Thread by @DIntubator

#metoohopital J'ai été interne puis externe dans les années 90. J'ai vécu mon lot de gestes déplacés et d'agressions (pelotage de seins, baisers forcés dans des ascenseurs), mais ce qui m'a le plus pesé était le climat permanent de micro-agressions en toute impunité. 1/11

En chirurgie notamment, c'était TOUT LE TEMPS. Imaginez un bloc opératoire avec un vestiaire mixte de 3 m² et tous les internes qui débarquent quand tu es en sous-vêtements. Imaginez un interne d'ortho (marié et père de famille, au passage) qui débarque dans votre chambre 2/11

vous charge sur son épaule comme un sac de patates et vous emmène malgré vos cris dans sa chambre où il a mis un voile rouge sur la lampe de chevet (j'ai eu la chance qu'un autre interne nous voie passer et vienne me sortir de là). 3/11

Vraiment, beaucoup de ces mecs avaient la drague lourdissime et la délicatesse d'un homme des cavernes. Des remarques graveleuses tous les jours. Tous les putains de jours. Il fallait apprendre à répondre, à se défendre sans se faire ostraciser. Pas facile. 4/11

Je préfère vous raconter une anecdote plus marrante, mais révélatrice de cette ambiance délétère. J'étais interne d'anesthésie, économinette de la salle de garde (en gros, je récupérais les cotisations et on allait faire les courses avec l'économe pour les améliorés). 5/11

Le futur PU d'ortho était un type imbuvable. Il est arrivé un jour en salle de garde en annonçant : "J'ai apporté un chèque pour 3 mois de cotisation, il est dans la poche de mon pantalon, mais je veux que ce soit l'économinette qui vienne le chercher". 6/11

L'économe a voulu me défendre, je l'ai arrêté net, et je me suis approchée du PU avec un grand sourire. En le regardant dans les yeux, je lui ai sensuellement dégrafé sa ceinture. Puis j'ai fait sauter le bouton de son jean, je l'ai descendu d'un coup sur ses chevilles,7/11

j'ai récupéré le chèque dans la poche et je l'ai planté au milieu de la salle de garde, en slip et le futal sur les pieds, sous les applaudissements des collègues. 💪
J'aime me souvenir de cette micro-victoire parce que c'est le jour où j'ai décidé 8/11

qu'on ne me ferait plus c..., même avec un titre de professeur. Quand je vois les étudiantes aujourd'hui, je me dis qu'elles ont chopé le coup souvent plus vite que moi. Mais c'est la première chose que je leur dit en début de stage : venez m'en parler. 9/11

Qui que vous soyez à l'hôpital : ne laissez pas passer les micro-agressions, ne laissez pas faire. Le machisme des coqs dans la basse-cour, c'est fini. Des têtes ont commencé à tomber, l'effet d'entraînement va rafraîchir les velléités, ça ne passera plus. 10/11

Et merci à @JouanAnne1 qui une fois de plus a su mettre le doigt là où ça fait mal. 11/11