Le harcèlement de Chloë Gervais n'est pas une "histoire d'influenceurs", c'est le symbole du sexisme et de la violence que subissent les femmes sur internet, et c'est à prendre au sérieux.
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Il y a quelques jours, la créatrice de contenu Chloë Gervais a dénoncé les commentaires sexistes qu’elle recevait sous ses vidéos (qui appelaient notamment à “abréger” ses propos, en taguant le compte @abregefrere).
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Comme elle l’a fait remarquer, mettre ce type de commentaire en masse, essentiellement sous les vidéos des femmes (qui peinent déjà à se faire une place sur ces plateformes) participe à la silenciation de celles-ci.
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Elle n’est pas la seule à avoir fait remarquer le détournement sexiste des contenus de Abrège Frère, mais elle a une particularité : elle serait la copine du premier youtubeur de France, Squeezie.
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À partir de là a démarré une campagne de dénigrement d’une violence inouïe sur l’ensemble des réseaux sociaux.
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L’objet de l’indignation : mais comment Squeezie peut-il être avec une femme qui assume éhontément ses opinions et dénonce le harcèlement dont elle fait l’objet ? (Sachant que leur couple n’est pas officiel)
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De mémoire de journaliste, j’ai rarement pu observer un tel déchaînement de violences numériques sur une femme. Depuis plusieurs jours, elle subit un flot discontinu d’insultes, sa vie est traquée, certains ressortent de vieilles vidéos d’elle en boîte de nuit.
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Malgré cet acharnement, Chloë Gervais republie une vidéo, où elle explique en détails en quoi la méthode d’Abrège frère peut être perçue comme sexiste. lle ne l’insulte pas, ne l’agresse pas,
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elle souligne que parfois il “n’abrège” pas grand chose, notamment en ce qui concerne des contenus de femmes. Elle affirme que cela “normalise le fait de dire à des meufs qui font leur tuto make up ou story time de fermer leur bouche”.
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Elle souligne également que ce nouvel influenceur a tout intérêt à se débarrasser de cette communauté “fan base” misogyne.
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Elle conclut en s’adressant à Abrège frère “je pense que la notoriété que ça peut te rapporter n’en vaut pas la peine par rapport aux dégâts sur ton image”.
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Sur les réseaux, c'est la vidéo de trop, le déferlement de haine, d’insultes et de dénigrement redouble d’intensité.
En dénonçant le sexisme qu’elle subit, et en caractérisant de misogyne un procédé qui silencie les femmes, elle va trop loin aux yeux des internautes.
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Alors que la polémique n’en finit pas, Squeezie finit par prendre publiquement la défense de Chloë Gervais, avouant à demi-mot et contre son gré qu’ils sont en couple.
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Ne nous y trompons pas, cette affaire n’est pas « une histoire d’influenceurs », elle n’est pas futile ou indigne d’attention. Elle est le révélateur d’un sexisme latent et profond dans notre société, dont on peut tirer plusieurs leçons.
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1) Une femme n’est jamais attaquée uniquement sur ses propos. C’est son physique, sa manière d’être, son intégrité que l’on remet en question. Au fond ce qui est reproché à Chloë Gervais au travers de la multitude de critiques, c’est son existence tout simplement.
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2) Essayer d’exprimer une opinion argumentée ne sert à rien lorsque l’on est dans le tourbillon du harcèlement sexiste. Chloë Gervais a eu beau tenir bon face aux critiques, s’expliquer en détails, elle n’a obtenu que plus de sexisme et de violence en retour.
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3) La seule parole susceptible de la protéger un tant soit peu est celle… d’un homme. Il a fallu que Squeezie intervienne pour légitimer sa parole, car sa seule défense ne suffisait pas.
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Pourquoi cette affaire est importante ? Car le harcèlement en ligne ne reste pas “en ligne”. Si vous vous faites insulter dans la rue, cela peut avoir des répercussions physiques, comme de l’anxiété. Si on vous insulte par écrit, c’est la même chose.
(18/25)
Si quelqu’un vous dit dans la “vraie vie” de vous taire, c’est violent. Si des milliers de personnes vous disent de vous taire, c’est encore plus violent.
(19/25)
Les paroles en ligne ont un impact réel, les personnes qui les reçoivent sont réelles, les émotions que cela provoque sont réelles.
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Le harcèlement en ligne a déjà poussé des personnes au suicide. En ça, l’acharnement que subit Chloë Gervais est inacceptable et dangereux.
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Et en ce qui concerne son analyse qui fait tant débat, il ne s’agit pas ici de prêter des intentions à Abrège frère, mais de dresser un constat : oui, ce procédé a pour conséquences que des milliers de créatrices de contenus soient sommées de se taire,
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voire qu’elles soient menacées de mort et insultées (elles ont été nombreuses à le dénoncer) et cela n’existe pas dans cette ampleur pour les créateurs.
(c'est bien expliqué dans cet article)
(23/25) bfmtv.com/tech/actualite…
C'est-à-dire que les femmes ne sont pas traitées de la même manière que les hommes. Et ça, c’est le ciment du SEXISME et de la misogynie.
(24/25)
C’est ce que Chloë Gervais entendait dénoncer. En réponse, elle aura subi un raz de marée sexiste, démontrant, au fond, à quel point cette statistique de l’ONU est réelle : une femme a 27 fois plus de probabilité d’être harcelée en ligne qu’un homme.
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Je le reprécise si ce n’est pas clair : il n’est pas question de dire ici que Abrège Frère est sexiste mais que ses contenus ont pour répercussion un harcèlement violent et misogyne de femmes.
Cela n’est probablement absolument pas son intention, et on ne lui prête pas ici des intentions. Des créatrices sont nombreuses à dénoncer un harcèlement, il est juste indispensable de les entendre et d’essayer de trouver des solutions collectives pour que cela n’arrive plus.
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Pourquoi dire "quand on veut on peut" n'est pas pertinent au regard de la puissance de la reproduction sociale permise par l'école française, chiffres et données à l'appui.
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Les écoles privées sont de plus en plus fréquentées par les riches, et les publiques pas les plus pauvres.
En 1989, la proportion d’élèves de milieu social très favorisé était supérieure de 11 points dans le privé, aujourd’hui, elle est de 20 points. lemonde.fr/societe/articl…
La proportion des élèves de sixième en retard dans le privé est trois fois moins importante (2,8 %) que celle observée en REP+ (8,8 %)
Dans son rapport consacré à l’école privée en juin 2023, la Cour des comptes pointe « un net recul de la mixité sociale et scolaire ».
L'énorme scandale en ce qui concerne l'eau contaminée, c'est que le gouvernement savait et a été complice de pratiques illégales (qui mettent en jeu la santé publique !) comme le décrit cette enquête.
Extrait choisi, Thread (1/9)
"Nestlé, qui détient à lui seul plus d’un tiers du marché des eaux en bouteille en France, sollicite alors un rendez-vous auprès du cabinet de la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher. Une rencontre est organisée à Bercy, en toute confidentialité, fin août 2021.
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Dans une sorte d’étrange et totalement informelle procédure de plaider-coupable, Nestlé reconnaît avoir recours à des traitements non conformes.
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« Cette droitisation du débat s’accentue lorsque des termes, très connotés idéologiquement, essaiment et colonisent les conversations. En ouverture du premier conseil des ministres du gouvernement Attal, le président de la République demandait aux nouveaux ministres
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d’éviter « le grand effacement », usant d’une rhétorique chère à ceux qui théorisent la disparition de la culture européenne. Appelée à faire florès, elle intègre un glossaire déjà bien fourni : « décivilisation », « francocide », « grand remplacement », etc.
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Dès 2020, Gérald Darmanin reprenait à son compte le mot « ensauvagement », remis au goût du jour par Laurent Obertone dans son essai La France Orange mécanique (Ring, 2013), et d’abord repris par Marine Le Pen.
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Plus une femme a eu de partenaires sexuels dans sa vie, moins elle a de valeur.
C’est la thèse de l’influenceuse Thaïs d’Escufon, que je viens de découvrir au détour de recherches pour un sujet sur le masculinisme.
Thread sur le « Bodycount ».
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Cette influenceuse d’extrême droite est par certains aspects encore plus sexiste que les influenceurs masculinistes qui appellent à la haine des femmes et inondent les réseaux sociaux de théories ultra machistes depuis quelques années.
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Dans cette vidéo sur le « bodycount » (le fait d’enquêter sur le nombre de partenaires sexuels qu'une personne a eus), l’influenceuse explique que la valeur d’une femme réside dans le nombre d’hommes avec lesquels elle a couchés.
(3/20)
Avec un large sourire, le président déroule, calmement : « moi je suis un grand admirateur de G. Depardieu. C’est un immense acteur, un génie de son art. (…) Je le dis en tant que président de la république mais aussi en tant que citoyen : il rend fier la France. »
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Rappelons que 14 femmes accusent aujourd’hui Gérard Depardieu de violences sexuelles (les témoignages continuent à affluer), et que l’acteur est actuellement mis en examen pour viols et agressions sexuelles.
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"Ça va c'est Gérard"
C'est ce qu'on a répondu aux victimes quand elles ont cherché de l'aide. C'est ce que disent tous les défenseurs de Depardieu dans @Cdenquete. C'est ce que répètent ses amis sur le plateau de TPMP.
Et c'est un classique de la culture du viol.
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(1/10)
Dans un premier temps, Gérard Depardieu et son entourage ont nié en bloc et accusé les victimes de mentir. Puis, les témoignages se sont multipliés. Puis, des preuves vidéos accablantes de harcèlement sexuel ont été publiées.
(2/10)
L'argumentaire restant pour le défendre devient donc celui-ci : Gérard est comme ça, il "n'aime pas les règles", il a un "gros caractère", c'est un "blagueur", il faut "le prendre comme un mec entier", ou encore "c'était une autre époque", comme ici
(2/10)