En train d'assister aux audiences de comparutions immédiates des personnes arrêtées à #Marseille ces derniers jours. Une justice expéditive. 15 mins à peine pour revenir sur des faits, un parcours de vie, le contexte général. Les peines requises puis prononcées sont lourdes.
Gros incident d'audience. La prise de parole virulente de l'avocat de la Métropole (partie civile) entraîne des réactions du public présent dans la salle. La présidente fait immédiatement évacuer tout le public par les forces de l'ordre. L'audience continue donc à huis clos.
Les premières peines tombent : 4 mois de prison ferme pour une jeune femme de 19 ans rentrée dans le magasin Snipes sans avoir rien pris ; 1 an ferme pour des vols au Monoprix ; 10 mois ferme pour un étudiant malien en Master à Aix pour le vol de deux pantalons chez Hugo Boss.
La Procureure fait des réquisitions d'ordre très général. Elle demande à chaque fois de la prison ferme "pour l'exemple". Mais les faits jugés ne sont pas exemplaires mais terriblement communs (un pantalon, une paire de lunettes..). Aucune des personnes poursuivies n'a de casier
Les audiences se poursuivent. 3 hommes (sans casier) poursuivis pour recel. Ils ont ramassé des pantalons Hugo Boss devant le magasin après qu'il ait été pillé. Les vidéos montrent que les 3 ne sont pas entrés dans le magasin. La Procureure demande de la prison ferme.
Les faits ne sont pas clairement établis. Les 3 hommes ont sans doute touché les objets, mais rien n'indique qu'ils les aient pris. Les éléments d'enquête sont en réalité très minces. On juge à la chaîne en fonction du climat davantage qu'en fonction des éléments matériels.
Les 3 hommes ont été reconnus coupables et condamnés à une peine d'un an avec sursis. Un lycéen (majeur) a été reconnu coupable et condamné à un an de prison dont 10 mois avec sursis. Il passera l'été en prison.
Un homme de 58 ans est jugé pour recel pour avoir ramassé des objets au sol des heures après les pillages. Les avocats des parties civiles (Métropole ou enseignes de luxe comme Hugo Boss) tiennent des propos très durs. Ils invoquent un préjudice moral qui me semble assez suspect
L'homme de 58 ans a été déclaré coupable de recel et condamné à une peine d'un an de prison ferme. Pour avoir ramassé des objets au sol 3h après les pillages. Du jamais vu
3 hommes (21, 34 et 39 ans) jugés pour avoir pénétré dans le magasin Monoprix. Pour 2 les faits ont été requalifiés en tentative de vol (ils n'avaient pas de nourriture en leur possession). Ils ont été condamnés à 10 mois ferme. Le 3e homme à 1 an ferme. La Présidente a ordonné… twitter.com/i/web/status/1…
le maintien en détention. Sans témoignages ni exploitation des vidéos, seul le PV d'interpellation fait foi. Les 3 hommes ne se connaissent pas. Ils ont été jugés ensemble uniquement pour avoir été interpellés en même temps. Peine assortie de 3 ans d'interdiction du territoire.
Un homme (29 ans) accusé du vol de 2 t-shirts (marque Rive Neuve). Il conteste être entré dans le magasin et demande l'exploitation des vidéos. Seul le PV d'interpellation des policiers fait foi (pas de témoignages, vidéos ou confrontations). "Pourquoi avez vous fui la police ?"
Demande la Présidente? Après son interpellation le Préfet a émis une OQTF alors qu'une demande de régularisation est en cours. Il a été relaxé en l'absence flagrante d'éléments. La Présidente lui précise que ça ne signifie pas qu'il n'a pas commis les faits, mais pas de preuves.
2 hommes (25 et 28 ans) interpellés ensemble alors qu'ils étaient en scooter. Le conducteur dit avoir été gazé par la police et perdu le contrôle du scooter. On a retrouvé sur eux du fromage en provenance de Monoprix, une paire de lunettes et un peu de résine de cannabis.
Le conducteur a été reconnu coupable de refus d'obtempérer (qu'il conteste) et de recel d'objets volés (fromage et lunettes). Il est condamné à un an ferme pour le refus, 6 mois ferme pour le recel et 3 d'interdiction du territoire. Le 2e homme est condamné à 8 mois avec sursis.
Un homme (31 ans) poursuivi pour avoir jeté une pierre en direction d'une zone où il y avait des policiers. Il est reconnu une heure après par un policier et a reconnu tout de suite être l'auteur du jet. Il est placé en GAV puis incarcéré. Il souffre de graves problèmes de santé
L'homme vient d'être condamné à 18 mois de prison ferme. C'est jusque-là la peine la plus lourde prononcée.
3 hommes (53, 37 et 34 ans) qui ne se connaissent pas interpellés au même moment par des agents de la BAC. 2 dans le magasin Auchan, le 3e devant le magasin. 2 disent avoir été frappés par les policiers. L'un a la mâchoire et 2 doigts cassés. L'autre blessé à la jambe, boitille
Un policier de la BAC dit avoir reçu un coup de casque au visage (5 jours ITT) mais son certificat médical n'indique aucune blessure au visage. C'est parole contre parole. Le policier dit avoir perdu une chaîne en or d'une valeur de 500€. Son avocate demande son remboursement.
Les 3 hommes sont poursuivis pour tentative de vol. 2 sont aussi poursuivis pour rébellion (pour avoir résisté selon les policiers à l'interpellation). L'un des hommes dit être rentré pour prendre des fruits, car il n'en mange plus depuis 2 ans à cause de l'inflation
Aucun des 3 n'a de casier. Les avocats ont soulevé des exceptions de nullité pour des manquements sérieux lors de la GAV (absence de notification de droits, pas d'intervention du magistrat, etc.). Exceptions non retenues. Là aussi, pas de témoignages, vidéos ou confrontations.
L'homme rentré pour les fruits est condamné à 6 mois avec sursis (simple). Celui qui a les doigts et la mâchoire cassée (et qui exerce comme chauffeur poids lourds) à 1 an, dont 10 mois avec sursis. Le dernier à 18 mois ferme, 1 000 € à verser au policier de la BAC au titre du
Préjudice moral, 500 € en dédommagement de la chaîne en or perdue et 800 € au titre de l'article 475-1 du CPP. Dans ce dossier, c'était la parole des policiers de la BAC Nord contre celle des accusés.
La Procureure a rendu hommage aux forces de l'ordre et déclaré : "Dans une société hiérarchisée, on ne parle pas aux policiers comme à des égaux, on obtempère".
Dernier cas de la journée (pour ce qui est de la salle 4) : Clément, 18 ans, SDF depuis 2 ans. Il souffre de multiples troubles psychiatriques (dont schizophrénie). Interpellé dans le magasin Louis Vuiton et poursuivi pour tentative de vol. Dit avoir voulu voler pour se nourrir
Il bénéficie d'un suivi médical. La Procureure a requis 1 an ferme. Ajoutant :"Il aura en détention le temps de réfléchir et de se prendre en main médicalement". Il a été reconnu coupable et écope d'une peine de 4 mois (aménagée). Il avait l'air totalement perdu.
Reprise des audiences demain à 14h. Merci d'avoir suivi ce fil. À demain !
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Reprise ce mardi des audiences de comparutions immédiates à #Marseille. Ont été jugés hier les faits commis dans la soirée du 29 ou la nuit du 29 au 30 juin. Je précise que toutes les peines de prison ferme prononcées hier (même 4 mois) ont été suivies du maintien en détention.
Première personne à comparaître, un jeune homme retrouvé non loin du magasin Sephora en possession d'un rouleau de pièces de 50 centimes d'un montant de 10 €. Il nie avoir pénétré dans le magasin. Ni les vidéos des caméras urbaines ou du magasin n'ont pu être exploitées.
Sephora affirme que le rouleau ne provient pas de son magasin. La Métropole s'est une nouvelle fois constituée partie civile au titre des dégradations causées dans les rues de la ville, même si rien n'indique que le prévenu ait commis la moindre dégradation/effraction
Beaucoup de personnes de gauche, restées jusque-là à l'abri de cet arbitraire, semblent découvrir la brutalité des dissolutions prononcées en Conseil des ministres. Pas étonnant vu que les politiques autoritaires suivent une ligne de couleur qui va des marges au centre.
THREAD⤵️
Les structures musulmanes furent les premières à être démantelées. Comme souvent, la pratique a devancé le droit : les dissolutions du #CCIF et de #BarakaCity ont été prononcées avant l’adoption de la #LoiSeparatisme, qui est venue élargir après coup les motifs de dissolution.⬇️
La #LoiSeparatisme a été adoptée à l’été 2021 et d’autres dissolutions ont suivi (#CRI, les éditions #NAWA…) dans l’indifférence quasi générale. L’exécutif a profité à plein de l’état de stupeur consécutif à l’assassinat de Samuel Paty.
La gauche en paie aujourd’hui le prix. ⬇️
Répondant à une question dans #OEED, JL Mélenchon a réitère sa volonté, s'il devenait Premier ministre, d'abroger la #LoiSeparatisme. Il a ajouté que "nous ne combattons pas l'islam, nous combattons l'islam politique" ⬇️
Les personnes qui s'engagent en tant que musulmanes sont érigées en ennemies à "combattre". Cette négation de la subjectivation politique musulmane a une longue histoire. La notion d'islam politique est si vague qu'elle permet toutes les interprétations et mesures arbitraires ⬇️
La polarisation autour de la figure de JLM laisse de côté les questions de fond en matière d'islamophobie : la gauche au pouvoir peut bien mettre fin aux mesures répressives les plus spectaculaires (comme les fermetures à tout-va actuelles) mais non à toute mesure islamophobe ⬇️