Je vois que ça part en vrille total, alors je vais mettre les choses au clair sur ma ligne.
1. J’ai milité au PCF dès mes 15 ans. Mes années lycée ont été consacrées à lire Marx, Gramsci, Frantz Fanon, Proudhon et Simone Weil.
Au point que mes profs me demandaient
“d’arrêter de faire des copies de gauchiste”.
2. Je suis résolument d’une gauche ouvrière, je pense que la destruction du tissu industriel français et la fin de la conscience de classe qui en a découlé est un désastre qui a énormément déplacé le vote ouvrier vers la droite
3. Je pense que ce déplacement a été accéléré volontairement par une partie de la gauche, devenue majoritaire, qui a œuvré à se trouver d’autres figures opprimées, en mettant 1000 fois plus l’accent sur l’origine, la religion, l’orientation sexuelle, bref les minorités,
que sur l’appartenance à la classe sociale, invisibilisant complètement le peuple historique de la gauche, l’ouvrier lambda qui jouissait selon cette gauche de l’immense privilège d’être blanc (alors qu’il y a aussi des étrangers qui bossent à l’usine et qu’on se battait aussi
pour eux mais bref).
4. Je pense que les discriminations existent, sont multiples et sont TOUTES condamnables.
Je ne tolérerai jamais qu’on insulte quelqu’un pour son origine supposée, son orientation sexuelle ou sa religion devant moi.
5. Contrairement à tous les Jean-Pacôme qui m’insultent depuis leur canapé, j’ai fait les boulots les plus pénibles qu’on puisse imaginer, et j’ai constaté de mes yeux l’utilisation d’une main d’œuvre immigrée par le patronat à des fins d’exploitation.
J’ai d’ailleurs passé un temps certain à aider des collègues à renouveler leur visa, j’ai donné des cours de français gratuitement, j’ai fait de faux certificats d’hébergement pour permettre à leurs enfants d’aller dans un bon établissement, j’ai gueulé dans les préfectures
quand j’ai constaté que les démarches étaient rendues volontairement incompréhensibles et ubuesques pour les étrangers, je les informais quand un patron essayait de niquer leurs droits, j’ai accompagné des gens à des permanences juridiques, j’ai harcelé des assos d’aide aux
migrants pour obtenir des réponses à des imbroglios administratifs, j’ai contacté le défenseur des droits pour des contrôles que j’estimais abusifs.
Pas plus tard que la semaine dernière sur un chantier j’ai recadré un type incapable de parler correctement à un ouvrier
étranger, ce qui m’a valu la perte d’une mission pro (et en ce moment les missions sont précieuses).
C’est pas héroïque, c’est juste normal.
6. Ça n’empêche pas que j’ai des liens avec le périurbain. J’ai grandi dans une zone modeste où ça vote actuellement turbo RN,
j’ai des attaches de cœur dans des zones où ça vote turbo RN, alors que c’était moins le cas avant, et ça m’a interpellée dès 2012 alors j’ai eu envie de comprendre.
Puis ces dernières années, j’ai vu que ça se “démocratisait”, que le vote RN sortait des seules zones ouvrières,
gagnait un peu partout, y compris des gens issus de minorités.
Le premier de mes amis qui m’a avoué voter RN s’appelle Samir. Forcément ça m’a interpellée.
Je connais beaucoup de ces gens, que ce soit les ruraux ou les urbains qui votent maintenant RN et le disent .
Contrairement à ceux qui en parlent derrière leur écran, je discute avec eux et ne les considère pas comme des animaux sauvages sans qui la société se porterait mieux. Je suis persuadée depuis la démocratisation du vote RN que leur vote n’est qu’une conséquence de tout ce qui a
été mené avant.
Beaucoup ne sont pas racistes et ne comptent pas armer des néonazis, comme je peux le lire de la part de gens qui reconnaissent volontiers ne jamais avoir parlé avec eux.
Que leur vote soit un problème ok, mais ça n’autorise pas à dire des contrevérités en les
faisant passer pour des nostalgiques du 3e Reich.
Quand on est de gauche et qu’on prône de donner la parole aux concernés, d’expliquer les raisons des comportements, de donner des deuxièmes chances, de permettre même aux pires criminels de se défendre, et qu’on refuse de
haïr les terroristes (ce qui est ma ligne également), on ne peut pas ne pas appliquer ces beaux principes à des gens qui ont “juste” glissé un bulletin de vote. Pardon mais c’est incohérent.
7. Comme j’ai vu la catastrophe arriver, j’ai rejoint Fakir en 2016. Je trouvais
la ligne de Ruffin intéressante. Enfin un mec de gauche qui reparlait de social, qui avait un vrai ancrage territorial dans une région en souffrance qui votait déjà pas mal RN, et j’ai cru très fort à son succès.
Je n’étais pas pour qu’il se présente sous la bannière insoumis,
mais il n’aurait pas pu y aller seul sans appareil politique derrière.
J’ai participé à quelques actions, notamment à une manif des ouvriers de Whirlpool devant leur siège, et je me rappelle des militants LFI qui me reprochaient de défendre des blancs qui n’avaient pas besoin
d’être défendus.
Ce jour-là j’ai compris que cette gauche-là avait gagné la bataille des idées, alors que c’est une gauche citadine, intellectuelle, universitaire, une gauche complètement déconnectée du Français moyen, et c’est la même qui aujourd’hui l’insulte copieusement
sur les réseaux sociaux parce qu’il “vote mal”, alors que c’est elle qui a fait en sorte que les ouvriers ne votent plus pour elle.
8. J’ai quitté Fakir, je ne milite plus nulle part car je suis dépitée, je suis orpheline politiquement et extrêmement triste de la situation,
et je constate que de plus en plus de gens, d’horizons et d’origines diverses et variées, me disent voter RN ou penser à le faire.
Je vois aussi que la gauche ne se rend pas compte que son électorat est majoritairement une petite élite citadine qui s’autovalide dans un petit
cercle hyper fermé, qu’elle insulte les gens qui ne pensent pas comme elle, qu’elle est absente sur le terrain là où il faudrait, qu’elle fait du clientélisme crasse auprès de gens racisés qui pour beaucoup ne se sentent pas représentés par elle, qu’elle est fière d’avoir perdu
l’électorat populaire, qu’elle pratique du mépris social typique de la bourgeoisie, qu’elle se moque des gens qui ont peu de diplôme, qu’elle est prête à renier toutes ses valeurs si ça lui permet d’insulter les électeurs qui ne lui plaisent pas.
Alors désolée mais non je ne me
reconnais pas dans cette gauche qui nie les problèmes d’une partie des Français, qui n’a rien fait depuis 30 ans pour les résoudre et limiter le vote populiste, qui explique que les pauvres qui ont de l’insécurité en bas de chez eux ne sont pas un sujet ou mentent carrément,
et je désespère de voir que Ruffin va peut-être perdre sa circo.
Et oui j’aime mes amis même quand ils votent RN, et ils sont probablement plus ouverts d’esprit que ne le seront jamais les bourgeois de gauche qui n’ont jamais vu un étranger de trop près.
@Camille_fr_mary Trouvé
Brillants
Pardon pour les fautes
@threadreaderapp unroll pls
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L’autre jour ma mère m’a raconté une histoire. De ces récits familiaux qu’on garde dans un coin et qui ressortent un soir, on ne sait pourquoi, au détour de confidences sur des gens qu’on n’a pas connus mais qui font partie de l’imaginaire familial.
Et l’actualité a tristement
fait écho à cette histoire.
Dans les années 20, l’oncle de mon grand-père, qui lui avait servi de père de substitution à la mort du sien, était venu à Paris. “Monté à la capitale”, à la faveur d’une promotion dans la fonction publique d’Etat.
Il vivait près du quartier latin,
à une époque où celui-ci était plus populaire qu’aujourd’hui.
Son immeuble était composé de commerçants du quartier.
Parmi eux, une famille de maroquiniers juifs. Mon arrière grand-oncle les aimait beaucoup, leur achetait régulièrement des sacs.
Cher Octave, ce tweet est légèrement inexact.
Laissez-moi le corriger, et ainsi vous informer de qui est vraiment votre ami Boris Le Lay, et quelle est la teneur de ses « analyses » produites dans « la clandestinité » (normal quand on a fui son pays).
Contrairement à ce que vous avancez, il n’a pas seulement dit qu’il « n’y avait pas de celtes noirs ».
Il a en réalité violemment harcelé un musicien celte talentueux d’origine colombienne, expliquant qu’une personne noire ne pouvait pas jouer d’instrument celte,
le jetant en pâture pour appeler à « la sauvegarde de la race bretonne », entre autres insultes qui lui ont valu une condamnation confirmée en appel.
Il a également doxxé et appelé à harceler une journaliste locale, parce qu’elle avait écrit un article sur un très jeune homme
Il y a un an un triste événement empêchait ma venue aux REC à Toulouse. Il y a un an je me retrouvais à suivre le cercueil d’un copain de jeunesse.
J’avais commencé ce thread mais n’avais pas eu le courage de le finir. J’ai envie de le faire, aujourd’hui.
Parce qu’au delà de ce cas particulier, ça parle de cas universels. Et ça colle parfaitement à l’actualité.
Ce copain est mort d’un psychotrope puissant et pourtant en vente libre, l’alcool.
Ce copain avait commencé à boire jeune, joyeusement, avec ses amis,
dans des bistrots du quartier où ils trainaient après la fac dont ils usaient les bancs sans grande conviction.
Il avait commencé comme beaucoup d’entre nous, en groupe, pour s’amuser.
C’était limité aux week-ends mais très chargé en alcool. Puis c’était aussi la semaine,
Y en a ici qui ont du mal à reconnaître un grand scientifique d’un imposteur.
Alors je vais faire un petit thread « comment savoir si quelqu’un est un grand scientifique »
1/ Quelqu’un qui fait des affirmations péremptoires sans données probantes n’est pas un grand scientifique
2/ Quelqu’un qui donne un titre de film hollywoodien à des vidéos au contenu prétendument scientifique n’est pas un grand scientifique
Par exemple, « chloroquine : fin de partie »
3/ Quelqu’un qui place dans chaque intervention « regardez mon CV », « je suis l’élite », « je suis une star », et qui fait des arguments d’autorité toutes les 2 phrases, n’est pas un grand scientifique