Thread by @WiamBerhouma

Je vais vous raconter comment les élèves qui portaient des « abayas » ont été ciblées dans mon collège l’année dernière.

Car oui, ça a commencé il y a un moment déjà, bien avant les annonces de Gabriel Attal.

Thread ⤵️ 1/

Ça a commencé autour d’une « journée de l’élégance » durant laquelle les élèves étaient invités à venir habillés « selon leur définition de l’élégance ».

Comme ils et elles veulent donc. 2/

Certains sont venus parés de leurs plus beaux vêtements traditionnels (de vraies beautés 🥰).

Des abayas et des qamis notamment, mais pas que. Différentes tenues traditionnelles d’Afrique, surtout du nord. 3/

Ceux-là se sont vus refuser l’entrée dans le collège.

Certains ont été renvoyés chez eux et n’ont pas pu aller en cours, d’autres ont été sommés de se déshabiller à l’entrée du collège (mais qui fait déshabiller des enfants dans un lieu public ?) 4/

Un mode opératoire s’est ensuite mis en place :

1. La CPE s’est mise à cibler à L’EXTERIEUR du collège toutes les jeunes filles qui portent le voile. Elle attendait qu’elles se dévoilent en entrant au collège pour les identifier et les soumettait ensuite à un interrogatoire. 5/

2. Elle expliquait alors à ces collégiennes que leur robe est « religieuse » et qu’elles devaient la retirer et ne plus la remettre. C’était un ordre. L’interdiction était déjà là. 6/

3. Quand l’élève refusait de se déshabiller ou de retirer sa abaya, elle était envoyée dans le bureau de la cheffe, qui poursuivait l’interrogatoire. 7/

Je ne sais pas si on s’imagine à quel point c’est intimidant et violent pour des élèves de 13/14 ans de se retrouver, seule face à la direction, pour justifier de leurs tenues vestimentaires ?!! 8/

4. Les élèves étaient sommées de dire ce qu’elles portaient sous leurs abayas. Si elles avaient le malheur d’avoir un legging ou un autre vêtement alors —> vêtement « religieux » confirmé, peu importe ce que dit l’élève. 9/

5. Il était alors demandé aux élèves de retirer leur robe. De se déshabiller. Dans une salle annexe, un couloir, ou peu importe où. Si refus de se déshabiller
—> c’était encore une confirmation que l’élève a des « motivations religieuses. » 10/

Inutile encore une fois, de vous expliquer le sentiment d’humiliation, la violence et le traumatisme de se voir demander de se déshabiller de force, littéralement, par un adulte. 11/

Et quand l’élève, musulmane, n’avait rien sous sa robe… bah c’était QUAND MÊME un vêtement « religieux », et elle était renvoyée chez elle, comme ça, malgré les cours, pour se changer. 12/

Ces pratiques discriminatoires, arbitraires, sexistes et racistes sont une honte. Nous ne pouvons pas tolérer que nos élèves soient visés de la sorte. 13/

Dans mon collège, nous ne sommes pas restés sans rien faire. Nous avons rédigé une motion soutenant les collégiennes et demandé à la cheffe de ne pas participer à cette campagne délétère. 14/

Nous, personnels d’éducation, avons notre partition à jouer dans ces situations. Nous avons une part de responsabilité. Nous ne devons pas rester impassibles face à cette énième chasse aux « sorcières » musulmanes. 15/

Comment pouvons-nous espérer créer un lien de confiance avec nos élèves si nous restons silencieux face à la police du vêtement, et plus généralement, aux violences symboliques qui les visent ? 16/

Nous continuons de nous organiser contre ce projet d’interdiction des abayas et contre l’islamophobie à l’école. Une réunion a lieu demain soir. Syndicats de parents, de profs et d’élèves : contactez-moi si vous voulez joindre vos forces. 17/17