Il y a eu des articles, des enquêtes, de long travaux sur cette période et qui ont montré que l’armée russe était derrière les prises de pouvoir dans les régions de Luhansk et Donetsk.
Les années passantes, j’ai passé beaucoup de temps dans ces villages près de la ligne de contact qui ont été occupés puis libérés, avant que la ligne de front ne se stabilise.
Les villageois racontaient tous la même chose :
des hommes cagoulés, que personne ne connaissait, qui arrivaient avec des armes et prenaient possession des bâtiments officiels.
Ces gens n’avaient jamais entendu parler de quelconques séparatistes auparavant.
Les enquêtes ont d'ailleurs montré que les premières batailles de la guerre, qui ont mis l'armée ukrainienne en déroute, ont été menées par des brigades entièrement composées de soldats russes.
Les séparatistes n’existaient pas.
Avec le temps et les années, il y a eu, oui, des Ukrainiens du Donbas, en territoire occupé, qui ont rejoint ce qu’on a désigné comme « les séparatistes pro-russes ». Certains de gré, certains de force.
Sans accès, impossible d'en connaître les proportions.
Toujours est-il qu'il aurait été plus juste de dire que ces ukrainiens rejoignaient les rangs de l’armée russe, tant le Kremlin a été l’initiateur de tout ce qui s’est passé dans le Donbas depuis 2014.
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Ainsi tombe Avdiivka, peut-être la ville ukrainienne la plus symbolique de la guerre dans le Donbas pré-invasion.
Une ville où les combats n’ont jamais vraiment cessé, depuis 2014. Des immeubles résidentiels du centre, on pouvait entendre toute l’année 1/6
📸@Liberov
et presque tous les jours les bruits des balles qui claquaient sur le front à quelques kilomètres au sud, à laurée du territoire de la ville.
C’est d’ailleurs souvent à Avdiivka que nous journalistes, nous rendions pour «sonder le front ». 2/6
Parce que nous savions que s'il y avait un endroit ou l’on pouvait essayer de raconter cette guerre qu’on disait « figée » c’était bien cette petite cité périphérique et industrielle avec son immense cokerie...devenue malgré elle un symbole.
Beaucoup de spécialistes et d’experts militaires sur les plateaux télé déroulent leurs analyses comme si cette guerre était juste une somme de variables qui expliquerait ceci ou cela sur le front, un recul, une avance etc.
J’ai toujours ce sentiment qu’on oublie encore de parler de la société ukrainienne.
Comme si l’aspect militaire était dissocié de cette société dont si peu de gens s’intéressaient avant l’invasion.
Je pense que c’est exactement cette manière de raisonner qui a poussé tant de «spécialistes» à l’erreur, à affirmer des évènements qui n’ont finalement jamais eu lieu: « Kharkiv devait tomber ; Kyiv devait être encerclée » etc.
Je reçois souvent des messages de confrères me demandant comment accéder au front côté ukrainien.
La réponse est simple, à de très rares exceptions, aucun journaliste occidental n’a été autorisé à suivre un bataillon ukrainien au combat, depuis le début de l’invasion
On le voit bien dans les reportages qui ont été réalisés, les journalistes couvrent les évacuations, les déplacés, les bombardements et ces conséquences, les villes/routes libérées, mais n’accèdent jamais au front à proprement parlé.
La raison invoquée par l’armée ukrainienne est très simple : la sécurité
Et à raison. Je pense honnêtement que la majorité des journalistes ne sont pas prêts à couvrir des combats de cette intensité, personne n’a été formé pour ça, et la situation peut vite tourner au désastre.