Un nouvel entretien de François Ruffin où les mots durs et les petites formules dissimulent mal son absence de proposition politique globale, son déni continu du fondement raciste du vote RN, et l’incapacité d’analyser les réalités hétérogènes du salariat. Un 🧵 :
L’article commence par des banalités sur le poids de la division à gauche aux européennes (où il s’était fait plus que discret) et le fait que le risque RN persiste. Tout le monde s’accorde par ailleurs sur le sujet. C’est déjà ça…
Il se poursuit par un rappel de son alerte sur la situation dans le livre « Je vous écris du front de la Somme ». Aux côtés de propositions intéressantes (la lutte contre les emplois précaires et la nécessité d’aides sociales universelles et non conditionnelles) l’ouvrage…
avait révélé son incapacité à comprendre que le mythe de l’assistanat repose notamment sur une « conscience triangulaire » (O. Schwartz) populaire maturée de racisme dans laquelle assistés = cassocs = immigrés (ou assimilés) grâce à la guerre sémantique menée par la droite.
Loin de s’y confronter, il prônait alors de rediriger la colère vers « ceux d’en haut » plutôt que « ceux d’en bas » mais une part importante de sa proposition était alors de de mettre en avant la « valeur travail » ce qui a l’effet absolument inverse !
Car c’est bien cette éthique méritocratique du travail qui ancre l’adhésion de certains milieux populaires au mythe de l’assistanat et son revers : un chauvinisme de classe raciste sur lequel prospère le RN et sa proposition de sacrifier les étrangers pour gagner une part du 🎂
@Frustration_web avait déjà entamée une courte critique de ce fait ici rappelant que c’est la lutte contre l’exploitation du travail qui produit entre autres la conscience de classe : frustrationmagazine.fr/ruffin/
Discutant ensuite de la « douleur » ressentie pendant la campagne, il explique ne pas comprendre comment sa popularité auprès de certains électeurs ne se solde pas par un vote à gauche. Il manque effectivement la compréhension du fondement raciste du vote populaire pour le RN.
On retrouvait ce même phénomène dans l’article de Libération sur la défaite violente de Fabien Roussel face au RN où respect et sympathie ne font pas adhésion à un projet de gauche :
Interrogé sur les critiques qui lui sont faites à propos de sa proposition pour lutter contre le racisme, sa réponse est un « laïus » d’une banalité confondante. Pas un mot d’analyse ou de contexte. Tout comme dans son livre, le racisme semble être une réalité anecdotique en 🇫🇷 !
Alors qu’il évoque certains point de faiblesse de l’ancrage socio-électoral de la gauche (notamment les ouvriers mais aussi certains territoires), François Ruffin choisit le clash avec la FI en l’accusant d’avoir adopté la stratégie de Terra Nova « d’abandonner les classes pops »
À ce sujet, ce thread de @MaudRoyerFr expose magistralement comment François Ruffin adhère lui-même en réalité aux thèses avancées par ce think tank social-libéral. Sa formule sur « la stratégie Terra Nova avec le ton du NPA » cache ainsi mal sa vision hémiplégique du salariat.
Son juste constat sur le vote ouvrier ou l’inégalité d’ancrage de la gauche sur les territoires est ensuite gâché par sa volonté de régler ses comptes. Il explique par ex que le stratégie de la FI est fondée sur la volonté unique de faire élire ses cadres dans des bonnes circos.
Il avance ensuite avoir regagné des « centaines de voix » une fois avoir « coupé la corde avec Mélenchon ». Peut-être pourrait-il admettre qu’il a bénéficié du vote barrage comme beaucoup d’autres élus. Il faut dire qu’il est un des rares à avoir affiché …
… des membres de la macronie sur son matériel électoral. La photo et le mot de François Bayrou et son petit mot de soutien hantent encore aujourd’hui celles et ceux qui ont cru en sa singularité de personnage sympathique loin des combines politiciennes.
Interrogé sur la suite pour la gauche, il admet qu’il « ignore » quelle forme devra prendre la construction de la gauche qu’il appelle mais qu’elle devra être une « gauche populaire » (ancrant l’idée qu’il n’en existe pas)et une « gauche du bon sens », formule énigmatique et vide
Puisque on m’a reproché dernièrement de m’en prendre systématiquement à lui, je saisis l’occasion pour dire, que c’est bien François Ruffin qui fixe le timing de ses prises de positions souvent destinées à imposer sa démarche personnelle face au travail collectif à gauche.
Certaines des bonnes intuitions de François Ruffin, comme sur l’universalité des aides ou l’enjeu de mettre les 1er de cordés en avant pendant le confinement finissent alors par souffrir de ce jeu personnel au lieu d’ouvrir des perspectives nécessaires de débat à gauche.
Sa capacité à s’ériger en donneur de leçon (par ailleurs sourd à la critique) tend également à gâcher sa contribution réelle à la visibilité de luttes qu’il a soutenues ou filmées avec une démarche de mise en avant de sa personne parfois dommageable…
Enfin, son refus catégorique de s’affronter à la question du racisme ne manquera pas de faire tourner en rond sa réflexion stratégique mais, au-delà de permettre de s’attaquer aux maux qu’ils dénoncent grâce à un débat d’idées qui renforcerait la gauche. Personne n’a intérêt…
… à voir des territoires dans lesquels le RN se renforce face à une gauche isolée ou absente. Préempter cette lutte en caricaturant les autres propositions stratégiques et en continuant d’esquiver la question des affects racistes à son fondement n’est pas une solution.
La réflexion stratégique sur l’élargissement du bloc social et politique à gauche doit sortir de l’ornière dans laquelle s’est engagée le débat sur l’alliance « des tours et des bourgs » pour trouver des réponses politiques. Sinon, il persistera comme un sujet de division stérile
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
L’appartenance de F.Ruffin à la gauche de rupture avait une date de péremption depuis son appel à embrasser l’apaisement et l’ornière social-démocrate. Sa stratégie de distinction était fondée sur le renoncement à mener les combats clivants. Dans la panique, il brade tout !
L’on peut regretter que son opportunisme s’affiche de nouveau à quelques jours avant une élection cruciale qui n’a pas besoin d’une nouvelle salve d’attaques médiatiques contre la FI et son ancien candidat à la présidentielle.
Je ne dirais rien de son instrumentalisation de la cause palestinienne 🇵🇸 tant son geste me dégoûte. Il n’y a jamais rien compris, ses idées politiques s’arrêtent en général à la porte de la Picardie ou de la Somme.
Quelques réactions à chaud sur les résultats du 1er tour de ces législatives 2024 🧶 :
La vague RN est impressionnante. Le bloc d'extrême droite termine à 10,6 millions de voix soit 2,4 millions de voix supplémentaires par rapport à la présidentielle 2022 et plus 5,5 millions par rapport aux législatives 2022.
Le RN a mangé Reconquête et a mordu sur la droite qui stagne à 2 millions de voix. Le parti historique de l'extrême droite est plus que jamais en position d'organiser le nouveau bloc de droite à partir de sa recomposition déjà entamée avec le pacte signé avec Eric Ciotti.
Une petit thread sur cette notion d' « antisémitisme électoral » qui a donné le point à l'adversaire dans une séquence de chasse aux sorcières médiatique contre le Nouveau Front Populaire et la France Insoumise🧶 :
L'objectif de cette tribune de Arié Alimi et Vincent Lemire était de dénoncer «l'antisémitisme ontologique» de l'extrême droite pour démontrer la nécessité de voter pour le Nouveau Front Populaire. Un objectif louable dans la bataille qui se joue aujourd'hui !
Dans le texte, les auteurs opposent à cet antisémitisme de l'extrême droite un « antisémitisme contextuel, populiste et électoraliste, utilisé par certains membres de la France Insoumise ». Il s'agit d'une accusation grave mais l'accusation est vague et administrée sans preuve.
Chaque fois que le PS progresse, l'unité est en péril et ses agissements menacent aujourd'hui la belle dynamique engagée pour un #FrontPopulaire🧶
1. Non content d'avoir récupéré un groupe parlementaire en 2022, malgré le score crépusculaire de sa candidate, le PS a immédiatement tenté de se refaire sur le dos de ses partenaires.
2. Lors de la création de la Nupes, l'heure était à l'unité malgré le bilan désastreux de la pratique du pouvoir du PS de 2012 à 2017 marquée par une politique antisociale qui aurait fait rêver Sarkozy (loi travail, réforme des retraites, CICE)
Mini-thread🧵sur la question du port des vêtements religieux :
Le 26 juin 1905 à l'occasion du débat sur la loi qui fonde la laïcité dans notre pays, le rapporteur de la loi, un certain Aristide Briand est interpellé sur la question de l'interdiction de la soutane pour les prêtes
Sa réponse qui porte certes sur le port par les « ministres des cultes » devraient pourtant éclairer le débat public qui s'enflamme aujourd'hui à propos de l'#abaya qui n'est pas un vêtement religieux mais la cible d'une islamophobie décomplexée. Voici sa réponse :
« Messieurs, au risque d’étonner l’honorable M. Chabert, je lui dirai que le silence du projet de loi au sujet du costume ecclésiastique, qui paraît le préoccuper si fort n’a pas été le résultat d’une omission mais bien au contraire d’une délibération mûrement réfléchie.
Dans la période, on devrait lister les revendications intermédiaires à tenir à gauche face à l'assaut policier contre les miettes de l'Etat de droit dans le pays (en plus des propositions comprises dans les programmes présidentiels de la FI et du NPA). Un petit 🧵à compléter :
➡️Exclusion de la fonction publique des policiers séditieux (participation à des manifestations de soutien à des actes violents, arrêts-maladies frauduleux, participation à des groupes racistes sur les RS, productions de faux documents et faux témoignages,...)
➡️Interdiction de port d'arme et d'exercer une activité en lien avec la sécurité dans le privé pour les policiers concernés par les sanctions
➡️ Dissolution d'Alliance Police et Unsa Police à la suite de leur communiqué prônant la guerre civile et la répression de la population