Thread by @NightHaunter

Le journal Le Parisien publiait un article sur les vaccins en France pas plus tard que jeudi dernier.
Son titre, sans équivoque : « Un échec collectif assez stupéfiant »

Aujourd'hui, je vous cause de ce courant antivax en France et pourquoi il est si fort.

D'abord, il faut comprendre une chose, le mode même d'administration des vaccins, dans l'imaginaire collectif, fait peur.
La piqûre, c'est une aiguille qu'on met dans votre corps (muscle ou derme) et c'est donc invasif.
Pour le commun, c'est effrayant.

Ensuite, comme on le voit sur la photo, le vaccin, ça concerne surtout l'enfant pour prévenir les maladies infantiles et avoir une immunisation efficace au cours de la vie future.
Sauf que l'enfant, quand on y touche, les français, ils aiment pas ça, ils ont peur.

Et c'est bien normal, mais c'est sur les risques hypothétiques encourus par les enfants que vous jouez les anti-vaccins.
Les vaccins sont accusés de causer toutes sortes d'effets secondaires graves : vous seriez de mauvais parents de les faire sur vos enfants !

Arrêtons-nous immédiatement sur ce terme : anti-vaccins.
Le simple fait que les plus fervents fanatiques aient pu imposer ce terme pose donc le vaccin comme une opinion et non comme un éléments scientifique/médical.
Il serait possible d'être « anti-vaccin » et « pro-vaccin »

Ce qui est absurde tant les vaccins ont prouvé et reprouvé leur efficacité pour enrayer les épidémies telles que la polio, la rougeole ou encore la méningite.
Imagine-t-on être pro ou anti-appendicectomie ? Imagine-t-on être pro ou anti-insuline pour le diabète ? Franchement ?

Ce glissement sémantique est une des énormes victimes de la mouvance propagandiste contre les vaccins. Ce sont simplement des personnes anti-science, à qui la science fait peur et qui veulent croire des théories simplistes pour affronter la réalité.

C'est là que le drame se joue avec le premier GROS coupable : les réseaux sociaux.
Là où cette opinion pouvait rester minoritaire, elle a profité de l'accélération des réseaux sociaux, accumulant des histoires incroyables et des témoignages jamais prouvés.

C'est le fameux effet PMU-world des réseaux qui offre une caisse de résonnance à des personnes aux intentions malveillantes qui en profitent pour monter leur propre secte et transformer la science en croyance, en opinion, en « mon choix » avant le collectif.

Les médias, eux, vont aussi jouer un rôle très important. En donnant la parole à des personnes de cette mouvance, en publiant des articles putàclick où l'on peut être induit en erreur juste en lisant le titre, en publiant trop vite une information incomplète ou erronée.

Car ce qui fait vendre, c'est le scandale, c'est la tragédie et ça, les anti-science l'ont bien compris.
« Une personne décède après le vaccin HPV »
BOUM
Sauf qu'en fait, la personne a fait un malaise vagal et en tombant, s'est fracturé le crâne.
C'est la chute qui est la cause.

Mais le mal est fait, l'information n'est plus rattrapable, les titres sont là.
L'ère de l'information-à-clic à tout prix.
Mais, il reste un GRAND coupable à cette fièvre anti-vax dans le pays.
Un coupable qui est le premier à laisser le champ libre à tout ça.

Ce coupable, c'est NOUS, les médecins et les soignants en général.
C'est la capacité de notre corps de métier à laisser des hurluberlus complètement fous ou incompétents dire n'importe quoi avec la légitimité du titre de soignant.
La crise Covid l'a bien montré.

Dès lors, il faut réagir vite, punir avec une extrême sévérité : radiation à vie pour toute propagande anti-science, amende, prison et autre interdiction de prise de parole publique pour des gens qui ne sont plus que des propagateurs de désinformation.

Comment peut-on s'étonner de la méfiance des français quand un président se déplace voir un personnage complètement incompétent et délirant qui dit n'importe quoi ?
Le laxisme évident de la situation politique est là.

Ce sont aussi les politiques, par leurs déclarations populistes déconnectés des données scientifiques qui font le lit de la défiance, colportés par les LFI/écologistes/RN/LR à des visées purement électoralistes, flattant le quidam plutôt que la rationalité scientifique.

De toute façon, comment peut-on avoir un discours cohérent sur la santé quand on laisse des disciplines ésotériques et pseudo-soignantes être considérés comme du soin médical.
Homéopathie, Naturopathe, Ostéopathe… la pensée magique supplante la science.

Car la finalité de tout ça, c'est aussi notre éducation.
Si la crise Covid a révélé quelque chose, outre notre impréparation et notre bêtise collective, c'est bien l'incapacité des masses à comprendre les bases de la science, notre retard énorme éducatif sur ces sujets !

Mais forcément, voilà des années que l'on trucide l'éducation et la santé.
On n'apprend que superficiellement la théorie scientifique, la balance bénéfice-risque, l'immunité, le biais de confusion…
Le résultat ? Des gens qui ne comprennent plus et vont là où ils comprennent.

Notre laxisme politique, notre destruction du système éducatif, notre inaction coupable sur les désinformations (soignant ou pas), la disparition des maladies pour lesquelles on protège qui paraissent donc illusoires, les réseaux, l'aiguille elle-même.
Voilà un superbe cocktail.

Reste alors la fameuse rengaine des anti-science : le mensonge. Ce mensonge flou qu'ils n'arrivent jamais à prouver qu'avec des études pleines de biais qu'ils ne comprennent pas et que le quidam non plus ne sait pas décrypter. Un mensonge où l'on évoque des scandales.

On parle du médiator, du sang contaminé et de toutes ces erreurs/scandales.
À juste titre, mais le fait qu'il y ait eu un/des affaires dans un domaines rend-il le domaine complètement irrecevable ?
Ou doit-il mener à plus de rigueur scientifique, justement ?

On voit régulièrement des lots de steaks contaminés rappelés, avez-vous arrêté d'aller au supermarché ?
Et concernant ces batteries de portable qui ont brûlé des gens, vous avez arrêtez le portable ?
Ou vous demandez plus de rigueur et plus de contrôle ?

Dans l'imaginaire, on aime à croire à la manipulation, au héros seul contre tous qui a raison, comme dans les films, car notre collectif est façonné par ce genre d'histoires et de récit.
Car l'on peut enfin devenir un héros, un résistant, un combattant, se trouver un sens.

Et si, au fond du fond, la raison à cette fièvre épidémique d'anti-science, c'était d'appartenir à un groupe, de se trouver un but, de trouver une image de soi.
Si, au fond, le français anti-vaccin, ce n'était pas sa propre petitesse et insignifiance qui l'effrayait ?
À méditer