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Aug 17, 2019, 19 tweets

Il y a 126 ans, le 17 août 1893, à Aigues Mortes, des ouvriers italiens furent massacrés par des ouvriers français.
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Dans la seconde moitié du XIXème siècle, avec le besoin de main-d’oeuvre d’un pays qui s’industrialise, l’immigration progresse fortement en France principalement en provenance de pays frontaliers comme la Belgique et l’Italie.

En parallèle se développe un fort sentiment nationaliste français renforcé après la défaite militaire de 1870.

La xénophobie est visible à travers la dénomination des populations immigrées. Les Italiens sont ainsi affublés du surnom de « ritals », « macaronis » ou encore « christos » (pas d’altérité religieuse mais jugés trop croyants !).

A partir de 1890, les travailleurs immigrés avaient l’obligation de posséder une carte de séjour afin d’être inscrit à la mairie. Une crise économique touchait la France et l’immigration était par conséquent limitée et contrôlée par l’Etat.

C’est dans ce contexte que va se produire le massacre d’Aigues Mortes.

A l’été 1893, la Compagnie des Salins du Midi lance sa campagne de recrutement de saisonniers pour le battage et le levage du sel. L’embauche est moindre cette année dans les marais salants de l’ancien port royal en raison de la crise.

Environ 1000 ouvriers y sont embauchés. Trois catégories d’ouvriers sont recrutés : des paysans appelés « Ardéchois » qui laissaient leurs terres le temps de la saison, des Italiens essentiellement originaires du Piémont et des « trimards » français qui sont des vagabonds.

Ces ouvriers sont payés au rendement et subissent des conditions de travail très difficiles qui exacerbent la mise en concurrence sur le marché du travail.

Des équipes mêlant ouvriers français et italiens sont constituées. Le 16 août, une rixe éclate entre des ouvriers français et italiens. Des ouvriers français propagent la rumeur que trois Français sont morts.

Le 17 août éclatent de nombreuses scènes de lynchage commises par des trimards et soutenues par la population d’Aigues Mortes.

Le rapport du procureur de Nîmes du 18 août rapporte : « Des pierres énormes sont lancées de tous côtés sur les Italiens. A chaque pas, ces malheureux laissent des victimes sans défense sur le sol. (...)

(...)Pour échapper aux coups, les Italiens se sont couchés au sol les uns sur les autres, les cavaliers (de la troupe) leur font un rempart mais les coups pleuvent, le sang ruisselle. »

Des ouvriers italiens sont noyés dans les fossés, d’autres sont rossés et achevés à coups de trique. C’est un véritable pogrom qui se déroule dans le sens où une population majoritaire massacre une population minoritaire.

La xénophobie atteint un degré de violence extrême durant la journée du 17 août 1893.
Une dizaine d’ouvriers italiens sont assassinés (8 sont reconnus officiellement) et une centaine de blessés.

Un procès a eu lieu et a abouti à un acquittement général.

L’exaltation patriotique, la montée de la xénophobie mêlées à la crise économique qui induit le chômage, la peur du déclassement d’une partie des ouvriers français et la désignation des travailleurs immigrés italiens comme boucs-émissaires.

Gérard Noiriel raconte en détail ce pogrom dans Le Massacre des Italiens. A partir de cet événement singulier, il explique les mécaniques xénophobes à l’œuvre à la fin du 19ème siècle sur fond de crise économique.

Il détaille le processus de fabrication d’une crise identitaire : à partir d’un fait divers, essentialiser et généraliser pour aboutir à la construction d’une soi-disant menace générale pesant sur la société française en divisant les travailleurs.

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