C'est la rentrée twitterienne pour votre coach préféré 😉
Aujourd'hui, je souhaite vous parler du culte de la résistance à la douleur chez les hommes sportifs qui n'est en réalité qu'un outil d'exploitation. ⏬
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L'envie de faire ce thread m'est venu avant les JO quand Yann Hildwein a écrit cet article sur les frères Karabatic pour l'Equipe.
Il y déroule des argument fallacieux en faveur de la glorification de la douleur que nous allons voir ensemble.
Le premier point fascinant de cette mythologie de la douleur dans le monde sportif est de faire croire que les athlètes "connaissent" leurs corps.
C'est pourquoi l'article titre : "Nikola et Luka Karabatic, les handballeurs qui MAÎTRISENT la douleur"
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Ils ne maîtrisent rien.
C'est une stratégie classique des champions pour s'attribuer le mérite de la chance de leur survie.
Le journaliste tombe dans un piège éthique en peignant les deux frères comme des personnes divines qui ne ressentent pas la douleur comme nous.
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Cela fait croire au grand public qu'ils ont un radar surhumain qui leur permet de connaître leur corps. Ainsi, ils ne doivent pas cette carrière sportive à la chance mais à leur mérite d'avoir développé ce scan exceptionnel.
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Cette compétence est évidemment un tissu de conneries. Ces joueurs se blessent extrêmement souvent. Même leurs corps hors-normes ne peuvent survivre au rythme inhumain qu'on leur impose.
Ils ont des liste de blessures longues comme le bras.
Cette résistance à la douleur n'est pas magique. Elle est médicamenteuse. Ce phénomène a été documenté.
Karabatic a dit qu'il jouait sous anesthésie. Brian O'Driscoll et Shaq ont raconté comment ils prenaient des anti-douleur comme des bonbons.
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2. Cette glorification de la douleur trouve ses origines dans le virilisme qui est aujourd'hui une base du spectacle sportif.
C'est pourquoi le public aime voir des sportifs s'embrouiller ou déployer des comportements virilistes grossiers.
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C'est pourquoi il va aussi adorer des comportements de joueurs blessés qui surpassent la douleur en se donnant en spectacle. Ne s'éloignant ainsi pas tant que ça de leurs ancêtres gladiateurs se blessant ou mourant dans l'arène.
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En NBA, il n'est pas rare d'observer des joueurs tenter de se remettre le doigt en place d'eux-mêmes pour exhiber leur maîtrise de la douleur.
C'est d'autant plus ridicule qu'ils n'ont pas à attendre 8 heures aux urgences. Ils ont toujours un médecin disponible.
(TW)
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3. Comme nous l'avons vu, cette glorification de la douleur pousse les joueurs à jouer sur leurs blessures et à ignorer les signaux que leurs corps leur envoient.
Ceci est amplifié par la culpabilisation permanente qu'ils reçoivent par le corps médiatique et les fans.
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Cette séquence illustre parfaitement ce que je veux dire : Charles Barkley culpabilise les joueurs en leur disant qu'ils doivent jouer s'ils sont fatigués car ils le doivent aux fans et parce qu'ils sont payés extrêmement chers par rapport aux classes laborieuses.
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Ceci est un classique de la rhétorique réactionnaire : taper sur la rémunération des athlètes quand ils résistent au système d'oppression pour préserver le bien humain le plus précieux et non réparable : le corps.
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Les joueurs peuvent se faire des millions ou des milliards, ça ne changera rien. Ils finiront avec des douleurs dans leur vie après-carrière. Pour les plus aliénés d'entre eux, ils porteront ces stigmates comme des cicatrices de vétérans de guerre.
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4. Enfin, cette glorification de la douleur s'appuie souvent sur du racisme ou de la xénophobie. On va prêter aux autres peuples une résistance à la douleur non fondée.
Elle est même bestialisante à mon sens.
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En effet, rapprocher l'athlète de la bête comme on le fait avec les populations racisées ou étrangères est très utile pour le patronat sportif.
Cette stratégie permet de tuer l'empathie humaniste que l'on pourrait avoir pour les athlètes.
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C'est ce manque d'empathie qui permet de faire accepter le dopage.
C'est ce manque d'empathie qui permet de manipuler des athlètes pour qu'ils se détruisent eux-mêmes avant de les virer à 30 ans, quand leur corps est cassé, alors que le sport était tout pour eux.
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Dans l'article de l'Equipe dont je vous ai parlé initialement, l'auteur prête d'abord des dispositions génétiques aux frères Karabatic de par leur héritage croate 😳.
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Il enchaîne ensuite avec une pensée conservatrice de la maman des frères Karabatic sur leur éducation. Elle précise qu'elle leur a appris à "serrer les dents" face à la douleur.
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Enfin, Nikola parle de son appétence pour les films de guerre. Non seulement pour le divertissement qu'ils proposent mais aussi pour la résonnance qu'il éprouve en termes de "sacrifice du corps pour l'équipe, pour le pays".
J'ai trouvé ce passage extrêmement triste.
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En conclusion, pourquoi est-ce que tous ces arguments posent problème? J'y vois deux raisons majeures :
Tout d'abord, cette glorification de la résistance est juste un amas d'injonctions contradictoires qui ont pour but d'aliéner le sportif.
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Il ne tolère pas la douleur? Il est trop sensible.
Il se blesse? Il ne connaît pas assez son corps.
Il ne joue pas sur un "petit bobo"? Il méprise ses fans et ne mérite pas son ENORME salaire.
Il se fait couper la jambe en post-carrière? Pas de chance.
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Vous l'avez compris. Cette idéologie ne sert qu'à manipuler l'opinion publique pour que la faute soit toujours celle de l'athlète et jamais celle du système capitaliste qui l'exploite et l'aliène.
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Les survivants se traîneront un corps détruit le reste de leurs vies mais auront la gloire et des miettes du capital pour se consoler.
Les autres, l'énorme majorité, laissés sur le bas-côté, ne pourront s'en prendre qu'à eux-mêmes de ne pas avoir été assez forts.
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Le second problème majeur concerne l'influence du haut niveau sur la population.
La culture de la résistance à la douleur n'est pas une caractéristique unique du haut niveau. Elle s'infiltre dans toutes les strates du monde sportif amateur.
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C'est ainsi que pour des matchs sans enjeux financiers ou sans enjeux de vie ou de mort, des joueurs vont strapper leurs articulations douloureuses, vont absorber des anti-inflammatoires, vont se masser au "baume du tigre" et vont s'arroser généreusement de bombe de froid.
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Toutes ces petites habitudes servent à masquer la douleur avec les moyens du monde amateur et à singer le haut niveau.
Le dimanche matin, le joueur amateur va à la guerre dans un jeu de ballon contre son voisin en baîllonnant ses douleurs pour prouver sa valeur.
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Il est temps d'abattre l'idéologie du culte de la résistance à la douleur car elle ne sert que les puissants et a des conséquences collectives désastreuses.
Ce genre d'article doit être dénoncé afin que nous progressions positivement sur ces idées néfastes.
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Typiquement, ce genre de saillie écrite par Eric Michel et Alexia Ighirri doit être abandonné.
Cher·e·s journalistes sportifs, vous n'êtes pas des bardes, arrêtez de repeindre les sportifs comme des divinités guerrières.
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Votre rôle n'est pas de pisser du résultat ou de broder des histoires mythologiques.
Votre rôle est de nous aider à mieux comprendre le monde du sport et ce qu'il entraîne comme conséquences sur nos manières de vivre.
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Voilà les potes, c'est tout pour moi. Ca m'a beaucoup plu de faire ce thread car je le trouve d'une importance vitale. J'espère qu'il vous parlera.
Je vous fais la bise et je vous dis à bientôt ! :)
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Sources :
Kevin Mayer : sous haute tension :
My thoughts on my 2023/24 season and the truth about my future. Talk with my friend Rio (PART 1) : france.tv/documentaires/…
Kobe Bryant’s Last Great Interview :
Shaq & Myles O’Neal Debate the Best and Worst Things Ever | GOAT Talk :
Documentaire : "Pourquoi moi ?" Focus sur le mental des sportifs de haut niveau :
Brian O’Driscoll opens up about use of legal painkillers when he was playing :
Je ne connais pas de source construite qui traite de ce sujet mais j'aimerais écrire un thread à ce sujet.
Je vais décrire ce que j'aurais aimé que mes parents sachent pour éduquer un être qui faisait de 6h à 18h de sports par semaine. En espérant que ça aide des parents.
1. Je commence par la scolarité car c'est la demande de Nassira. Premièrement, ne tombez pas dans le piège du cas Florent Manaudou.
Alors qu'il faisait du handball et de la natation, sa mère lui a déchiré sa licence de handball après une mauvaise note.
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Si le sport permet à votre gosse de s'épanouir, n'envisagez jamais cette pratique comme une variable punitive. C'était grave le cas dans mon club quand j'étais ado où les élèves en difficulté à l'école se voyaient parfois privés d'entraînement.
Ca y est, la presse bourgeoise tient un nouvel angle : LFI se désintéresserait des Jeux Olympiques et s'éloignerait alors d'un "élan populaire sportif".
Cette attaque coordonnée est vide, médiocre et manipulatoire.
Un thread ⏬
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Avant la presse bourgeoise, la sauce a été montée par des politiques ne disposant pas de connaissances sportives : on retrouve en vrac Sylvain Maillard, Clément Beaune ou Jacques Attali.
La navrante Anne Hidalgo renvoie même l'ED et l'EG dos à dos dans un article du Monde.
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Enfin, des journalistes sportifs et des athlètes viennent clore le bal en jouant aux ravis de la crèche : "Venez on fait la paix, on est tous ensemble. Pas de division".
Leurs propositions de neutralité sont aussi écœurantes qu'irresponsables.
L'article a au moins le mérite d'être allé chercher l'interview traduite en anglais de Zhanle Pan qui explique le comportement raciste des nageurs blancs à son égard.
Franchement, le traitement médiatique du racisme des nageurs blancs est NUL.
Je sais pas, y'aurait peut-être des ponts à faire d'une nation chinoise qui galère à former des équipes de sports collectifs mais qui tabasse tout dans des disciplines individuelles rébarbatives comme l'haltéro, la natation, le plongeon ou le tir?
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C'est parti pour une revue de presse sportive de ces derniers jours !
1. On commence par une torpille d'Antton Rouget contre le CIO. Il rappelle des bases : le CIO est une entreprise privée basée en Suisse qui ne paie d'impôts.
De plus, ils disent redistribuer leurs milliards volés pour développer le sport alors qu'ils ne sont pas obligés de publier des comptes détaillés. Il faut les croire sur parole.
De plus, selon la charte olympique, le CIO n'est pas responsable des dettes qu'il occasionne.
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L'article est incroyable de précisions pour démontrer que le CIO est le diable et que les gens qui bossent bénévolement pour ses événements sont des LARBINS.
On a vraiment besoin qu'Antton Rouget (@AnttonRouget) passe à 100% sur le sport.
Thread des médaillés olympiques français se faisant tripoter par Macron, AOC ou Estanguet car le sport est APOLITIQUE.
On commence avec des étreintes de Shirine Boukli où Macron est étonnamment civilisé et ne lui touche pas le visage comme si c'était sa poupée Barbie. 😮
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MDR NON JE RIGOLE, on va bien toucher le BON migrant qui nous rapporte une médaille.
Luka Mkheidze a le droit à une bonne bise, une étreinte et une caresse bilatérale du visage hummmmmmm 🤤
Et ensuite le check inversé car Macron est un mec de la street qui aime la "bagarre"👋💪
Ca finit la journée avec Antoine Dupont. Le garçon chéri du pays.
"Viens que je te tripote les joues et l'épaule.🤌
UNE BONNE BETE CA. Ca va me rapporter au moins 2% dans le prochain sondage d'opinion publique 🤑"
Yo les gens. Les JO approchent à grande vitesse. Ils vont être à la fois un outil de transmission de valeurs bourgeoises et de vol de fonds publics.
Alters Ecos a fait un SUPERBE dossier à ce sujet qui nous apprend plein de choses sur l'économie des JO. Un thread ⏬
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1. Rappelons en introduction que les JO sont un outil de mise à mort des ouvriers sur les chantiers. Amélie Beaucour (@AmelieBeaucour) est revenue sur ce sujet un an après la mort d'Amara Dioussamy.
On y apprend qu'on a AUCUNE idée du sort des ouvriers sans-papiers mais que Solideo (société de livraison des ouvrages olympiques) est fier de dire qu'aucun mort n'a été recensé sur leurs chantiers.
Ils zappent ainsi les 7 morts sur les chantiers en lien avec les JO.