Read on Twitter
Formulée en 1956 par M. Gimbutas, l’hypothèse qui identifie l’origine des Indo-Européens aux cultures Kourganes est aujourd’hui la mieux soutenue par la linguistique, l’archéologie et la génétique. Panorama de ces cultures auxquels nous devons nos langues 1/32 
"kourgane" est un mot russe d’origine tatare (kurgan) désignant un tumulus. Lorsque le mot prend une majuscule, il désigne un ensemble de cultures du Néolithique et de l’Âge du Bronze qui ont évolué dans la région des steppes de l’Ukraine et de Russie Méridionale. 2/32
Aussi appelée culture des tombes à ocres, elles étaient caractérisées par l’aspersion d’ocre sur leur mort, une culture hiérarchisée, patriarcale, à forte coloration guerrière ou le cheval tenait, religieusement, militairement et économiquement, une place importante. 3/32
La pratique de l’aspersion d’ocre (qui en réalité caractérise mieux ces cultures que la construction de kourganes qui n’est pas constante) remonte aux cultures de Dniepr-Donets établie entre les deux fleuves éponymes et de Samara, sur le cours de la Volga. 4/32
Ces cultures prennent place au début du Ve millénaire au cours du Mésolithique. Chasseurs -cueilleurs p-e originaires d’Europe centrale, ils ne font pas partie de l’ensemble Kourgane caractérisés par une économie néolithisée, mais ils en annoncent déjà plusieurs traits. 5/32
Ainsi, outre l'aspersion d’ocre, leurs sépultures (des tombes collectives dans lesquelles les os étaient empilés) reçoivent parfois un tumulus et le cheval, sauvage, y tient un rôle religieux : on en réalise des figurines et on en dépose tête et membres dans les tombes 6/32
Ces cultures laisseront place au néolithique aux premières cultures Kourganes. D’abord la culture de Khvalynsk qui se substitue aux Samara p-e dès 5000 av. JC et où on doit p-e situer le foyer des Kourganes, puis la culture Sredny Stog qui remplace Dniepr-Donets vers 4500. 7/32
Ces nouvelles cultures sont génétiquement et physiologiquement différentes de leurs prédécesseurs. Les Sredny Stog sont ainsi moins robustes que les Dniepr-Donets et sont apparentés aux fermiers anatoliens et aux chasseurs-cueilleurs caucasiens. 8/32
La culture Khvalynsk installée sur le cours de la Volga pratique la pêche, la chasse, l’agriculture et l’élevage, de bovins, d’ovicaprins, de porcs et, fait inédit dans le monde, de chevaux. 9/32
Ils pratiquent l’inhumation collective. Les morts sont déposés dans une fosse, allongés sur le dos jambes pliées, aspergés d’ocre, dans des sépultures accueillant jusqu’à 7 personnes. Elles sont parfois recouvertes d’une dalle de pierre mais aucun tumulus. 10/32
La culture Sredny Stog est largement similaire. Ici la sépulture est typiquement une fosse sans tumulus où le mort est là encore déposé recroquevillé, aspergé d’ocre et il est accompagné de membre d’animaux (chiens, chevaux) ou de figurines d’animaux (sanglier). 11/32
La culture Sredny Stog est contemporaine d’une autre culture, moins bien documentée, installée également entre le Dniepr et le Donets : Novodanylivka. 12/32
Ici le mort est allongé dans une fosse bordée de dalles de pierre, la tête en direction est ou nord-est et accompagné d’outils en cuivre ou en pierre, tel des haches polies. L’indépendance de cette culture fait débat, il pourrait simplement s’agir de l’élite de Sredny Stog 13/32
La céramique est faite à base d’une pâte qui incorpore des coquilles. Vers 4000, les poteries recevront des décors par impression de cordes, 1ers exemples de la céramique cordée dont la future expansion en Europe centrale indiquerait une violente invasion Indo-Européenne 14/32
Vers 3500, 2 nouvelles cultures apparaissent dans le sud de l’Ukraine : Mykhaïlivka et Kemi-Oba. Fort similaires, elles perpétuent le même mode de vie que Sredny Stog, avec maisons à sol décaissé et économie agro-pastorale complétée par chasse, pêche et collecte. 15/32
Pour la première fois depuis Dniepr-Donets, de petits tumuli recouvrent les tombes. Des foyers y sont associés (à côté, sur ou dans la tombe) ainsi que des zones sacrificielles où ont été retrouvés tessons et restes d’animaux. 16/32
On y découvre aussi de sortes de petits plateaux de céramique identifiés comme des brûle-parfums portatif, premiers exemples d’un ustensile qu’on retrouverait encore dans la culture Sarmate. On pouvait y brûler des substances psychotropes, du chanvre notamment. 17/32
Autre prototype d’un matériel qu’on retrouverait dans les cultures des steppes à l’époque classique, cette fois chez les Cimmériens et les Scythes, des stèles anthropomorphes figurant des guerriers était érigées 18/32
À Kemi-Oba, les tombes se présentent comme des caissons en bois ou en pierre couvertes d’un enduit et peintes à l’intérieur. 19/32
Dans le nord-ouest du Caucase, la culture Maïkop (3500-2500) produit elle aussi des kourganes voire des cairns. Cette culture témoigne d’une richesse exceptionnelle. Les sépultures y recèlent d’or, d’argent et de bronze. 20/32
Mais la grande civilisation des steppes à cette époque, c’est la culture des tombes à fosses ou culture Yamna, souvent regardée comme l’apogée des Kourganes (3600-2200). Il s’agit d’un vaste ensemble hétérogène allant des bouches du Danube à l’Emba. 21/32
C’est vraisemblablement ici que les plupart des langues indo-européennes trouvent leurs origines, exception faites des langues anatoliennes et tokhariennes sans doute déjà séparées des autres familles. 22/32
Les habitats sont rares ; la domestication du cheval a permis l’invention de la roue et le développement de char et chariot, rendant ainsi possible un mode de vie pastoral semi-nomade. Les qques villages retrouvés sont toutefois dotés de remparts en pierre. 23/32
Les habitations semi-enterrées typiques des culture Kourganes côtoient ici des maisons de surface dotées d’un soubassement de pierre haut jusqu’à un mètre. On pratique l’élevage du cheval, du porc, de bovins et d’ovicaprins. 24/32
L’armement et l’outillage lithique abondent et l’usage du cuivre se répand. L’archéologie découvre même les premières exploitations minières locales. 25/32
Les pratiques funéraires Kourganes se maintiennent. Les morts sont tjrs allongés sur le dos, recroquevillés ou plus rarement jambes étendues, aspergés d’ocre, la tête orientée vers l’est ou le nord-est, la fosse recouverte d’un kourgane. 26/32
Les tombes sont parfois entourées d’un cercle de pierre et un foyer de pierre. Les sépultures reçoivent un mobilier funéraire plus ou moins abondant selon l’époque et les régions et les morts sont désormais placés sur un plancher de bois ou une civière végétale. 28/33
Qques 1500 km plus à l’est, dans l’Altaï, la culture Afanassiévo parait indéniablement liée aux Yamnas que ce soit dans ses pratiques funéraire ou sa génétique. Cet ilot isolé de culture Kourgane en pleine Sibérie doit sans doute être liée à la migration tokharienne. 29/33
Vers 2200, la culture Yamna laisse place à la culture des Catacombes, caractérisée par un chambre funéraire souterraine couverte par un tumulus et reliée à la surface par un puits d’accès. 30/33
De ce point, les cultures Kourganes ne sauraient plus être considérée comme le foyer Indo-Européens. Les grandes migrations à l’origine de l’essaimage des langues européenne a déjà eu lieu. 31/33
La culture des catacombes et les différentes cultures Kourganes qui suivront (Céramique à bourrelets multiples, tombes à charpente, Andronvo) relèvent plus spécifiquement de l’histoire des peuples indo-iraniens. 32/33
En conclusion voici tableau récapitulatif des différentes cultures Kourganes abordées 33/33
Source : Iaroslav Lebedynsky, Les Indo-Européens, Editions errance, 2006, pp. 114-143
sur la diffusion et la génétique des peuples indo-européens :
https://twitter.com/Cato_Apollinis/status/1640783896361967657
@Rpigeaud @china59 @JPDemoule @LudovicLorlando correspond très bien à ce que les reconstructions linguistiques attendent et à ce que la génétique renseigne
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
