Comme promis.
Pourquoi il est illusoire de vouloir "tourner la page des abus dans l'Église", même si tout le monde en a marre (je vous rassure, vraiment tout le monde, les victimes les premières).
Un 🧶
⬇️⬇️⬇️
Imaginez que vous lisiez un livre précieux, et que vous fassiez tomber sur l'une des pages la sauce samouraï de votre tacos favori. (mon fils, si tu me lis: je te vois.)
Ça dégouline de partout, ça imbibe les pages précédentes, ça déchire le papier, ça noie l'encre, bref:
c'est la cata.
Or, si vous décidez de passer outre et de continuer de tourner les pages propres, ou d'essuyer grossièrement et de poursuivre votre lecture, que va-t-il se passer ? Ben vous allez tuer le bouquin.
Imaginez maintenant que ce livre, c'est l'Eglise, la sauce samouraï les abus et violences sexuelles, et vous comprendrez pourquoi c'est AUSSI par amour de l'Église qu'il est impératif de faire face à cette réalité.
Nous débutons en effet la troisième vague après les révélations de la CIASE. Le profil des gens que nous voyons arriver n'a plus rien à voir avec ceux que nous voyions jusque-là.
Ce sont des personnes qui vivent souvent des abus (de toutes sortes) ACTUELS, dont les auteurs
sont VIVANTS et TOUJOURS EN POSTE, qui sont très souvent des catholiques plus que pratiquants : observants, qui ont entendu et CRU les évêques qui leur ont promis que "plus jamais ça", et qui subissent une violence inimaginable.
D'abord, l'abus en lui-même, et j'aimerais vraiment qu'on élargisse le champ mental de ce qui est possible dans l'esprit tordu des abuseurs. Je vous parle de séquestrations, je vous parle de sacrements forcés, je vous parle de profanation de sépulture, d'exorcismes abusifs.
Tous abus dont j'ai les preuves, qui ont été transmis à la justice canonique ou à la justice civile.
Il n'y a pas que les violences sexuelles, même si elles sont également un pan non négligeable de ces dossiers là.
Rien que cela, c'est traumatisant.
Les spécialistes avec lesquels j'en parle sont unanimes: subir un abus de la part d'un prêtre, d'une religieuse, ça vous atteint au plus profond de votre âme.
Ce n'est pas du tout la même chose que lorsque vous êtes harcelé par un patron.
Ce qui est déjà terrible.
Mais là où le trauma va s'installer et s'épanouir, c'est par la suite.
C'est dans la façon dont l'institution va gérer les choses.
Et là les victimes tombent de très haut.
Nous sommes trois ans après la CIASE.
Il y a effectivement des flyers partout.
Des cellules d'écoute, des numéros verts.
Et pourtant, dans le fond rien ne change vraiment.
J'ai mille exemples en tête.
Imaginez.
Vous êtes victime, et partout dans l'Eglise c'est le satisfecit permanent autour de ce qui est fait pour vous et vos semblables.
Et lorsque vous vous retrouvez face à votre évêque : mensonges, trahisons, protection du coupable.
Vos bras sont encore mal cicatrisés de cette nuit insupportable où, pour tenter de faire passer cette douleur, vous vous êtes scarifié jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de peau visible.
Et vous écoutez, pétrifié, l'évêque vous expliquer qu'il ne peut pas enlever sa charge de curé au père Machin parce que "il ne faudrait pas qu'il fasse une bêtise".
Ou les gens de votre paroisse, qui pourtant vous adoraient quand vous animiez la chorale, vous dire "d'avancer".
Sauf qu'avancer, ce n'est pas possible pour ces personnes.
Je le vois, tous ceux qui les reçoivent le voient, les gens qui arrivent aujourd'hui sont en état de stress post-traumatique dégradé+++.
C'est terrifiant.
Quelques éléments, pour comprendre.
Le stress post traumatique a été identifié d'abord chez les vétérans de la guerre du Vietnam.
On en a d'ailleurs une assez bonne description dans pas mal de films: Apocalypse Now, Voyage au bout de l'enfer, Full Metal Jacket...
L'ouverture d'Apocalyse Now montre très bien l'un des symptômes les plus connus du SPT: la reviviscence. Le fait de revivre de façon extrêmement précise (ce n'est pas du tout un souvenir, c'est vraiment revivre) l'évènement traumatique. Dans le film, une attaque au napalm.
Il y a d'autres symptômes. En voici (source: INIRR)
Note: la légende parle des violences sexuelles sur les enfants parce que l'INIRR s'adresse à des personnes agressées enfants, mais il n'y a pas d'âge pour vivre un événement déclencheur de SPT.
Soyons clairs: c'est un enfer. Les personnes que je rencontre sont dans un état épouvantable. Beaucoup ont dû cesser de travailler. Certaines ont arrêté un job valorisant et bien payé pour un emploi au bas de l'échelle.
Je pense à cette femme qui place les produits dans les rayons d'un supermarché la nuit.
Avant, elle était DRH.
"Les nuits sont si difficiles. Autant que j'occupe mes mains, que je ne dorme pas."
On en parle trop, de cette femme ? Vraiment ?
Les reviviscences c'est littéralement revivre ce viol ou cette violence que vous avez vécu n'importe quand, sans prévenir, en public ou pas, à la faveur de déclencheurs qui vous échappent.
La démarche d'un inconnu dans la rue, qui ressemble à celle de l'agresseur.
Une odeur.
Un mot.
Une situation.
La position des meubles dans une salle inconnue.
Le moment du cycle menstruel.
Imaginez un instant la complexité et la préparation que cela nécessite de recevoir ces personnes.
Une d'elles me disait: "Si nos blessures se voyaient, comme les gueules cassées au sortir de la Grande Guerre, les gens seraient épouvantés de nous voir si brisés et si nombreux. Malheureusement, nous sommes invisibles..."
Et c'est pour cela qu'il faut impérativement continuer, sans relâche, d'en parler, de se battre pour que l'Église devienne un endroit sûr.
Parce que vous qui "en avez marre des abus" : moi, quand j'entends ça, je me dis:
Tout ce que j'espère, c'est que, comme cela m'arrive déjà, je n'entendrai pas dans la bouche de nouvelles victimes : "vous savez, la CIASE, tout ça, on n'y croyait pas trop... Et puis ce prêtre, cette religieuse est entré(e) dans nos vies..."
Car c'est la marque d'un déni collectif que nous n'aurons, moi la 1ère, pas réussi à empêcher.
Et parce que les abuseurs, je le redis, sont toujours parmi nous, que la justice classe bien trop souvent sans suite et que la culture de la protection cléricale est toujours là.⏹️
@UnrollHelper unroll
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Je crois que ma grande fascination de 2024 restera la façon de communiquer de la @CteEmmanuel.
Ça mériterait d'être enseigné en contre-exemple dans les écoles de comm.
Fascinant.
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Lorsque la journaliste de @libe, @Sauvaget14, a appelé les différents protagonistes de l'affaire Moulay pour les confronter au discours des victimes et aux preuves du dossier (⬇️), ce fut apparemment la panique.
Dès le lendemain, communiqué interne. liberation.fr/societe/religi…
Il s'agissait de s'assurer que le communautaire de base, qui a confiance en sa direction et s'imagine qu'elle ne ment pas (je sais par expérience combien découvrir que les responsables ecclésiaux mentent est dévastateur) ferait corps lorsque l'article sortirait.
Grande enquête de @Sauvaget14 sur l'affaire Moulay, ex-prêtre de l'Emmanuel indemnisé par sa communauté sans que ses victimes touchent le moindre centime.
Mensonges et lâchetés à tous les étages. liberation.fr/societe/religi…
Vous allez faire quoi, @CteEmmanuel ? Accuser Libé de diffamation comme vous l'avez fait pour moi?
Je rappelle que le communiqué me mettant en cause est toujours en ligne.
Mais être traînée dans la boue par des gens comme vous, c'est un honneur.emmanuel.info/communique-16-…
Dans l'article, on a confirmation que Mgr Benoît-Gonin a été mis au courant par oral des raisons qui ont poussé le séminaire à dire non à l'ordination de Moulay, et qu'il est passé outre; que les viols en sont bien, et ont été reconnus comme tels par le prêtre en audition;
🧶Un truc que j'entends souvent, c'est : les victimes sont intéressées par l'argent.
Rien n'est plus faux, mais surtout rien n'est plus éloigné de la réalité psychologique des personnes.
Je vous explique.
⬇️⬇️⬇️
D'abord, la question de l'indemnisation financière arrive très tôt dans le discours des personnes...
...pour être écartée immédiatement.
La simple idée de toucher de l'argent "en contrepartie" d'un viol les renvoie à la prostitution.
C'est insupportable.
Nous sommes en pays latin, pas en pays anglo-saxon.
L'argent n'a pas le même statut ici que là-bas.
Ici, c'est toujours un pis-aller un peu crade.
Là-bas, l'argent est bon et c'est un medium.
Pétition, cris d'orfraie sur les RS...
À entendre la petite musique qui monte ces jours-ci, nous aurions un nouveau martyr en la personne du père René-Luc, débarqué de l'école d'évangélisation Cap Missio qu'il a fondée.
Tout arrive, voyez: dans ce 🧶je vais défendre l'évêque.
⬇️
René-Luc, donc, que vous voyez ici en photo non retouchée.
Il n'en existe pas sur internet: ce pur produit des Béatitudes, élevé à Tressaint et biberonné à Jeunesse Lumière contrôle d'une main de fer son image.
Voyez la différence avec la photo du site de Cap Missio.
Cette histoire d'image n'est pas anecdotique.
Elle est au contraire révélatrice d'une façon très particulière de concevoir l'évangélisation.
Le produit, c'est René-Luc.
Et le contrôle s'exerce, comme souligné par les enquêteurs canoniques, sur les fors interne et externe.
🚨Les chiffres exacts sont encore plus dingues.
En six ans, 45 sœurs sont sorties définitivement, plus 42 soeurs vivant hors congrégation…
2 autres soeurs seront exclaustrées au 1er juillet.
On comprend pourquoi Rome a nommé un délégué juste pour les sœurs hors vie commune.
🚨J'ai personnellement rencontré une sœur dans ce cas.
D'autres en dispense de résidence, officiellement pour terminer leurs études, auxquelles la congrégation octroie ENCORE AUJOURD'HUI royalement entre 200 et 600€/mois pour vivre, logement compris.
🚨J'ai vu les échanges de mails.
Le marchandage sur tout.
L'humiliation permanente.
Pour gratter de quoi vivre en-dessous du seuil de pauvreté, ne recevoir que des miettes.
Cette sœur dormait la journée dans un parc, avant d'être hébergée par une inconnue qui a eu pitié d'elle.
L'affaire Marie-Ferréol fiche un sacré bazar dans @Eglisecatho. Et c'est un dossier à suivre, parce que s'il n'y a pas appel, ou si le jugement est confirmé en appel, il y a pas mal de congrégations dysfonctionnelles qui ont du souci à se faire.
Rappel des épisodes précédents.
Après 34 ans de vie religieuse, la sœur est déclarée inapte à cette vie (il était temps), à l’issue d’une visite apostolique menée en 10 jours dans un communauté en crise depuis plus de 10 ans. Motif : "mauvais esprit".
Le Cardinal Ouellet, qui s’occupe normalement des évêques, a jeté son dévolu sur cette communauté de dominicaines et dit avoir mandat pour s’en occuper. Il est très proche d’une sœur de la communauté opposée à Sr Marie Ferréol.