Tu sors en civil pour la première fois, avec l’impression d’être en tenue d’Eve. Des mois plus tard, c’est encore le cas.
A partir de maintenant, chaque rencontre donnera lieu à une lutte. Dans 99% des cas, les gens ne te reconnaissent pas. Il faudra dire : bonjour, c’est moi.
Tu n’as pas mis de pantalon depuis 30 ans, ni de chemises, ni de chaussures à lacets. Tu as l’impression d’être un enfant de 4 ans, aucun geste n’est naturel, c’est laborieux.
Les autres rendez-vous, ce sont les gens dans l’Eglise qu’il faut rencontrer pour raconter. Ou les entretiens d’embauches, tous azimuts, puisque tu ne sais pas ce que tu veux faire comme job. Alors tu rencontres tout le monde.
Tu cherches en même temps un job, un logement, tu cherches toute ta vie en fait. Évidemment, tu ne trouves rien, puisque tu ne sais pas ce que tu veux. Tu enchaînes les rdv, les entretiens, les petits jobs, les astreintes de nuit, les boulots le WE.
Une responsable de recrutement qui veut connaître mon parcours de vie : au bout de quelques minutes, elle fond en larmes. Elle ne me trouvera pas de job, mais elle a eu le courage de pleurer avec moi, de pleurer sur ma situation. Merci.
Une amie, maman, qui me dit : vous n’avez rien à craindre à être sans habit religieux, vous êtes jolie. Merci.