Thread by @AchilleNevers

[Le "problème des villes moyennes" - Thread]
Ma thèse s'est terminée vendredi dernier après cinq longues années. Dans ce fil, je vous propose un retour sur ma démarche et mes principaux résultats. (1/23)🧶

Après un mémoire de master consacré à l'évolution de l'intercommunalité à #Nevers (Nièvre), la mise à l'agenda médiatique de la "crise des villes moyennes" suscite mon intérêt. Pour le comprendre :
(2/23) 📰

J'entends alors vérifier la vieille idée selon laquelle la ville est "pour ceux qui comptent" une "machine de croissance" (Molotch 1976) (3/23)

Ma question de recherche est double. 1⃣ Comment les autorités locales ont-elles considéré la décroissance de leur territoire des années 1970 à nos jours ? 2⃣ Pourquoi ne se sont-elles pas tournées vers d'autres modèles de développement ? (4/23)

Mon hypothèse est la suivante : Les élus des villes moyennes peinent à faire face à la décroissance urbaine et à porter des alternatives car ils sont mal outillés et peu soutenus par leurs partenaires extérieurs (la région, l'Etat, l'EU) pour agir différemment (5/23)

Ma recherche est à cheval entre trois champs d'étude : les villes moyennes, la décroissance urbaine et les problèmes publics. Je propose ainsi une géographie "attentive au politique" (6/23)

Elle mobilise une méthodologie mixte à dominante qualitative... (7/23)

Et porte sur trois villes moyennes en décroissance du centre de la France des années 1970 à nos jours : #Montluçon (Allier), #Nevers (Nièvre) et #Vierzon (Cher) (8/23)

Ces trois villes ont beaucoup en commun (décroissance démographique, paupérisation, éloignement des métropoles) mais ont connu des trajectoires politiques très différentes. Elles sont aussi situées dans des régions et des dép différents (9/23)

La première partie s'intéresse à l'identification et la mise à l'agenda du "problème" dans les champs médiatique, scientifique et politique ; La seconde s'intéresse au traitement du "problème" au niveau local à Montluçon, Nevers et Vierzon... (10/23)

Cette recherche montre que différentes représentations des villes moyennes et des maux qui les touchent coexistent dans le débat public au cours du temps, témoignant de la difficulté à appréhender concrètement la nature et la géographie du « problème » qui les concerne. (11/23)

Ce flou contribue en quelque sorte à « brouiller » l’action des pouvoirs publics locaux qui apparaissent, dans ce cadre, relativement mal armés pour faire face à la décroissance urbaine. (12/23)

Ma thèse montre ainsi qu’en dépit du caractère structurel de la décroissance urbaine, le phénomène reste, aux yeux des décideurs locaux, largement « tabou » (13/23)

Ces derniers en viennent ainsi à tenter, selon des procédés sans cesse renouvelés, d’attirer, depuis l’extérieur, des facteurs de croissance dans une logique que l’on pourrait qualifier de « chacun pour soi territorial ». Je creuse ça n ici : cairn.info/revue-annales-… (14/23)

De telles stratégies s’avèrent en réalité, bien souvent, la solution la plus sûre d’obtenir des moyens humains et financiers de la part de la région, de l’État, de l’Union européenne ou d’entreprises privées (15/23)

Au final, ma thèse contribue à expliquer pourquoi en dépit de l’ancienneté des difficultés auxquelles sont confrontées de nombreuses VM, les alternatives à un modèle faisant de la croissance l’horizon principal des politiques urbaines demeurent extrêmement minoritaires (16/23)

Ces terrains n'ont pas vocation à être représentatif de l'ensemble des villes moyennes. Certaines se porte bien, tandis que les modalités et l'intensité de la décroissance urbaine, dans les villes concernées, varie d'un territoire à l'autre. (17/23)

Cependant, les phénomènes observés à Montluçon, Nevers et Vierzon ont toutes les chances de pouvoir l'être dans d'autres VM, elles-aussi confrontées à des dynamiques économique et démographique récessives (18/23)

Cette thèse ouvre aussi un certain nombre de question... (19/23)

1⃣ La première tient à la réponse politique apportée au "problème". Le plan Action Cœur de Ville sera-t-il prolongé au-delà de 2026 ? Parviendra-t-il à mieux prendre en considération les enjeux soulevés par la décroissance urbaine dans les années qui viennent ? (20/23)

2⃣ La deuxième tient aux effets de la crise sanitaire à moyen et long terme. Si l'exode urb est un mythe, le chgt d'image des villes petites et moyennes dans les médias se traduira-t-il un jour par une évolution des flux démographiques au bénéficie de ces territoires ? (21/23)

3⃣ La troisième tient à la volonté récemment exprimées par les élus locaux montluçonnais de faire de leur ville un laboratoire de la décroissance planifiée. Comment cela se traduira-t-il concrètement dans les années qui viennent ? (22/23)

Loin de porter un regard "décliniste", ma thèse ouvre en réalité des pistes pour penser l'avenir de ces villes différemment... loin d'une recherche de croissance à tout prix. Des alternatives attentives aux territoires et à leurs habitants sont désormais à inventer ! (23/23)