#CeJourLà Il y a un siècle, le 18 janv. 1924, Pie XI publiait l'encyclique "Maximam Gravissimamque", autorisant les asso. diocésaines, 18 ans après la condamnation par Pie X des cultuelles. Retour sur cet événement majeur de l'#histoire du #catholicisme fr. contemporain ⬇️ 1/17
2. Un retour avec quelque coupures de presse (Le Figaro et La Croix), grâce à @GallicaBnF. Sur le sujet, un volume incontournable: Emile Poulat, Les diocésaines.
3. Quelques éléments de contexte. Juillet 1904, rupture des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège. Décembre 1905: Séparation de l'Eglise et de l'Etat, fin du Concordat sauf en Alsace-Moselle (et en Guyane, pour d'autres raisons).
4. Prévues par la loi de Séparation, les associations cultuelles sont rejetées par Rome (Pie X) et les évêques fr. suivent (pour l'essentiel!) L'archevêque de Paris est chargé de transmettre les volontés romaines en mai 1906, après la béatification des carmélites de Compiègne.
5. On passera sur les détails des votes épiscopaux (secret imposé mais il y a des fuites organisées) et le pieux mensonge pontifical mentionnant l'unanimité épiscopale. Rome condamne: le gouvernement a agi de son côté, pas de garanties suffisantes contre des asso. schismatiques.
6. La lettre des "cardinaux verts" (dont Brunetière, Denys Cochin et Georges Goyau) incitant à un "essai loyal" des associations cultuelles est très mal accueillie à Rome... De son côté, Albert de Mun, qui avait été proche de Goyau, fait tt ce qu'il peut pour que le front tienne!
7. L'attitude de Rome entraîne l'appauvrissement de l'Eglise de France ms dans le même temps soude les catholiques autour du pape et des évêques. Deux éléments vont progressivement changer la donne: le libéralisme du C. d'Etat, souvent en faveur de l'Eglise romaine, et la Guerre.
8. La Guerre passe, et l'union sacrée avec elle, et en mai 1921, c'est la réconciliation franco-vaticane: le nonce Cerretti à Paris, Charles Jonnart à Rome. Jean Doulcet qui a mené les négociations avec le cardinal Gasparri, succède à Jonnart peu de temps après.
9. Gasparri a été professeur à l'Institut catholique de Paris, il connaît donc très bien le personnel politique français. Comme en 1880-1890, le phénomène de génération est assez saisissant dans cette affaire: on a les mêmes personnalités (ou presque) entre 1905 et 1924.
10. Un peu plus de 2 ans de négociations, qui aboutissent à un accord entre Rome et la France, officialisé par l'encyclique Maximam Gravissimamque. Un accord "pro bono pacis", cô le souligne bien le chroniqueur religieux du Figaro Martin-Chauffier, un chartiste (Le Fig., 22.01)
11. L'Ouest-Eclair (24 janvier 1924) le souligne par ailleurs: le cardinal Dubois, archevêque de Paris, "a pris une part active au règlement du nouveau statut de l'Eglise de France et (...) son avis a pesé d'un grand poids sur la décision du Saint-Siège"
12. Le phénomène de génération est bien là: certains évêques français nommés par Pie X font savoir qu'il serait inconvenant de brader l'héritage du pontife. Ce qui explique notamment que Pie XI, qui sait qu'il traite d'un sujet délicat, prenne des gants dans l'encyclique.
13. La situation a évolué, le gouvernement a donné des garanties (les décisions du conseil d'Etat sont passées par là) mais tout ce que Pie X a réprouvé, Pie XI le condamne également (soupirs de soulagement)
14. Mais le souvenir de 1906 est aussi bien présent chez une personnalité comme Georges Goyau, qui avait poussé à "l'essai loyal" des cultuelles. Reçu à l'Académie française en 1923 où il succède à Denys Cochin, son discours l'évoque, tout en délicatesse.
15. Et il faut assurément lire les très belles doubles colonnes qu'il publie dans le Figaro le 23 janvier, évoquant plusieurs fois "l'essai loyal" des associations diocésaines. Rien n'a été oublié du formidable désaveu romain, mais tout est pardonné, "pro bono pacis".
16. Mais il faut également lire attentivement les commentaires de "Franc" (le père Bertoye) dans La Croix du 23 janvier: "Ici, à la La Croix, oubliant le passé et ses contradictions, nous nous inclinons filialement et sans arrière-pensée aucune devant la décision du Saint-Siège"
17. La décision romaine ouvre une nouvelle page pour le catholicisme français et est un moment important dans l'histoire des relations entre l'Eglise et l'Etat en France après la Séparation, même si l'année 1924 a pu être également compliquée! (Cartel des gauches)
Fin de ce fil, et... bonne journée à tous!
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Il y a 75 ans, le @dioceseparis accueillait son nouvel archevêque. Maurice Feltin (à qui P. Wintzer vient de succéder à Sens), cardinal en 1953, prend possession de son diocèse. Le 7 oct. 49, par l'entremise de Mgr Beaussart, doyen du chapitre de Notre-Dame (La Croix 8-10-49) 1/5
Le samedi 8 oct. 1949, c'est la cérémonie solennelle à @notredameparis, en présence d'une foule immense. Le pgm épiscopal de Feltin est d'abord l'évangélisation du diocèse, 5 millions d'êtres humains dont on estime que la moitié est non croyante/pratiquante (La Croix, 9-10-49)
Pierre L'Ermite (Edmond Loutil, curé de Ste Odile): "multiplicité des aspects de l'apostolat. A Paris, il y a *tout*: les pouvoirs publics... *la Sorbonne*... la finance... l'armée... la bourgeoisie... l'immense monde ouvrier [...]" (La Croix, 8-10-49)
#CeJourLa Il y a 75 ans, le 10 septembre 1949, deuil à @LaCroix: le père Merklen, rédacteur en chef depuis 1927, n'est plus (1re page du journal, 12-09-1949). Il a 74 ans, ordonné prêtre chez les Assomptionnistes en 1899. Sans lui, La Croix existerait-elle encore? Voire... 1/15
La personnalité du P. Merklen est intéressante à plus d'un titre. Il reste encore méconnu, disait Michel Kubler dans une conférence (en ligne sur le site des AA). Sa figure résume un pan de l'histoire du catholicisme et de la presse catho fr. au XXe s.
D'une famille d'origine alsacienne, il est ordonné prêtre à Rome chez les AA en 1899. L'année suivante, il part pour Louvain, centre de formation. Quelques années + tard, la "crise moderniste" entraîne de lourds changements impulsés par le P. Bailly (ex-La Croix)...
#Vatican Un peu de vaticaneries, avec quelques jours de retard. Il y a 80 ans, au coeur de l'été 1944, alors que la France était en cours de libération, un événement secoue le Vatican: Luigi Maglione, ancien nonce à Paris et secrétaire d'Etat de Pie XII depuis 1939, meurt... 1/11
2. Le Figaro informe ses lecteurs le 23 août 1944 en première page du journal. L'ancien nonce à Paris n'est plus. Et le journal souligne un point important: "[Sa mort] pose un problème qui sera particulièrement difficile à résoudre: celui de sa succession"
3. "il est probable que le Pape Pie XII attendra quelque temps avant de fixer son choix. En attendant, l'intérim de la Secrétairerie d'Etat..." (Le Figaro, 23 août 1944). L'"intérim" est appelé à durer longtemps, très longtemps...
L'été est période de repos mais peut aussi se révéler + agité que prévu ds certaines contrées... 110 ans d'août 1914 cette année, ms dans l'histoire des relations franco-vaticanes, un événement marquant 10 ans auparavant: la rupture des relations diplo France-Saint-Siège 🧵1/14
Moins inattendu que l'été 1903 qui avait vu le décès de Léon XIII et l'élection de Pie X, l'été 1904 assiste à la rupture des relations, tendues depuis plusieurs années, entre la France et le Saint-Siège. Le 30 juillet, la rupture est consommée, et le nonce doit quitter Paris.
La situation qui naît de cette rupture a un aspect surprenant: le Concordat reste en vigueur jusqu'au vote de la loi de Séparation, qui ouvre de nouvelles perspectives pour Rome et l'Eglise de France.
Hasard de pérégrinations en terres d'archives de presse, découverte d'une petite pépite: un feuilleton sur Pie XII et le #Vatican, publié par L'Est Républicain entre février et juin 1954. La période ne doit rien au hasard... 🧵 1/13
Aucune certitude sur les raisons qui mènent L'Est républicain (environ 200.000 ex. en 1954) à publier ce feuilleton, si ce n'est sans doute le retour des inquiétudes quant à l'état de santé de Pie XII, qui avait déjà été malade (Est Républicain, 24 février 1954)...
Quand Rome avait demandé la fin de l'expérience des prêtres-ouvriers pour cette année 1954, il y avait eu communication ultérieure pour expliquer que non, Pie XII malade, son entourage n'en avait pas profité pour agir à sa guise et casser cette expérience pastorale...
#Histoire Un fil sur une tradition franco-vaticane. Le 31 mai, fête de sainte Pétronille, une messe chantée sera célébrée pour la France dans la basilique S. Pierre de Rome, en présence de Mme l'ambassadrice @FranceauVatican. Or, il y a 75 ans... 1/14 va.ambafrance.org/Messe-pour-la-…
... ce qui semble aujourd'hui comme allant de soi à Rome ne l'est pas vraiment. La messe du 13 décembre, elle, "pour le bonheur et la prospérité de la France", a subi quelques rares interruptions. Mais si la messe du 31 mai est la plus ancienne, son histoire est plus délicate...
... interruption durant la période révolutionnaire puis reprise sous l'ambassade Chateaubriand ; interruption après la rupture des relations diplomatiques France-Saint Siège, et les deux guerres ne simplifient rien.