Thread by @AxelBas_

J'ai grandi dans l'Aisne : très peu d'immigrés, insécurité inexistante, une organisation pavillonnaire décimant les espaces communs et exaltant le repli sur la famille nucléaire, au sein de laquelle on ne se construit comme citoyen·ne qu'à travers les médias bollorisés
(1/10)🧶👇

https://twitter.com/BFMTV/status/1807999200342184385

et des TikTok dépolitisants. On souffre de l'abandon de la ruralité par les élites mais aucune clé de lecture ne permet d'y répondre politiquement avec cohérence.

Le néolibéralisme a atomisé les individus, détruit le sentiment d'appartenance à la communauté. (2/10)

Il nous conditionne à ne plus penser la politique, mais à admettre le résultat du libre marché comme étant légitime, puisque fruit d'une multitude de choix individuels agrégés en un tout. (3/10)

Chamayou décrit bien la perversité de ce modèle : "des micro-choix individuels [ce qu'on fait de notre argent] travaillent involontairement à faire advenir au détail un ordre social que la plupart des gens n’auraient sans doute pas choisi s’il leur avait été présenté en gros." 4/

Alors on fait de la politique comme on consomme : on s'intéresse à l'immédiateté de nos choix individuels et non à la finalité de la délibération collective.

[Décrit plus en détails ici : ] (5/10)

https://x.com/AxelBas_/status/1784632444093689937?t=LVlNxjNIL50AFxTqgLL0PA&s=19

Selon cette logique, on se fiche de l'organisation générale de la société (socialisme, fascisme, etc.) et on vote pour des gens parce qu'ils présentent bien, que dans l'immédiat ils nous plaisent. La politique se fait ailleurs, sans nous, à la télé. Puis on choisit. (6/10)

Il n'y a plus de collectif pour faire de la politique. Autrefois il y avait l'usine avec ses syndicats, son PCF.
Plus de prise non plus avec la matérialité de la vie en commun, une journée type s'organisant entre pavillon clôturé, voiture individuelle et travail libéralisé (7/10)

À l'espace vécu des anciens quartiers ouvriers se substitue donc un espace public fantasmé. Celui de CNews, c'est-à-dire des rues dans lesquelles un immigré risque à chaque instant de vous égorger. Preuve en est l'abondance de faits divers faisant la Une chaque jour. (8/10)

Cette atomisation de l'espace en enclaves privées interdit l'organisation politique donc la réflexion collective.

Seules subsistent alors les solutions toute prêtes vendues par les fachos dans les médias dont ils se sont emparés : le racisme, la concurrence ethnique. (9/10)

La persée du FN ne traduit donc pas seulement une crise institutionnelle, mais est le résultat inéluctable de l'individualisme promu par le capitalisme.

On n'éradiquera pas l'extrême-droite sans remise en cause du système qui la nourrit. (10/10)