Suite aux échanges avec @NezimTJ, un mini-fil sur le projet de loi souveraineté énergétique (PJL SE) en comparaison avec le cahier des charges de la loi de programmation énergie-climat (R.I.P.) ⏬🧶
Rappelons que la LPEC devait initialement être adoptée avant juillet 2023. Son contenu est (était?) fixé par l'article L100-1A du Code de l'énergie.
Ne figurent pas dans le PJL SE :
❌budgets carbone sur 3 x 5 ans
❌Déclinaison ↘️ conso primaire fossile par énergie sur 2 x 5 ans
❌Objectifs de dév. ENR par filière sur 2 x 5 ans
❌Objectifs de réno énergétique sur 2 x 5 ans
❌Programmation des moyens financiers
A l’inverse, le PJL SE opère quelques glissements linguistiques:
▶️Pour l’objectif de baisse de GES et de réduction de la consommation d’énergie (finale et primaire fossile), on ne « réduit » plus, on « tend vers la réduction ».
▶️Pour les EnR on "vise" plutôt que de "porter à".
Question crédibilité, peut-on à la fois relever le niveau d’ambition des objectifs et affaiblir leur portée juridique?
🚨Le cadre de gouvernance climat établi depuis 2015 visait justement à renforcer la redevabilité juridique, là on est sur une tendance inverse inquiétante.
❌Pour les EnR : exit les anciens objectifs à l'article L100-4 du Code de l'énergie définissant la part de la consommation finale brute, de l’électricité, la chaleur, les carburants et le gaz.
✅Remplacés par un seul objectif de chaleur EnR 2030 (passé de 38% à 45% pour 2030).
Pas clair à ce stade si certains éléments (budgets carbone, objectifs énergies renouvelables par filières par ex) seront précisés ultérieurement via décrets SNBC et PPE (sachant que la LPEC devait en principe justement les remplacer).
En termes de "neutralité technologique", il peut sembler surprenant de définir des objectifs de développement du nucléaire à 0,1 GW près et de ne pas en inclure pour les EnR ?
Si décret PPE il y aura, pourquoi traiter le nucléaire dès maintenant et les EnR plus tard ?
✅Tout en insistant sur la primauté du nucléaire comme socle de la souveraineté énergétique 🇫🇷 en métropole (rappel: 18% de la conso finale d'énergie), le PJL SE consacre juridiquement un objectif d'un mix électrique 100% ENR en 2030 ... dans les zones non interconnectées.
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L'Allemagne vient de fermer ses trois derniers réacteurs nucléaires.
Voici quelques éléments factuels et chiffrés sur l'évolution du mix électrique 🇩🇪, sans aucune ambition de clore ce riche débat. ⏬🧶 @GoldbergNic@Gemenne@Phucvinh_@m_gagnebin
Les objectifs du tournant énergétique 🇩🇪 ont globalement été atteints jusque-là :
▶️baisse GES de -40 % entre 1990 et 2020
▶️18 % part EnR dans conso. finale (19,1% atteint)
▶️ <35 % part ENR dans le mix électrique (45%)
▶️sortie du nucléaire fin 2022 (avril 2023)
Contrairement à une information souvent reprise, la production d'électricité à base de charbon n'a pas augmenté en 🇩🇪:
▶️la production à base de charbon (lignite & houille) a baissé de 111 TWh entre 2000 et 2022
▶️la production "fossile" a baissé de 82 TWh sur la période
▶️6 mois de travaux sur les raisons de la perte d'indépendance énergétique (IE) 🇫🇷
▶️Conclusion : le taux d'IE est ... relativement élevé et en hausse (p.70).
Quelques réflexions en vrac sur ce rapport qui semble raviver les clivages idéologiques plus qu'à les dépasser ⏬🧶
Dans l'avant-propos, le président de commission rattache la perte de souveraineté aux imports d'élec en hiver : mais c'est pas nouveau (tous les hivers la 🇫🇷 importe, notamment depuis 🇩🇪) pour passer la pointe hivernale et c'est pas critique en soi ?
Sans surprise, il signale que le nucléaire reste la clé de voûte de la souveraineté, gâché par "l'idéologie et le dogme anti-nucléaire", même s'il ne représente que 17% de notre consommation finale d'énergie, assurée ... à 65% par des énergies fossiles.
💡Dans le débat français, on a souvent tendance à opposer schématiquement les modèles de transition électrique en 🇬🇧 et 🇩🇪 en insistant sur le nucléaire.
Mais en dépit de différences notables, les deux pays affichent des ressemblances étonnantes 🧶 ⏬
Tout d'abord en comparant l'évolution globale des mix électriques entre 1990 et 2000 :
▶️baisse charbon
▶️baisse ou stabilité du nucléaire
▶️hausse production gaz
▶️forte hausse des EnR
Ensuite, et c'est beaucoup plus étonnant, en comparant la composition très similaire des mix électriques en 2020 :
▶️43% EnR
▶️40% fossiles (avec beaucoup plus de charbon en 🇩🇪)
▶️11 - 16% de nucléaire
➡️L'éolien c'est moche et ça coute cher
➡️Le solaire ne fonctionne pas la nuit
➡️Avec leurs politiques désastreuses, les XXX ont massacré le nucléaire français
Soit. Et du coup on fait quoi pour améliorer l'état de notre système électrique ? AVANT 2035 dans l'idéal ?
Selon vos affinités personnelles, remplacez "XXX" par :
- les écolos / escrologistes / khmers verts
- la gauche
- les Amish
- les macronistes
- les Allemands (dans le doute)
- les infiltrés anti-nucléaires de l'Ademe / RTE
- la classe politique
Peut-on se mettre d'accord sur un cadrage de base ?
➡️la crise énergétique (prix de marché gaz/élec très élevés) va durer encore quelques années
➡️les tensions du nucléaire 🇫🇷 également (grand carénage et effet falaise)
➡️les besoins en⚡️vont augmenter
Sur les chiffres clés de l'énergie, quelques bases :
❌ Non le nucléaire n'est pas la source d'énergie principale de la France : il représente 16-18% de la consommation finale d'énergie
✅ les fossiles représentent 65% de la consommation finale
➡️ les EnR : 19 % en 2020
Rappel : le nucléaire représente 70-75 % de la consommation d'électricité de la France, qui représente elle-même environ 24% de la consommation finale d'énergie.
0,75 x 0,24 = 18 %
Rappel 2 : selon les scénarios prospectifs de RTE, il faut massivement développer les EnR dans les prochaines années, quelques soient les choix sur le nouveaux nucléaire.
▶️faciliter le remplissage des stocks de gaz dans un contexte de baisse des flux depuis la Russie (-40% depuis le 14 juin) et anticiper un arrêt complet des imports depuis la Russie.
▶️Assurer la sécurité d'approvisionnement en électricité et en gaz cet hiver
La décision vise à maintenir en service des centrales à charbon qui auraient dû fermer en 2022 (2,1 GW) et 2023 (0,5 GW), ainsi que les centrales figurant déjà dans la réserve de stabilité du réseau (4,3 GW charbon et 1,6 GW fioul) et certaines centrales à lignite (1,9 GW).