#CeJourLà, 20 juin 1941. Un an après, #FrançoisMitterrand, dans une lettre récemment exhumée, raconte à sa fiancée ses ultimes combats de la campagne de France (13-14 juin 1940), sa blessure (14 juin 1940) et sa capture par les Allemands (21 juin 1940). Écoutons sa voix. 1/9⤵️
« Ayant quitté nos positions défendues depuis un mois, nous avons contenu l’avancée allemande pied à pied. Le 13, j’étais le dernier à tenir Montfaucon. Et ç’a été le combat dans ces champs de bataille de l’autre guerre. Je n’ai jamais vu spectacle plus inhumain…2/9⤵️
que cette lutte, en plein juin avec du soleil, une tranquillité́ parfaite des choses et de l’air, à la place même où le sol bouleversé indique un acharnement invraisemblable des hommes. Le 14, cote 304, après six heures de combat où l’on tirait à vue, cernés de 3 côtés 3/9⤵️
par les Allemands, et de l’autre côté, fusillés par une contre-attaque française appuyée de chars, j’étais blessé et restais 1/2 heure sur le carreau. On me ramena au P.C. le tout un peu calmé. Et après un voyage inouï par 5 hôpitaux, j’arrivais à Bruyères où le 21, 4/9⤵️
les Allemands prenaient l’hôpital.
Mon adorée chérie, comme je m’accrochais à toi. Pour toi, pour nous, je ne voulais pas mourir. La vie, c’était toi, mon amoureuse chérie, avec ton amour, ta beauté, la douceur de la vie. C’étaient tes caresses, le pouvoir de la vie… » 5/9⤵️
Ses lettres étaient lues par toute la famille de Marie-Louise. « Moi-même, en permission, j’attendais « sa » lettre, témoignage d’amour humain dont la seule existence faisait oublier un peu la guerre inhumaine.. »écrit François Terrasse, frère de Marie-Louise, le 13/7/1940. 6/9⤵️
54 ans après #FrançoisMitterrand raconte ces journées à G-M Benamou (« Mémoires interrompus ») avec la même distance, le même détachement teinté d’ironie : « Dans une cave, des chirurgiens opéraient, coupant bras et jambes. Je ne tenais pas à m’attarder.» 7/9⤵️g
À 24 ans comme à 79 ans, sans se plaindre, il s’élève avec dignité au-dessus du spectacle des combats, pour méditer sur le contraste entre la beauté de la nature au soleil de juin et « l’acharnement invraisemblable des hommes » à détruire cette beauté, à semer l’horreur ». 8/9⤵️
Cette lettre du 20/6/41 est importante, par les précisions historiques qu’elle apporte, par sa poésie : « pour toi, pour nous, je ne voulais pas mourir » et par l’aperçu qu’elle donne du caractère de #FrançoisMitterrand, aimant la vie à 24 ans comme au seuil de la mort. 9/9🔚
#VendrediLecture Frédéric Beigbeder Un homme seul, @EditionsGrasset 2024.
À mon père, trop tard, même thème que #Nom de Constance Debré et même style dérangeant. Jean-Michel Beigbeder (1938-2023) fut un solitaire, ce livre nous le raconte de façon émouvante et brutale.
(Photo Manuel Braun pour Émile Magazine) 1/9
Seul dans son enfance au pensionnat (1), dans sa maturité à la fois désordonnée et innovante (2) et dans le naufrage de ses dernières années (3). 1) Sorèze, c’est l’école militaire des Dominicains où JMB atterrit à 8 ans. On se croirait à Bétharram.
Extraits⤵️ 2/9
F B. compare l’école à une prison, à l’avantage de la prison. On comprend mieux le courage dont ont fait preuve les prisonniers de la 2e GM qui avaient fait un tel apprentissage. La captivité était plus supportable que ce qu’ils avaient subi, enfants. Ils y étaient préparés. 3/9
#VendrediLecture
Pierre Mauroy le dernier socialiste @GUIGO_PE @PComposes
🧵Un livre à son image, solide, intéressant. Pas de crise, pas de complots, une destinée qui se déroule sereinement. #PierreMauroy, c’est la fidélité, le courage politique et la puissance de travail. La droiture. 1/9
1) Fidélité : Pierre Mauroy incarne la tradition socialiste, « ouvrière et enseignante, laïque et enracinée dans les territoires » non seulement historique mais aussi internationale et tournée vers l’avenir. Il y consacre depuis sa jeunesse « 100 % de sa vie ». (Introduction). 2/9
2) Courage politique :
- Pierre Mauroy s’impose comme chef du gouvernement à des ministres indisciplinés - Pierre Joxe, qui le prend de haut, Michel Rocard qui s’estime sous-employé et « trépigne » - etc.
et poursuit son idéal de gouverner avec d’autres, et « autrement ». 3/9
#VendrediLecture 14 février ❤️
#FrançoisMitterrand fut un maître en lettres d’amour, dès sa jeunesse et toute sa vie. Mais les réponses? Les unes, perdues pendant la guerre, les autres cachées ou détruites après sa mort.
Pourtant il en reste une, étrange et délirante. 1/8 🧵
Catherine Guérard a écrit « pour François » l’errance d’une femme en quête d’une liberté absolue : « Renata n’importe quoi », phrase de 168 pages, en lice pour le Goncourt de 1967.
On y a vu « l'invraisemblable odyssée d'une bonne de [Genêt] qui attendrait Godot ». 2/8
Ce livre, c’est une réponse aux lettres de Paul dont la vagabonde ne veut pas se séparer. Paul est présent en elle, de façon touchante : « et je pensais que moi je n'avais jamais été heureuse, et alors j’ai pensé à Paul… les lettres de Paul c'est comme mon cœur ». 3/8
#VendrediLecture
#LaCorneDuBélier Isaac Bashevis Singer, 1933, roman yiddish traduit en anglais et de là en français (moyennement). 🧵
L’action se passe dans le shtetel de Goray en Pologne, en 1666, année désignée par les kabbalistes pour la venue du Messie. 1/6
Un Turc, Sabbataï Zevi prétend être ce Messie. À Goray, son disciple, Reb Gedaliya, libère les villageois de la Loi et promet une prochaine téléportation en Eretz Israël.
Quelle puissance dans l’évocation du schisme, et des désordres qui préfigurent pour nous 3 époques : 2/6
- le sionisme de Théodore Herzl 1896) ;
- la Shoah ;
- l’époque actuelle.
Dans ce 1er roman apparaît le talent de conteur d’IBS, on est fasciné par un charme qui dépasse parfois les bornes, il n’a pas encore la maîtrise qu’il montrera dans son 2e roman : la Famille Moskat (1950). 3/6
J’ai lu cet article avec grand intérêt. En 1994, le Monde menait une campagne contre François Mitterrand, en fin de mandat et malade, et cet article y fut donc bien accueilli. Il comporte des inexactitudes et des interprétations injustes. Il suffisait de lire avec attention le fameux livre de Pierre Péan pour les relever. 🧵1/9
« Lui-même fonctionnaire de Vichy en 1942, il ne savait donc rien
de ces mesures décidées dès le 3 octobre 1940 et qui, aggravées le 2 juin 1941, expulsaient littéralement les juifs français de l'Etat et de l'espace public tout entier tandis que les juifs étrangers pouvaient, dès le 4 octobre 1940, être internés dans des camps. Juriste de formation, fonctionnaire de rang élevé à Vichy, il déclare encore à Pierre Péan: « Je ne pensais pas à l'antisémitisme. Je savais qu'il y avait malheureusement des antisémites qui avaient pris une place importante auprès du Maréchal, mais je ne suivais pas la législation du moment et les mesures prises ». 2/9
Or François Mitterrand, mobilisé en septembre 1939, a fait la « drôle de guerre » comme simple soldat, puis la campagne de France comme sergent, du 10 mai au 14 juin 40, ce qui lui valut la croix de guerre. Il fut blessé et prisonnier du 21 juin 40 au 16 décembre 41 date de la réussite de sa 3e évasion. Fin janvier 42, il rejoint Vichy dans un état qu’on imagine, dénutri, ayant souvent frôlé la mort et vu mourir, ayant renoncé à ses études, perdu sa fiancée et sans moyens d’existence. Il ignore tout de la situation et du statut des Juifs, l’information ne circulant pas dans les camps. Loin d’ être « fonctionnaire de rang élevé », il est contractuel à partir de février 42 dans un service de documentation, pour recopier des fiches, et son chef, futur résistant, lui enjoint de saboter le travail. 3/9
« S'il a été occulté (ce passé de Mitterrand) dans les années 1970, c'est que tout le monde au PS et au PC avait un intérêt à l’oublier... Mitterrand est le champion dont on espère qu'il fera revenir la gauche au pouvoir. » F. Malye.
Absolument pas d’accord. Le champion de la gauche jusqu’en 1979, c’était Michel Rocard. Qui qualifiait Mitterrand d’assassin au sujet de la guerre d’Algérie, et d’archaïque pour la prise du pouvoir. 1/4
Chaque année à la Toussaint revient le souvenir de la guerre d’Algérie et les attaques contre Mitterrand pour son rôle de garde des sceaux en 1956/1957.
Mitterrand avait dit « l’Algérie, c’est la France », non pour revendiquer une colonie, mais pour appliquer aux musulmans le même statut qu’aux français. Son projet en ce sens avait fait chuter le gouvernement de Mendès France en 1955. 2/4
Quant à ses avis négatifs sur les recours en grâce de condamnés à mort algériens, faits historiques indiscutables, voir ce post pour répondre aux « procureurs affamés » : 3/4