Thread by @RomainSchue

Ce qui est intéressant à observer sur ces enjeux de tarifs douaniers, c'est l'argumentaire du président Trump.

En résumé, il dit au 🇨🇦: «Sécurisez la frontière, empêchez les migrants et le fentanyl de venir aux 🇺🇸 et il n'y aura pas de tarifs douaniers».

Quels sont les faits?

Trump a(vait) raison: il y a une problématique importante en Amérique du Nord au niveau du fentanyl. Majoritairement le fentanyl est produit par des cartels mexicains, puis importé par la frontière sud. ll y a peu de labos clandestins aux 🇺🇸

Mais c'est loin d'être une nouveauté.

Au Canada? Oui, le Canada est devenu un producteur de fentanyl. Les précurseurs (comme c'est le cas au Mexique aussi) viennent essentiellement de Chine. Des labos fabriquent ensuite les comprimés.

Au Canada, la production dépasse la demande. Donc? Il y a de l'exportation.

Les groupes criminels canadiens exportent, certes, du fentanyl visiblement aux 🇺🇸, mais c'est loin, très, très loin de ce que les cartels mexicains arrivent à faire plus au sud. Les comprimés arrivent dans des tunnels, des cagettes, des voitures, des pneus, etc.

En fait, le fentanyl produit au Canada se retrouve notamment en Australie, en Nouvelle-Zélande ou parfois en Europe. La plus importante quantité de fentanyl (4 kilos) saisie l'an passé par les agents frontaliers canadiens était à destination des Pays-Bas.

Le chiffre de 4 kilos peut paraitre faible, mais le fentanyl fait des ravages IMMENSES. Un seul kilo peut tuer jusqu'à 500 000 personnes, selon des données de la DEA dea.gov/resources/fact…

Les autorités canadiennes n'ont pas attendu Donald Trump pour agir. Depuis quelques années, le démantelement de labos clandestins s'intensifie. Il y a en principalement dans l'Ouest, en Colombie-Britannique, mais aussi en Alberta. Des saisies ont aussi eu lieu au Québec.

Et la frontière ? Ce qui est surprenant, c'est qu'Ottawa ne semblait pas vouloir agir de manière préventive lorsque la problématique était la plus grande.

Dès la réouverture des frontières, après la pandémie, des groupes criminels ont utilisé la frontière canado-américaine.

En 2023, notre enquête sur les cartels mexicains montrait que des réseaux existaient. Passeurs, fabrication de faux documents, etc. A l'époque, Ottawa restait assez muet sur la situation (avant de réimposer un visa aux Mexicains quelques mois plus tard).

ici.radio-canada.ca/info/long-form…

Durant toute cette période, jusqu'à tout récemment, les agents frontaliers, sur le terrain, étaient désabusés. Au sud du Québec, il y avait moins de 10 agents pour patrouiller près de 150 km de frontière, malgré un record de passages clandestins.

ici.radio-canada.ca/nouvelle/20330…

En juin, nouveau record. Plus de 3000 migrants, principalement Indiens, arrivés au Québec comme étudiants ou touristes, ont été arrêtés par les agents américains. Là encore, peu de réactions d'Ottawa, malgré une multiplication des passeurs.

ici.radio-canada.ca/info/long-form…

Finalement, après les menaces de Trump, Ottawa a augmenté ses ressources à la frontière. Plus d'agents. Plus de drones. Des hélicoptères. Les politiques ont évolué, les règles resserrées.

Et c'est réel, les mesures fonctionnent à ce jour. Le nombre de traversées a bien baissé.

Désormais, le président Trump ne parle plus vraiment de problèmes à la frontière, mais d'un enjeu commercial.

Les faits, en tout cas, vous les connaissez désormais.