Il y a un an et demi (février 2023), je publiais ce thread sur l'agapètherapie chez les enfants.
L'agapètherapie, cette méthode psychospirituelle de "guérison" des blessures intérieures épinglée par les assos anti-sectes comme génératrice de faux souvenirs induits.
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Or mercredi, j'ai reçu une demande de rectification d'un des protagonistes de cette affaire: le père Jean-Baptiste Edart, prêtre de la @CteEmmanuel et du diocèse de Rouen, enseignant chercheur en théologie dogmatique, doyen de la Faculté de théologie de l’UCO (Angers).
Son long courrier, fort courtois, ne se contentait pas de me signaler une erreur commise par mes soins, il me donnait également d'excellents conseils de journalisme, et me montrait sa sollicitude et sa crainte que que ma crédibilité ne soit entachée par cette erreur.
Le père Edart m'ayant autorisée à reprendre ici la partie de son mail concernant mon erreur, je vous la montre, ainsi que le tweet qui a provoqué sa crainte.
Bien que le délai légal, au bout d'un an et demi, pour une demande de rectification soit plus dépassé qu'une conserve dans l'épave du Titanic, j'accède volontiers à la demande du père Edart. Et je lui présente mes plus plates excuses.
C'est vrai, je me suis basée, pour décrire sa fonction à la Maison d'Abba, sur le site internet officiel de l'association.
Site qui, durant au moins quatre ans, l'a présenté comme moi, à savoir "guide et formateur". Pour trouver les "responsables" il faut cliquer là:
Le père Edart, conscient dès 2019 que cette formulation de "guide et formateur" pouvait prêter à confusion, a donc écrit, m'indique-t-il, "le 26 mai 2019 à la secrétaire et aux responsables de l'association" pour leur demander de retirer ce titre inexact.
Las.
L'asso a continué à lui attribuer le rôle de guide et formateur contre son gré, sans qu'il puisse le corriger.
Ni le 12 août 2020 (cliquez sur le lien pour obtenir voir la date de l'archive),
Ni le 21 septembre 2021,
Ni le 15 août 2022,
Ni le 4 juin 2023... (bon aujourd'hui le site n'existe plus.)
J'avoue, après avoir battu ma coulpe, que cette constance dans l'erreur de la part d'une association recevant des enfants en souffrance m'interroge.
Comment expliquer que durant quatre ans la secrétaire et les responsables aient fait la sourde oreille à la légitime réclamation,
sur quelque chose d'aussi simple à corriger, de celui censé les former et leur apporter sa vigilance théologique ?
Au point qu'il ait dû leur écrire, et que même cela soit resté lettre morte ?
Pourquoi l'association, dont le père m'informe qu'elle a cessé ses activités,
existe-t-elle malgré tout toujours, puisqu'elle est toujours inscrite au répertoire SIREN ?
Tant de questions.
Pour finir, j'ai été particulièrement sensible, dans ce courrier, aux mots que le père Edart a eus envers l'exigence de vérité jusque dans les moindres détails.
Je ne les reproduirai pas ici, il ne m'en a pas donné l'autorisation; mais je me dis que nous partageons le même souci pointilleux, exigeant même, de la vérité.
Je ne doute donc pas, cher Père, que vous allez pouvoir à votre tour m'aider à rectifier une erreur me concernant.
Voyez-vous, le site de la @CteEmmanuel comporte toujours un certain communiqué dans lequel je suis accusée "d'erreurs", "d'imprécisions", "d'amalgames", de "présentation partielle et tronquée de la vérité", de "[possible] diffamation." emmanuel.info/communique-16-…
Franchement, à choisir, j'aurai préféré qu'on me traite de "guide et formatrice", mais que voulez-vous, c'est ainsi.
Je confie donc à votre amour de la vérité le soin de demander à votre communauté de retirer ce communiqué.
Je ne doute pas que votre plume montrera le même zèle
et la même faconde à ramener ses auteurs sur le chemin de la contrition: ce type d'erreur est regrettable car elle porte préjudice à sa crédibilité sur les autres sujets que la Communauté aborde.
Et je vous prie, bien cher Père, de garder l'assurance de ma filiale prière. ⏹️
@UnrollHelper unroll
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#AbbéPierre
Extrait de Paysan de la rive droite, du théologien André Paul, Cerf, coll. Patrimoines, 314p., 2023.
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Tout cela est tristement, banalement systémique. Et on est là à la croisée de deux systèmes. Le système ecclésial d'abord.
@Eglisecatho qui "apprend avec douleur" l'existence de victimes, quand on lit ça dans @lemondefr aujourd'hui sous la plume de 4 chercheurs de la CIASE, non.
A Emmaüs aussi donc, "ça" se savait, à bas bruit, dans les cercles autorisés. Same on, same on. Et c'est là qu'on touche à l'autre système.
Le système médiatique. L'abbé était certes vaguement incardiné dans le diocèse de Grenoble mais enfin, soyons clairs: l'évêque qui se
📢Nous sommes le 15 juillet 2024.
Or, avant le 30 juin dernier, le quotidien @LaCroix aurait dû comporter un encart un peu particulier.
Pour la première fois, un tribunal canonique a condamné un coupable à y publier une sentence.
Ce dernier s'est bien gardé de le faire. ⬇️⬇️⬇️
Ni l'évêque de @Diocese56, où se sont déroulés les faits; ni celui de @DioceseRennes, où vit la victime; ni celui de @diocesebordeaux, où siège le tribunal, n'ont jugé bon de faire respecter la sentence, eux dont c'est le rôle.
L'affaire est pourtant d'une gravité sans nom.
Et la sentence est bien timide.
Mais toute timide qu'elle soit, tout le monde s'assoit dessus.
Or, on parle - accrochez-vous - du baptême forcé avec séquestration d'une mineure de 17 ans.
Je n'en reviens pas moi-même d'avoir à écrire cette phrase. Et pourtant.
Alors non pas du tout "l'image de la société dans son ensemble"
D'abord pour mémoire le clergé est masculin exclusivement
Ensuite pour la diversité sociale on repassera, voir l'article de @LaCroix d'il y a quelques jours.
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Enfin, juger à l'emporte-pièce des raisons pour lesquelles des gens qe l'on n'a jamais rencontré ont changé de parcours, ne fait pas une analyse, juste... Un jugement à l'emporte-pièce.
Quant à la notion de majorité silencieuse, vu le nombre de sortants et de sortantes
de communautés aujourd'hui, vraiment, soyons humbles. FMJ, Foyers de Charité, Saint-Jean, Carmel, etc., bien des congrégations et instituts sont aujourd'hui objets d'une hémorragie silencieuse due à des abus massifs de pouvoir et de conscience.
Et celles qui restent (très souvent
Marc me contacte quand son ancien collège se retrouve dans la presse. Il est cadre sup dans une grande banque, célibataire, riche. D'entrée de jeu, il tient à préciser : "Moi, je n'ai rien subi. Rien du tout. Je vous contacte pour les autres."
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Les premiers entretiens sont décousus. Des bribes qui reviennent où l'on sent, surtout, une culpabilité énorme et un dégoût profond. Il évoque l'ambiance de ce collège tradi pour garçons, ces deux prêtres si rayonnants toujours entourés d'une cour de gamins.
Tous ses meilleurs copains de l'époque ont été agressés par au moins l'un des deux. Il ne l'a su que plus tard. A l'époque, ce qu'il voyait, c'était les "privilèges" des autres. Ceux qui avaient l'honneur de servir la messe privée dans la chambre du père X. Ceux qui bénéficiaient
Lorsqu'elle arrive dans ma boîte à DM, c'est avec un long message affolé. Une histoire d'administration qui ne comprend rien, et elle qui panique à l'idée de ne pas être dans les clous.
On prend rdv au téléphone. La voix est épuisée, les mots se bousculent.
Trente ans.
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Trente ans qu'elle est sortie de cette communauté où, seulement 5 ans auparavant, elle était entrée par amour de Dieu. Un amour tel qu'elle a tout donné, tout accepté.
Elle était alors étudiante en médecine, pas loin de la thèse.
On lui a fait comprendre qu'il serait mal vu d'être + diplômée que le "berger", et on lui a demandé d'arrêter ses études. Elle a obéi,s'est contentée de valider un diplôme d'aide-soignante. Il fallait "tout sacrifier à Jésus". Elle a tout sacrifié. Son sommeil, sa faim, sa santé.
Il y a du vent, cet après-midi. Cela permet de supporter la chaleur qui écrase le grand jardin où des patients viennent prendre le grand air.
Dans cette petit clinique psychiatrique de banlieue, elle est arrivée il y a une semaine, en dépression profonde.
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Elle, c'est Jamila. "Je préfère que vous m'appeliez Marie". Une vie invraisemblable de souffrances, qui a démarré on ne sait trop quand au Pakistan il y a une trentaine d'années. Donnée à la naissance par on ne sait qui à ses parents adoptifs, qui en firent une esclave.
Ceux-ci émigrent en France. Elle reste esclave. Un jour, les services sociaux débarquent. On lui donne une date de naissance aléatoire, on la place. Sur son titre de séjour, encore aujourd'hui, est écrit : "nationalité indéterminée".