Thread by @cedric_durand

L’approche néo-schumpeterienne de Philippe Aghion a largement inspiré les politiques économiques en Europe depuis le tournant des années 2000. Et singulièrement celle d’Emmanuel Macron 1/

https://twitter.com/NobelPrize/status/1977672594330435860

Une des grandes qualités de Philippe Aghion est la clarté avec laquelle il présente les idées formalisées dans les modèles. Cela permet une large discussion. 2/

Il reprend une des idées clefs de Schumpeter (mais aussi de Marx, Rosa Luxemburg ou Ernest Mandel) : l’innovation est le moteur du capitalisme, la source de la croissance. 3/

C’est la destruction créatrice. Le nouveau remplace l’ancien. L’originalité l’Aghion est d’avoir ses co-auteurs tenté de modéliser et de mesurer ce phénomène
(Voir à partir de 15’30) 4/
college-de-france.fr/site/philippe-…

Avec deux paramètres clefs : 1) il faut de la flexibilité : des marchés libéralisés doivent permettre au travail et au capital se redéployer dans l’économie pour que les innovations se traduisent en croissance 5/

2) mais il ne fait pas trop de concurrence car sinon les innovateurs arrêteraient d’innover. Il faut encourager les entrepreneurs dans leurs projets productifs. 6/

Une faible fiscalité du capital et une forte protection de la propriété intellectuelle sont donc essentielles pour soutenir la croissance. Et si cela crée des inégalités, c’est un moindre mal 7/

Mais Aghion a un problème. Il y a bien davantage de brevets mais « pourquoi l’accélération de l’innovation ne se reflète-t-elle pas dans l’évolution de la croissance et de la productivité ? » (leçon inaugurale au collège de France, octobre 2015) 8/

D’abord, nous dit-il, la croissance est en réalité plus forte. La théorie est sauve, c’est un problème de thermomètre. Michel Husson éreinta ce bricolage 9/
alternatives-economiques.fr/michel-husson/…

Finalement Aghion lui-même doit se rendre à l’évidence. Changer la méthodologie ne fait rien à l’affaire. La croissance se situerait à un niveau plus élevé, mais la tendance est toujours au déclin. 10/
aeaweb.org/articles?id=10…

La théorie chancelle. Depuis, Aghion multiplie les explications ad-hoc.
Des taux d’intérêts trop élevés et des investissement publics insuffisants 11/
(17/10/2017 vers 1’44)
college-de-france.fr/fr/agenda/cour…

A moins que ce ne soit l'inverse ? Des taux d’intérêts trop faible seraient responsable d’une mauvaise allocation du capital en cause dans le ralentissement de la croissance de la productivité 12/
banque-france.fr/fr/publication…

Plus tard, c’est la politique de la concurrence qui est inadaptée à l’âge des algorithmes. L’empreinte des Big Tech est telle qu’elle entrave l’entrée de firmes innovantes (la destruction créatrice, 2020, Chap 6) 13/

odilejacob.fr/catalogue/scie…

Mais finalement, c’est un peu de tout cela avec (presque) retour à la case départ : pas assez de libéralisation des marchés des produits, du travail et de la finance. Bref des institutions renforçant les dynamiques de marché 14/
lemonde.fr/idees/article/…

Or, comme @bruno_amable et Ivan Ledezma l'ont montré, on a beaucoup de raisons de penser que libéralisation, Innovation et croissance ne vont pas forcément de pairr 15/
cepremap.fr/publications/l…

@bruno_amable Si le type de développement économique dépend bien du rapport entre technologie et institutions, on trouvera des enseignements beaucoup plus riches du côté des paradigmes techno-économiques 16/
jstor.org/stable/24232030

@bruno_amable Des systèmes nationaux d’innovation 17/
books.google.fr/books?hl=fr&lr…

@bruno_amable ou des ondes longues. Entre autres. 18/
syllepse.net/les-ondes-long…

@bruno_amable Nous avions échangé sur ces sujets avec @PAghion radiofrance.fr/franceculture/…