capable de descendre les courses de la semaine en 1h et sortir à 22h chercher une supérette ouverte etc.
19. Personne ne s’est vraiment soucié des causes,ni les psy ni les médecins.Qnd les 140kg ont été dépassés on m’a envoyé vers un chirurgien bariatrique.

Aujd’h on sait que la chirurgie bariatrique n’est pas une solution en cas de TCA qui doivent ê pris en charge en amont.
20. A l’époque, j’avais rempli un formulaire :
anorexie : oui / non
boulimie : oui / non
A la consultation obligatoire avec le psychiatre on a discuté de Freud et de Jung et de l’école américaine de la psychanalyse, j’ai pas vraiment été un sujet.
21. Le choix s’est porté sur l’anneau gastrique car je refusais qu’on me coupe quoi que ce soit, il y a eu une merde dans la fixation du truc et ça n’a jamais marché. Je refusais toute intervention plus invasive, c’était fini, plus de réponse médicale possible.
22. Dans ma famille paternelle tout le monde est gros, la relation entre ma mère et mon père est très problématique.

Toute ma vie j’ai entendu dire que j’étais juste paresseuse comme mon père, et que je n’avais qu’à bouger mon cul.
23. Encore une fois, tout le monde avait des solutions sans jamais s’intéresser aux causes.

Finalement, quelles causes ? Manger moins et bouger plus … vous connaissez !
24. Et la je ne sais comment il y a eu un déclic.

Le déclic ce truc qu’on nous présente comme la solution à tous les problèmes. Oui, c’est chouette le déclic,mais ca n’a rien de miraculeux, c’est juste comme une pulsion d'instinct de survie. Un peu la pulsion miroir de la crise.
25. Je me suis décidée à chercher moi meme parce que je me suis juste sentie seule au monde et sans issue.
26. Après +20 ans de régimes et rééquilibrage je savais m’alimenter sainement ce n’étaient pas mes repas qui posaient problème.
27. Mes problèmes étaient les quantités d’une part parce qu’a force de vivre de crise en crise je vivais avec une faim incommensurable 24h/24 et d’autre part les crises qui anéantissaient tous les efforts.
28. Je mangeais équilibré en dehors des crises, sans interdits ms ac des concessions. A force d’interdits&régimes drastiques à l’enfance et l’adolescence, tte restriction déclenchait une crise, il fallait pas trouver un régime mais un fonctionnement différent, tout repenser.
29. Pr les quantités je me suis obligée à mâcher chq bouchée 20fois en reposant la cuillère entre chq. Ca a pas l’air de grd chose.Ça a rallongé mes repas, je mangeais et je continue à manger lentement, ça a divisé mes portions par 2ou3 mm si je sais qu’elles restent importantes.
30. Grâce à ça, merveille divine, j’ai découvert le rassasiement. Pas la sensation physique de trop plein ac laquelle j’ai jonglé toute ma vie mais le rassasiement qui amène la satiété.
31. Je n’étais plus freinée par la seule durée de la pause déjeuner ou les capacités extraordinaires de mon estomac mais mon cerveau qui me disait que je n’avais plus faim.
32. Aujdh face à un dessert je px répondre : je n’ai plus faim.

Je n’avais jms connu ça avant.J’arrêtais de manger pcq je savais que c’était la portion «normale»pcq j’avais honte de manger +en présence d’autres personnes, pcq j’avais peur d’être jugée, jms pcq j’étais rassasiée.
33. Désormais mon cerveau me disait, c’est ok.

Et je pouvais m’arrêter sans finir l’assiette ou sans prendre de dessert.

Quelle victoire.
34.Puis il a fallu s’attaquer à mes crises. Chercher leur origine me paraissait vain, je les ai tjrs connus même en maternelle. Mes crises, ça n'intéressait personne. C’était il y a 10 ans, j’espère que les choses ont changé.

J’ai donc essayé de m’attaquer aux crises moi-même.
35. C’était lent. 1 pas en avant, 3 pas en arrière, encore et encore. Des suivis qui ont pas pris, des pro qui ne voulaient pas m’écouter et qui ressortaient leur poly avec le menu type et qui disaient qu’il fallait que je fasse de la méditation si j’avais envie de grignoter.
36. Une crise d’hyperphagie boulimique ce n’est pas du grignotage.
37. D’abord j’ai essayé de ne pas avoir de nourriture à la maison, du tout. Ça n’a pas marché, je commandais, je sortais acheter, je n'arrivais pas à me contenir et surtout je me sentais encore plus honteuse.
38. J’ai pris un carnet et j’ai noté chaque crise, heure, raison si je pouvais en voir une, avec quoi elle a commencé, avec quoi elle s’est terminée etc.
39. La seule chose constante que j’avais réussi à dégager de mes observations, c’est que la crise la plus fréquente débarquait entre 17h - 18h.
40. J’étais étudiante,j’avais donc décidé de trouver une façon d’être occupée par contrainte sur ce créneau et les jours où je n’avais rien,je sortais de chez moi, sans portefeuille et je marchais. J’errais dans Paris pendant 1h ou 2 en attendant que la montée de la crise passe.
41. C’était d’abord une vraie torture.
Parfois ça ratait et je me suis même retrouvée une fois à manger dans un supermarché pour combler une crise irrépressible. Ça m’avait ramenée à mon enfance, la honte, la honte.
42. Mais souvent ça marchait, c’est devenu un jeu, je marchais, vite, très vite, je me fixais une destination très lointaine donc je devais faire A/R avant la tombée de la nuit ou en moins de 2h etc.
43. En rentrant,j’avais souvent peur de provoquer une crise donc je dînais pas pr ne pas prendre de risque.
C’étais tellmt efficace qu’à force j’ai pris l’habitude de manger que x3: petit-déj,goûter et déj.(je me réveille à 5h je px difficilement tenir entre le p-dej et le déj).
44. Aucun grignotage, 3 repas,plus rien après 14-15h,1h-2h de marche les jours où je n’avais pas cours aux heures critiques. Aujdh ça s’appelle jeûne intermittent je crois, mais c’était pas du tout ce que je visais, je voulais juste exclure la crise. La comprendre et la piéger.
45.C’est comme ça que j’ai perdu mes 60kg et peu à peu je me suis rendue compte que je ne faisais qu’une crise tous les 2semaines puis une ts les 2-3mois. Puis c’est parti tout seul. Il y a eu de longs mois sans aucune crise.

Mais ce n’est pas une histoire de solution miracle.
46. J’avais donc perdu 60kg, je me sentais bien et belle. Je planais. Je pouvais entrer chez Zara ou Mango, essayer et acheter un vêtement.
47. Ça pt paraître rien du tt, ms j’ai pleuré des heures dans les cabines d’essayage la 1e année, pcq ces choses-là ne m’étaient jms arrivées.
A mon époque les sites grandes tailles n’existaient pas. Quand tu étais grosse même à 16 ans, il n’y avait que des magasins pour mamies avec des modèles qui vont avec le style rétro pas chic 🙈.
49. J’adorais ma vie,j’ai vécu des histoires merveilleuses,j’ai été aimée,j'ai appris à apprécier mes études et tt est rentré dans le meilleur des ordres possibles pdt des années.

J’ai découvert la confiance en moi. Je me sentais belle, j’allais devenir avocate,j'étais heureuse.
50. Et puis une mauvaise histoire. Un enfer. Et puis une rupture.
Une première dépression comme j’en ai jamais connu et le retour fulgurant des crises.
51. Et le poids est reparti. Et plus rien n’y a fait. Ni le sport, ni l’alimentation saine, ni l’absence de dîner et de grignotages.
Une semaine exemplaire et puis une crise qui détruit tout, et comme ça 52 fois par an, sans cesse renouvelé et de 2019 à 2022, 20 kilos de repris.
52. Et le bonheur retrouvé après n’y avait rien fait, pourtant j’ai aimé et j’ai été aimée, la mauvaise rupture a été vite oubliée, j’exerçais le métier que j’adorais mais tt ça ne faisait plus aucun effet.

Le déclic qu’on ns raconte comme la solution miracle n’est jms revenu.
53. J’ai tenté les prises en charge toute ma vie.
En déménageant en Bretagne j’avais pris attache avec la cellule TCA du CHU (GR). On m’avait encore demandé si je me faisais vomir, et face à mon non m’a expliqué qu’ils ne gèraient que l’anorexie et la boulimie.
54. On m’a renvoyé vers un psycho de ville. Je ne me voyais pas repartir la dedans, je n’y arrivais plus, je voulais enfin une prise en charge médicale. J’avais fait 3rdv , ça m’avait rappelé le suivi imperméable de mon adolescence.

Je me suis arrêtée là pour l’instant.
55. Tant pis. Un jour peut-être j’arriverai à trouver un suivi, à force je crois que je suis un mauvais patient parce que je suis devenue très/ trop méfiante et je fais plus confiance, parce que je suis épuisée.
56.Puis un jour j’en ai parlé ici et étrangement ça m’a fait bcp de bien. Pcq d’un coup ce n’était plus aussi honteux qu’avant. Même s’il y avait bcp de messages type : bouge ton gras et arrête de te plaindre, il y a qnd mm eu des réactions positives et je me suis accrochée à ça.
57. Maintenant à chaque fois que j’en parle j’ai énormément de retours positifs et ça me rassure presque de voir que ça touche tout le monde, des gros, des minces, des hommes, des femmes
58. La dernière fois que je vous ai parlé de l’hyperphagie j’ai été submergée par les dm des personnes qui en parlaient pour la première fois, qui n’avaient jamais avoué leur crises à leurs proches ou parfois même pas à eux-mêmes.
59. Aujourd’hui je gère comme je peux. Je suis rassurée de voir que les histoires et ruptures qui ont suivi n’ont pas entraîné de prises de poids, je maintiens le même poids malgré les crises grâce au sport et à une rigueur constante en dehors.
60.Aujdh j’arrive plus à perdre mais ne pas prendre c’est déjà une victoire en soi. J’ai aussi accepté que ça faisait juste partie de ma vie, parfois souvent, parfois moins. Parfois ça passe.
Mais c’est une vigilance de chq instant, pcq c’est une peur qui ne me quitte jamais.
61. Je pense que j’ai appris à ne plus me haïr pdt les crises. Elles sont devenues plus courtes et moins fréquentes. Je jongle ac et pr l’instant ça va. Ça tient. Je vais vraiment mieux. Parfois la crise arrive et je me dis, ok pas grave,
c’est juste un mauvais moment à passer.
62. j’ai préparé et couru un semi marathon,pour me prouver que je ss pas juste un bout de gras paresseux.
En juillet ca fera 1an que je me suis mise à la natation que je pratique régulièrement.
Les TCA et l’obésité ce n’est pas un manque de volonté, il faut sortir ça de la tête.
63. Ca me permet pas de perdre du poids mais ça me permet de m’accepter un peu mieux sans renoncer à ce rêve de me débarrasser des 20 kilos repris.
64. J’ai surtout hâte de retourner mes robes en 44 qui est pour moi la taille rêvée. Je ne me fais pas d’illusions d’être mince un jour, ce n’est meme pas un renoncement, juste ma réalité. Ma taille rêvée c’est le 44 je me ferais plus de mal que du bien à me rêver en 36.
65. Je ne ss ps vraiment comment conclure ce thread.J’espère que je connaîtrai le temps où la prise en charge médicale de l’hyperphagie boulimique sera systématique.J’espère q les enfants qui en souffrent auront des solutions autres qu’1 rééquilibrage alimentaire pr seule réponse

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