Alors sur le rapport des étudiants aux usages du portable, on peut trouver cette tribune … J’ai hésité à en parler car c’est de l’opinion et ce n’est pas sourcé. Je trouve ça mauvais, on va reprendre qq éléments un peu plus scientifique.
Pour commencer, cette tribune est digne des meilleurs entrepreneurs moraux que l’on retrouve dans les paniques morales : incapacité à prendre en compte les données scientifiques, intégration d’anecdotes/ tendance à envisager le pire pour les étudiants et moralisme excessif /
Tendance à ne pas intégrer le point de vue des premiers concernés, c’est-à-dire des étudiants. (Ogien, 2004). Une des premières choses qui m’embête, c’est qu’on confond le multitasking et l’addiction, c’est-à-dire l’usage problématique d’Internet ou des réseaux sociaux.
L’usage problématique est un prédicteurs du multitasking. Ce n’est pas le multitasking qui d’ailleurs n’est jamais évoqué très clairement dans La Tribune et c’est bien dommage. En effet, on ne peut pas considérer que les étudiants qui font du multitasking sont tous des addicts.
Selon une étude de 2023, l’usage problématique des réseaux d’Internet en France c’est 5,4 % de la population et réseaux sociaux 3,8 %, on est donc pas sur une vague même si on doit aider effectivement ces personnes en difficulté. mdpi.com/2077-0383/12/3…
Donc en fait ce qui est décrit ici c’est essentiellement des activités de multitasking. Donc la question qu’on peut se poser maintenant c’est est-ce que multitasking est en soi un problème à l’université. Est-ce qu’il nuit aux apprentissages ?
On a aujourd’hui plusieurs revues systématiques ou méta-analyses qui montrent des associations négatives faibles entre multitasking et performances académique à moyen terme ainsi que multitasking et des performances en termes d’apprentissage à court terme doi.org/10.1080/104948…
Pour montrer l’étendue du problème, on a réalisé a Rennes 2 une étude dans un TD où on a laissé les étudiants faire ce qu’ils voulaient pendant 20 minutes alors qu’on faisait cours. Ensuite, on a évalué les associations entre le multitasking multimédia et les performances
On a donc pu observer que 73 % des étudiants s’engageaient dans des activités de multitasking multimédia au cours des 20 premières min du Td. Et ces activités étaient associées négativement aux performances en termes de mémorisation du cours. Cette diminution des performances
étant plus forte pour les informations où ils ne pouvaient pas revenir en arrière (oral et vidéo) et encore plus forte pour la prise de note sur ordinateur. doi.org/10.1016/j.chb.…
Dans ce contexte, on peut donc convenir que le multitasking est une activité délétère pour la qualité des apprentissages. Il faut effectivement faire de la prévention auprès des étudiants pour leur expliquer qu’ils doivent aménager des tps cours et des tps activité RS.
Concernant les effets du multitasking sur le fonctionnement Cognitif. On a pas d’étude qui établissent clairement une causalité mais des études corrélationnelles. Une méta analyse montre que le multitasking est associé de manière très faible à :
Une diminution de la régulation de l’attention, une plus grande distractibilite attentionnelle, plus de rêverie, plus de problèmes d’impulsivité, plus de problèmes de mémoire, plus de problèmes de régulation du comportement et plus de difficultés de flexibilité cognitive.
Le problème est ici que on parle bien d’association : le média multitasking pourrait amener à tous les problèmes que je viens de citer. Ou alors tous les problèmes que je viens de lister pourraient conduire à avoir plus de fragilité et à faire plus d’activité de multitasking.
L’hypothèse la plus probable ici, c’est que finalement ce serait bidirectionnel. doi.org/10.1080/152132…
Si on devait parler en termes de prévention, il serait justement bien d’essayer de repérer rapidement ceux qui ont des difficultés d’un point de vue régulation de l’attention pour justement les aider à eviter ce multitasking qui à terme peut nuire à leur performances
Pour finir, il me semble aujourd’hui difficile de cracher sur les méthodologies qui emploient les smartphones à l’université. Il y a des systèmes qui permettent de répondre à des quiz sur smartphone pour tester ses connaissances. L’usage des RS pour la pédagogie peut aussi
Est aussi une activité pédagogique prometteuse. On retrouve les bénéfices des méthodes d’apprentissage mixtes avec les médias sociaux dans quelques méta-analyses ou revues systématiques. doi.org/10.1007/s10639…
Donc, pour conclure : tous les étudiants ne sont pas tous des addicts aux réseaux sociaux qui transpirent pcq ils ne consultent pas leur smartphone. (ils ne sont pas tous atteints non plus de nomophobie ) Il y a aussi parfois de mauvaises pratiques comme le multitasking.
Des étudiants cumulent probablement des fragilités qui font qu’ils ont ce comportement. Il faudrait essayer de faire de la prévention pour leur expliquer que globalement c’est un comportement délétère qu’il faut essayer de supprimer.
On peut utiliser le numérique et en particulier les smartphones pour les apprentissages dans le cadre de pédagogie innovante.
PS, voilà comment on pourrait faire une tribune sympa sur ce sujet, plutôt que des anecdotes mise bout-à-bout : bisous
( j'ai vu mes fautes d'orthographe donc pas la peine de me les signaler : j'ai fait ça sur mon portable, pas facile de relire... je ne trolle même pas, c'est vrai :D )
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@MadameMais Aie, ça c'est un sophisme qu'on appelle l'épouvantail : présenter une fausse déclaration de son opposant, la réfuter et prétendre que la déclaration initiale est la position véritable de son opposant. J'ai rien vu passer qui disait " YOLO sur les usages de Tiktok à 8 ans"
@MadameMais Ensuite, parler de l'économie de l'attention, c'est une position interessante mais pas suffisante pour expliquer pour les gens passent autant de temps sur les samrtphones. Ce n'est pas uniquement l'économie de l'attention qui nous poussent sur Internet, c'est plusieurs facteurs
@MadameMais des déterminants socio éco ( familiaux notamment) et des psychologiques aussi (anxiété, dépression..). Il est possible que ces dispositions soient exploitées encore plus par les designs prédateurs. Tu ne peux pas incriminer uniquement le numérique dans la consommation excessive