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Mar 11 198 tweets 42 min read Read on X
Dans l'ombre du réchauffement climatique, un autre péril nous menace : le moustique tigre.

Voici donc un thread pour se familiariser avec lui, et apprendre à mieux combattre cet ennemi sournois.

C'est parti !

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Quant à la France, notre territoire est lui-même divisé en deux, puisque les DOM-TOM du continent américain sont gouvernés par aegypti, pendant que la métropole subit le règne du moustique tigre.
Zoé : << Y a comme un goût de Game of Thrones, dans ton récit... Seulement, il me vient une question, tout à coup. Je crois savoir que le moustique tigre est originaire des forêts tropicales d'Asie du sud-est. Comment a-t-il pu débarquer chez nous, et y prospérer ensuite ? >>
Il a profité des échanges internationaux, plus précisément du commerce de pneus usagés, par lequel il est arrivé d'Italie en 2004. Ce moustique adore les pneus parce qu'ils retiennent l'eau de pluie - ce qui en fait des endroits parfaits pour y pondre les œufs.

Eric Molodtzoff Image
On l'a donc repéré pour la première fois en 2004 à Menton, et depuis cette époque, son aire de répartition n'a cessé de grandir, au point qu'il est aujourd'hui présent dans plus de 70 départements. Image
Qu'est-ce qui a permis son implantation et sa diffusion dans presque tout l'hexagone ? Tout d'abord, les moyens de transport terrestres et aériens. Qu'il s'agisse d'une voiture, d'un train ou d'un avion, n'oubliez pas qu'un moustique femelle vous y suivra s'il a besoin de sang.
Il vous piquera donc à l’intérieur du véhicule pour n’en ressortir qu'au terme du trajet, potentiellement à des centaines de kilomètres du point de départ. 
Une fois là-bas, il cherchera un endroit pour pondre, et c’est ainsi que commence l’infestation d’une nouvelle zone.
Je parle d’infestation, car malheureusement, dès que le moustique tigre a posé sa patte quelque part, il devient très difficile, voire impossible à déloger, et cela pour plusieurs raisons : la première, c’est que nous avons affaire à un moustique polyvalent, bien adapté au climat
des zones tempérées - ce qui n’est pas le cas de tous les moustiques tropicaux.

La deuxième raison est à chercher du côté de ses œufs, dont la résistance à la sécheresse est tout simplement incroyable. Imaginez : même placés dans un milieu sec et froid, ils peuvent survivre
pour éclore la saison suivante, après leur remise en eaux !

Certes, il faut compter un jour ou deux avant la reprise du cycle normal de leur développement, mais après une période supplémentaire de 10 à 15 jours, on obtient des moustiques adultes en parfaite santé,
et des femelles prêtes à nous importuner durant leurs semaines ou mois d'existence.

Leur durée de vie peut sembler éphémère, mais si l'on retient qu'une femelle peut pondre jusqu'à 200 œufs tous les 5 jours, on comprend pourquoi ce moustique est capable proliférer à toute allure
là où il débarque.

Zoé : << Puisqu'on a affaire à une sorte de super-moustique, savons-nous s'il aurait pu s'implanter sur notre territoire sans l'aide du réchauffement climatique ? >>

Comme je l'ai mentionné précédemment, ce moustique a une bonne résistance au froid,
supérieure à celle de son homologue l'Aedes aegypti.

Il serait peut-être séduisant d'incriminer uniquement le réchauffement climatique, mais ça me semble réducteur. Disons plutôt qu'au lieu d'avoir permis son implantation en France métropolitaine, le réchauffement climatique
a pu accélérer son expansion, car la hausse des températures influence directement ce moustique...

Par ex, la chaleur peut ↘️ de plusieurs jours la durée de son cycle de développement ; cela signifie qu'il faut moins de temps au moustique pour passer de l'œuf au stade adulte.
Zoé : << Et donc, on a encore moins de répit entre deux générations... >>
Exact, et malheureusement ce n'est pas tout, car la chaleur a un autre effet bien plus néfaste pour l'Homme : celui de raccourcir le délai entre l'infection du moustique par un virus, et le moment où Image
il devient à son tour capable de le transmettre...

Zoé : << Si je comprends bien, un autre effet pervers du réchauffement climatique est d'augmenter la durée d'infectiosité du moustique tigre ? >>
La réponse est oui, car le moustique, une fois contagieux, ne cessera jamais de l'être avant sa mort.
S'il le devient plus rapidement, il va donc le rester plus longtemps. On n'avait pas besoin de ça pour accentuer la menace que représente Aedes albopictus !
Je ne sais pas si vous réalisez, mais nous sommes en présence d'un moustique qui, tout comme son homologue Aedes aegypti, a la capacité de transmettre à l'Homme une vingtaine de maladies. Rendez-vous compte : une vingtaine.
Il n'y a point d'équivalent chez les autres moustiques.
Parmi ces pathologies, les plus connues vous diront sûrement quelque chose, au moins de nom ; je pense notamment à des maladies comme la fièvre jaune, la dengue, la maladie à virus Zika et le chikungunya.
Je compte bien vous présenter chacune de ces maladies, mais cela viendra dans un fil annexe, qui paraîtra dans 2-3 jours.
Nous avons convenu que c'était mieux ainsi, car il y a tant à raconter sur ces maladies, que le thread du jour en serait interminable.
La seule chose à retenir pour aujourd'hui, et je vous la révèle volontiers, c'est qu'il n'existe aucun traitement et peu de vaccins pour ces maladies parfois fatales, ou qui peuvent entraîner des séquelles invalidantes.
Résultat, une bonne partie de la prévention passe par des mesures non-pharmaceutiques pour se protéger de ces maladies, mais aussi pour ne pas contribuer à leur diffusion. Je tiens à insister sur ce dernier point, car il semble que le virus Zika et celui de la dengue
affectent l'odeur corporelle de manière à la rendre plus attractive pour le moustique.
Zoé : << En pratique, comment, échappe-t-on aux piqûres d'un insecte qui sera toujours là ? Peut-on vraiment l'esquiver sans cesse jusqu'à la mort sans devenir fou ? >>

nature.com/articles/d4158…
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En réponse à tes questions légitimes, je dirais sincèrement que non, il n'y a pas de remède miracle pour passer une vie sans se faire piquer : même en adoptant des mesures drastiques et nuisibles au bien-être, ça ne suffirait toujours pas. On essaye seulement de réduire le risque
le plus possible.

Ceci dit, la prévention ne se limite pas à éviter les piqûres ! Une autre façon de lutter contre ce moustique, ou plus précisément contre les saletés qu'il transporte, c'est d'agir sur sa propagation, en la limitant au maximum (je ne vous apprends rien
en disant que moins il y a de moustiques, moins il y a de piqûres, et donc moins il y a de virus).

Il y a donc de deux objectifs à poursuivre en même temps :
1) Se protéger des moustiques assoiffés de sang
2) Empêcher ceux qui en ont déjà pris d'aller pondre

Voyons comment.
2⃣ La lutte contre les piqûres

Face à un prédateur comme peut l'être Aedes albopictus, la première bonne idée consiste à comprendre ses comportements et ses habitudes. Quand chasse-t-il ? Où se repose-t-il ? Une fois qu'on a appris ça, il devient plus facile de lui échapper
en alternant les phases de vigilance et les moments de détente nécessaire.

Dans notre cas, nous avons affaire à un prédateur qui pique principalement pendant la journée *, avec des pics à l'aube et au crépuscule : c'est donc en plein jour que la surveillance doit s'intensifier. Image
Zoé : << Personnellement, ces piqûres me sont arrivées plus d'une fois tôt le matin, juste après avoir ouvert ma fenêtre. J'avais l'impression qu'ils n'attendaient que ça ! >>
Tu ne crois pas si bien dire, Zoé ! En plus, ils n'ont pas eu beaucoup de chemin à faire,
parce qu'ils vivent à proximité de nos habitations (plutôt en zone urbaine, cela dit).
Parfois, ils s'invitent même à l'intérieur. Cela n'est pas surprenant, car une maison leur fournit tout ce dont ils ont besoin : des humains à piquer, et de l'eau pour y pondre leurs œufs.
En effet, contrairement à d'autres espèces, ce moustique préfère les petits gîtes larvaires. N'importe quel réservoir d'eau stagnante peut lui convenir : il suffit de quelques centilitres. Même un simple bouchon fait l'affaire.
D'ailleurs, même autour du logement, il peut encore trouver son bonheur avec les gouttières, trous d'arbres, et j'en passe.
Les habitations et leur voisinage sont toute la vie de ce moustique.
Evidemment, toutes ces ressources à proximité ne favorisent pas l'émergence d'un moustique moins sédentaire. J'évoque ce point de la sédentarité car il faut savoir qu'Aedes albopictus, en moyenne, ne s'aventure pas au-delà d'un rayon de 50 à 200 m autour de son lieu de naissance.
Quand il voyage beaucoup plus loin, c'est à cause de nos déplacements véhiculés, comme je l'ai dit tout à l'heure.
Ce détail a son importance dans la lutte contre les virus, mais nous y reviendrons plus tard.
En attendant, nous allons enfin commencer à parler des techniques
qui fonctionnent pour se protéger des piqûres.

Zoé : << J'ai déjà la mienne, en tout cas : il suffit de coller à ce parasite un service à la Earvin Ngapeth ! >>
Moi aussi, j'adore les smasher en plein vol ; c'est mon péché mignon en tant qu'amatrice de volleyball !
Il s'écrase contre le mur et je peux alors le finir une fois par terre.
Malheureusement, ça ne marche pas toujours, car il est très agile, mais aussi plus petit que son homologue Culex pipiens.
Avec ses 5 millimètres en moyenne, il mesure à peu près le rayon d'une pièce d'un centime d'euro !
Ca ne le rend pas facile à attraper... Image
En plus, il a un troisième avantage sur Culex pipiens : il est silencieux ! Il faut donc un peu de chance pour arriver à le saisir, et une bonne dose de persévérance parfois (mais quand ça marche, ça fait du bien, on est tous d'accord).
On va donc s'intéresser à des stratégies plus fiables, et pour ce faire, j'ai trouvé un joli tableau qui regroupe des mesures protectrices, tant contre l'Aedes (colonne de droite) que ses cousins, l'Anophèle et le Culex (colonne de gauche).
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Comme vous l'aurez constaté, le bénéfice varie d'une mesure à l'autre, et dépend aussi du moustique ciblé.
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Contre Aedes, l’utilisation d’une moustiquaire de berceau (ou de poussette) pour les enfants qui ne marchent pas encore est l’une des méthodes les plus efficaces. On peut aussi installer des moustiquaires à son domicile pour éviter l'entrée du moustique.
Si jamais il s'y trouve déjà (ce que l'on ne sait pas forcément), ou qu'on est soi-même en extérieur, il convient alors de privilégier des vêtements longs, qui limitent l'exposition de votre peau à ce volatile.
Attention : ces vêtements ne doivent pas coller à votre peau, sinon le moustique peut toujours essayer de vous piquer à travers le tissus. Choisissez-les bien amples, et de préférence, avec une couleur claire.
Zoé : << Pour ce dernier point, je rappelle ce qu'on a dit tout à l'heure, à savoir que les couleurs sombres attirent le moustique. >>
C'est exact.
Et, une fois qu'on a mis en place ce barrage vestimentaire, il est encore possible de le renforcer par un insecticide pour tissus,
dont on imprègnera ses vêtements avec soin.

Zoé : << Finalement, la 1ère chose à retenir de ces bons conseils, c'est qu'il n'y a pas de mesures parfaites, seulement des mesures bénéfiques ; si l'on vise un niveau de protection maximal, il faut donc essayer de les combiner. >>
Bien sûr, vous n'êtes pas obligés de les appliquer toutes en même temps : certains peuvent en remplacer d'autres. Si par ex vous supportez mal cette tenue vestimentaire dans la touffeur estivale, ce qui se conçoit aisément, tournez-vous à la place vers des répulsifs cutanés.
Vous veillerez simplement à choisir la bonne substance active * et les concentrations adaptées, car elles ne sont pas les mêmes en fonction de votre profil (qui dépend de certains facteurs comme l'âge, le fait d'être enceinte ou non, etc). Image
Pour plus de renseignements, cliquez sur le lien ci-dessous (n'oubliez pas que votre pharmacien/pharmacienne saura vous conseiller en cas de besoin) :
paca.ars.sante.fr/media/11555/do…
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Parmi les autres mesures de protection, citons l'utilisation du ventilateur. Cette méthode est efficace pour deux raisons. Premièrement, le moustique a du mal à se déplacer dans des conditions venteuses ; deuxièmement, le brassage d’air peut diluer le CO2, Image
ce qui rend plus difficile pour le moustique de nous repérer. La climatisation est également une bonne option, car elle ménage un environnement inhospitalier pour le moustique en apportant un air frais et sec dans la pièce.

izi by EDF Image
N’oublions pas non plus les mesures complémentaires qui peuvent également être bénéfiques. Par exemple, l’utilisation d’insecticides à diffusion continue.
Comme vous le savez peut-être déjà, ces diffuseurs fonctionnent soit avec des plaquettes, soit avec des recharges liquides. Image
Ils diffusent dans votre intérieur des composés chimiques mortels pour le moustique - on notera cependant que leur efficacité n’est pas immédiate et qu’il faut donc s'y prendre à l’avance. Image
Une autre mesure d'appoint consiste à utiliser des spirales anti-moustiques, aussi appelées "serpentins". Là encore, vous les avez peut-être vus passer au moins dans des spots publicitaires ; mais, si je tiens à vous en parler, c'est aussi et surtout parce que leur usage Image
doit s'accompagner de grandes précautions. En effet, elles libèrent une substance nocive pour l'être humain. On s'efforcera donc de réserver leur usage au plein air (et sur une courte durée), mais surtout pas en intérieur parce que la fumée s'accumulera entre les murs
menaçant de vous intoxiquer, vous et votre entourage.
Zoé : << Après, ne croyez pas non plus qu'on peut se servir des autres produits anti-moustiques sans précaution ! Tous les produits anti-moustiques, qu'ils soient répulsifs ou insecticides, nécessitent un usage prudent. >>
Oui, il est donc essentiel de bien choisir ces produits ! Pour être sûr de ce que vous achetez, prenez l’habitude de lire l’étiquette du produit, qui doit normalement contenir des informations utiles. Si ce n’est pas le cas, restez méfiants.
economie.gouv.fr/particuliers/d…
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Voilà, nous avons fait le tour des protections anti-piqûres. Mais avant de passer aux mesures anti-prolifération, je veux consacrer un moment aux conseils charlatanesques, car il est tout aussi important de connaître les méthodes inefficaces voire dangereuses que de savoir
ce qui fonctionne.

Parmi ces fausses bonnes idées, on trouve l’homéopathie (non, elle n’empêche pas les piqûres, ni ne soigne quoi que ce soit jusqu’à preuve du contraire), les appareils à ultrasons ou UV (attention à votre peau !), les raquettes électriques,
les papiers “tue-mouches”, les compléments en vitamines, et bien d’autres.

Si quelqu’un vous les recommande, quel que soit votre lien avec cette personne, et aussi bien intentionnée qu’elle puisse être, rejetez ses conseils sans remords.
Au mieux, leur application est inutile ; au pire, elle vous met en danger. Cela ne vaut ni le coup, ni le coût.
3⃣ Les mesures collectives : une bataille contre la prolifération du moustique

Dans cette nouvelle partie, nous allons donc aborder le thème des mesures dites collectives. Pourquoi ce terme ? D'abord parce que c'est notre fil, et qu'on a le droit de le structurer comme on veut
ensuite, parce que cela me donne l'occasion de souligner qu'en réalité, il n'y a pas de mesure strictement collective ou individuelle. Cela n'existe pas.

Chaque mesure, sans exception, a des effets à la fois collectifs et individuels. Aucune n’est unidirectionnelle.
Par exemple, si vous empêchez le moustique de pondre ses œufs, tout le quartier en bénéficie, y compris vous-même ! Il serait donc erroné de considérer cet effort comme une tâche lourde sans bénéfice pour celui ou celle qui la réalise.

De même, éviter une piqûre de moustique
peut sembler être un acte égoïste (sans connotation négative), car on se protège d’abord soi-même. Cependant, si le moustique est privé de sang par cette action, sa progéniture ne voit pas le jour, et c’est tout le quartier qui respire.
De plus, cela évite de contribuer
à la propagation des ces pathogènes que nous pourrions porter sans le savoir.

Zoé : << Tu fais bien de rappeler cette évidence : nous sommes interconnectés. Malheureusement, on trouve toujours des messages de prévention qui insistent, d'un côté sur les gestes à faire "pour soi",
et de l'autre, sur les actions "purement altruistes". Comme si une barrière étanche les séparait... >>

C'est aussi une énigme pour moi, et je désespère d'en trouver la solution.
Cela dit, comment lutter contre la prolifération du moustique ?
Bien entendu, la meilleure façon d'y arriver, c'est encore d'éviter les piqûres - ce qui doit rester l'objectif numéro 1 en toutes circonstances. Mais, si vous échouez dans cette entreprise, si le moustique réussit quand même à prélever du sang, que ce soit à vous,
à d'autres personnes de votre domicile ou même à des voisins, la partie n'est pas terminée pour autant : vous pouvez toujours l'empêcher de pondre ses œufs, en le privant des sites dont il a besoin pour cette action.
Nous l'avons déjà dit, mais ce moustique est sédentaire, et il raffole de nos maisons, comme de nos jardins. En intervenant sur ces lieux qui vous appartiennent, vous résoudrez donc une majorité du problème, car il s'y déroule pas moins de 80% du nombre total de pontes.
L’enjeu principal est d’éliminer les points d’eau stagnante. Je pense notamment aux vases, aux coupelles sous les pots de fleurs (si vous ne souhaitez pas les vider, remplissez-les au moins de sable, ça préservera l’humidité sans laisser d’eau stagnante), ou encore aux gouttières Image
dont le curage est indispensable pour assurer le bon écoulement des eaux. Rappelez-vous qu’il ne doit PAS y avoir d’eau stagnante.
Tous les récipients, même petits, susceptibles d’en accueillir doivent être vidés, rangés, couverts, aussi bien à l’intérieur…

(ARS PACA) Image
… qu’à l’extérieur, c’est-à-dire dans votre jardin, sur le balcon ou la terrasse : on vide, range ou couvre d’une moustiquaire chaque réserve d’eau potentielle : jouets, seaux, arrosoirs, matériel de jardinage, etc. Image
Une autre action utile pour les propriétaires d’un bassin serait d’y introduire des carpes et des poissons rouges, qui se nourrissent des larves de moustiques !

(Photo masquée pour les ichtyophobes de ma TL, merci de votre compréhension !) Image
Enfin, les plus dévoués d’entre nos lecteurs pourront supprimer les aires de repos du moustique, situées dans leur jardin : cela permet de réduire l’attroupement local, et d’exposer davantage chaque individu à ses prédateurs naturels. Image
Zoé : << Après, n’oubliez pas que c’est une mesure complémentaire ! La destruction méthodique des lieux de ponte doit rester votre effort principal, si vous l’acceptez. Nous proposons, vous disposez. >>
Justement, il me reste une proposition à vous faire, et pas des moindres, c'est de signaler la présence du moustique tigre chez vous aux autorités sanitaires, en vous rendant sur ce site :

signalement-moustique.anses.fr/signalement_al…
Par cette action généreuse, vous contribuerez à la surveillance de l'insecte dans votre région.
Pour valider votre signalement, vous devrez fournir soit un spécimen identifiable à envoyer par carte postale (à l'adresse de l'opérateur chargé de la démoustication dans votre région) Image
soit une ou plusieurs photos de lui, en y mettant si possible une vue du dessus et une vue de côté.
Parallèlement, trois questions vous seront posées pour vérifier qu'il s'agit bien d'un moustique tigre.
Passons-les en revue ensemble, ça nous permettra de réviser nos acquis.
Question numéro 1 :

Quelle est sa taille ?
S'il est plus grand qu'une pièce d'un centime d'euro, alors on n'a pas affaire à un moustique tigre. Image
Question numéro 2 :
Quelle est sa couleur ?

Ne vous fiez pas à son nom ! Bien qu'on l'appelle tigre, ce moustique n'est pas jaune, mais noir et blanc. Image
Question n° 3 : Arbore-t-il cinq anneaux d'écailles blanches sur ses pattes postérieures, et une ligne dorsale blanche sur le thorax ? Si plus d'une ligne est présente sur le thorax, ou si d'autres motifs de couleur différente sont observés, alors ce n'est pas un moustique tigre. Image
Une fois le signalement validé, il peut apporter plusieurs bénéfices : d'abord, il permet d'ajouter votre commune à la liste des zones fréquentées par l'Aedes, si elle n'y figurait pas déjà ; ensuite, cela peut entraîner l'installation ciblée de pièges-pondoirs dans ce secteur. Image
Ces dispositifs sont de véritables assassins pour les femelles en quête d'un lieu de ponte. Attirées par l'eau qu'ils contiennent, elles se précipitent dans l'ouverture sombre, mais, une fois à l'intérieur, de une, elles n'ont pas accès à leur oasis, car une moustiquaire Image
fait barrage, de deux, elles se retrouvent prisonnières de l'enceinte, puisqu'au lieu de refaire le chemin en sens inverse, comme on pourrait s'y attendre, elles s'obstinent à chercher leur issue dans le côté transparent, d'où parvient le plus de lumière. Image
À force de lutter en vain, elles finissent par mourir de fatigue, couchées sur la moustiquaire (parfois, pour accélérer les choses, on glisse même une feuille adhésive dans l’espace ménagé par le côté transparent ; si elles viennent s’y coller, c’est la fin). Image
Zoé : << Les malheureuses se font avoir en beauté ! >>
Cela dit, et comme vous l'aurez deviné, c'est plus efficace s'il n'y a pas d'autre réservoir d'eau à proximité !
Habituellement, ces pièges sont installés dans les zones à haut risque d'importation du moustique tigre, c'est-à-dire dans les zones portuaires et le long des axes de communication. Un signalement permet donc de réaliser des interventions plus ciblées dans votre secteur,
et les habitants pourront même bénéficier d'une campagne de sensibilisation contre ce nuisible.

Alors c'est déjà très bien, mais évidemment, on passe à des interventions plus globales si jamais un cas de dengue, de Zika ou de chikungunya est signalé dans la zone.
Dans ce cas-là, le professionnel de santé qui l'a découvert en informe aussitôt l'Agence Régionale de Santé (ARS) ; on procède alors à une enquête épidémiologique, car il faut savoir quels lieux a fréquenté la personne positive à l'un de ces virus.
Une fois les réponses obtenues, l'ARS fait appel à l'Entente Interdépartementale pour la démoustication (EID), afin de vérifier la présence du moustique tigre, non seulement dans le voisinage du domicile de ce patient, mais aussi dans tous les lieux où il a pu se rendre.
Si des moustiques adultes sont repérés dans ces zones, alors on estime par défaut qu'ils ont hérité du virus, et on entreprend de les éliminer tous avant qu'un cluster ne se forme. Ce traitement s'appelle une opération de démoustication.

Maxppp - Maxppp Image
Lors d'une démoustication, des produits à base de pyréthrinoïde ou de pyréthrines naturelles sont utilisés. Ils sont administrés sous forme de brouillard dont les micros-gouttelettes se déposent sur les moustiques. Image
Ces derniers succombent alors à une paralysie mortelle, causée par les perturbations que ces substances provoquent dans leur système nerveux.

La plupart du temps, ces opérations sont réalisées la nuit pour limiter la présence humaine à proximité, et réduire les dommages
collatéraux sur d'autres insectes.
Zoé : << On notera que l'opération ne vise pas les œufs, larves ou nymphes, parce que ces derniers n'ont pas hérité du virus ! >>
Oui. Etant donné qu'un moustique adulte ne transmet pas son microbe à la descendance (bien qu'il le garde jusqu'à
sa mort), on va retrouver des moustiques sains à la génération suivante.

Zoé : << De là une question évidente : puisqu'il suffit de tuer les adultes, pourquoi ne pas le faire préventivement, au lieu d'attendre qu'un virus se manifeste ? >>
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas seulement une question de coût : c'est avant tout une question de limites imposées par la nature. En effet, si l'on abusait de ce produit ou d'un autre, on favoriserait l'émergence d'une population de moustiques résistants ! Image
D'où viennent ces résistances ? Pour bien le comprendre, il faut penser à la diversité génétique au sein de l'espèce : rappelez-vous que chaque individu est unique à cet égard. Cela signifie que si vous en piochez deux au hasard, et que vous comparez leur ADN, vous y trouvez
forcément des différences.

Au premier abord, cela peut être une source d'émerveillement et de reconnaissance envers la nature qui ne cesse jamais de nous surprendre ; mais le problème avec ces aléas de la génétique, c'est que si nous n'avons pas de chance,
nous pourrions tomber sur des moustiques résistants au produit que nous utilisons pour les tuer.
Dans ces cas-là, notez que la résistance ne passe pas toujours par le même mécanisme.
Parfois, la "bonne mutation" engendre une nouvelle structure pour la protéine qui était justement ciblée par l'insecticide, la rendant insensible à ce dernier ; chez d'autres moustiques, le salut vient d'une enzyme fabriquée par leurs cellules, et qui est capable de dégrader
les molécules adverses pour les rendre moins toxiques ; pour d'autres enfin, cette forme d'immunité se traduit par une moins bonne pénétration de l'insecticide dans leur organisme.
Il en résulte que, si on veut traiter une population de moustiques où de tels spécimens sont présents, ces derniers auront de bonnes chances d'y survivre, contrairement à ceux qui n'ont pas les mêmes mutations.

Zoé : << Et si les moustiques résistants survivent... >>
Oui, ce sont eux qui vont se reproduire, transmettant leur(s) mutation(s) à la descendance. On obtiendra donc une nouvelle population de moustiques insensibles à l'insecticide, à la place de celle qui ne l'était pas.
Zoé : << Finalement, on peut dire que ce produit a sélectionné les plus résistants à son action... >>
En effet, c'est lui qui a favorisé la propagation des gènes de résistance à toute la population. En temps normal, ces gènes n'avantagent pas ceux qui les portent : Image
ils n'améliorent, ni leur survie, ni leur capacité à se reproduire - en fait, c'est même le contraire qui peut se produire. Vous comprendrez donc que, dans la nature, ces mutations n'ont pas de raison particulière de s'imposer. Elles restent anecdotiques dans la population, voire
disparaissent sans le petit coup de pouce de l'insecticide. Voilà pourquoi il faut limiter son usage.

Cela dit, je veux préciser une chose sur cette résistance, c'est que même si je vous l'ai présentée de façon binaire pour simplifier sa compréhension,
elle ne se résume pas à être absente chez les uns, et totale chez les autres : il y a au contraire tout un ensemble de niveaux intermédiaires.
On pourrait en fait s'imaginer un curseur, dont le plus haut degré de résistance se trouve à droite, et celui de la sensibilité, à gauche Image
Comme on le voit, les plus résistants ne sont pas les seuls capables de survivre à l'insecticide ; on en trouve aussi, mais moins, chez les partiellement résistants. Image
D'autre part, nous devons quand même préciser que ces "mutations de résistance", qui surviennent aléatoirement...

Zoé : << Excuse-moi de te couper, Marinette, mais ce point est très important et je tiens à le développer car il suscite beaucoup d'incompréhensions.
Je vais donc répéter le plus clairement possible que, si un moustique est résistant à votre insecticide, c'est parce qu'il a eu la chance d'acquérir par hasard des mutations qui l'en protègent au moins partiellement. Et ces mutations, il les a obtenues avant d'être exposé
au produit. Il ne s'est donc pas forcé à évoluer tout seul afin de résister au produit. Cela ne marche pas comme ça. >>
Tu as bien fait de clarifier ce point, car des malentendus persistent à ce sujet, c'est vrai. J'y ai d'ailleurs consacré tout un fil l'année dernière, que vous pourrez consulter si cela vous intéresse.
PS : L'épigénétique ne remet pas tout en question !

Pour en revenir à mon propos, les mutations qui entraînent ces résistances surviennent par hasard, mais il faut encore ajouter "rarement" à cette assertion. En plus, elles peuvent altérer le succès reproductif du porteur, ce qui réduit à nouveau leurs chances de propagation...
En tenant compte de ces éléments, on aimerait donc bien céder à l'optimisme et conclure à un faible risque de tomber sur des sujets résistants lors d'une démoustication.
Malheureusement, la rareté de ces spécimens doit être mise en perspective avec le nombre total de moustiques
à traiter, qui est très important.

Zoé : << Et si l'on rencontre uniquement des sujets à la résistance partielle ? >>
En théorie, il suffirait d'augmenter la dose pour en venir à bout, mais cela aurait des conséquences telles sur l'environnement (toxicité, pollution)
qu'on ne peut pas se le permettre.

Finalement, quelle que soit la manière d'y penser, on en revient toujours à la même conclusion, qui est que l'usage des produits insecticides doit se limiter au strict nécessaire. Image
Zoé : << Je suis d'accord, mais, même si on respecte à la lettre ce très bon conseil, on va juste retarder l'échéance, et rien d'autre ! Un jour, quoi qu'on fasse, ces produits deviendront sans effet, comme tous les insecticides avant eux. Que prévoit-on, dans ces cas-là ? >>
Quand un produit une marche plus, on passe à un autre ; si le 2è devient obsolète, c'est le tour du 3è, et ainsi jusqu'à ce moment critique où l'on se retrouve à court parce qu'on a fait le tour des molécules efficaces.
Malheureusement, on se dirige tout droit vers ce point de rupture ; il a donc fallu s'y préparer en cherchant des alternatives aux insecticides.
J'aimerais vous faire connaître les plus prometteuses avant de conclure ce fil.
1 - La technique de l'insecte stérile (TIS).

La méthode est simple : on élève d'abord des moustiques en laboratoire, puis on isole tous les mâles pour les rendre stériles par irradiation ; cela peut se faire à l'aide de rayons X ou gamma, qui entraînent des mutations
chromosomiques imprévisibles, y compris dans le sperme de l'insecte.

Une fois l'opération terminée, on les relâche massivement dans la nature ; ils entrent alors en compétition avec les mâles sauvages pour s'accoupler avec une femelle, et, quand ils y parviennent,
cela donne naissance à un embryon non-viable. Adieu, la progéniture !

Zoé : << C'est à la fois si cruel et intelligent que je ne sais quoi penser. Pauvres moustiques ! >>
Fallait y penser, je te l'accorde !
Mais le problème, ou plutôt, la difficulté de cette technique,
c'est qu'il faut trouver le bon dosage. L'irradiation doit être assez forte pour rendre les mâles stériles, sans toutefois dépasser un seuil qui nuirait à leur compétitivité sexuelle, sinon ça ne sert à rien.
Il ne faut surtout pas les handicaper dans la course à l'accouplement ;
cela est d'autant plus nécessaire qu'il règne une compétition féroce chez cette espèce, où la femelle ne peut être fécondée qu'une seule fois dans sa vie.
En effet, le mâle, suite à l'accouplement, vient lui placer un bouchon copulatoire qui empêche toute introduction ultérieure de spermatozoïdes par un concurrent.

Zoé : << Mais quel culot ! >>
Cela dit, ça peut arranger nos affaires,
car si la femelle s'accouple avec un de nos mâles stériles, non seulement elle le fait pour rien, mais en plus, elle gaspille sa seule chance de se reproduire.
Ne lui reste plus alors qu'à gémir, comme l'ont fait de grands personnages avant elle : "Je n'aurai point descendance !" Image
Zoé : << C'est le scénario idéal que tu nous présentes ; mais, comme je doute fort qu'on ait pu le rendre hégémonique dans la nature, quel est donc le réel apport de la technique de l'insecte stérile ? Le connaît-on, au moins ? >>
On a pu s'en faire une idée grâce à quelques tests, dont les résultats se sont avérés probants.
Il y a par exemple une étude menée à La Réunion (plus précisément, dans le quartier Duparc, à Sainte-Marie), que je trouve stupéfiante ; j'ignore si vous prendrez la mesure
de l'exploit réalisé, mais dites-vous bien qu'entre juillet 2021 et août 2022, on y a lâché pas moins de 10 millions de moustiques mâles stériles dans la nature. Dix millions. Soit près de 200 000 chaque semaine.
Cet effort a eu comme conséquence de diviser par deux le taux de natalité d'Aedes albopictus ! Pas mal, non ?

ird.fr/la-technique-d…
Zoé : << Assez, oui ! Mais les mauvaises langues diront qu'on est loin du compte. >>

Aux esprits chagrins, nous répondrons, comme je l'ai dit tout à l'heure, qu'aucune mesure ne fonctionne à 100%, et que si l'on veut s'approcher d'un résultat optimal, faut en combiner plusieurs.
De toute façon, retenez bien qu'on ne cherche pas à éradiquer cette espèce, ni localement, ni à l'échelle du globe. On ambitionne juste de contrôler sa population, en la réduisant, puis en la maintenant à des niveaux assez bas pour garantir une faible circulation des arbovirus.
Zoé : << D'ailleurs, en y réfléchissant, leur disparition ferait beaucoup de mal à l'écosystème, non ? >>

Ben, tu sais, les moustiques s'intègrent à la chaîne alimentaire, aussi bien dans le milieu aquatique, où ils sont mangés par les poissons, libellules et autres batraciens,
qu'à l'âge adulte, en servant de repas aux chauves-souris et aux oiseaux.

D'autre part, comme nous l'avons vu, les mâles se nourrissent du nectar des fleurs ou de jus sucré : ils participent donc à la pollinisation (non, il n'y a pas que les abeilles pour remplir cet office !)
S'ils venaient à disparaître aussi rapidement, ça pousserait donc de nombreuses espèces animales au bord du précipice. Bien que nous, les êtres humains, les considérions comme des nuisibles, ces insectes volants ont un rôle important dans l’environnement : la plupart des espèces
sont même bénéfiques.

Vous pourriez penser : “Pourquoi ne pas se débarrasser des plus encombrantes comme le moustique tigre, et laisser les autres ?” ; mais le premier contre-argument à cela est que nous ne savons pas exactement ce qu'il adviendrait en leur absence. Image
Il se pourrait même que les espèces éteintes soient finalement remplacées par quelque chose d’encore pire ! C’est un pari fort hasardeux…
Zoé : << Oui, mais pour en revenir à la France, le préjudice sur l'écosystème ne serait-il pas dérisoire en écartant juste Aedes albopictus ?
Après tout, il n'est là que depuis 20 ans - et encore, pas partout, et la nature se portait très bien jusqu'à cette date... >>

Certes, il y aurait sûrement peu de risques à éliminer le moustique tigre de la France métropolitaine, mais encore une fois :
1) c'est très difficile
et je pèse mes mots (et nous devrions poursuivre les efforts en permanence pour éviter son retour)

2) nous savons ce que nous perdons, mais pas ce que nous récupérons, d’où le besoin de rester prudents
2 - La bactérie Wolbachia

On passe au deuxième candidat qui, peu importe ce que ça vaut, est mon préféré d'entre tous.
Il s'agit d'une bactérie très courante chez les insectes, puisqu'on la retrouve chez plus de 50% des espèces - dont certains moustiques.
Incapable de survivre en dehors des cellules, elle a pourtant réussi à perdurer grâce à une arme redoutable : elle force sa transmission héréditaire chez ses hôtes.
Pour le dire simplement, si la bactérie est présente chez un insecte, alors elle se propagera à tte la descendance,
sans aucune exception.

J'aimerais vous montrer comment c'est possible, avec des illustrations à l'appui.
La première chose à savoir, c'est que Wolbachia se transmet uniquement par la femelle, à travers les œufs. Par conséquent, si le mâle (ici un moustique, pour rester dans le thème) n'est pas infecté, cela ne change rien : la bactérie passe quand même dans la génération suivante. Image
Femelle positive à la bactérie (en vert) + mâle négatif = progéniture 100% contaminée.

Evidemment, on obtient le même résultat si les deux sont infectés (qui l'eut cru ???) Image
Par contre, si un mâle infecté s'accouple avec une femelle négative, non seulement la transmission n'a pas lieu, car elle dépend, comme nous l'avons dit, des femelles, mais pire encore, cette union donne "naissance" à une progéniture non-viable ! Image
L'origine de ce coup de théâtre est que Wolbachia rend les spermatozoïdes toxiques pour les œufs d'une femelle négative... Image
En faisant tuer ceux qui n'héritent pas d'elle, cette bactérie peut ainsi régner sur la descendance, et, au bout du compte, sur l'espèce entière (au moins localement).

nea.gov.sg/corporate-func…
Zoé : << Ok. Du coup, si on l'introduit chez le moustique tigre, elle envahira cette espèce à long terme. Et après ? Qu'adviendra-t-il ? >>

Pour s'en faire une idée, on a mené des expériences en laboratoire, où l'on a injecté la bactérie dans de jeunes œufs d’Aedes.
On a pu alors observer que la bactérie se transmettait bien à la descendance, sans nécessiter d’injections supplémentaires.

Mais ce n'est pas tout : une fois l'opération accomplie, on a infecté ces mêmes Aedes par le DENV (virus de la dengue), avant de reproduire la manœuvre
avec le CHIKV (chikungunya). Et devinez ce qui s'est produit ? Comme par miracle, ces virus se répliquaient mal chez les porteurs de la bactérie - qui étaient donc moins contaminants que les autres.
Vous m'excuserez si j'ai un faible pour les miracles, étant moi-même une coccinelle miraculeuse.
Mais en vérité, la cause du prodige est bien explicable : il se trouve en effet que la bactérie perturbe le métabolisme et le transport du cholestérol dans les cellules du moustique.
Or, les virus ont besoin de cette ressource pour se répliquer ; s'ils en trouvent moins, leur progression en pâtit.

nature.com/articles/s4146…
Zoé : << Mais c'est un don du ciel que cette bactérie ! Non seulement elle nuit aux arbovirus, mais en plus de ça, elle s'impose à tous les moustiques. Je conçois l'engouement des chercheurs pour ce micro-organisme. Cela dit, où en sommes-nous des tests, actuellement ? >>
Nous en sommes à un point charnière, figure-toi ; fin octobre, nous avons appris une nouvelle retentissante, qui est que le plus grand déploiement de moustiques infectés par la bactérie a fait diviser par 20 l'incidence de la dengue dans trois villes de Colombie.
Il n'y en avait jamais eu de cette ampleur, et voilà le résultat : une bombe !

nature.com/articles/d4158…
Pourtant, si on veut globaliser l'expérience, il faut d'abord s'assurer qu'elle n'entraînera pas d'effets indésirables à long terme ; car, une fois la souche introduite dans l'espèce, il n'y a plus de retour en arrière possible !
Il s'agit donc de peser mûrement les risques et les bénéfices avant de prendre une décision irréversible... ce qui nécessite une connaissance approfondie de l'interaction entre Wolbachia et ce moustique.
Chaque détail compte. On surveillera notamment si la durée de vie de l'insecte est modifiée par la bactérie, tout en vérifiant que cette dernière, aussi protectrice qu'elle soit contre des virus comme DENV ou CHIKV, ne favorise pas au contraire d'autres infections chez Aedes.
3 - Le forçage génétique

Cette technique repose sur l'utilisation astucieuse d'une technologie révolutionnaire appelée CRISPR-Cas9, qui permet de modifier, supprimer ou ajouter des gènes spécifiques chez un être vivant.
En l'employant sur des animaux à reproduction sexuée, comme c'est le cas du moustique, on peut, grâce à cette technologie, favoriser la transmission du changement induit à la descendance, à un taux plus élevé que ce qui se produirait naturellement.
Zoé : << Si j'ai bien compris, il s’agit toujours de propager un changement souhaité par nous-mêmes dans la population de moustiques ; mais cette fois, au lieu d’une bactérie comme celle de tout à l’heure, c’est un gène précis que nous imposons. >>

Exactement.
Zoé : << Mais puisque nous touchons à la génétique de l’espèce (autrement dit, à ce qu’elle a de plus intrinsèque), cela ouvre une infinité d’options ! >>

Effectivement, ça permet de faire beaucoup de choses ; cependant, les projets d'intervention
contre le moustique visent généralement, soit à altérer sa reproduction, soit à en faire un vecteur médiocre, c'est-à-dire, l'empêcher de nous transmettre des maladies.
Ce sont les deux grands axes de travail avec le forçage génétique.
Pour l'un et l'autre en tout cas, de nombreux essais ont déjà eu lieu, parfois les Aedes, d'autres fois sur les Anophèles, vecteurs du paludisme.
Je peux d'ailleurs vous citer une expérience menée sur ces derniers, dont le résultat a été leur extinction en laboratoire.
On partait d'un effectif de 300 mâles et 300 femelles, et on est tombés à zéro en l'espace de 8 à 12 générations !

nature.com/articles/nbt.4…
Pour réussir ce coup de maître, les biologistes ont ciblé un gène appelé doublesex, bien connu pour son rôle dans la différenciation sexuelle du moustique au stade embryonnaire. Ils l'ont modifié de telle sorte que ça a produit des femelles stériles, Image
qui présentaient à la fois des attributs féminins et masculins, tout en s'avérant incapables de piquer.
Cependant, et c'est là l'intérêt de la manœuvre, cette modification génétique n'a pas d'effet sur le mâle :
il peut donc se reproduire et transmettre le gène défaillant à l'insu de son plein gré, permettant sa diffusion au sein de l'espèce ; et après quelques générations, il n'y a plus que des femelles stériles. C'est radical.
Bien entendu, il nous reste à confirmer ces promesses par des expérimentations de plus grande envergure, mais si on y parvient, si les nouveaux résultats sont probants, alors on envisagera, peut-être, une intervention dans la nature, à plus grande échelle.
Ajd, nous en sommes loin car il y a bcp de risques à envisager en utilisant cette technique. Un des dangers, c'est que, une fois dans la nature, le gène se propage chez une espèce de moustiques qu'on ne ciblait pas, mais qui s'avère sexuellement compatible avec celle visée.
Car oui, il peut y avoir des croisements entre espèces génétiquement assez proches ; nous en sommes justement la preuve incarnée, puisque nos ancêtres ont eu des enfants avec l'Homme de Neandertal, qui vit en nous désormais. J'en parle encore ici :

Cependant, si le gène que nous avons introduit atteint une espèce qu'il ne fallait pas, vous comprenez bien qu'on sera dans la merde.

Zoé : << Mais c'est une arme de destruction massive que cette technologie ! >>
Au moins, on en a une... pas comme l'Irak !
Plus sérieusement tu as raison, et c'est pour ça qu'il nous faut la considérer avec prudence. Si des effets inattendus apparaissent une fois qu'on a lâché les moustiques "transgéniques" dans la nature, il sera difficile de faire marche-arrière...
Zoé : << Quoi qu'il en soit, j'adhère plus à l'idée d'en faire de moins bons vecteurs, qu'à celle de réduire leur population ; car après tout, l'ennemi à abattre dans cette affaire n'est pas le moustique en personne, mais les pathogènes qu'il transmet - c'est-à-dire
ceux qu'on lui donne sans qu'il les demande... >>

Effectivement, si on pouvait à la fois préserver la santé humaine et la démographie de ces espèces, ce serait le meilleur compromis atteignable.
Comment empêche-t-on le moustique de nous transmettre ces maladies ?
En améliorant ses défenses contre les pathogènes associés.

Pour atteindre ce but, on a pensé à lui faire avoir des gènes codant des anticorps adaptés à ces microbes, et dont le forçage génétique favoriserait la transmission à la descendance.
C'est ce qu'a voulu entreprendre une équipe de l'Université de Californie sur l'Anopheles stephensi, connu pour être un vecteur du paludisme en Asie, et auquel on a apporté, dans cette expérience, deux gènes pour lui faire produire des anticorps spécifiques du parasite (des
travaux antérieurs nous avaient informés de leur action neutralisante.
On a alors constaté que ces gènes étaient transmis à plus de 99% de la descendance grâce au forçage génétique ; et bien qu'on ne sache pas si tous les moustiques étaient immunisés en conséquence (ça reste à
prouver dans une autre étude), la bonne diffusion de ces gènes exogènes est déjà très prometteuse pour la suite...

pnas.org/doi/full/10.10…
Avant de se quitter, j'aimerais qu'on aborde une dernière option qui a été étudiée pour combattre les arbovirus. J'ai très peu d'espoir qu'elle aboutisse, seulement, c'est une occasion comme un autre de revenir sur des propos qui m'ont sidérée, il y a quelque temps.
Je vous les montre en substance... Image
Zoé : << Oh, la vache ! Ce @saiyanbio tiré le gros lot, avec ce message... Mais bon, cela ne me fait pas rire : je me sens plutôt attristée de la déconnexion des humains envers la nature. Comme si l'on était en fait une entité bénie, indépendante de l'environnement... >>
C'est une vision anthropocentrée dans laquelle on baigne depuis toujours ; il faudra du temps pour la faire reculer, si toutefois on y parvient...
Quoi qu'il en soit, et pour répondre à ces inepties, non seulement nous ne sommes pas la seule espèce au monde à pouvoir compter
compter sur un système immunitaire, mais en plus, on en trouve de meilleurs que le nôtre chez de nombreux animaux.
Prenez la grenouille, par ex : comme vous le savez peut-être, elle vit dans une eau sale et peuplée d'insectes, et pourtant, elle ne tombe jamais malade. Pourquoi ?
Parce que la peau de cet animal fabrique des peptides antimicrobiens, c'est-à-dire, des molécules capables de percer un trou dans les pathogènes pour les mettre hors d'état de nuire.
Flairant la bonne occasion, des chercheurs impliqués dans la lutte anti-vectorielle
les ont reproduits en laboratoire ; ils voulaient s'en servir pour mettre au point une crème cutanée applicable directement sur le site de la piqûre.

Seulement voilà : cette production coûte cher, et on ne sait pas si le jeu en vaut la chandelle, car, pour être efficace,
il faut que la crème puisse agir sur des microbes déjà introduits dans l'organisme, tout en étant appliquée sur votre peau. Vous comprenez bien que ce n'est pas gagné d'avance.

Enfin bref, tout ça pour dire que les adaptations de certaines espèces n'ont rien à envier aux nôtres.
D'ailleurs, je ne l'ai pas encore précisé, mais l'outil CRISPR-Cas9 est tiré du système immunitaire des... bactéries !
Si si, les bactéries ont leur propre système immunitaire : cela leur permet de combattre les virus.
Zoé : << Attends, tu veux dire qu'il y a des virus capables d'infecter les bactéries ? >>
C'est bien ce que je dis. Ces virus s'introduisent dans les bactéries parce qu'ils ont besoin de leur machinerie pour se répliquer.
Il ne faut pas perde de vue qu'un virus est tout petit
par rapport à une bactérie ; il peut donc la violer sans peine, pourvu qu'il ait la bonne clé.
Zoé : << Décidément, on en append tous les jours.>>
C'est ce qui donne envie de se lever chaque matin.

En attendant, les amis, nous voici déjà au bout de ce thread !
J'espère qu'il vous aura plu ; si oui (et même dans le cas contraire 😁) sentez-vous libres de le retweeter, mais aussi de vous abonner, sur Twitter comme sous d'autres cieux où j'ai débarqué ce matin...

threads.net/@miraculoussci…
(Bon, j'avais entré un nom random au moment de l'inscription, sans savoir qu'il allait s'afficher partout. 😭 Je le changerai dès que possible).

threads.net/@miraculoussci…
Quant à nous, on se revoit dans quelques jours pour le fil annexe sur les maladies principales transmises par le moustique tigre !

N'hésitez pas à (re)lire mes productions antérieures pour patienter.

Je dédie ce thread à Akira Toriyama, sans qui ma vie aurait été bien différente.

Ce n'était pas prévu, mais la vie nous réserve parfois de mauvaises surprises. 😥 Image
Poke (Un fil sur les moustiques et le moustique tigre)

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A très bientôt.
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Mar 16
Comme promis, voici le complément du thread précédent, dédié aux quatre principales maladies transmises par le moustique tigre.
C’est parti !

© Adobe Stock - Kateryna_Kon

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Image
🐞 La dengue 🐞

Aussi appelée « grippe tropicale », cette maladie est due à un arbovirus nommé DENV. Le moustique tigre attrape ce pathogène lors d’un repas sanguin sur une personne infectée, puis peut le transmettre à son tour car le microbe survit dans son estomac
et gagne ensuite sa salive.

Zoé : << Pour information, un arbovirus est un virus transmis par les arthropodes, un embranchement d’animaux qui comprend les moustiques. >> Image
Read 138 tweets
Aug 4, 2023
Allez, aujourd'hui, on va parler des antibiotiques.

Comment nous soignent-ils ? Qu'est-ce qui les rend de moins en moins efficaces ? Et quelle est la méthode employée pour choisir celui qu'on va donner au patient ?

Un fil.

⬇️⬇️⬇️⬇️⬇️ Image
Les antibiotiques sont des molécules qui agissent sur les bactéries, soit en les détruisant (dans ce premier cas, on dit qu'ils ont un effet bactéricide), soit en empêchant leur prolifération (on parle alors d'effet bactériostatique).
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les antibiotiques sont à la base des substances naturelles, fabriquées par des bactéries et des champignons qui s'en servent afin d'éliminer leurs concurrents pour l'accès à la nourriture, à l'eau ou à d'autres ressources limitées.
Read 64 tweets
Jul 27, 2023
Puisque @drfranckclarot a reçu des commentaires d'antivax pour lui suggérer de parler prévention plutôt que vaccin, on va s'en charger dès maintenant.

Qu'est-ce qu'une infection urinaire ? Comment l'attrape-t-on ? Que faut-il faire pour (essayer de) s'en protéger ?

⬇️⬇️⬇️⬇️⬇️ https://t.co/G4oR5XztfF
Image
L'infection urinaire est une infection de la vessie causée dans 90% des cas par une bactérie qu'on appelle Escherichia coli.

Elle se trouve habituellement dans l'intestin, où elle vit sa vie sans nous poser aucun problème car elle y est en symbiose avec son milieu.
Hélas, il arrive parfois que des accidents la propulsent dans notre système urinaire.

Quand ça se produit, vu que sa présence y est bien moins tolérée, elle peut finir par déclencher une infection.
Read 35 tweets
Jul 4, 2023
À cause du dérèglement climatique, les orages vont, hélas, se multiplier.

Il est donc impératif de savoir comment se protéger de la foudre. Quels sont les bons réflexes à avoir ? Lesquels faut-il éviter ?
C'est ce que nous allons voir aujourd'hui.

Mini-thread.

⬇️⬇️⬇️⬇️⬇️
Lors d'un orage, les consignes à respecter sont nombreuses et dépendent des situations.

Je pourrais bien sûr me contenter de vous en faire une liste, mais à mon avis, ce ne sera pas tellement efficace si on ne comprend pas leur logique et leur bien-fondé.

Je vous propose donc
d'entamer ce fil en nous attardant un peu sur les causes et le comportement de la foudre, histoire que vous sachiez pourquoi certaines règles sont pertinentes face à elle - ce qui vous aidera beaucoup à les retenir.

Si vous êtes prêts, on y va.
Read 78 tweets
Jun 15, 2023
La neige est sûrement la forme de précipitations qui nous fascine le plus, mais paradoxalement, nous savons peu de choses sur elle.

On va donc rectifier cette anomalie en 5 threads, histoire de rafraîchir notre été !

Premier épisode : La formation de la neige.

⬇️⬇️⬇️⬇️⬇️ Image
Bonjour tout le monde !

Permettez-moi de me présenter : on m'appelle Elsa d'Arendelle, et je suis la Reine des neiges.

Votre chère Ladybug en personne m'a gentiment sollicitée pour que je vous dévoile les arcanes de cette mystérieuse matière. Image
Folle de joie, j'ai accepté sa proposition séance tenante, et pour cause : c'est la première fois qu'on me donne l'occasion de m'étendre sur la neige. Je ne pouvais pas refuser une telle opportunité. La neige, c'est toute ma vie ! On se côtoie depuis mon enfance, Image
Read 57 tweets
Mar 28, 2023
Je ne suis pas débunkeur et tout ça commence à dater.

Mais vu que certains sont bloqués en 2020 pour toujours (je n'ai rien contre : ça nous rajeunit !), prenons 5 minutes, pas plus, pour commenter les propos du Monsieur.
Mini-thread.

⬇️⬇️⬇️⬇️⬇️
Non, l'HCQ ne marche même pas in vitro quand on utilise les bons modèles cellulaires.

Si une cellule exprime TMPRSS2, comme c'est le cas des cellules épithéliales des voies respiratoires, l'HCQ est naze. On le sait depuis 2020.

nature.com/articles/s4158…

L'HCQ peut donner l'illusion d'être efficace si et seulement si on travaille sur des cellules Vero E6, issues d'un... rein de singe.

Ces cellules ne possèdent pas l'enzyme TMPRSS2 dont le virus se sert pour nous infecter.
Totalement inutiles.
Read 13 tweets

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