Premières leçons des élections municipales d’hier en #Turquie. Thread en 10 points.
1. Les Turcs devaient choisir leurs conseillers municipaux et provinciaux ainsi que les maires métropolitains et les mukhtars (sorte de notaires). C’est donc un vote multiple et de proximité - pas seulement partisan - en fonction du bilan positif ou pas des candidats.
2. Taux de participation (76%) plus bas que d’habitude : désaffection des électeurs de l’AKP qui auraient préféré s’abstenir plutôt que de voter pour l’opposition et désillusion de nombreux électeurs qui ne croyaient plus en l’équité des processus électoraux depuis 2023.
3. Ce n’est pas parce que l’opposition républicaine a gagné que les élections ont rempli les critères démocratiques d’un Etat de droit (temps de parole inégal entre le parti au pouvoir et l’opposition, mobilisation de l’appareil d’État en faveur parti au pouvoir, etc)
4. Victoire du parti républicain du peuple (CHP) au-delà même de sa base traditionnelle de la côte ouest. Il a remporté des villes au coeur de l’Anatolie, chasse gardée de l’AKP.
5. La guerre d’Israël à Gaza a eu un impact avec un bon score du YRP (nouveau parti de la prospérité) islamiste (désormais 3ème parti) au détriment de l’AKP, le parti d’Erdoğan lui même parfois accusé de ne pas être un authentique musulman et de faire du business avec Israël.
6. Mauvais score des partis ultranationalistes que ce soit du MHP, allié à Erdoğan, ou dans l'opposition du IYI de Meral Akşener (qui implose).
7. Les électeurs kurdes du parti de l’égalité et de la démocratie des peuples (DEM, pro kurde autonomiste) ont voté de façon stratégique pour les candidats anti- Erdoğan dont à Istanbul Ekrem İmamoğlu. Et ils tiennent l'ensemble de leur bastion du sud-est.
8. Malgré ce qu’on peut lire ici ou là, Erdoğan, pourtant pdt de l'AKP, s’est moins impliqué (ms quand même bcp) dans la campagne (en comparaison de 2014 et 2019). Sans doute ne voulait-il pas que cela devienne un référendum pour ou contre lui. Résultats d’autant plus frappants.
9. Discours de Erdoğan (en substance) : «Pas un résultat top pour nous mais c'est la démocratie et on est encore en responsabilité pour les 4 ans à venir, pas de panique. On va continuer à combattre le PKK et les gulénistes. Et on continue le redressement de notre économie »
10. Cette élection pose aussi la succession d’ Erdoğan . Qui ? Son gendre Selçuk Bayraktar (prdt du CA de Baykar – les fameux drônes) ou le MAE, ex-chef des services secret turcs, Hakan Fidan, sachant tendance d’ Erdoğan à privilégier son cercle familial.
Rappel, en conclusion: outre que la cour d’appel doit statuer sur le cas (donc avenir) du maire d'Istbl (opp) Ekrem İmamoğlu, le 25/04 (pour insultes au haut conseil électoral), il ne faut jamais sous-estimer la capacité du CHP à s’autosaboter du fait de ses divisions. FIN
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À Paris, le centre culturel kurde Ahmet Kaya (mouvement nationaliste kurde tendance PKK) a été visé par une attaque. Pour l'instant, on dénombre 2 morts et une dizaine de blessés. Rappel: il y aura dix ans en janvier, trois femmes cadres du PKK avaient été assassinées à Paris.